Messages les plus consultés

profil

profil
mes tissus

jeudi 22 mars 2012

Une rêverie printanière


Et revoilà cette saison qui annonce la lumière, l'éclosion des bourgeons, la douceur de la rosée matinale,  la tendresse de l'herbe nouvelle, la délicatesse  de la brise du soir.




le printemps entre aussi dans ma cuisine


L'apparition des jonquilles,  les champs de tulipes en Hollande,  le subtile comme le parfum du lilas qui titille nos narines,  et c'est le printemps
tye and dye indien trouvé dans les rayons de chez De Gilles tissus

un tissu qui copie la nature






la nature , juste la nature

Ne pensons qu'aux  bonnes choses, et laissons de côté les pollens qui même en ville réveillent les allergies en léthargie durant l'hiver. Le renouveau est arrivé, les 
légumes nouveaux, les nouvelles résolutions de régime pour entrer dans notre maillot de bain,  une séance chez le coiffeur pour rafraîchir la coupe, un coup d'oeil sur  la magnificence de dame nature et des papotages entre copine à propos des nouvelles collections de prêt à porter printemps/été 2012.



Ciel mais c'est un tissu! oui un tissu.....


On délaisse les manteaux e pour des vestes plus légères, les pantalons pour les jupes, les pull à col roulés pour les chemisiers. Mais attention pas d'un seul coup, parce qu'en Avril ne te découvres pas d'un fil! 
Cette année sera colorée, acidulée. Terminés les tons pastels,se monter, oser.

Je pense que vous avez remarqué, que les couleurs éclatent dans les vitrines, s'étalent sur les pages des journaux de mode, mais il faudra attendre encore pour voir ces violentes palettes inonder les terrasses des cafés,  la foule des rues piétonnes, les queues dans les caisses des supermarchés, les salles de cinéma, les plages.
Printemps ou été en mai en Lettonie?
          
 Cette fois pas de demi mesure, les oranges frôlent les roses fluos,  le rouge se pâme d'amour pour le vert tendre et le bleu marine qui courre après le violet.


la mode de toutes les couleurs

 Mais vous, êtes vous prêtes à porter haut et fort ces couleurs ? C'est un virage à 90° qui arrive en ce début de printemps, après des mois de grisaille, de noir et autre brun et beige, c'est la lumière qui nous éblouit, la farandole des tons qui éclabousse notre quotidien. La mode va et vient, mais notre style, notre silhouette, nos envies ne suivent pas le mouvement, en tout cas pas toujours. Piocher par ci par là un article coloré pourquoi pas, mais pas tout d'un seul coup. On passe peut être trop vite de l'hiver à l'été, dans les rayons des grandes surfaces le maillot de bain succède immédiatement à la doudoune. Etrange, étrange cette façon de nous pousser à mal consommer, sans prendre le temps de la digestion. Il faut assimiler le régime alimentaire d'hiver, la mode hivernale, transiter par le printemps qui prépare l'été. L'industrie textile semble avoir oublié les entre saisons. L'automne et le printemps font partie de ce que la mode
appelle désormais la saison printemps /été ou automne /hiver, comme si elle gommait six mois de l'année

Les citadins, privés de la nature sauvage, oublient qu'il existe quatre saisons, pauvre Vivaldi, oublient les marchands de quatre saisons, mais eux, ont disparus depuis longtemps de nos rues avec leur chariot regorgeant de cerises,de pommes ou des tomates cueillies aux aurores par les maraîchés. Mais à quoi sert d'aller trop vite? Les années ont toujours 12 mois et les jours 24 heures. Prenons le temps, le temps de vivre, de penser, d'apprécier, de voir pousser les fleurs et grandir nos enfants. Prenons le temps de faire de la couture, de la broderie, prenons le temps du temps, et apprendre à faire  rien c'est déjà un bon début et pas si facile que cela.



J'aime  les quatre saisons, avec leurs nuances et j'aime le printemps avec ce décalage horaire qui nous offre des soirées sans fin si propices aux discussions qui permettent de refaire le monde.


un coucher de soleil à 21 heures à Paris ou à Miami c'est toujours un instant magique


 J'aime ressortir de l'armoire mes compères qui annoncent les beaux jours, ces chemises en chanvre qui enchantent les journées ensoleillées, les pantalons en gabardine qui rendent les happy hours en terrasse de café plus confortables, ce châle en étamine de laine fuschia qui m'enveloppe lors de mes  ballades le long de la seine jusque dans l'île saint-Louis et ses glaces multicolores de chez Bhertillon. 


Mes chemises en soie, mes pantalons en ramie, mes vestes en chanvre fleurent bon la belle saison, la nature, la lumière,le soleil, avec un soupçon de vacances.




