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jeudi 7 juillet 2016

LE METIS ET LE TROUSSEAU : DES SOUVENIRS DES DOUDOUS

UN TISSU SIMPLEMENT MAGIQUE
Qui n'a jamais entendu parler de tissu métis ? Ces fameux torchons en métis écru et rouge, qu'utilisaient nos grands parents ou, pour certains, nos parents.
Cette qualité bien particulière possédait un atout que n'ont pas les produits ménagers qui nous sont proposés aujourd'hui : ce pouvoir d'essuyer les verres sans laisser de traces. Le mélange lin coton est un produit absorbant et sain. La technicité à l'état pur.

POURQUOI ?
Pourquoi ne pas utiliser ce que la nature nous offre si gracieusement ? Pourquoi aller chercher ailleurs ce que nous avons sous la main ? C'est exactement ce que nous faisons en mettant le bon vieux métis, qu'il soient transformés en torchons, draps, serviettes ou nappes, ils sont désormais dans l'album de nos souvenirs... enfin pas pour tout le monde. Il y a encore des adeptes du bon sens.

LE QUOTIDIEN D'HIER EST DEVENU LE LUXE D'AUJOURD'HUI
Bien que la plupart des foyers soient équipés de machines à laver : le linge, la vaisselle, etc, laver le linge ou  faire la vaisselle n'est plus un problème ; tout est réglé de ce côté. A moins d'utiliser une vaisselle en carton, en dehors des pique-nique, les verres surtout en cristal nécessitent un essuyage attentionné.
Nous savons toutes que le cristal et la machine à laver ne font pas bon ménage, pour l'avoir appris souvent à nos dépends. Si proscrire le lavage en machine pour nos verres en cristal est évident, il est encore plus évident qu'un torchon en métis est le moyen le plus adapté à leur entretien. Le lin ne laisse pas de peluche, pas de trace et le coton est absorbant.

Le luxe lorsque l'on reçoit, c'est de dresser une belle table. Couvrir la table d'une vraie nappe,  utiliser des serviettes en tissu et boire dans des verres en cristal.  Ce luxe que nous percevons dans cet attirail de fête, n'est tout au plus qu'un symbole, la mise en beauté de la table est une attention destinée à faire honneur à nos invités. Mais avant le "sopalin", les nappes intachables,  inusables, ces démonstrations honorifiques étaient quasi quotidiennes.

REDONNER UN SENS AU LINGE DE MAISON
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c'est un plaisir, réellement, une sorte de cérémonial, de sortir mon beau linge. La nappe, je la repasse sur la table, enfin je rafraichis le repassage je supprime les plis.  Et puis il y a les serviettes, cette fois bien pliées et si "confortables", qui essuient vraiment, qui ne glissent pas, qui restent sur les genoux et surtout qui se froissent, qui se cassent. C'est à cela que je reconnais un véritable tissu, il vit et cela m'émeut. Mais non je ne suis pas de ceux qui disent "c'était mieux avant", je suis de ceux qui veulent que les choses soient belles, bonnes,  touchantes, je veux du sentiment dans les étoffes, j'y tiens.
J'aime sortir de l'armoire un torchon, le déplier,  sentir sous les doigts cette vrai matière, craquante, à la fois raidie et souple, cassante et douce. Mes torchons font partie de mon trousseau. Eh oui ! j'ai eu droit lors de mon mariage à un trousseau, c'est vrai c'était un autre siècle, d'autres habitudes, mais je souhaite à tous de pouvoir transmettre cette jolie tradition.  Plus de quarante ans ont passé et j'utilise toujours mes torchons en métis, mes nappes et serviettes en coton et je possède également une belle collection de tabliers. Les plus originaux viennent de Londres : de véritables petites robes avec des volants, les plus fonctionnels sont japonais.

Pendant que j'y  pense, ne soyez pas "contrariée" par une tache de vin sur la nappe. Attention ! pas de sel surtout, idée reçue mais à oublier car le sel au contraire va  fixer la couleur. Si vous avez sous la main, ou mieux dans une bouteille, de l'eau gazeuse c'est l'idéal, vite versez quelques gouttes et vous verrez la tache de vin rouge s'évanouir, de l'eau oxygénée fera aussi l'affaire.  Mais pas d'inquiétude ; la nappe comme les serviettes blanches en coton, en lin ou en métis, passeront à la machine à 90° avec un peu d'eau de javel. Donc soyez zen et profitez de votre belle table et de vos invités.
Mais pour le quotidien, j'avoue avoir cédé au sopalin, quoique j'ai toujours à portée de main un joli torchon en coton ou en métis ; ce sont mes amies qui me les offrent comme on offre un bouquet de fleurs lorsque l'on est invité à un  dîner... C'est moins périssable ! Ils viennent du bout du monde, ce sont des cartes postales modernes, puisque les SMS ne peuvent plus  décorer les portes des réfrigérateurs.

