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mardi 26 février 2013

UN BOUQUET INSOLITE : UNE DOSE DE NATURE DANS L'UNIVERS TEXTILE

RETOUR VERS LE FUTUR 
Depuis quelques années, les "sourceurs" se transforment en magiciens, ils sortent de leurs chapeaux des "nouveautés. Il semblent redécouvrir ce qui ne s'est jamais vraiment caché. Du vieux, ils font du neuf, enfin ils essaient, car mettre en vedette dans une exposition sur les fibres du futur la soie d'araignée, la fibre de lotus ou de glycine, c'est prendre le consommateur pour un peu plus naïf qu'il n'est.

POINT DE NON RETOUR ?
L'industrie a poussé  loin ses recherches et dans de nombreux domaines qui interfèrent quasiment tous dans notre vie quotidienne comme l'alimentation, l'agriculture, l'élevage ou encore le textile. 
Le point de non retour est il atteint ? Non parce que nous sommes de plus en plus vigilants quant aux   produits  déshumanisés qui inondent les rayons des magasins. Une saine réaction, celle des  consommateurs qui, excédés, apeurés, attristés, réclament un retour vers la nature, vers des valeurs et veulent faire rimer commercial avec morale. Moins de produits chimiques, des compositions plus détaillées, la traçabilité des produits,  un respect du client , voilà vers quoi il faudrait se diriger. Si on ne sait plus ce que l'on mange, on ne sait plus ce que l'on porte sur le dos. Les textiles aujourd'hui sont des assemblages de fibres  d'origines différentes. Ce mélange  rend l'identification d'un tissu plus laborieuse, le toucher ou la vue sont insuffisants. Avoir recours à du matériel élaboré pour découvrir ce qui ce cache dans une toile de laine ce n'est pas à la portée du client. L'étiquetage devrait être un moyen fiable mais hélas, on le constate tous les jours ce n'est pas le cas.

LA FIBRE SENTIMENTALE

Plus de sentiment dans la fibre, plus de nature dans nos vêtements, plus d'humanité dans nos penderies. Si le client veut se faire du bien en mangeant bio, pourquoi ne chercherait-il pas  aussi à protéger sa peau en sélectionnant des articles textiles moins agressifs pour notre enveloppe corporelle. 

VETIR LE MONDE AVEC DES FIBRES NATURELLES : DIFFICILE MAIS PAS IMPOSSIBLE !
Pourquoi ne pas se réapproprier ce que la nature et l'homme ont construit depuis des millénaires? L'argument des industriels est toujours le même : on ne peut pas vêtir la terre entière avec des fibres naturelles. C'est pour cette raison que se sont développées les fibres chimiques, artificielles et synthétiques. C'est juste. Comment peut-on obtenir une quantité suffisante de fibres naturelles qui, par essence, sont saisonnières et en quantité limitée sur notre planète ? Là est la vraie question, le fondement des recherches. Depuis le XIXe siècle, une question taraude les chimistes : comment  fabriquer des fibres textiles copie des fibres naturelles dotées de pouvoirs "magiques". La nature a peaufiné durant des siècles ces ressources textiles et en l'espace d'un siècle, les hommes ont réussi le tour de force de dépasser, de surpasser même les qualités intrinsèques des fibres naturelles. Ce sont des exploits à mettre au compte de la science, de l'intelligence humaine et des progrès techniques.  Cette surenchère dans le domaine de la recherche textile donne à ce marché des allures de science fiction. Les tissus dits intelligents sont-ils encore des tissus? Une chose est certaine, l'homme a su dépasser la nature et se dépasser lui-même. Les tissus techniques ont été indispensables à l'homme pour aller conquérir la lune et voyager dans l'espace. Et tant mieux parce que nous bénéficions tous  des avancées techniques des produits textiles expérimentaux. 
Merci aux scientifiques pour la viscose qui brille comme la soie, merci pour les fibres triboélectriques qui nous protègent du froid, merci pour les fibres polyester, merci pour les fibres polyamides légères et solides qui facilitent les randonnées, merci pour le tyvek, l'aramide, les microfibres... Merci à tous ces chercheurs qui, non seulement ont cherché mais aussi trouvé. Les fibres chimiques ont su se rendre indispensables dans notre vie quotidienne et tiennent une place de choix dans nos penderies ; il ne se passe pas une semaine sans que des rédactionnels remplissent les pages de nos magazines, que  des interviews se succèdent sur les ondes pour faire connaître de "nouvelles fibres".

CONSOMMER AVEC MODERATION ET CONSCIENCE : UN BUT, UN OBJECTIF
En tant que consommatrice, je me demande s'il ne serait pas possible de consommer sans surconsommer, c'est-à-dire durable et non plus jetable. Dans ce cas, même si l'investissement de départ est plus important, au final la durée de vie du vêtement est plus longue et le gaspillage serait évité. De fait, la production mondiale de laine, de soie, de lin ou de chanvre pourrait peut être suffire à fabriquer au moins les articles que nous portons à même la peau tels que les sous-vêtements.
Consommer avec modération et en conscience devrait devenir un but.

LE PASSE SOURCE D'AVENIR?
Je veux simplement vous parler de ce que l'on occulte, de ce qui fut à l'origine et qui perdure. La force des ces fibres ancestrales est d'avoir traversé les ans, les générations et d'être encore des sources d'inspiration pour les chimistes du XXIe siècle.

LA SOIE DE L'HALABE : REPRODUCTION IMPOSSIBLE 
Produire industriellement et chimiquement, cette soie est un problème insoluble pour le moment. En effet, la soie d'araignée est un caillou dans le jardin trop lisse des laboratoires, une épine dans le pied des techniciens et une fibre magique que l'homme peine à reproduire.
Comment se fait-il que toutes ces matières grises qui travaillent sur cette fibre depuis des décennies ne parviennent pas à 'imiter chimiquement ce fil doté de tant de qualités ? Plus solide qu'un fil d'acier de même diamètre, plus élastique que n'importe quel fil naturel, plus fin et plus brillant que le fil de soie du bombyx du murier. La complexité de cette fibre la rend mystérieuse et infalsifiable. L'homme se heurte à un "mur", c'est un défi que les chercheurs ne cessent de relever pour le moment sans réel succès. Patience et longueur de temps... Et après quel défi relèvera l'homme?
L'histoire de la soie d'araignée Halabé, l'araignée fileuse de Madagascar vous sera comptée dans un prochain post.
Ce que la nature à mis si longtemps à fabriquer, comment nous, petits hommes, pourrions-nous d'un coup de baguette magique demander à une machine de nous le donner? J'aime que la nature résiste un peu à l'homme, qu'elle garde encore quelques secrets de fabrication. Un peu d'humilité dans ce monde ne serait pas pour me déplaire .