L'habit ne fait pas le moine, mais la matière et les couleurs font
illusion et habitent les saisons.




Vous remarquerez que ces changements dans l'habillement vont de paire avec les changements de nourriture, petit à petit, les couleurs de notre alimentation vont changer, avec les salades de  fruits rouges  et légumes de saison. Le Navarin d'agneau accompagné de ses légumes nouveaux remplace la potée auvergnate et notre ligne salue ce changement de cap. Le vert, le blanc, et le brun pour l'hiver, le rouge, l'orange, le violet pour l'été.

Colorons notre univers, colorons notre penderie, laissons la couleur entrer dans nos habitations  


Les tissus sont nos amis, tour à tour il nous protègent, nous cachent, nous embellissent. Le "doudou" de notre enfance s'est transformé en vêtement dont le rôle  est bien plus complexe qu'il n'y paraît, mais quoiqu'il en soit, le tissu nous accompagne de notre naissance à notre dernière demeure, alors aimons le. Au nom de toute l'équipe de De Gilles Tissus je vous souhaite un printemps joyeux, coloré et textile.

vendredi 16 mars 2012

Voyages textiles

Longtemps j'ai rêvé en un à un les timbres de ma collection. Mes préférés ? Ceux de Madagascar parce qu'ils représentaient des animaux et des fleurs des plantes, qui n'existaient pas dans mon quotidien, et puis j'ai passé beaucoup de temps penchée sur les cartes de mon Atlas en essayant de m'imaginer les habitants d'Afrique du  sud marcher la tête en bas.  Ensuite j'ai voyagé " pour de vrai, d'abord à pieds, la tête en l'air dans mon extraordinaire ville de Paris, puis en avion, en voiture, en bateau . La réalité c'est souvent plus fabuleux que les rêves mais rêver c'était bien aussi. L'imaginaire exarcerbe les passions, véhicule la curiosité. Dans une coque de noix on peut y voir bien des choses, dans un tableau abstrait chaque jour selon son humeur on y trouve autre chose, et puis   dans un simple morceau de tissu  je sais par expérience qu'il y a de quoi alimenter bien des songes.

Les tissus ce sont des brides de vies, les tissus on aime, on déteste,  on ne s'en préoccupe pas, mais ils font partie de notre culture.
Une coupe de basin  bleu et on s'embarque pour l'Afrique haute en couleur, avec de vastes étendues brûlées par le soleil, ou les rideaux de pluie diluvienne qui inondent les rues des villages en quelques secondes, mais rassasient aussi rapidement les champs desséchés, et voilà le film qui commence, votre film. Pas de jet lag, pas de passeport, on voyage assis dans son rêve.
Bazin super riche bleu roi
une coupe de bazin, destinée à la fabrication de boubou


Et ici un petit bout d'un huipil,  blouse brodée par des mains expertes guatémaltèques. Ce sont des vêtements que les femmes portent traditionnellement et qui enchantent les yeux.
Chaque village possède son vocabulaire mais les lettres sont remplacées par des animaux, des fleurs, des plantes.C'est juste poètique, et  symbolique à l'époque où le jean semble être universel. Sur les marchés colorés le dimanche après la messe, on se bouscule  sur les places des villes et des villages, les femmes arborent  fièrement leurs blouses brodées. C'est un tumulte coloré et bon enfant qui  anime les rues les jours de marché. Celui de Chichicastelnago est un des plus extraordinaire que l'on puisse imaginer.



détail d'un huipil acheté sur le marché de Chichicastelnango
Un pagne pré-hispanique découvert lors de fouilles dans le désert d'Atacama dans le sud péruvien, et c'est  une civilisation qui nous intrigue parce que mal connue. La pachamamma, une ode à la terre, à la mère nourricière. Les couleurs, les motifs et nous voilà dans un univers qui reste à découvrir, dans les livres  et les musées .Le musée du quai Branly possède des pièces importantes de l'artisanat de ces civilisations aujourd'hui disparues. Les tissus sont des pièges à souvenirs...
pagne préhispanique 


Quelques centimètres de tissu peuvent aussi nous transporter dans le futur. Le Tyvek, matière technique s'il en est, commercialisée depuis plus d'un demi siècle par la société Dupont de Nemours nous projette dans l'espace? Oui   ces produits techniques autorisent l'homme à se surpasser. Sans ces produits l'homme n'aurait pas pu aller dans l'espace ou sur la lune,  car il a fallut trouver des solutions pour le protéger du soleil, de la chaleur, du froid, le faire voyager en toute sécurité.

Tyveck, sorte de non tissé, extrêment résistant, léger, occultant et isolant phonique et thermique, idéal pour doubler des rideaux. Le rêve et en bonus le best.