DANS MON TROUSSEAU, MON DOUDOU
Mon petit jardin secret ? J'ai toujours un  petit mouchoir de Cholet en batiste brodée que je parfume de temps à autre avec "youth dew" d'Ester Lauder, au fond dans mon sac du soir ! Je ne sors jamais sans lui. Il va s'en dire que je ne l'utilise pas en tant que tel, mais j'aime bien savoir qu'il est là, le sentir, le toucher, c'est beau, c'est élégant, c'est en fait juste une présence textile qui m'enchante c'est mon doudou à moi.  Ma mère  avait toujours au fond de son joli sac du soir, un petit mouchoir qui sentait son parfum et je perpétue cette tradition que personne ne soupçonne, c'est mon petit secret que je vous dévoile aujourd'hui et surtout n'allez pas le répéter, d'ailleurs on ne vous croirait pas !


UN PRODUIT  FONCTIONNEL MAIS SANS SAVEUR
Au XXI eme siècle, au nom de l'hygiène, le papier remplace en partie le linge de maison ! Dans la cuisine, c'est le rouleau de papier, dans nos poches ce sont les mouchoirs en papier, sur la table des serviettes en papier, les couches pour les bébés en papier, les verres en carton. Avez vous songé à la place nécessaire pour stocker ces produits, comparée au volume d'une douzaine de torchons, de mouchoir ou de serviettes ?
Papier à usage unique voilà que notre quotidien se simplifie mais la consommation de produits jetables n'annonce rien de réjouissant.

UN CONSTAT NAVRANT : LE LINGE DE MAISON EN VOIE DE DISPARITION
Le mot linge vient évidemment de lin... Alors oui moins de lin plus de polyester ou de pseudo bambou, alors moins de véritable linge.
Pourquoi avoir des machines à laver le linge de plus en plus sophistiquées, avec des programmes étudiés pour  le linge blanc, pour laver à 90°, pourquoi puisque force est de constater que  nous n'avons plus beaucoup d'articles à faire bouillir ! Les sous vêtements en fibres synthétiques, les nappes easy care, les chemises en polyester, les draps en poly-coton tout cela ne passe pas le cap des 30°. Alors oui les machines nous simplifient la vie, et c'est devenu si simple de laver, de faire bouillir, de repasser qu'il est dommage que cela ne serve plus à rien. Que se passe-t-il donc ? Pourquoi le trousseau est il remisé au fond du grenier ? Du passé  faut-il vraiment faire table rase ? Pourquoi le linge de maison s'étiole jusqu'à disparaître ? Est-ce le temps qui manque ? Est-ce l'idée de l'entretien qui nous rebute ? Peut être, ou peut être pas. Jeter, utiliser, jeter. Pratique ? sans doute ! Cher, trop cher ? Certainement !

QUAND LE SOPALIN REMPLACE LE METIS
Mais savez vous d'où vient ce mot entré dans le langage courant ?  Sopalin est le nom d'une marque déposée en 1948 à l'INPI par la société  française Papier Linge. Elle fut à l'origine du papier essuie tout, absorbant et jetable. Le mot Sopalin  est l'acronyme (un sigle qui peut se prononcer comme un mot ordinaire) SOciété PApier LINge. Désormais c'est un mot générique, qui s' applique aux rouleaux de papier absorbant  même lorsqu'il s'agit d'une autre marque. Il rejoint la liste des marques devenues de noms communs comme kleenex, frigidaire et autre caddie...



Mais revenons à nos torchons en métis. Le mot vient du latin mixus c'est-à-dire mêlé. Dans le vocabulaire textile, métis désigne un tissu dont la chaîne est en coton et la trame en lin.

UN LABEL DE QUALITE
 Pour avoir droit au label Metis, le pourcentage en poids de lin doit être au minimum de 40%.
Cependant, comme beaucoup de mots, il a perdu de son prestige, le terme métis est galvaudé, il désigne souvent une étoffe constituée d'un mélange de fibres différentes : laine et coton ou encore soie et lin.

ETOFFES MIXTES ET RELIGION
Bibliquement parlant les étoffes mixtes étaient interdites, considérées comme impures
"ne t'habille pas d'une étoffe mixte faite de laine et de lin" Deuteronome 22-11
Il s'agit de tissus fabriqués avec des fibres animales et végétales (chaatnez). On peut imaginer que le conflit qui opposa Caïn et Abel, l'un agriculteur et l'autre éleveur n'est pas sans rapport avec ce précepte.

De fait, au Moyen Age encore, les étoffes mixtes étaient relativement rares, d'abord parce que la tradition religieuse persistait mais aussi à cause des abus de contrefaçons. Dans une étoffe de laine les moyens de détecter un pourcentage de fibres différentes étaient quasi inexistants et les clients pouvaient être lésés quant à la qualité du produit. C'est pour pallier ce genre de problème que les corporations interdirent la production d'étoffes mixtes. Mais il existait des exceptions comme toujours. Les plus courants étant les brocards (lin, soie et fil d'or) et la futaine (laine et coton).