MES HOMMAGES DAME NATURE
Seule, toute seule sans avoir recours à un matériel sophistiqué, la nature à réussi à nous donner la soie, la laine, le lin et tant d'autres fibres dont l'extraordinaire complexité ne nous apparait pas de prime abord.

C'EST LE BOUQUET
Je vous offre  mes " rencontres textiles" dans un  bouquet multicolore. Des fibres textiles mises au point par la nature et découvertes, souvent fortuitement, par l'homme il y a bien longtemps et jamais oubliées. Il faut aller les chercher là où elles sont considérées comme des trésors, transformées en tissu avec parcimonie, utilisée avec dévotion et reconnaissance.
Le parme de la Glycine (wisteria floribunda) du Japon , le rouge du lotus royal de Birmanie  , le bleu des fleurs de lin d' Europe , le blanc de la boule de ouate de la fleur de coton d'Amérique et, pour la verdure quelques tiges de bambou de Chine ou du Brésil... 

lundi 25 février 2013

UN CESAR DE DESHONNEUR POUR LE REMETTANT DU CESAR DU MEILLEUR COSTUME


 Je trouve inconvenante la conduite de François Damiens  froissé de n'être le remettant que du Cesar du Meilleur Costume qui revenait à Chrstian Gasc pour les Adieux à la reine, film de Benoit Jacquot
Il aurait préféré remettre le César  plus prestigieux  à ses yeux du meilleur Comédien.
Dans son prochain film, il pourrait bien obtenir un rôle de nudiste, parce que les costumiers soit se bousculeront pour lui " tailler un costard" ou alors il sera "habillé pour l'hiver". 

samedi 23 février 2013

LES VOYAGES,LA NATURE ET L'ARTISANAT : UNE ENTENTE CORDIALE

OUT OF THE COUNTRY/SORTIR
Sortir de son univers, rompre avec ses habitudes, aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, c'est une passion qui pimente mon quotidien, me permet une évasion ludique et qui  transforme ma profession en rêve. 

SO FAR FROM...SI LOIN 

Oui les voyages sont propices aux rencontres et aux découvertes. Ce sont ces émerveillements qui sont à l'origine de mon blog.  Nous y sommes : tissus, nature et redécouvertes passionnément.

BACK HOME/DE RETOUR

Née à Paris, habitant à Paris, travaillant à  Paris, tout y est si simple, rapide, aisé qu'il s'agisse de l'accès à l'information, à la culture,  aux commerces ; tout est à portée de mains ou à quelques enjambées. Aujourd'hui, au milieu de l'Himalaya  ou dans le désert d'Atacama ou encore à New York, à partir du moment où il y a l'électricité, tout est à portée de clavier, mais si une panne survient, on devient orphelin de son Ipad, de son smartphone. Le monde, aujourd'hui réduit à un écran et haut parleur, reprend ses justes dimensions et on prend vite conscience de l'immensité de la nature par rapport à la petitesse de l'homme. Si l' on se contente de voyager dans son fauteuil, de vivre par procuration les aventures d'autrui, on se prive de tant de choses. 

AROUND THE WORLD/AUTOUR DU MONDE

Voyager ce n'est pas une question de distance, voyager c'est simplement aller au bout du chemin ou de l'avenue, changer d'air, de voisinage, de paysage. J'ai un besoin vital de sentir les fraises, de toucher le tissu, de serrer la main d'un ami. L'image ne me suffit pas, autrement dit l'ordinateur oui, mais pas uniquement, et je souhaite que ce ne soit pas une question de génération. 

FEEL THE HAND-MADE FABRICS / LA SENSUALITE DES TISSUS ARTISANAUX 
J'aime le contact avec la matière. Pour être franche, je juge et je jauge avec mes cinq sens une étoffe. C'est pour cela que je peux vous raconter ces histoires de tissus, de vous faire découvrir leur origine, leur étymologie, leur quotidien...  

MEET THE CRAFTMEN  : A REAL JOB - RENCONTRER LES ARTISANS : UN  METIER
Des rencontres formidables,  j'en ai eu avec des artisans du bout du monde. Ceux qui travaillent dans le bruit ou le silence, dans une nature virginale et apaisante ou effrayante et hostile. Ces hommes et ces femmes qui suivent le chemin de leurs ancêtres. Si nous sommes passés au  XXIe siècle, sur d'autres continents, la vie continue sans secousse, sans changement, sans révolution et sans accélération, sans  la peur de l'an  2000 et des bugs informatiques. C'est à la fois extraordinaire et déroutant. 

LOOM/POWER LOOM ? METIER A TISSER/ MACHINE A TISSER
Ces rencontres avec des artisans qui filent, tissent, teignent  des matières textiles inhabituelles sont une leçon d'humilité. Les machines sophistiquées de nos usines ne peuvent rivaliser avec la finesse des fils obtenus avec un simple rouet. Avec des métiers à tisser à pédales, on obtient des étoffes d'une rare sophistication. La machine ne peut pas tout, mais l'homme peut beaucoup.   

 STRICTLY NECESSARY- LE STRICT NECESSAIRE
La production artisanale est faible, comparée à celle de l'industrie. Cependant, elle correspond à une demande. On ne fabrique pas plus que nécessaire, ce qui évite le gaspillage.

Les techniques ancestrales me fascinent et m'enchantent. J'aime ces instants qui m'entrouvrent les portes d'une autre époque, tout en me permettant de profiter des progrès techniques de 2013.

THE KNOW- HOW - LE SAVOIR FAIRE
Il se transmet de génération en génération. Chose essentielle que nous sommes sur le point d'oublier. Qu'allons-nous transmettre à nos petits enfants ? L'addiction aux boissons gazeuses, le mode d'emploi des téléphones portables, les recettes des plats surgelés ? Banalités oui, mais ceci nous montre la pauvreté de notre société qui délaisse son artisanat au profit de produits industriels. Les produits manufacturés sont indispensables  mais manquent d'humanité.
Une irrégularité sur la surface d'un tissu, une faiblesse dans la teinture et c'est la mise au rebut. Voilà l'imperfection que je lorgne, la faiblesse de l'homme qui n'est pas parfait, loin s'en faut.  Mais c'est aussi sa force, la preuve de sa présence, la marque de sa main. Nous sommes habitués à la perfection de la machine et pourtant, Sommes-nous parfait nous-m^mes ? La technique contemporaine peut simuler les imperfections  et se ré-approprier  des produits  populaires emblématiques et fonctionnels. Mais cette imitation a ses limites et les avatars ne sont pas toujours dignes de l'original .
La richesse inexploitée de l'univers textile suscite mon excitation. Vous faire découvrir un monde inaccessible parfois, oublié souvent, démodé par la force des choses, mais bien vivant au delà de nos frontières. Des nouveautés pour les occidentaux comme le tissu en fibre de lotus,  mais la continuation de traditions ancestrales dans d'autres parties du monde.