Ainsi de la terre à la lune on retrouve des tissus. Vous aussi voyagez sans billet, sans contraintes, sans jet lag, presque gratuitement. Comment? Rendez vous dans votre armoire, vos tiroirs, votre dressing, votre placard,  et au hasard sortez un vêtement. Touchez le, regardez le, et imaginez...... Je suis certaine que vos rêves seront différents les uns des autres même devant un simple jean... Reparlons en dans quelques jours. Racontez moi vos voyages textiles


Je m'appelle Talia , j'aurai bientôt un mois et je voici mon premier jean. Pour le moment c'est ma grand mère qui raconte des histoires de tissus.  
Les souvenirs textiles enfouis dans notre mémoire sont une bibliothèque dans laquelle on peut piocher pour voyager.

lundi 5 mars 2012

La pantalonnade d'Amélia


Il existe  un vêtement épatant  parfaitement adapté aux bébés, qui n'est plus vraiment à la une de la mode enfantine  : le bloomer ou la barboteuse. 

La définition du dictionnaire  décrit le bloomer comme un vêtement de petit enfant, d'une seule pièce formant culotte et laissant les jambes nues
Je trouve que les bloomers sont des merveilles de confort pour les enfants. Le vêtement est court, ample, resseré sur les cuisses. Il convient aussi bien aux filles qu'aux garçons. Les jambes à l'air  ils peuvent bouger, gesticuler  librement. Un plus cet article cache les couches. Et si vous n'en trouvez pas tout fait alors faites le. Il y a des modèles et des patrons sur les sites "petit citron" ou citronille.

Mais connaissez vous la véritable histoire du  bloomer ? Ce fut d'abord un élement vestimentaire, presque une arme,  adopté par  les féministes d'outre Atlantique?  Un pantalon large,  resserré aux chevilles, confortable qui naquit aux Etats Unis d'Amérique au XIXe siècle.

Il fut popularisé par Amélia Jenks Bloomer une américaine qui jugea nécessaire de contourner l'interdiction faite aux femmes américaines de porter un pantalon. Elle réclamait simplement la possibilité pour les femmes de s'habiller comme elles l'entendaient, et surtout avec des vêtements fonctionnels. C'est ainsi qu'elle laissa son nom à ce vêtement à mi chemin entre la jupe et le pantalon;  rien de bien répréhensible par  la morale et pourtant il faudra encore de nombreuses années et une volonté farouche  pour parvenir à ce que les femmes portent aussi le pantalon.  Et l'histoire pour la petite histoire  n'est pas terminée  car chez nous, oui en France au pays des droits de l'homme,  une ordonnance du préfet de police de Paris, en date du  7 novembre 1800 interdisant le port du pantalon pour les femmes,  n'est toujours pas abrogée, bien qu'obsolète, mais tout de même. Et si nous profitions de la période électorale et des promesses des candidats pour demander son annulation?

La pantalonnade d'Amélia eu du bon, elle remis un peu d'ordre dans le désordre. Elle se promenait en bloomer, c'est-à-dire un pantalon style sarouel  sous une jupe, côté ligne ce n'était pas très élégant, mais coté message il y avait du répondant . Le but avoué était de pouvoir pratiquer des sports sans la contrainte d'un vêtement inadapté. La recherche du vêtement fonctionnel,  pratique pour faire du vélocypède ou du ski était indéniable. Cependant même dans ce pays tout neuf, qui n'était pas écrasé par le poids des traditions, Amélia dûe  résister aux colibets de ces concitoyens.
Depuis l'arrivée du jean unisexe, et la libération des moeurs des années 60, le combat de miss Bloomer est  tombé en désuétude mais, il demeure une preuve que la mode n'est pas aussi futile que certains veulent bien le faire croire. On peut l'adapter, l'inventer et ne pas se contenter de la suivre.
En France on ne parla pas de bloomer mais de culotte de zouave, de pantalon de golf, de sarrouel. On ne fit pas non plus de miss Amélia Bloomer une icône de la libération féminine. En France au XIXe siècle c'est une femme célèbre  par ses écrits qui s'autorisa le port du pantalon, le plaisir du cigare, le cumuls des amants à une époque où cela ne se faisait pas elle se nommait Georges Sand... Et oui, le vêtement est un moyen d'expression qui mérite d'être pris en compte. L'histoire est remplie d'exemples qui  avec plus ou moins de succès ont permis de changer bien des choses, mais c'est une autre histoire à suivre....

dimanche 26 février 2012

UN MIRAGE SOYEUX : LA BLACK MUD SILK

  

soie gommée vendue au mètre dans la boutique De Gilles Tissus (156 rue de la roquette 75011 paris)




Soie gommée pour les uns, soie traitée à la boue pour les autres, hei jiao chou pour les autochtones, ce qui signifie noir gomme soie, ou encore liang chou, c'est à dire traitée avec du gambier, mais la black mud silk semble être le terme  international qui qualifie le mieux cet extraordinaire tissu.


