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vendredi 11 mai 2018

LA VERITE SUR LE PANAMA LE COUVRE CHEF DES STARS

C'est parce que je reviens d'un séjour en Equateur et au Panama que je tiens à rétablir une vérité trop souvent ignorée.

D'Equateur au Panama.... le panama est de rigueur
Guayaquil en Equateur


Panama city en Avril 2018 avec une femme Kuna toujours avec mon chapeau de paille d'Equateur



Par ce post je veux rendre  à César ce qui lui appartient, à savoir la véritable identité de ce magnifique chapeau que l'on nomme à tort panama.



Voici sa véritable histoire

Le panama est un accessoire qui appartient à l'histoire de l'Equateur. Le parcours de ce trésor national, né et fabriqué en Equateur, s'est trouvé quelque peu bousculé par de fâcheux concours de circonstances au cours des siècles. Le bon sens voudrait que l'on porte un Equateur et non un Panama pour se protéger des rayons ardents du soleil.

ERREUR SUR L'ORIGINE DE LA FIBRE VEGETALE
La matière première utilisée pour le tressage de ce chapeau de paille fine et souple est la feuille du carludovica palmata ou palmier de Panama. Or, ce n'est pas un palmier et la plante ne pousse pas au Panama. Il s'agit d'un arbuste à feuilles persistantes qui ne croît à l'état sauvage qu'en Equateur et au Perou, nommé paja mocora par les indiens indigènes.

LES COLONS ESPAGNOLS PRENNENT LE POUVOIR AUSSI AVEC DES MOTS
L'arbuste fut baptisé paja toquilla par les espagnols. Le nom ordinaire de cet arbuste, Jipijapa, est gommé au profit du nom savant Carludovica Palmata au XVIIIe siècle. Quelle drôle d'histoire et quel nom curieux! En réalité, rien n'est plus simple et idéologiquement parlant fort bien trouvé. Il s'agit pour les espagnols de rendre hommage à leur roi Charles IV et à la reine Luisa tous deux reconnus comme protecteurs de la botanique. Ainsi, toute trace de son origine équatorienne se trouve effacée.

UNE BREVE MAIS NECESSAIRE INCURSION DANS LE DOMAINE TECHNIQUE
Au XIXe siècle, le botaniste britannique Hugh Algernon Weddell décrivit en détails la préparation de la fibre, démontrant ainsi la complexité du travail.
"Avant son épanouissement, le limbe de la feuille du carludovica palmata est ordinairement d'un blanc un peu jaunâtre et sa figure celle d'un éventail fermé. A ce moment de son développement, on l'appelle cogollo. C'est à cet état seulement qu'on doit l'utiliser pour confectionner les chapeaux.

les feuilles sont déjà très grandes pour être utilisée, je suis arrivée  trop tard dans la saison , l'éventail est largement déployé


Après la récolte, les cogollos sont soumis à plusieurs opérations qui les décolorent totalement. On taille dans la feuille encore fraîche des lanières ou brins qui seront utilisés pour le tressage. Cette opération se pratique en fendant longitudinalement de bas en haut les feuilles à l'aide de l'ongle du pouce. La feuille ainsi préparée est trempée dans l'eau bouillante puis sortie et replongée dans une eau tiède acidifiée par l'addition de jus de citron. Elle est ensuite retirée et replongée dans un bain très froid. On laisse ensuite sécher les lanières. On s'aperçoit que les bords des lanières se replient en prenant une forme cylindroïde ce qui en accroît la solidité."

LES DIFFERENTES QUALITES
Dans les manufactures de Cuenca on tresse toujours les chapeaux avec la paja toquilla selon des méthodes ancestrales, différentes qualités sont proposées aux clients. Cependant, les différentes étapes du travail sont toujours réalisées manuellement.

La plus commune, un moyen de gamme est la plus largement répandue. L'artisan, homme ou femme, travaille assis son ouvrage sur les genoux la paille à ses pieds. Le cuenca est caractérisé par  le  tressage en forme de chevrons. Le temps du tressage varie entre quelques heures et quelques jours.
Les Montecristi, fabriqués à l'origine dans la ville de Montecristi  sont les plus fins et les plus beaux du marché. Leur fabrication s'effectue dans des conditions particulières à certaines heures de la journée lorsque la rosée peut donner à la paille toute la moiteur nécessaire. L'artisan se tient debout, penché au dessus de son ouvrage. Les plus belles pièces sont réalisées avec une seule feuille et la confection d'un chapeau demande plusieurs mois voir une année. C'est un luxe que peu de personne peuvent s'offrir ; c'est pourquoi ces articles sont fabriqués uniquement sur commande.

