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mardi 28 juillet 2020

LE RAPHIA



LES ORIGINES

Du malgache raffia ou raofia ce mot désigne un palmier dont la variété malgache fournit une fibre textile, extraite des feuilles. Son extraction est complexe, la fibre est impossible à filer et difficile à tisser Pour ces raisons, ses utilisations sont  réduites à quelques produits : cordages, liens, rabanes.

LE VELOURS  KASAI
La fibre de raphia est l'une des plus ancienne fibre végétale tissée en Afrique. Le raphia est la fibre de base pour une curieuse création baptisée "velours Kasaï ou Kuba du nom d'une tribu établie au sud de la rivière Kasaï territoire jadis occupé par le Zaïre. Techniquement il ne s'agit pas d'un velours mais d'un tissage à  "poils coupés" Pour certains historiens c'est   un roi  qui au XVIe siècle aurait introduit la technique du velours  dans son royaume près l'avoir découverte en Europe, d'après d'autres sources se seraient des voyageurs européens qui au XVIe siècle furent  surpris de trouver dans cette région un tissage si particulier et en raison de son aspect le nommèrent velours bien que le   principe soit  plus proche de la  vannerie  du tissage d'un velours

LE PARTAGE DES TACHES
Les hommes tissent avec les fibres de raphia, pour obtenir une sorte de canevas. Ce sont ensuite les femmes qui interviennent avec un fil de raphia et une aiguille ; elles "brodent" le support en formant une sorte de boucle sur l'endroit du tissu qui sera coupée  laissant dépasser quelques millimètre de fibre à  la surface. Nous avons l'équivalent avec le velours ras ..L'effet velours est saisissant , mais il sans la souplesse d'un velours de soie lyonnais

 LA TRADITION   
Dans cette société où les traditions sont encore fortes, la symbolique omniprésente : les objets ont un langage, et une valeur à laquelle les européens ne sont pas habitués..

UNE MONNAIE D'ECHANGE
Les billets de banque que nous connaissons n'ont fait leur apparition que récemment au Sahara, au paravent des objets de métal, du sel ou des étoffes de raphia étaient des produits qui jouaient le rôle de monnaie. Les artisans tissaient de grands rectangles bordés de franges et ces pièces reliées entre elles autour d'un bâton par 10 ou 12 avaient une valeur précise. 

DE LA FEUILLE A LA FIBRE 
Le raphia est un genre de palmier dont la tige des feuilles fourni une fibre textile. Les fibres  séjourne quelques jours dans l'eau afin de les ramollir , de les assouplir en vue de faciliter le tissage.

COPIE CONFORME OU PRESQUE
Aujourd'hui il existe un raphia artificiel dont voici la recette " prendre un polyèthylene par exemple  le tyvek ®de Du Pont de Nemours, le refondre pour obtenir un matériau léger et résistant, d'aspect raphia utilisé pour les vêtements industriels ou pour le fil à tricoter  pour un usage type vannerie. C'est la gageure remplie par la socièté  Lana Katia de Barcelone.  
 
LE RETOUR DE LA FIBRE "VERTE"
 L'écologie,  le retour  à la nature, un idéal fait de simplicité et d'authenticité influence les stylistes, les décorateurs et les consommateurs : vivre d'amour et d'eau fraîche ce fut aussi ce qui guida le mouvement hippie dans les années 60/70.  En 2020 c'est encore une utopie. Mais utiliser des fibres naturelles d'origine végétale serait un début
Le raphia est utilisé avec parcimonie dans le secteur de la mode  en occident, les tissus obtenus n'étant pas adaptés aux formes de nos vêtements  (rigidité sur une grande surface, fragilité dans des tissages lâches ). Le raphia est par conséquent langé  à d'autres fibres afin d'être "viable" raphia/ laine ou raphia/coton.   