La langue chinoise emploi des termes évocateurs pour qualifier un produit.  La subtilité de ce tissu se reflète dans  les expressions qui le caractérisent. En Chine, il y a de l'humain dans les fibres, on s'adresse à nos sens et à notre imagination plus qu'à notre raison. C'est pourquoi le Hei jao chou est  un tissu  sensuel, vivant, passionnant avec de multiples facettes.
 C'est un clin d'oeil à notre ouïe
"la soie chantante" parce qu'il bruisse à chaque mouvement du corps, un peu comme un papier que l'on froisserait. La main d'une soie gommée est proche d'un gazar ou d'un organza double, il y a du craquant.
Il titille  notre odorat
"Une toile de soie aux nuages parfumés" On sent encore la terre et les plantes (en faisant cependant un effort d'imagination). Le tissu flotte presque dans l'air tant il est léger et puis remarquons  l'existence étroite avec des notions picturales ; ne retrouve t on pas dans la peinture chinoise  les nuages, la brume, la nature?
Il trompe notre vue
Ce tissu bi-colore faussement cuir, faussement soie mais tellement cuir et tellement soie

Je l'ai découvert  il y a une vingtaine d'années, un peu par hasard et beaucoup par passion. En cherchant, il me semble qu'on finit toujours par trouver, mais on ne sait jamais quoi, ni quelle va être notre prochaine découverte, c'est cette aventure textile là qui me plaît. J'avais entendu parler de cette étoffe par une cliente qui revenait de Chine, mais la documentation relative à ce sujet était bien mince à cette époque.
Ma curiosité m'incita à fouiller les archives dans les bibliothèques, puis Google me permis de continuer mes recherches en m'épargnant les nombreux déplacements, mais finalement un séjour en Chine s'imposa à moi. Et chiner en Chine c'est un plaisir inouï, c'est un régal, même si la langue est parfois une barrière plus difficile à franchir que les frontières.
Mon obstination fut récompensée lorsque je mis la main sur un tout petit stock de black mud silk. Parce que même dans le pays d'origine ce tissu est quasiment inconnu du grand public.

Mais de quoi s'agit il ?
Il y a plus de 200 ans, les paysans du sud de la Chine ont inventé la soie gommée. Ils ont constaté que les vêtements taillés dans cette étoffe étaient imperméables et aérés qualités qui leur permettaient d’affronter le climat subtropical de cette région. L’humidité et la chaleur étaient domptées, rendant ainsi le travail dans les champs un peu moins pénible.
tunique chinoise du XIXe siècle achetée chez un antiquaire à Singapour il y a quelques années
Elle a longtemps été exposée à la boutique, je m'étais habituée  à sa présence , et les clients aussi. Mais voila dans la nuit du 30 novembre au 1 décembre, la boutique à été cambriolée, et malheureusement ce vêtement a fait partie du butin.  Sa valeur marchande est sans commune mesure avec la valeur sentimentale que je lui accordais. Enfin il me reste cette photo et les souvenirs


Ce trésor né à la campagne allait conquérir les villes, et plus encore car il passera les portes du palais impérial, accueilli sans restriction dans la cité interdite... Curieuse destinée pour cette création populaire qui  fut adoptée à la cour impériale. Les nobles citadins réalisèrent tout le potentiel caché au fond de cette merveille et l'adoptèrent sans restriction. La soie gommée fut dès lors adoptée par la classe dirigeante;

Après une éclipse due à la révolution qui privilégia la grossière toile de  coton bleu à tout autre textile, la soie gommée sera redécouverte, mais ce n'est pas en Chine qu'elle retrouvera tout son éclat. Les occidentaux et surtout les japonais  tentèrent de l’apprivoiser sinon de la fabriquer. Ainsi de temps en temps, dans les défilés Haute Couture, sur les podium européens on peut apercevoir quelques modèles en soie gommée.

Mais les aléas de la production artisanale étroitement liée aux caprices climatiques nuisent à un approvisionnement régulier. Il faut ajouter le prix élevé de ce produit et on comprend mieux pourquoi les industriels du vêtement ne peuvent utiliser la black mud silk pour une fabrication à grande échelle. On l'utilise avec parcimonie dans l'industrie textile du fait de son tarif exorbitant ; des ceintures, des finitions, des cols, des produits de petite taille.
La black mud silk demeure un produit rare, un produit d'exception qui vit à l'écart de la mondialisation et c’est tant mieux pour tous les amoureux des tissus.  