TO SHARE- PARTAGER
Découvrir et faire partager mes trouvailles est  un but qui m'enchante. C'est pourquoi je ne me lasse pas de parcourir le vaste monde à la recherche des habiles tisserandes , des artisans teinturiers, des patientes brodeuses. Je voudrais redonner une place aux tissus ancestraux, parce qu'ils sont une source de renouvellement dans notre univers formaté. Alors, à la fin du mois de mars, je pars à nouveaux sur les routes, cette fois-ci à la découverte du Bhoutan, le royaume du bonheur dit-on.

DISH OF THE DAY - PLAT DU JOUR  
Sur ma page facebook ou sur mon blog, les suggestions "du chef " sont fonction du marché. De mes voyages,  je rapporte des histoires de tissus et parfois même des tissus.  

lundi 18 février 2013

Billet d'humeur : oui il y a de l'avenir pour les marchands de tissus

L'anonymat des étoffes La signification première des tissus tient bien peu de place aujourd'hui, c'est sans doute pour cette raison qu'ils ont tendances à se faire oublier, à ne plus avoir d'existence à vivre dans l'anonymat. Le nombre des étoffes par ailleurs se restreint à vue d'oeil, qui pourrait désirer un métrage de zénana, qui réclamerait une bengaline, où envisagerait de faire un vêtement dans de la ziberline? Cependant si l'on cherche une gabardine, une cotonnade, une microfibre, ou une laine polaire, pas de problème, il y en aura toujours et partout ou presque. Le hic c'est que ces dénominations ont perdu toute substance, toute spécificité, un coton oui mais longue soie, indien, égyptien, suisse? Autant d'interrogations qui n'auront pas de réponses. Au fil des textes Prendre des fils et les entrecroiser d'une certaine manière pour obtenir un tissu c'est un peu choisir des lettres, faire des mots afin d'obtenir un texte. Tissu et texte sont des mots très proches. Et si on refaisait le monde en donnant au tissu son potentiel au lieu de l'affubler de clichés : chiffon ici, frivolité par là, futilité de ce côté ... Rarement il fut une époque où la matière textile était autant déconsidérée, jusqu'à n'être plus qu'un tissu, sans rien d'autre, juste un bout de chiffon sans nom, sans valeur, sans importance. Dans l'univers de la mode c'est le modèle qui compte, dans le commerce c'est la couleur tendance, dans l'industrie c'est le prix , dans la littérature contemporaine existe t il un écrivain qui décrive aussi bien"le bonheur des dames" que Zola? Alors le tissu dans tout cela? Il est dans tous ces états mais bien en deçà de ces capacités. Sommes nous les seuls au monde à avoir oublié l'importance de ce bout de tissu protecteur de notre naissance à notre mort? Peut-être bien parce que notre société c'est à perdu une partie de ses repères. La technique oui mais au mépris d'une histoire, d'un passé, d'une tradition textile qui fut dans notre économie un des domaines de pointes, des siècles durant ? Aux noms des tissus Je persiste et je signe. Oui les étoffes ont des noms et oui il est important d'avoir le choix, d'élargir le choix des fibres, des armures, la gamme des couleurs et surtout de distinguer les tissus les uns des autres en leur octroyant un nom. Ouvrez un journal de mode et comptez combien de tissus différents vous pourrez y trouver, j'entends combien de mots désignant une étoffe spécifique. Oui les formes, oui les longueurs, oui les couleurs mais crêpes, cotons, soie et puis quoi? Rien le néant, pourquoi ne pas parler d'un pantalon en crêpe marocain, d'une chemise en fil à fil, d'un manteau en radzimir, ou d'une redingote en gabardine de laine? Parce que l'information ne passe pas, parce qu'il est quasi impossible de trouver des magasins de tissus. Bien sûr il y a internet, pour les inconditionnels de ce mode d'achat why not, mais c'est un acte abstrait, une photo suffit-elle à rendre la rondeur d'une étoffe, le toucher doux ou rêche, le tomber, la chaleur ou la fraîcheur... Nos sens nous aident instinctivement à appréhender les matières, et ainsi influencent -ils nos décisions. La faute à qui? Chacun à sa part de responsabilité -les fabricants qui réduisent l'importance de leur offre car les recherches en matière d’innovations ont un coût très important -les stylistes, créateurs, grands couturiers qui se contentent de ce qu'il y a sur le marché sans vraiment chercher à sortir des sentiers battus, car -les recherches en matières d'innovations ont un coût très important - les vendeurs qui ne s'intéressent pas au produit qu'ils proposent -les clients qui acceptent dans leur majorité de suivre la tendance? Les boutiques de tissus sont- elles destinées à devenir des musées? Oui, les boutiques de tissus ferment les unes après les autres. Le constat est simple : il y a quelques années encore on pouvait trouver des marchands de tissus dans tous les quartiers des grandes villes, dans le centre des villes plus petites, sur les marchés les forains qui proposaient un choix important de tissus. Aujourd'hui il y a pénurie de marchands de tissus, non pas par manque de clients mais par manque d'intérêt des commerçants. Je me souviens Je me souviens de cette femme sans âge, que j'avais toujours vu vieille dans sa vieille et merveilleuse boutique de tissus de la place des Vosges, c'était une vedette dans le quartier et mes visites dans ce capharnahüm ont certainement influencé ma façon de travailler. Je me souviens de ces virées chez Max aux Champs- Elysées et des mannequins miniatures. Je me souviens des boutiques Bouchara et de la variété des étoffes proposées. Je me souviens de Maupiou, ce temple des tissus de luxe qui a fermé ses portes aussi. Je me souviens de ce gentil et bavard marchand de tissus de l'avenue de la république qui pouvait vous parler de ses tissus pendant des heures, il est parti. Je me souviens de cette petite boutique de tissus près de la place des ternes à Paris, tenue depuis des années par sa propriétaire et vendeuse : les tissus des tweeds, des tartans, des lins irlandais, des soies de Lyon, tous bien rangés pliés sur des plaquettes en carton ou en bois, attendaient patiemment que les clientes fidèles viennent les choisir, fermée aussi ce lieu voué aux belles étoffes. Les parisiens sont privilégiés car ils ont la possibilité de se rendre dans le quartier de Montmartre, dévolu au monde du tissu d'ameublement ou d'habillement. Des enseignes prestigieuses proposent un choix de matières et de prix unique. Le déballage Saint Pierre ou encore Reine, deviendront – ils bientôt des musées ? De Gilles tissus c'est encore autre chose, un lieu de rencontre pour les amateurs de tissus, particuliers et professionnels ; on y vient de loin parfois par curiosité, parfois pour la photo, souvent par nécessité... Aucune autre ville que Paris ne possède de tels lieux, c'est unique et merveilleux il faut savoir en profiter. Marchand de tissus, un vrai métier Ma conception du métier de "vendeur de tissus" est guidée par la passion. Outre le conseil aux clients qui est primordial, il est impératif de proposer des produits étonnants comme ce double organza en trois D, rares  curieux comme ce tissu en éponge de mer. J'aime par -dessus tout commenter, décrire, raconter les nouveautés qui entrent dans le magasin. Susciter la curiosité, éveiller la passion, provoquer des coups de foudre, donner envie de travailler les matières . Il faut rassasier les sens, accrocher la vue avec des couleurs ou des imprimés, nourrir le toucher avec des matières douces, rugueuses, souples, rigides... Enfin il faut du choix, de la diversité et un savoir faire qui s'acquiert avec l'expérience. L'avenir des magasins de tissus c'est vous ! J'étais partie pour écrire un article sur l'oubli dans lequel était tombé mon métier et je m'aperçois que finalement j'aime tellement ce que je fais et ce que je vends que je vous propose un plaidoyer pour faire entrer dans votre quotidien un peu plus d'élégance, de surprise, de découverte, de subtilité. Habillez vous plutôt que de vous fringuer et là aussi je pèse mes mots Faites de vos habits des amis qui vous abritent tout comme votre habitat vous protège, et si vous les aimez, la forme et aussi la matière alors ils vous le rendront et d'une année à l'autre vous les porterez avec plaisir. C'est vers cette découverte, cette rencontre avec les étoffes, matières premières de nos vêtements que j'aimerais vous amener. Ressentir une émotion en enfilant une vieille veste, votre vieille veste à vous, c'est comme enfiler une paire de chaussures parfaitement ajustées à la forme de vos pieds, c'est une "madeleine", c'est délicieux et gourmand et ça fait partie de souvenirs. J'ai pu constater combien j'ai été heureuse de transmettre à ma petite fille une robe en coton fleuri avec une énorme fraise . Ce vêtement, je l'avais conservé précieusement car ma fille l'avait porté, aimé et c'est vrai que depuis les tissus avec des fraises, imprimées ou brodées elle en raffole. J'espère qu'elle transmettra à son tour à sa fille ce sentiment de plénitude qui nous inonde lorsque l'on se sent bien dans ses habits. Au plaisir de vous recevoir chez De Gilles Tissus et bonne couture.