LE RAPHIA S'IMISCE DANS LA DECORATION
Largement utilisé pour fabriquer des rabanes, le raphia trouve de nouvelles destinations lorsqu'il est mélangé avec un fil de coton par exemple : tapis de sol, revêtement mural... C'est l'envie des citadins de se rapprocher de la nature, de se sentir en même temps dans la foret vierge et plein coeur de la ville, qui provoque à n'en pas douter le succès de genre de matière. 
 

dimanche 26 juillet 2020

LA FAILLE


FAILLE

ETYMOLOGIE
du néerlandais « falie » qui serait emprunté au vieux français qui donne fichu. 

Le Littré définie la faille comme étant une étoffe de soie noire à gros grains, fabriquée en Flandres. Cette hypothèse est sans doute la meilleure car les flamandes portaient des fichus appelés faille.
Le mot faille traduit un manque, un endroit où la pierre manque , le relief est alors accidenté, comme la surface de l'étoffe du même nom qui est constituée d’une succession de sillons et de côtes.


DESCRIPTION
Etoffe constituée d’une chaîne en soie et d’une trame en soie ou en coton. C’est un tissu à gros grains fins et à côtes transversales au  relief est très discret.  
La faille est une variété de taffetas : la trame passe alternativement sous les fils de rang pair puis impair. La particularité de la faille demeure sa raideur et sa brillance. Les fils de chaîne sont fins et plus nombreux que les fils de trame.
C’est le fil de trame beaucoup plus gros que le fil de chaîne qui crée ces côtes horizontales c’est à dire perpendiculaire aux lisières Les côtes sont fines et leur relief peu important cependant leur présence rigidifie le tissu. Visuellement la surface d’une faille est quasiment plate, mais en passant l’ongle sur la surface on peut sentir un léger relief. 


UN TISSU A DECOUVRIR
La faille ne demande qu’à jouer avec les volumes, elle casse, les plis sont marqués, mais la faille joue sur les deux tableaux, elle est vigoureuse, presque brutale et en même temps elle diffuse avec modestie l’éclat de la soie. C’est une étoffe méconnue qui recèle des trésors.

UTILISATIONS
Ce tissu ne se laisse travailler que par des mains expertes : bustiers, jupes droites, nœuds géants, robes fourreau, vestes. Je vous présente ici les failles de soie, car il existe, comme pour d'autres étoffes des failles en fibres chimiques, mais c'est un autre univers qui mérite à lui seul un post.
Aujourd’hui la faille de soie un tissu tombé dans l’oubli, sa commercialisation est restreinte pour deux raisons la première parce qu’il est difficile à travailler, il "habite" sur les étagères des  ateliers des grandes maisons de  Couture, et la seconde c’est  son prix élevé  seuls quelques soyeux lyonnais poursuivent ce type de production,  les   pour des robes, des tailleurs, des jupes des cravates d’homme des rubans



jeudi 23 juillet 2020

GROS GRAIN


ETYMOLOGIE
Le terme gros désigne une étoffe caractérisée par une surface cannelée. Le nom change en fonction de la contexture, le relief est variable, il peut être à peine perceptible ou très visible


HISTORIQUE
Le Gros de Naples : étoffe de soie dont la chaîne et la trame sont plus fortes qu’au taffetas. La

différence du gros-de –Tours et du gros-de-Naples consiste en ce que la trame et la chaîne de celui-)ci sont encore plus fortes qu’au gros-de-Tours ce qui lui donne un grain plus saillant. »
In Diderot L’encyclopédie première édition 1757
Au XIXe siècle « le gros grain c’et une espèce de Poult de soie dont la trame est remplacée par un seul fil de coton retors. Cette étoffe est d’un prix beaucoup plus modique que celui du Poult de soie, mais d’un prix plus élevé que celui du Gros de Naples qui comme lui est recherché pour les rones. « in traité encyclopédique et méthodique des tissus . P Falcot 1844


DESCRIPTION
C’est un article de mercerie, un ruban solide, tissé en coton ou en soie autrefois, aujourd’hui les gros grains sont plus fréquemment fabriqués en fibres artificielles ou synthétiques.