Les secrets d’une fabrication ancestrale : 

C'est un tissu on ne peut plus écologique : la nature offre la soie, le soleil, la rosée, la lune, l'herbe, l'oxygène et l'homme son savoir faire. 


soie1.jpg
De mai à octobre, on prépare en hachant finement du suc de tubercule de gambier (racine tinctoriale). Cette préparation va macérer dans des bacs de terre argileuse. Ensuite, des lés de soie blanche sont trempés dans cette mixture, puis étalées dans les champs, sur l’herbe. La rosée matinale et les rayons du soleil vont peu à peu fixer la teinture. Les opérations bain/séchage sont répétées une trentaine de  fois ; il en résulte une étoffe brune.

La magie de ce trompe l'œil, c'est une teinture et une enduction.

A l’aube, l’étoffe est déployée sur l’herbe le long d’une rivière unique en son genre. Du fond, on extrait de la boue ferrugineuse qui sera étalée sur une face de la soie. En séchant sous les rayons du soleil, une fine pellicule luisante vernie, marron très foncé, recouvre la soie. Un dernier rinçage dans l’eau de la rivière termine la teinture. Le secret réside aussi  dans la qualité de l’eau.
Il faut pour obtenir cette surface laquée un autre ingrédient : la boue ferrugineuse qui couvre le fond d'une rivière et qui va donner cet aspect cuir à une soie à l'origine souple, brillante et blanche. Une des faces du tissu est enduite de boue. Après une nuit avec pleine lune, chaleur et humidité, la boue est sèche et le tissu est rincé à l'eau pure de la rivière. Le tissu est maintenant bicolore, une face demeure brun clair et mate, et l'autre marron très très foncé, brillante et imperméable. Dernière étape un fois sec, le tissu est replié. Il est terminé ; enfin!

Le tissu est alors semblable a du papier laqué avec une face marron/noir et une face couleur terre. Et la magie continue. Du papier, on passe au cuir. C'est un mirage car pas un instant on imagine qu'il s'agit d'une étoffe et pourtant, sous cette cuirasse, se cache une soie pas si fragile que ça.
  
 Ce tissu va vivre, se transformer, se rider, se patiner, se cuirasser (?) si ce mot n'existe pas, il faudrait l'inventer pour ce tissu. 
l'aspect de ma chemise a bien changé après une dizaine de lavages. La patine est superbe


La soie gommée a traversé les ans sans faillir à sa renommée. Elle est aujourd'hui le produit juste, celui qu'on imagine dans les rêves. Fabriquée sans polluer l’environnement, parce que en phase avec la nature, elle possède des qualités que seuls les tissus synthétiques semblaient pouvoir proposer. Légère, imperméable mais respirante.
Comme Janus ce tissus a deux visages. Si on dépasse le stade de la technique , on trouve la soie, matière premiere de la black mud silk. Alors sous un aspect rugueux, brut, boueux on découvre un produit luxueux, confortable, pratique, divinement agréable à porter, en symbiose absolue avec  notre peau, un écrin protecteur pour notre  corps. Alors qu'il se fasse trench -coat pour vous protéger de la  pluie  ou simple chemise pour vous protéger du soleil un vêtement en soie gommée  est un trésor que l'on a pas envie de partager. On se glisse dans une enveloppe délicate qui vous protège avec finesse des agressions extérieures, on se sent bien. Il ne sera jamais démodé car il n'aura jamais été à la mode. 
Les amateurs de belles matières sont admiratifs devant le résultat de ce travail. Curieusement lorsque je porte  ma chemise, les gens que je croise dans la rue ou le métro ont spontanément envie de toucher cette matière parce qu'ils n'en croient pas leurs yeux. Je trouve cela touchant, ce phénomène se produit également dans ma boutique ; les clients sont tentés et veulent toucher pour y croire.    .
Pour l’entretien, rien n’est plus simple : soit un lavage à la main, avec une eau tiède et du savon en paillettes, un peu de votre temps. Suivra un rinçage rapide. Ensuite suspendez votre vêtement ; il sèchera seul et rapidement.
Soit votre machine à laver possède un programme « fragile » c’est-à-dire cycle court et sans essorage.
Si un repassage s’avère nécessaire, soyez attentive : fer tiède et repassage sur la face mate.
Il faut surveiller les pliures, les parties où les tractions s'exercent et qui sont inévitables sur un vêtement ;  c'est à ces endroits que les risques de déchirures sont les plus fréquents.
Maintenant que vous savez tout ce qu’il faut savoir sur cette merveille.
Si vous êtes séduits par cette matière vous pourrez la découvrir dans ma boutique De Gilles Tissus  

mardi 21 février 2012

La layette aux oubliettes?