mardi 12 février 2013

BILLET de mauvaise HUMEUR : SOIE ARTIFICIELLE, SOIE VEGETALE OU SIMPLEMENT VISCOSE?



  1. "PROUVER QUE J'AI RAISON SERAIT ACCORDER QUE JE PUIS AVOIR TORT" Beaumarchais
  2. Je croyais que l'interdiction par décret de 1934 de l'utilisation du terme "soie artificielle" était respectée J'avais tort.
  3. Je croyais que le mot soie désignait uniquement des fibres d'origine animale, bien que législation européenne précise la soie est une fibre provenant exclusivement des insectes séricigènes. 
  4. J'avais tort.Je croyais que l'interdiction par un décret de 1934, de l'utilisation du terme "soie artificielle" était respectée..J’avais tort  
  5. Je croyais que les commerçants avaient compris que les clients sont en quête d'informations et pas de désinformation. J'avais tort..  
Je croyais que le sabra était une fibre végétale tissée artisanalement au Maroc dont l'aspect rappelle étrangement la soie. J'avais tort.

Je croyais que 100% ne pouvait pas se décomposer en 80%/20%. J'avais tort.

Je croyais en la définition donnée par le dictionnaire de l'Académie Française 8e édition :
"soie: matière filamenteuse, fine et brillante, produite par un ver qu'on appelle ver à soie. 
  soie artificielle : nom donné improprement à une imitation de soie obtenue par le traitement de la cellulose."
Avais-je tort ?



DES REVENDICATIONS QUI PERDURENT 
Dans les années 1930, les fibres textiles chimiques sont de plus en plus plébiscitées par les clients. Les soyeux lyonnais s'inquiètent à juste titre de l'ambiguité du terme "soie artificielle". Afin d'éviter toute confusion entre les deux produits, ils exigèrent que le mot soie s'applique aux seules fibres d'origine animale. Cette démarche fut entreprise, non pas pour décrédibiliser ou dénigrer la viscose, mais pour différencier l'original de la copie. Il s'avéra nécessaire, déjà à cette époque, de mettre de l'ordre dans l'industrie textile et d'informer le client sur les différences entre les fibres artificielles chimiques comme la viscose et les fibres naturelles comme la soie.
L'intention des industriels n'était pas seulement de se protéger d'une concurrence déloyale utilisant le mot soie accolé au mot artificielle. A l'évidence, il fallait aussi protéger le consommateur de toute confusion entre ces deux fibres.

La vindicte qui, pour une fois, n'était pas "populaire" fut couronnée de succès puisqu'un décret fut promulgué et la dénomination "soie artificielle" fut supprimée et remplacée par le mot rayonne. Ce n'est qu'en 1975, qu'un second décret interdit de faire figurer "rayonne" sur les étiquettes de composition au profit de viscose, terme toujours en vigueur en 2013.
En 1934, les nouveautés lancées sur le marché par l'industrie des textiles chimiques éblouissaient le public en même temps qu'elles  le plongeaient dans un brouillard dense faute d'informations précises.
Le mode d'emploi viendra par la suite, parfois trop tard pour éviter les incidents ménagers comme par exemple des chemisiers détériorés car repassés avec un fer trop chaud.

J'ajoute que les industriels lyonnais avaient saisi tout le potentiel de ces fibres textiles chimiques, et certains s'engouffrèrent dans ce nouveau créneau. L'industrie se développera dans la région, faisant bon ménage avec la production de soie naturelle. 

LE VENT DE LA REVOLTE NE S'ESSOUFFLE PAS ENCORE
De l'histoire ancienne cette querelle entre industriels ? Non hélas. La problématique de l'information n'a pas été résolue. Ce qui a changé, c'est la distribution des acteurs. Les industriels ont eu gain de cause et sont passés à d'autres choses, pas les consommateurs. Pour se défendre, pour mieux s'informer, pour en savoir plus sur les produits ils se réunissent en association,  éditent des revues spécialisées  mais ne suffirait il pas  d'une bonne information sur le lieu de vente, au moment de la décision d'achat.