TRAITS DE CARACTERES D'UN SOMBRERO DE PAJA TOQUILLA POUR NE PAS DIRE PANAMA
Un véritable sombrero se reconnait à la rosace visible en son centre, le point de départ du tressage et à sa souplesse. Il est en général utilisé par les voyageurs qui, d'un point de vue pratique, trouvent leur compte avec cet accessoire qui se plie ou se roule sans se déformer. Un cuenca peut voyager dans une boite en balsa, bois très léger, et un Montecristi est logé plus luxueusement dans un étui en cuir. Le gros grain extérieur gris, brun ou noir, n'est pas uniquement décoratif. Sur commande, il est possible de choisir sa couleur, le mien est rouge !
Ce ruban permet d'adapter avec précision, la taille du chapeau au tour de tête de son propriétaire. Lorsqu'il s'agit d'un article déjà fabriqué, il est amovible et sert à l'occasion "d'emballage".  On roule le chapeau et le ceinture à l'aide du ruban qui le maintient pour faciliter son transport.



Le service après vente de la manufacture Homero Ortega est de tout premier ordre.  Si comme ce fut mon cas, votre sombrero de toquilla a trop voyagé et que vous n'avez pas su ménager votre monture, s'il est fatigué, si vous le trouvez hors d'usage, vous pouvez le retourner à l'atelier ou revenir comme moi à l'atelier quelques années plus tard et il vous sera rendu remis à neuf. Une seconde jeunesse, les rides effacées, la blancheur retrouvée. Maintenant, si le voyage ne vous tente pas, voici un ou deux conseils qui suffiront à le remettre en forme. Vaporisez la calotte et les bords avec une eau fraîche et repasser au fer doux le rebord, puis laissez reposer  à l'ombre. Cette méthode, je l'ai aussi testée, est moins onéreuse qu'un voyage  et néanmoins très efficace. Autre solution, achetez directement deux panamas.

AU  FIL DE L'HISTOIRE
Au XVIe siècle, les conquistadors arrivent d'Amérique centrale et débarquent à Cadaquez au nord de Guayaquil sur l'Océan pacifique. En remontant vers la cordilière des andes, il traversent les villages Jipijapa et ils remarquent que les indigènes se protègent du soleil en se couvrant la tête, la nuque et les épaules avec une mante légère en paille tressée. Cet accessoire étant parfaitement adapté au climat local, fut adopté par les nouveaux arrivants qui le baptisèrent paja toquilla, c'est-à-dire petite paille. Et voilà le point de départ de la formidable aventure de ce petit trésor.

EN ROUTE VERS LA GLOIRE
Si la fabrication de ce chapeau ne cessa jamais en Equateur au cours des siècles, sa forme change et la technique s'améliore, la demande s'accroît et la production suit dans une certaine limite. Les relations commerciales entre les états d'Amérique du sud deviennent plus aisées et le petit chapeau voit les demandes affluer d'Argentine, du Brésil ou du Chili. L'ouverture du canal de Panama va être le point culminant de cette nouvelle célébrité mais aussi le plus sournois des avantages. Connu et acclamé dans le monde entier à la fin du XIXe siècle, porté par les têtes couronnées ou les stars du grand écran, ou lancé comme un trophé par les politiques, c'est sous un nom d'emprunt que ce chapeau de paille, objet futile pour les uns, indispensable pour les autres, acquit sa notoriété.

PANAMA UN PASSAGE INCONTOURNABLE
Avant le percement du canal, l'Equateur exportait ses produits vers les pays limitrophes par voie terrestre. Ainsi, jusqu'au  XIXe siècle, le sombrero de paja toquilla fit les délices des populations sud américaines et le succès des petites entreprises équatoriennes. Une production confidentielle jusqu'à ce que la demande de sombrero se fasse plus importante, l'Europe et l'Amérique du Nord étant touchés par la frénésie de la mode du chapeau de paille fine. La production dut passer à la vitesse supérieure tout en conservant son intégrité. Difficile passage, le rendement artisanal ne pouvant rivaliser avec les productions industrielles. Mais les manufactures équatoriennes firent face et surent prendre le bon virage. Bien sûr, il y a aujourd'hui encore un grand nombre de contrefaçons. Sur la grande place au Guatémala, il est possible d'acheter un panama pour deux dollars.

Avant ou après le percement du canal, pour rejoindre l'océan atlantique et la côte est de Etats-Unis et les pays occidentaux, le passage par le Panama était de mise. Plus rapide après certes, mais le Panama était toujours le point de départ de la marchandise.