Ce que jadis on nommait layette était une réponse juste à une question qui ne se posait même pas.

A l'évidence c'était naturel, les premiers vêtements de bébé étaient fabriqués à la maison selon un rite immuable, tricotés ou cousus, brodés ou pas, en laine, en coton ou en chanvre. Les jeunes filles brodaient leur trousseau puis, une fois mariées, les futures mamans préparaient les premiers vêtements du bébé à venir parce qu'elles n'avaient pas le choix et que c'était une tradition. Les offres de produits finis étaient rares.
Savez-vous que ce terme aujourd'hui désuet fut pour quelques générations de jeunes femmes une occupation quasi obligatoire ? En effet, les travaux d'aiguilles étaient une occupation féminine alors qu'on ne parlait pas encore de loisirs. Bien des jeunes filles se sont, bon gré mal gré, adonnées à la couture ou au tricot ; c'était dans l'ordre des choses. Aujourd'hui, le choix est possible entre le fait main maison ou la fabrication industrielle.
La société a changé, les femmes travaillent, le temps et parfois le savoir faire manquent pour réaliser un trousseau maison. Par acquis de conscience ou par plaisir  les grands mère sont mises à contribution pour  tricoter une ou deux brassières, des petits chaussons, mais cela reste toujours très confidentiel.

Le commerce à également évolué depuis le début de l'ère industrielle, en facilitant les achats et en proposant des offres sont presque trop abondantes. On assiste à des phénomènes nouveaux : la naissance des grands magasins, le développement des grandes surfaces, la vente par correspondance et le dernier venu mais non le moindre : le e-commerce.
Le mode de vie des adultes et des nourrissons s'est de toute évidence modifié, amélioré sans doute, car influencé par la facilité de s'approvisionner en produits manufacturés.
La profusion de marchandises a tendance à uniformiser les gammes de produits et à réduire le vocabulaire quotidien. Voilà peut être ce qui pourrait expliquer la disparition d'un grand nombre de locutions.
Si nous en revenons à notre sujet, le mot layette n'est quasiment plus utilisé. Le rayon layette dans nos boutique est remplacé par premier âge, puériculture, naissance. Et là vous trouverez tout, et de tout, surtout du superflu, du luxe, des articles cadeaux. Les marques de luxe ont depuis le milieu du XXe siècle créé une ligne pour enfants. Le succès est au rendez-vous. Baby Dior en est un exemple, certaines marques comme Tartine et Chocolat, ou encore  Bonpoint ont acquis une reconnaissance dans ce domaine du haut de gamme en ne fabriquent que pour les enfants. Les corners qui leurs sont accordés dans les grands magasins prouvent qu'ils répondent à une demande. Cependant, on peut regretter de trouver des modèles comme maman ou papa, de matières outrageusement inadaptées au nourrisson qui vont du cachemire au polyester, en passant par la soie, transformant alors le nouveau né en une poupée de mode que l'on exhibe devant un public ébloui. En fait, une toute petite place est laissée aux articles nécessaires et adaptés aux premiers mois de bébé. Vous trouverez essentiellement du superflu, de quoi transformer votre enfant en star, en top modèle, mais pour le quotidien l'offre est moindre.  Il faut chercher dans les rayons ou sur le net les articles simplement simples, faciles à laver,  à enfiler, les couches en coton, les bavoirs pratiques sans dentelle, broderie  ou velcro pour l'attacher.

Si le mot layette n'est plus qu'un souvenir, il a une histoire.
L'étymologie renvoie à la langue flamande dans laquelle le terme laede, laye, désignait une petite caisse ou  le tiroir d'une armoire, la terminaison en ette indique la petite taille. Jadis, la jeune fille préparait son trousseau puis, future maman, elle préparait la layette. Les vêtements, draps, bavoirs, tricotés, cousus ou brodés étaient rangés dans un tiroir. Le sens du mot à évolué et, de petit tiroir, le mot layette a désigné son contenu puis le trousseau de bébé.
Aujourd'hui, ce tiroir rempli de layette à disparu. Il est remplacé par le kit naissance recommandé par les maternités. Une petite valise ou une simple boite contenant les premiers habits de bébé. C'est moins romantique mais tellement plus pratique, c'est du prêt-à-porter premier âge. Cependant, puisque quelqu'un d'autre le fait pour les mamans, autant s'assurer de la qualité des produits.
Jadis, les jeunes filles préparaient leur trousseau en brodant le linge de maison. Puis, les futures mamans se devaient de coudre ou de tricoter la layette pour l'enfant à naître. Et puis, devenues grand mères, elles continuaient les travaux d'aiguilles en tricotant de la layette pour leurs petits-enfants.

A suivre l'origine du bloomer


.

dimanche 19 février 2012

LES TISSUS INTELLIGENTS UNE NOUVEAUTE? PAS VRAIMENT!


Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, peut être ignorez-vous  que  vous utilisez un tissu naturellement intelligent.
 Imaginez une fibre :
 - qui s'adapterait partout, à  presque tous les climats
- qui pousserait sur toute sorte de terrain
- qui  ne nécessiterait pas d'engrais
- qui ne réclamerait aucun pesticide
- qui serait peu gourmande en eau
- qui aurait une croissance rapide
- qui offrirait un tissu naturellement bio
- qui serait naturellement imputrescible ( c'est pourquoi  sur les navires on utilise des cordages en chanvre )
- qui, filée et tissée, devient un tissu qui protège des UV
- qui aurait de multiples applications : avec la filasse on obtient des fibres textiles,  des graines on obtient de l'huile,  les déchets sont utilisés comme  isolant thermique dans le bâtiment.

Un miracle de la technique ? Des années de recherches ? Des micros capsules intégrées dans le fil ? Des fils d'argent ajoutées lors du tissage ? Des manipulations génétiques ? Des puces,? Des capteurs? Des apprêts ? Rien de tout cela. Je suis certaine que de nombreux industriels auraient aimé pouvoir inscrire cette création à leur palmarès, mais ils ont été devancés par dame nature qui nous offre ce trésor. 
La fibre qui concentre toutes ces qualités… c'est le chanvre textile ou cannabis sativa L.  C'est une plante dioïque (pied mâle et pied femelle) ce qui expliquerait peut être l'origine de ce drôle de nom : canna bis(?). Aujourd'hui pour faciliter sa culture, il existe des variétés monoïques (fleurs mâles et femelles sur un seul pied)

C'est de la tige que l'on extrait la filasse qui donnera la  fibre textile.
Cette fibre est cultivée, filée, tissée ou tricotée, depuis des siècles d'abord en Asie et en Orient puis en Occident.
Les plus beaux fils étaient réservés à la fabrication de draps et de vêtements, les autres étaient utilisés pour la confection de sac ou de linge plus grossiers.

Allez savoir pourquoi ce produit ne fait plus recette : trop ou pas assez vintage, image désuette, trop cher, trop rare... Ce que l'on peut constater c'est qu'il ne fait pas révêr comme son cousin le cannabis indica, cette herbe psychotrope interdite de culture et de consommation. Cette homonymie est certainement à l'origine de la désaffection du chanvre textile et uniquement textile, en tout cas elle a mis fin à son exploitation industrielle  par une loi dans notre pays.
Un jour, le créateurs, les stylistes, les fabricants, redécouvriront les atouts du chanvre textile et mettront alors tout en oeuvre pour lancer une fibre révolutionnaire bourrée de bonnes intentions. Le succès aidant les chercheurs trouveront la formule chimique qui leur permettra de cloner le chanvre. Alors on verra dans les rayons des magasins des articles obtenus  à partir d'une nouvelle fibre chimique, issu de la dernière génération des tissus à l'intelligence artificielle programmée par l'homme, des ersatz de chanvre, qui possède toutes les qualités  du modèle de référence et plus encore. Mais vous, vous  serez  en mesure de saisir la subtilité de l'étiquetage et de choisir en connaissance de cause.
Nous sommes ici sur un marché en pleine mutation, et les nouveautés à peine sorties des laboratoires sont parfois encore à l'état de prototypes et les clients de cobayes. Mais l'homme va toujours de l'avant et c'est heureux, il continue à vouloir imiter, copier, cloner la nature avec le secret espoir de la dépasser et parfois il y réussit.

Une fibre historique oubliée

Le chanvre fut utilisé dès le néolithique. Au Moyen Age, Charlemagne fut à l'origine du développement de la culture du chanvre puis, au XVIIe siècle, Colbert donna une impulsion à sa production en créant la corderie royale de Rochefort pour répondre à la demande croissante de produits destinés à la marine.  L'importation de la matière première était désormais inutile et les cordages, sacs pour les marins, toiles pour les voiles des navires étaient confectionnés sur place.  
L'utilisation du chanvre pour la fabrication de  linge de maison, d’articles vestimentaires se développa également dans  les classes populaires. 
Le chanvre était un produit  courant en France et si la fibre textile semble oubliée, on retrouve sa trace dans des mots comme cannebière rue de Marseille, chènevis :graine de chanvre, chènevière lieu dit : champ de chanvre, canevas support de broderie...
Cette fibre fut détrônée au milieu du XXème siècle à cause de son homonymie avec le cannabis indica, par les fibres synthétiques comme le Nylon. Il serait juste de signaler que la pression du lobby pétrolier aux USA accéléra la production de fibres synthétiques au détriment des fibres naturelles.