Alors pourquoi me lancer dans cette diatribe, pourquoi m'insurger de la sorte ? Parce que, comme beaucoup d'entre nous, je n'aime pas, mais pas du tout, être considérée comme un porte monnaie sans cervelle, juste capable de gober sans discussion les arguments mis en avant par les publicitaires, les fabricants, et les vendeurs. La bonne foi du fabricant n'est pas remise en cause, puisque si l'on insiste un peu, si l'on questionne les responsables, si on lit attentivement les catalogues lorsqu'on les trouve on a une information, parcellaire j'en conviens, par bribes certainement mais, mis bout à bout, le client obstiné peut, s'il le désire, obtenir ce qu'il cherche,  en l'occurrence la composition d'un très banal tapis. Miser sur la crédulité du consommateur serait ce le but?

Il faut savoir qu'aujourd'hui il y a une production importante de tapis dits "de soie", de "soie artificielle" ou encore "de soie végétale". Mais dans pratiquement tous les cas il s'agit de tapis en viscose. Ce flou "artistique" peut tromper l'acheteur et avantager le fabricant L'argument est essentiellement publicitaire,   le mot soie  confère une notion de luxe à n'importe quel produit (shampoing, crème de beauté, tapis) .
A titre d'exemple voici ce que proposent certains grands éditeurs de tapis contemporains 

Tapis collection Ben TOULEMONDE BOCHART hiver
Largeur : 200 cm
Longueur : 140 cm

Autre(s) caractéristique(s) :

Tapis tissé main laine et soie végétale
Dimensions du tapis : 140x200 cm. 
Créateur : Studio TB.
Pour ce tapis, les rayures se déclinent en matières et en couleurs. 
Couleurs froides ou chaudes, demi teinte ou contraste, où la soie végétale s'associe parfaitement au confort de la laine.
Toulemonde Bochart est le leader incontesté dans la fabrication et le design de tapis haut de gamme. Début 1980, Toulemonde Bochart confie la création de lignes complètes de tapis à des designers reconnus parmi les plus talentueux, ainsi qu'à de jeunes créateurs souhaitant s'exprimer sur un produit aux possibilités multiples. Les tapis Toulemonde Bochart donneront à votre intérieur une touche de raffinement distingué
.



Tapis Sillage Colombin - Sam Laïk

Avec ses motifs et couleurs à la fois doux et chauds, ce tapis en fibres de laine et soie végétale vous initie à la Zen-attitude.."
Dim. : L. 240 x l. 70 cm.
Un  coup de fil à la boutique  Sam Laïk  m'a suffit pour connaître la composition de leur soie végétale. "C''est un produit végétal fait à partir de copeaux de bois. En fait c'est de la viscose. Nous disons soie végétale car la fibre à une brillance  proche de celle de la soie animale".
Pas sûr que ce qui suit nous éclaire davantage.
Tapis noués, tuftés, faits main ou tapis mécaniques, il est difficile de s'y retrouver au milieu de l'offre pléthorique de tapis. Alain Prenant, Directeur de la société Urban Carpets, qui édite des tapis contemporains, nous aide à y voir plus clair :  
...il y a la soie naturelle, autrement appelée soie artificielle ou végétale. Il s'agit en fait de viscose, parfois de fibre de bambou. Les tapis en soie sauvage véritable sont très rares. Il s'agit alors de tapis noués très haut de gamme, que 
l'on accroche au mur plutôt que de les poser au sol

 Et annoncer simplement  que les tapis sont en viscose? Certaines marques et quelques sites sur internet sont moins cachotiers. Le client doit tout de même faire l'effort de rechercher l'information. 

Certains sites  dévoilent au bout de quelques lignes ce qui se dissimule derrière la soie végétale. Mais pour en arriver là, il faut taper tapis en soie végétale.!
Domedéco
 En termes de matière, les ganses, le jonc de mer ou les cisailles sont toujours d’actualité et indémodables. Au sommet de cette pyramide trône la laine et la soie végétale. Faisant voler en éclats tous les a priori, elle n’est autre que de la viscose, le terme « soie végétale » ayant une consonance plus douce. Le toucher est digne de la soie même si la source diffère du royaume animal, pour se tourner vers la cellulose (pulpe de l’arbre), retransformer artificiellement. Ainsi, la soie végétale joue sur la lumière, la laine sur le mat
Ils annoncent la couleur maise dire si on vient leur demander, mais ils ne le claironnent pas.
Certains produits viennent de pays qui n'ont pas la même législation que nous en matière d'étiquetage, cependant les importateurs doivent se soumettre aux lois européenne en matière d'étiquetage
1. Lorsqu'il met un produit textile sur le marché, le fabricant veille à fournir l'étiquette ou le marquage et veille à l'exactitude des informations qui y figurent. Si le fabricant n'est pas établi dans l'Union, l'importateur veille à fournir l'étiquette ou le marquage et veille à l'exactitude des informations qui y figurent."
Mais combien sont ils à respecter cette directive?

Les éditeurs de tapis contemporains seraient soumis à d'autres lois ou bien auraient ils la permission de ne pas respecter celles qui en vigueur?


DOC- OSORNO SNOW 15 collection : DOC DESIGN modèle : OSORNO construction : tissé à la main poil : laines/soie artificielle applications : usage résidentiel intensif/usage public modéré poids : ca 6.00 kg/m²

les tapis Osorno combinent un look très raffiné avec une qualité inégalée, grâce à un mélange de fibres très recherché, de sorte que les laines ne pluchent quasiment pas; posage mur à mur possible; tapis longues mêches passant les tests de flammabilité

Or, je juge l'emploi du mot soie à toutes les sauces abusif. Bien que la viscose ait une brillance qui rappelle celle de la soie, il faut en convenir, le mot  est moins vendeur que le mot soie. A titre de comparaison, on peut acheter des œufs de lump et bien qu'ils  aient une certaine similitude avec le caviar, les étiquettes ne boites  caviar de lump, le mot caviar étant réservé aux œufs d'esturgeon. On adjoint aux œufs de lump des arômes de synthèse pour s'approcher du gout du caviar original, Il y a l'original d'un coté, le succédané de l'autre.
Probablement poussé par des considérations marketing et commerciales, les fabricants de tapis ont une communication que je trouve désastreuse parce qu'ils cherchent à gommer la présence de fibres chimiques dans leur produits. Evidemment, l'image de la viscose est moins valorisante que celle de la soie ; c'est pour cette raison que certaines marques utilisent encore des termes obsolètes voir interdits comme soie artificielle ou des désignations impropres comme soie végétale.
Voici un extrait du journal officiel de l'union européenne


Un produit textile ne peut être étiqueté ou marqué «100 %», «pur» ou «tout» que s'il est composé exclusivement d'une même fibre. 
Sous prétexte de vendre des articles "contemporains" on ne peut pas s'autoriser toutes les compromissions et semer confusion et ambiguité en employant des mots non appropriés.
Derrière cette fraude, puisqu'il faut bien dire les choses, il y a une question de profit sur le dos des consommateurs puisque le prix de la matière première est différent qu'il s'agisse de soie, de sabra ou de viscose.