UN SUCCES MONDIAL EN TROIS ACTES

1 En 1867, lors de l'exposition universelle de Paris, le Panama pays invité à exposer, offrit à Napoleon III  un sombrero de paja toquilla. L'erreur est alors consommée, car l' Equateur n'est pas un pays inscrit sur la liste des nations représentées à Paris. Ainsi, le pays d'origine fut-il confondu avec le pays importateur. Le panama ne fit jamais amende honorable et laissa la légende étendre son aura sur le vaste monde de la mode. Les journalistes firent leur travail en décrivant l'empereur arborant un chapeau de paille du Panama.
2 L'histoire continue à patiner et à jouer en faveur du Panama. En effet, en 1880 débute un gigantesque chantier ; celui du percement du canal de Panama qui va relier l'océan pacifique à l'océan atlantique. Des milliers d'ouvriers sont alors recrutés venant de divers pays, notamment d'Equateur, pays voisin. Rapidement, les autorités sanitaires imposent aux ouvriers le port d'un chapeau pour se protéger du soleil. Les équatoriens travaillant sur le chantier venus avec leur traditionnel sombrero de paja toquilla, solides, légers, pratiques, il ne fallut que peu de temps pour que les autres ouvriers réclament et adoptent aussi ce type de protection comme le firent les conquistadors quelques siècles plus tôt. Mais ce chapeau devint l'emblème du costume des ouvriers du chantier de Panama, Une fois de plus l'équateur était évincé de ce succès.
3 La conquête du Panama n'est pas encore arrivée à son point culminant. Il faut attendre 1906 et la visite de Théodore Roosevelt sur le chantier du canal qui salue la foule en agitant d'une main son chapeau de paille. Les médias ont progressé depuis l'exposition universelle de 1867 à Paris, et désormais, les photos en disent plus long que les mots. Celle-ci fit le buzz. La photo du président des Etats-Unis et son panama hat fit le tour du monde. Désormais, il était trop tard pour que les équatoriens redressent la barre : Alea jacta est.


Depuis, on ne compte plus les célébrités photographiés coiffés d'un panama hat, assurant ainsi la promotion d'un objet devenu iconique, abusivement nommé panama. Après tous ces malentendus, il est difficile de rétablir la vérité. L'Equateur demeure le pays où se fabriquent les véritables sombreros de paja toquilla, paille fine, blanche et souple, mais il restera pour l'éternité dans l'ombre du Panama.


UNE RECOMPENSE BIENVENUE  QUI CONFORTE UNE FOIS DE PLUS L'IMPOSTURE

Le tressage traditionnel du panama est classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par UNESCO depuis 2012 !  C'est un hommage rendu aux artisans qui, de génération en génération, ont participé à la transmission des traditions culturelles de l'Equateur. Bien que cela ne change guère le cours de la petite histoire, cet accessoire qui a traversé les modes et les ans, mérite tout de même un grand coup de chapeau. A vous, maintenant que vous connaissez les arcanes de la vie tourmentée du panama hat, de rendre à Cesar ce qui lui appartient.

LE  SOMBRERO PINTADO LE VERITABLE CHAPEAU DU PANAMA
Ceci est une autre histoire qu'un jour peut être je vous raconterai, mais il convient de mentionner ce beau couvre chef, un article  artisanal panaméen qui mérite que l'on y prête attention.



jeudi 10 mai 2018

IL Y A UN APRES PROFESSIONNEL APRES LA FERMETURE DE DE GILLES TISSUS

Ce post s'adresse aux curieux et aux amoureux des étoffes, aux particuliers et aux  professionnels, à ceux qui les connaissent déjà et à ceux qui aimeraient faire leur connaissance.
Partager mon expérience du monde textile, c'est presque un devoir pour moi. Mon activité dans ce domaine que j'adore ne s'est pas terminée avec la fermeture de la boutique De Gilles. J'aspire à  transmettre mes connaissances acquises au cours de mes trente années passées au sein de cette belle entreprise familiale. D'une façon ludique, moins conventionnelle que les formations traditionnelles, il est possible de découvrir la matière première trop souvent oubliée au profit de la mode qui s'affiche sur papier glacé. Un poète pourrait-il écrire sans connaître l'alphabet ? Non bien sûr, alors pourquoi un couturier pourrait-il créer des modèles sans connaître intimement les étoffes, comment choisir un vêtement sans savoir quelle matière première a été utilisée pour sa confection ?
Déguster les étoffes à l'aide des cinq sens, découvrir les grandes et les petites histoires des tissus historiques, déchiffrer  les spécificités des principales fibres à l'aide d'une allumette ou d'une goutte d'eau...  Il existe mille et une manière d'appréhender l'univers des étoffes, à la fois si familier et pourtant si mystérieux. Moi, je vous en propose quelques-unes.  
Depuis des années je sillonne notre planète à la recherche de sensations textiles et j'avoue qu'à chaque voyage, je découvre des trésors. Le langage des tissus permet de passer outre la barrière de la langue, parce que le tissu est une sorte d'espéranto, le langage des tissus est universel.
C'est toute cette manne emmagasinée depuis des années que je souhaite partager avec ceux qui, comme moi, aiment passionnément les étoffes.
Après De Gilles Tissus, je redeviens Catherine Kouliche Goldman, l'expérience en plus.  
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                       Catherine Kouliche Goldman
                                       Ancienne élève de l’Ecole du Louvre


                                   CONSULTANTE TEXTILE


 Mobile : 06 13 22 06 11                                          Mail  degillestissus@free.fr
2, Place léon Blum  75011 Paris                             Blog  degillestissus/blogspot.Com