Une fibre bio?
Le chanvre ne laisse pas de place aux autres, il étouffe lui même les mauvaises herbes ; c'est pourquoi sa culture ne nécessite aucun pesticide. 
Il draine et régénère la terre avec ses très longues racines, donc pas besoin d'engrais.
Il pousse presque tout seul, il ne demande que très peu d'eau, donc pas d'arrosage intensif comme pour le coton.
Il pousse rapidement : il parvient à maturité en trois mois. Selon les variétés les plants peuvent atteindre entre trois et cinq mètres
Il n'épuise pas le sol donc pas de jachère.
Sa culture est simple et naturelle.

Les secrets du chanvre
Ses propriétés sont presque trop belles pour être honnêtes et pourtant cette fibre possède naturellement des propriétés exceptionnelles :
- anti-bactérienne : le chanvre retarde le développement de certaines bactéries. Faites l'expérience avec des chaussettes en chanvre et en coton. Mettez durant deux jours une chaussette en coton sur un pied et une chaussette en chanvre sur l'autre pied. Constatez par vous-même… Si vous transpirez beaucoup et que vous portez des chaussures avec une doublure synthétique, les odeurs seront beaucoup plus intenses du côté coton. Ce sont les bactéries qui sont à l'origine de ces mauvaises odeurs.

- le transfert thermique est une des grandes qualités du chanvre : la fibre absorbe très rapidement l'humidité ambiante et la rejette tout aussi vite. C'est pourquoi les vêtements en chanvre sont confortables. L'été au frais, l'hiver au chaud. J'ai essayé et je confirme. Le must pour l'hiver c'est le mélange chanvre et poils de yack.  

- elle fait office de  barrière qui stoppe les rayonnements de tout genre grâce à la très grande densité des fibres fabrique : UV mais aussi les  rayons des écrans d'ordinateurs et autres appareils électriques.

- Facile à vivre au quotidien ? L'entretien un jeu d'enfant. Les tissus en chanvre se lavent sans problème et résistent au fer à repasser, même chaud.

-elle est anallergique. Le contact d'un tissu en chanvre avec la peau ne provoque aucune allergie. Je conseille aux personnes ayant une peau fragile de porter des sous-vêtements en chanvre. Il existe des T-shirt, des chaussettes, des slips ou des culottes dans les magasins spécialisés en produits  issus de l'agriculture biologique. 
Le problème pour les chemises, pantalons et autres vestes réside principalement dans la coupe et la gamme de couleurs restreinte et peu flatteuses. Il s'agit plus de "sacs à patates » taillés pour des géants" que de vêtements élégants. Il ne vous reste qu'à acheter le tissu, chez De Gilles bien entendu, et de sortir la machine à coudre.

J'espère  que cette démonstration est largement est suffisante pour vous convaincre d'une chose :  les tissus "intelligents" ne sont pas uniquement l'apanage des scientifiques mais aussi de la nature.
 Depuis des siècles l'homme utilise des fibres textiles naturellement "techniques" comme le chanvre, le coton, la laine ou la soie. Et depuis à peine deux siècles les hommes tentent avec succès de les imiter. Alors info ou intox les  nouveaux tissus intelligents? Je vous laisse juge. Il faut savoir démêler le vrai du faux. En fait ce sont les hommes du  marketing les plus intelligents. Vendre un concept, une idée, une image à des clients  béats d'admiration, c'est jouer sur du velours. La véritable révolution c'est d'avoir réussi à cloner chimiquement les tissus naturels  et d'avoir dopé leur intelligence.

Quel avenir pour une fibre oubliée
La filière chanvre semble frémir, le retour de la demande des tissus écologiques, bios, naturels est perceptible. Le chanvre va peut-être retrouver la place qu'il mérite dans la mode. Réservez lui un espace de choix dans votre garde-robe.

Une consommation intelligente
Pour une fois q'un trésor est à notre portée sachons le reconnaître. Un produit non polluant, bon marché, qui pourrait être cultivé et tissé et transformé en France, pourquoi nous en priver ? Charlemagne et Colbert avaient compris l'importance de l'enjeu. Pourquoi ne pas reprendre cette direction?  Pour le moment c'est l'artisanat qui relève le défit du chanvre, car  la production française n'est pas suffisante pour alimenter l'industrie textile. De cette pénurie de matière première  il résulte des importations de chanvre  des pays de l'Est via l'Allemagne ou la Belgique.  C'est en partie ce qui explique le prix élevé du tissu. Pour redonner vigueur à cette filière réclamons haut et fort aux industriels des articles en chanvre. 
Nous voulons des vêtements en chanvre! Nous voulons des vêtements en chanvre!

A suivre d'autres tissus naturellement intelligents