 LA FOIRE A TOUT

On n'imagine pas à quel point nous sommes désinformés, contrairement aux apparences. Les médias nous abreuvent d'informations, c'est la course au scoop, difficile de contrôler les erreurs et les abus. Trop de tout n'est pas la panacée.
Les catalogues, les revues de décoration, les sites de ventes sur internet envahissent notre vie,nos écrans, nos boites à lettres, notre temps libre, et pourtant tout ce qui est à vendre  n'est pas  forcément bon :  inepties,contradictions, erreurs, mauvaises traductions, il faut faire le tri. 
Voici dans un court extrait trouvé sur le net en tapant tapis viscose, des informations parcellaires qui embrouillent plus qu'elles informent.

"la viscose également appelée soie artificielle est une fibre végétale (généralement la pulpe de bois) traitée artificiellement pour lui apporter des caractéristiques proches de la soie naturelle. Les caractéristiques de la viscose sont proches du coton... Dans le monde du tapis la viscose est très appréciée par sa douceur. C'est également une bonne alternative à la soie qui est très chère et pas toujours adaptée pour un tapis qui subit les aléas du quotidien..."

REGRETS ETERNELS
Depuis trop longtemps les grands groupes inondent le marché de contre vérités. Les fabricants misent sur la nouveauté, l'innovation, les tendances, la mode. Mais il convient de décrypter les intentions sous-jacentes. Inutile d'employer un vocabulaire technique incompréhensible pour un non initié,  à moins de vouloir le manipuler, le plonger dans la confusion la plus totale.
"tapis tuffté 100% en soie végétale".Tapis Adam couleur de fond gris, motifs fleurs dégradées de gris, dossier coton. Traitement anti-dérapant, anti- salissures, tuffté main. Le dessin est imprimé sur un canevas tendu sur un cadre. Les fils sont piqués dans ce canevas par un pistolet, soit manuel, soit électrique pour former le velours".
Beaucoup d'incohérences dans ces quelques lignes supposées renseigner les clients sur la nature du tapis vendu sur le site internet d'un fabricant français réputé.
Matériel de tapis : viscose + soie artificielle
Des flots de mots mis bout à bout destinés à convaincre?
"...les tapis en soie végétale, lumineux et luxueux, donnent de l'élégance à votre intérieur…"
Je regrette ce choix de non communication. On laisse le principal intéressé, c'est-à-dire l'acheteur, dans un vide absolu, malgré une profusion de pseudos informations.

QUESTION DE CONFIANCE
L'actualité récente me donne du grain à moudre. Le ministre de l'agriculture affirmait ce week end sur les ondes radiophoniques qu'un article étiqueté 100% viande de bœuf et contenant, entre autre, un certain pourcentage de viande de cheval, était une chose inadmissible, qu'il s'agissait d'une tromperie sur la marchandise. Bien que cette regrettable histoire ne mette pas la vie des consommateurs en danger, elle suscite une grande méfiance quant à la fiabilité des étiquettes de composition.
Bœuf ou cheval, soie artificielle, soie naturelle ou viscose, le problème n'est pas de jeter l'opprobre sur tel ou tel produit, c'est simplement de savoir ce que l'on achète et dans notre cas où l'on met les pieds.

IMITER N'EST PAS TROMPER  
A l'origine, c'est-à-dire à la fin du XIX ème siècle, le but recherché par les chimistes était de fabriquer une fibre qui ressemblerait à la soie, mais moins coûteuse, afin de satisfaire une clientèle nouvelle mais financièrement moins aisée que celle qui s'adressait aux soyeux.
Il n'y a pas tromperie dans la mesure où le consommateur  n'est pas amené à confondre  la viscose avec la soie  par des appellations fallacieuses.

DES TERMES SYBILLINS PEUVENT FAUSSER LE JUGEMENT
 Ce n'est pas parce que la matière première de la viscose est constituée de copeaux de bois,   ou des déchets de coton qu'il s'agit pour autant d'une fibre végétale et naturelle. Cela est aussi absurde que d'affirmer que le polyester ou le nylon sont des fibres naturelles minérales et naturelles puisque issues de ressources fossiles  
Ce qui n'est pas explicitement signalé c'est le processus de transformation nécessaire pour obtenir un fil de viscose. L'adjonction de produits chimiques est nécessaire pour transformer la matière première végétale(coton ou bois)  ou minérale (pétrole) en une fibre textile susceptible d'être filée, puis tissée.

DE LA TERRE A LA LUNE
Les produits de substitution que sont les fibres chimiques possèdent des qualités intrinsèques souvent  techniquement parfaites comparativement aux matières naturelles. Plus légères, plus brillantes, plus solides...la liste n'est pas exhaustive. 
L'industrie des textiles chimiques innove en permanence, en tentant de sublimer les  spécificités des fibres naturelles qu'elles  étaient censées imiter au départ.  Depuis plus d'un siècle,  ces fibres sont devenues incontournables. La population mondiale augmente, et sans le recours aux  fibres artificielles et synthétiques, il aurait été difficile d' habiller plus de six milliards d'individus. Alors chapeau et merci l'industrie chimique! Cependant, le succès n'autorise pas le camouflage. Si l'on est fier de ses produits, alors pourquoi avancer masqué ?

SANS SOIE NI LOI
La soie végétale existe, mais c'est sous le nom de Sabra qu'elle est commercialisée en France puisque la législation interdit l'emploi du mot soie. C'est une fibre extraite des feuilles d'une plante grasse, l'aloès, ou encore aloe vera. Sa blancheur, sa brillance et sa souplesse, ne sont pas sans rappeler la soie naturelle. Ce sont ces similitudes qui lui ont valu le surnom de soie végétale. Le sabra est traditionnellement utilisée par les artisans de la région de Marrakech au Maroc pour la fabrication d'articles de décoration. C'est un article très rare en France, que l'on trouve cependant au Maroc. C'est à  une concurrence déloyale que doit faire face l'artisanat marocain qui lorsqu'il annonce étoffe de soie végétale il s'agit réellement de fibres de l'aloé véra ou aloès. La dernière ligne met en garde le consommateur.