UTILISATIONS
En chapellerie, il permet d’ajuster certains modeles ou encore de maintenir certains chapeaux pour éviter une déformation, il peut aussi être une garniture. Il est commercialisé dans une gamme très variée de coloris.
Lorsqu’il contient de l’élasthanne, le gros grain devient, un monte jupe, ceinture de jupe. On le trouve alors en gris, en noir ou en blanc

mercredi 22 juillet 2020

UN DIMANCHE AU MARCHE DE CHICHICASTELNANGO

Une visite au marché dominical de Chichicastelnango au Guatémala  c'est un souvenir inoubliable pour tous ceux qui ont eu cette chance,  et pour les "chasseurs" d'étoffes comme moi c'est un lieu riche d'expériences sensorielles, le bruit de la foule, les couleurs des huilpils du dimanche, les effluves d'encens mêlées  aux odeurs suaves des fruits,  et aux parfums des étales de fleurs!


UN MONDE FUSIONEL
c'est un peu comme pénétrer dans un univers  inconnu,  d'assister à la confrontation  entre les civilisations. Les motos qui pétaradent en croisant un âne chargé de ballot de maïs qui avance avec difficulté à travers une foule en verve, les espadrilles en pneus réchappés des paysans qui croisent les sneakers  des jeunes gens, mobile collé à l'oreille,  les filles en T-shirt et les femmes arborant leur huilpil du dimanche,  les hommes  certains en ponchos  bleu marine et pantalon blanc, d'autres ont revêtu  la veste courte frangée,  sur la chemise en coton blanc et le pantalon noir brodés d’insignes solaires, ouverts sur le coté et les touristes en bras de chemise et bermuda... un costume qui date de l'occupation espagnole! C'est une immersion dans un bain de folie, la vision d’un monde en fusion  La foule des grands jours, l'église est pleine à craquer, et l'assistance reprend en choeur les chants,  qui retransmis à l’extérieur par des hauts parleurs se mêlent aux brouhaha des marchands qui hurlent, aux enfants qui se chamaillent, aux poules qui dans leur cages caquettent en attendant de trouver un nouveau propriétaire, aux chiens qui aboient « pendant que la caravane passe ». Mais plus  fascinant  c’est cet étrange relation à la religion A la sortie de la messe les fidèles se dirige vers une petite bâtisse  et  par manque de place, assis parterre ou adossés aux murs de l’étroite sombre pièce,   ils écoutent  en silence cette fois le chaman qui brûle le copal pom  un encens sacré chez les mayas, Il dégage une fumée blanche, axe de l'énergie montante, un  lien qui relie la terre au ciel, l'homme au céleste..On dit et on croit que ce  feu sacré entretenu dans ce lieu étrange, a la capacité  de repousser les esprits maléfiques. Dans cette ambiance à la fois divine et survoltée, force est de constater  combien le syncrétisme religieux est officiellement acté.

LE HUILPIL : UN TEMOIN DE LA CULTURE MAYA
Le huilpil vêtement traditionnel que les femmes guatémaltèques portaient bien avant l’arrivée des espagnols. Le mot peut se traduire par blouse, mais par la simplicité de sa forme il se rapproche d'une chasuble.

LA SYMBOLIQUE DU FIL CONTINU
Dans de nombreuses civilisations, on retrouve ce type vêtement  ingénieusement enroulé ou drapé autour du corps. Peut être par souci
d’ économie de matière, les chutes sont inexistantes mais plus symboliquement pour éviter de couper le fil, qui pour certaines ethnies  reviendrait à sectionner le cours de la vie.

LE B.A.BA DU HUILPIK
La forme de base du vêtement en coton est simple, trois lés tissés sont assemblés pour former un rectangle qui sera plié en deux laissant une ouverture au centre pour passer la tête.  Mi-long, sans coutures et sans manches, il est si ample qu’il couvre généralement une partie des bras. Les broderies se cantonnent pour les huilpils les plus simples  autour de l’encolure et sur la poitrine pour les articles plus sophistiqués, la totalité du support de coton est masquée par des broderies. Il se porte sur une jupe froncée maintenue à la taille par un simple cordon.
En traversant le pays et j’ai pu observer dans les villages, les femmes de tous âges, assises sur les perrons de leur maison, à l’ombre des arbres sur les places, seules ou en groupe dans les jardins penchées  aiguilles à la main sur leurs ouvrages. Les villageoises sont réunies au sein  d’une coopératives qui s’occupe de distribuer le travail, de le réceptionner, et de le vendre.