IL Y A MIXTE ET MIXTE
Lorsque l'on parle de tissus mixtes il convient de distinguer les mélanges intimes (fil constitués de brins de matières différentes) et les tissus mixtes (fil de trame et fil de chaîne de différente matière).

REDECOUVRIR LE GOUT DES BELLES CHOSES
Prendre du plaisir à soigner son linge, redécouvrir le confort d'une serviette en coton, ce sont de petites choses qui embellissent le quotidien. Nous sommes en période de soldes, c'est le moment de se refaire un trousseau. N'hésitez pas à magnifier votre linge de maison, adoptez le coton, le lin ou le chanvre. Des articles qui peuplent  votre univers et que vous  respectez c'est plus jouissif qu'un rouleau de papier même décorés de fleurs et parfumés artificiellement ! 

dimanche 3 juillet 2016

LA BATISTE

UNE ORIGINE LOIN D' ETRE EVIDENTE
Que l'histoire serait aimable et simple si cette étoffe portait effectivement le nom de son "inventeur". Le sieur Jean Baptiste ou, selon les sources, Jean Baptiste Chambray ou Cambray, originaire de Cantaing sur Escaut établi comme tisseur à Cambrai puis à Valenciennes. On peut se plaire à croire qu'il avait créé un tissu particulier utilisant des fils de lin très fins, filés dans la pénombre des caves humides de Cambrai ou de Valenciennes par des ouvrières à domicile. Peut-être fut-il un tisserand imaginatif, peut-être ce Jean Batiste ne fut-il qu'un metteur en fil comme il en existait tant d'autres au XIIIe siècle dans cette région. En effet, des écrits attestent de la grande renommée de la toile fine de Valenciennes dite toilette.
La batiste est, ou fut, un tissu de lin fin, blanc ou écru, au tissage très serré. On le trouve généralement uni, rarement teint ou imprimé.

LE LIN RAME
Le secret de la qualité exceptionnelle de la batiste du Cambraisis réside dans la manière particulière de cultiver le lin.  Pour avoir un lin ramé il fallait utiliser des rames ou tuteurs de plantes grimpantes. Des sortes de piquets étaient plantés dans les champs labourés et semés afin de soutenir les tiges naissantes du lin, les empêchant de ployer sous les bourrasques de vent ou les averses de pluie. On obtenait ainsi, avec tant de précautions, un lin qui permettait d'obtenir un fil d'exception.

 Il est évident que tant de soins apporté à la culture de cette plante en augmentait le prix ; le tissu obtenu à partir de ce lin ramé était un produit de luxe réservé souvent aux petites pièces comme les mouchoirs ou des vêtements de dessous, les surplis des prêtres, les robes de baptême...
mouchoir en batiste

UNE GENEALOGIE INVALIDEE
Mais  la filiation entre le tissu et le sieur Jean Baptise demeure une hypothèse jamais démontrée. Les éléments de la biographie du sus-nommé sont trop peu nombreux pour permettre de la valider.
Plus rationnelle, serait la dérivation du mot batiche, terme utilisé dans le patois picard dès le XIII e siècle qui signifiait battre (mouvement du battant des métiers à tisser). Plus le mulquinier actionnait le battant plus le tissage était serré.




A gauche, un mouchoir en linon, toujours un tissu en lin mais plus clair ; à droite, un mouchoir en batiste, le tissage est plus dense. Le battant a été actionné un plus grand nombre de fois. La batiste est donc obtenu en battant le métier. Dans les archives de la ville de Cambrai, j'ai pu retrouver des chiffres que l'on aurait du mal à  obtenir avec une machine, si perfectionnée soit-elle. En effet, dans la période faste de la production de batiste dans le Cambraisis,  avec 500 g de fil on obtenait 250 km de fil ! Soit 1 g = 500 m. Peut-être à mettre dans le livre des records.

Cependant, de batiche à batiste il y a Baptise, un prénom très populaire à cette époque qui se prononçait batisse !
On en retiendra que ce tissu, malgré ces controverses étymologiques, a traversé les siècles et les modes en conservant non pas son identité, mais une image, gage de qualité, ce qui est en soi, déjà remarquable.

UN PARCOURS SANS FAUTE
Si j'ai plus haut ajouté que la batiste n'avait conservé que son image, c'est parce qu'aujourd'hui, ce terme s'applique à toute étoffe fine au tissage serré, réalisé avec des fils de coton ou de polyester. C'est une erreur, car si batiste devient un mot générique, qu'adviendra-t-il dans les prochaines décennies des autres tissus ? Ce n'est qu'en leur octroyant le juste nom que nous sauverons notre patrimoine textile.

En cherchant batiste sur le net voici ce qui est proposé par les commerçants.


8,05 €
Tissus-Zanderino.fr
9,95 €
Tissus-Hemmers


A SUIVRE LA ROUTE DU LIN PARALLELE A CELLE DE LA BATISTE