"Etoffe de soie végétale Dimension : 3m x 2m
Etoffe en soie végétale (fibres d'aloé vera) réalisée artisanalement sur un métier à tisser. La soie végétale est parfois associée à du coton et/ou de la laine "satinée"
Ce coupon de 3m sur 2m lavable en machine à 30° peut servir
1° de couvre-lit
2° pour recouvrir un canapé défraichi,
3° à la confection de tentures
4° de nappe
5° à la confection de coussins, travers de table,...
Si vous trouvez moins cher... il y a une explication... la soie est remplacée par du nylon....l'étoffe ne pèse pas lourd et l'étoffe est peu résistante"


C'est pourquoi je suggère aux fabricants de tapis "contemporains" de modifier leur étiquetage et d'indiquer plus clairement la nature exacte des fibres utilisées et surtout de former leurs vendeurs.
5° à la confection de coussins, travers de table,...
Il existe des lois, il serait temps de les appliquer.
C'est au consommateur de faire la démarche, d'aller à la pêche aux informations, les éditeurs de tapis contemporains ne font pas l'effort d'indiquer clairement les compositions.


UN FAUTEUIL POUR DEUX
Les carottes ne sont pas des navets, le coton n'est pas du lin, la soie artificielle n'est pas de la soie naturelle. Ce sont des articles différents l'un ne remplaçant pas l'autre et les deux ne s'additionnant pas pour un formedfg
Oui mais… Permettez moi de vous narrer mes aventures textiles telles que je n'aurai pas imaginé les vivre à notre époque où google vous dit tout, où les journaux vous dévoilent tout, où tout le monde sait tout sur tout. Finalement, c'est rassurant de se voir confronter à l'imprévu, mais affligeant de constater toute cette profusion d'informations superficielles.

LE HASARD ET LA NECESSITE
Ce post m'a été dicté par le hasard mais c'est par nécessité que je me rendais hier boulevard Raspail à Paris, quartier où les boutiques spécialisées dans les tapis contemporains sont nombreuses, ce qui tombait bien, puisque je cherchais un tapis.
Ma recherche était des plus simples : un tapis en pure laine, uni, avec deux critères incontournables : les dimensions et la couleur. J'avais avec moi un échantillon du cuir de mon canapé pour éviter les erreurs. Cette recherche fut plus laborieuse que je ne l'imaginais. Par deux fois mes  sens fussent tirés de la sorte à hue et à dia, 

L'OUIE FINE
La belle vitrine du magasin m'enchanta. Des tapis aux couleurs acidulées, aux motifs abstraits séduisants, posaient nonchalamment offrant à la vue des passants des harmonies gourmandes, mais quid de la matière? Mystère. Rien ne signalait  la composition et pourtant il ne s'agissait ni de marchandises de second choix, ni de fin de série déclassée, encore moins de lots. Une nouvelle boutique, des produits de  marque (Sam  Laïk) vendus dans un magasin de l'enseigne. 
C'est en  poussant la porte que mon ouïe fut saisie d'effroi. Un couple était en contemplation devant un tapis suspendu sur des rails accrochés au plafond, comme on présente actuellement les tapis, c'est moins de manutention pour le personnel, mais c'est plus difficile d'imaginer quels reflets il aura une fois posé sur votre sol.
Le poil, long, doux, souple et soyeux intriguait les visiteurs. C'est la raison pour laquelle l'homme osa poser une première question au vendeur qui se tenait près d'eux. La matière? c'est une soie artificielle. Ah bon. Et c'est bien? Oui. Curiosité vite satisfaite par le vendeur qui saisit cette opportunité de briller et faire étalage de ses connaissances techniques : admirez cette douceur dit-il en invitant la dame à toucher le tapis, toujours suspendu et surtout, regardez les effets de lumière c'est très tendance, c'est grâce à la présence de soie artificielle. C'était dit sans autre forme de procès. Finaud et fier de lui, le conseiller de vente offrait à ces futurs heureux possesseurs d'un tapis en laine et viscose, une note de luxe  suggérée par l'emploi du mot soie qui avait fait mouche à tous les coups.
A moins de le vouloir vraiment et de mettre en doute les informations distillées par une personne de confiance, comment  trouver la  provenance de cette "soie"? La traçabilité dans ce domaine est loin d'égaler celle du veau ou de la pomme de terre et pourtant il s'agit d'articles dont le prix est souvent supérieur à  un rôti ou un gratin.    

J'en ai plus qu'assez d'écouter les boniments, les arguments de vente  appris lors d'une rapide formation et débités par cœur. Des pseudo techniques de vente éventées et des ""conseillers de vente" qui n'imaginent pas un instant que la personne en face d'eux qu'ils tentent de convaincre soit capable de réfléchir, de questionner et, éventuellement, d'en savoir plus qu'eux sur le produit. Le client qui achète tout les yeux fermés, aujourd'hui ça ne devrait plus exister. Eh bien si ! J'en ai même rencontré ce samedi.
Ne voulant pas assister à "la mise à mort" de ce gentil couple, qui allait conclure la vente en sortant déjà leur carte de crédit, je sortais de la boutique.

PLEIN LA VUE
En traversant je n'eus pas à aller bien loin, une autre boutique proposait des tapis "contemporains". J'entrais.  Une énorme étiquette attachée par un joli ruban sur un tapis attira immédiatement mon regard. Elle indiquait en lettres majuscules SOIE VEGETALE. Me revoilà dans la tourmente. Pas grave, mais déstabilisant. Je n'étais pas venue travailler. Enfin au point où j'en étais, je pose la question qui fâche à un vendeur libre. La réponse est telle que je la prévoyais : c'est de la viscose bien sûr ! Là  c'est vrai, mais d'où sortent ils cette soie végétale? Et si c'était une initiative du directeur de ce magasin, la direction n'était peut être pas au courant. Je ne cherche pas d'excuses, je cherche à comprendre ce genre d'action. Tous les clients ne sont pas au fait de l'univers textile, tous ne sont pas marchands de tissus comme je le suis, tous ne font pas le lien  entre soie végétale et viscose et tous ne posent pas autant de questions.
Pour un fabricant dont la communication est axée sur la qualité, la confiance, l'innovation, les recherches textiles, j'ai du mal à saisir le but recherché.
Voici un extrait de rédactionnel concernant un fabricant français que tout le monde connait dans l'univers de la décoration.
" Cette grande marque incontournable de l'univers de la décoration avec des collections de tapis toujours plus créatives et toujours plus innovantes apporte son talent et son savoir faire en redonnant audace, modernité, originalité et élégance au tapis."
Peut-on qualifier la viscose de matière audacieuse et originale, sachant que les premiers métrages furent produits à la fin du XIXe siècle ? Où est l'innovation promise par le fabricant?