LE HUILPIL COMME OFFRANDE
Dans les villages la tradition est encore respectée et veut que le premier huilpil brodé par une jeune fille soit offert à un saint catholique, jadis s’était à la déesse maya lxchel, déesse protectrice des tisserandes afin de s’assurer de leur protection pour leur vie future. 

UN ABECEDAIRE PARTICULIER
Deux niveaux de lecture sont possibles.
La version « touriste » offre des motifs brodés, graphisme stylisé de la faune et de la flore de la région. Agréable, coloré, décoratif ce vocabulaire sans prétention peut paraître presque naïf  
La perception du décor vue par les initiés, est toute différente. Les dessins ne sont plus une banale transposition de la nature, ils sont les symboles de la cosmogonie maya, ce récit mythologique qui explique la formation du monde. La tradition orale se dévoilent ici aussi sur un support textile. Le serpent à plumes est probablement un des plus  connus  des ces symboles

LE HUILPIL COMME UNE CARTE D’IDENTITE  
La gamme de couleurs choisie pour les broderies, le type de motifs sélectionné et la forme de l’encolure sont autant d’indices qui permettent de connaître la région d’origine du huilpil et le rang social de celle qui le porte ; tout est dans le détail : plus les motifs sont nombreux , plus les points sont petits, plus le fil à brodé est fin, plus le travail est sophistiqué plus la valeur du huilpil est importante plus  le rang social est élevé.  Autres particularités, selon les régions les broderies des jeunes filles sont blanches et en couleurs pour les femmes mariées, en coton pour les femmes célibataires, en soie pour les femmes mariées. Cette lecture à tout le moins curieuse est plutôt poétique l'poque o le jean semble un produit universel.

LES HEUREUSES RENCONTRES DES CHASSEURS D' ETOFFES
Ce marché est à l'origine de ma rencontre avec l'histoire du  huilpil. Depuis je me suis liée d'amitié avec ce vêtement et j'espère que je vous aurai donné l'envie de les découvrir à votre tour. 


mercredi 8 juillet 2020


Longtemps j'ai rêvé devant ma collection de timbres. Mes préférés ? Ceux de Madagascar parce qu'ils représentaient des animaux, des fleurs et des plantes, qui n'existaient pas dans mon quotidien,  j'ai passé beaucoup de temps penchée sur les cartes de mon Atlas en essayant de m'imaginer les habitants de l'Australie qui devraient marcher la tête en bas. Ensuite ces rêves j'ai eu envie de les réaliser, de découvrir les merveilles de notre monde autrement que sur du papier glacé . Et les années passant, j'ai commencé à voyager " pour de vrai, d'abord à pieds, la tête en l'air dans mon extraordinaire ville de Paris,  plus loin avec des moyens de locomotion locaux, en touc-touc au Vietnam, à dos de chameau en Egypte, à cheval en Camargue, en yellow cab à New York...  L'imaginaire exacerbe les passions,  attise la curiosité et je suis comblée par mes découvertes . Dans une coque de noix on peut y voir bien des choses,   un dessin abstrait, une cervelle et ses circonvolutions,  chacun se fait son cinéma, c'est un peu ce que je ressens en manipulant  un simple morceau de tissu, enfin quand je dis simple, rien n'est vraiment simple dans une étoffe et je sais par expérience qu'il y a de quoi alimenter bien des songes juste en tête à tête avec un bout de tissu. Depuis des années je parcours le monde à la découverte de tissus, je rencontre des artisans, des artistes, et d'autres amateurs de matières textiles, la barrière de la langue est vite dépassée, entre passionnés on se comprend. Si ces trésors je les ai partagé avec mes clients de la boutique De  Gilles Tissus pendant trois décennies, aujourd'hui c'est à travers ce blog et le blog d'Etoffe.com que je raconte mes tribulations textiles. Merci de me suivre et de partager ma passion.