 MAISON DE CONFIANCE ?UN DOUTE EST POSSIBLE
La signature T. B sur un tapis est un label de qualité, une valeur sûre pour l'achat de votre tapis." 
Ce qui est désobligeant, c'est que  certains éditeurs de tapis contemporains prennent les clients potentiels pour des imbéciles, faciles à berner, se laissant manipuler sans peine. La renommée d'une marque, la confiance qui lui est accordée, le prix du luxe, ne laissent pas de place pour l'ambiguité.
  
MES DESIRS NE SONT PAS DES REALITES
J'aurais aimé que ces sociétés assument leur  choix plus clairement au lieu de se cacher derrière des étiquettes trompeuses.  

FLAGRANT DELIT 
Ces regrettables expériences m'ont laissée perplexe. Peut-être suis-je tombée sur des vendeurs "du samedi" des remplaçants, des stagiaires. Peut être, mais la suite évince cette hypothèse..
Sortant du magasin du boulevard Raspail,, je m'entête et décide de vérifier si j'ai les mêmes réponses ailleurs. Je me rends donc aux Galeries Lafayette Maison sachant qu'il y a un stand de tapis contemporains. 
L'étiquette  présente sur le stand et dans le magasin  laisse  supposer  avec les mots soie et végétale que l'on est sur une  matière quasi naturelle

D'un coté des tapis, de l'autre coté un vendeur et au milieu une cliente potentielle. Sur un tapis roulé, une étiquette posée en équilibre instable mentionne 100% soie végétale. Il semblerait que cette société utilise beaucoup la soie végétale. Si c'est le cas c'est très positif, si ce n'est pas le cas,c'est une usurpation d'identité, une appellation non contrôlée.  Je  demande au vendeur ce qu'est la soie végétale. Sans hésiter et content de pouvoir enfin mettre sa formation à profit, il me répond qu'il s'agit d'une fibre extraite d'une plante, l'aloé véra mélangée avec de la viscose. Mais les choses se compliquent pour ce monsieur. Il a en face de lui une personne qui n'est pas si facile à convaincre Si c'est un mélange pourquoi marquer que c'est 100% soie végétale ? Là je le pousse dans ses derniers retranchements, il n'a visiblement pas la réponse. Alors il me dit tout de go : désolé, je ne sais pas. OK. Mais avez vous un catalogue ou bien une documentation sur ce tapis ? Soulagé, il se défausse sur l'épais dossier que l'on consulte sur place. Voilà vous avez toute la collection et le descriptif ici. Merci.

Je cherche donc la référence Gloss celle du tapis en question et voilà ce que je trouve
troisième ligne à partir du bas : gloss
Le vendeur à qui je montre le catalogue est très décontenancé. Il  découvre semble t il en même temps que moi par l'information du fabricant  : 100% viscose.Il m'explique mal à l'aise  que c'est ce qu'on lui à dire de dire. Il n'en sait pas plus. 
Afin de completer ma petite enquête et d'avoir confirmation ou infirmation de mes doutes, je téléphone dans une autre boutique, celle du faubourg Saint-Honoré. La transparence est au rendez-vous. Il suffit comme je le fais de poser clairement la question : qu'est-ce que la soie végétale ? Mon interlocutrice répond qu'il s'agit d'une fibre naturelle. Mais encore? C'est de la viscose, fibre végétale puisque la matière de départ est le bois. Leçon impeccablement apprise. Mais  je prolonge la discussion. La viscose n'est pas du bois donc il faut certainement transformer cette matière première avec des produits chimiques pour obtenir une fibre textile ? Oui bien sûr. Alors pourquoi ne pas écrire ou dire simplement qu'il s'agit de viscose ? Réponse au bout du fil : parce que c'est plus joli. Mais attendez je cherche sur le catalogue. J'ai trouvé!,Il est précisé que la référence du tapis en question est en viscose, c'est écrit en toutes lettres, donc vous voyez nous ne cachons rien au client. 
Bravo pour la transparence, la traçabilité, il m'a fallu de la persévérance, du temps, de l'obstination pour finalement accéder à la réponse officielle qui lui déclare le tapis référence Gloss 100% viscose.  

POURQUOI FAIRE SIMPLE QUAND ON PEUT FAIRE COMPLIQUE?
J'ai continué  sur le site du fabricant et c'est le bouquet final. Non seulement nous avons  dans les 100% viscose de la fiche précédente de la viscose mais en supplément 20% de coton. Et tout cela pour un même article, du même fabricant. Ce jeu de piste est bien qu'amusant, très frustrant. 

GLOSS


Fabrication :
TISSE MAIN


Matière :
80% VISCOSE 20% COTON


Pb/Kg :
31

Tissé main 100% soie végétale
CHARBONFEULICHENMASTIC
OPERAPERLETAUPEVISON










CHERCHEZ L'ERREUR
Un produit textile ne peut être étiqueté ou marque" "100%" "pur" ou "tout" que s'il est composé exclusivement d'une même fibre selon le journal officiel européen. 
Cela devrait simplifier les choses, tout au moins l'étiquetage. Le tapis Gloss en question, ne peut  donc pas être selon la législation européenne contrairement a ce qu'annonce  son fabricant sur l'étiquette, le catalogue et sur le site  à la fois 100% soie végétale, 100% viscose et 80% viscose et 20%Coton.

ON NE PEUX PAS COURIR  DEUX LIEVRES A LA FOIS
Pas la moindre trace de sabra dans les tapis présentés dans les magasins ou vendus par correspondance étiquetés  100% soie végétale. Pas l'ombre de la présence de soie animale dans les tapis étiquetés soie artificielle. Certes les fibres sont douces, soyeuses, brillantes, mais la comparaison s'arrête là. Les éditeurs de tapis contemporains semblent s'être donné le mot : pour eux la soie végétale et la soie artificielle ne font qu'un avec la viscose.


Toulemonde Bochart Tapis figuration gris - Brandalley - Izivashop

11 janv. 2013
... nouveau dessin. uAndrée et amp; Olivia Putman/u Composition : viscose Couleur : gris Tufté main 100% soie végétale Antidérapant Traitement antisalissure Réf FIGURATION - GRIS / 817523 br/ ... Toulemonde Bochart Tapis figuration gris ..
Que faut il comprendre? Viscose  et  100% soie végétale deux matières différentes ou deux noms pour une même fibre?

La marque Diacasan Edition, créée par Sandrine Demas en 2001, est issue de sa passion du tapisdans le monde contemporain. Un large choix de produit qui correspondra à vos envies.
Le concept est la traduction textile de sa vision avec ses deux matières fétiches la soie végétale et la laine, ses trois aspects et ses 62 coloris. 

Tout un programme!


  1. Pour ce post, tout est dit, je n'ai rien à ajouter sinon que j'aurais préféré avoir tort que raison.