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mardi 26 septembre 2023

1920-30 LE STYLE ART DECO INSPIRE LES DESIGNERS DE PAPIER PEINT

 


LE PAPIER PEINT ART DECO, REFLET D’UNE ÉPOQUE, CELLE DES ANNÉES FOLLES !

Avec le mois de Septembre les journées du patrimoine reviennent, pour le plus grand plaisir da’un public curieux. Ce post est ma contribution à ces journées culturelles. Le papier peint « Art Déco », ode à la créativité, à la modernité des années 30, demeure au XXIe siècle un style porteur de valeurs artistiques. Contrairement aux mouvements de mode souvent éphémères, le style est une valeur sûre.


EN IMMERSION DANS UN ESPACE TEMPS 

Le papier peint Art Déco est plus qu'une banale décoration murale. Ses motifs et ses couleurs si reconnaissables suffisent à  créer une ambiance visuelle très convaincante.  


L‘IDEE DEMEURE, LA TECHNIQUE CHANGE

Avant tout, il serait de bon ton de faire la part des choses et surtout des mots.  

Cette technique fut, selon les historiens, un invention chinoise qui aurait débuté aux environs du Xe siècle.


DU PAPIER PEINT AU PAPIER IMPRIMÉ

L’exercice consistait à peindre à la main des motifs sur des feuilles de papier destinées à être collées sur les murs. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle, que les européens se lancent à leur tour dans la production de papier peint.
Le saviez vous? Dans son Livre des merveilles, le voyageur Marco Polo décrit avec grande admiration les intérieurs chinois tapissés de papiers peints de figures coloriées au pinceau. Après la publication des récits de voyages de Marco, débutèrent les importations de papier peint vers l’Europe. Des produits artisanaux réservés à une élite sociale jusqu’au XVIIIe siècle et le début de l’industrialisation. 

 Les siècles ont passé et l’artisanat à fait place à l’industrie. A la fin du XVIIIe siècle, les  innovations techniques et la mécanisation de la production, rendent ce produit plus accessible financièrement.


PAPIER PEINT VERSUS WALLPAPER ?

L’expression « papier peint »  est, en 2023, un terme générique qui désigne un revêtement mural dans lequel le vinyle remplace souvent le papier et dont la surface décorative n’est plus peinte manuellement mais imprimée industriellement. L’appellation anglo-saxone “wallpaper“ est sans doute plus proche de la réalité.


ART DECO?

C’est après l’immense succès international remporté par l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris de 1925, que ce style fut baptisé Art Déco. 


LE TEMPS DE LA MATURATION

Le mouvement prend le temps de se construire à partir de 1910,  pour devenir un   style dans les années 20 qui atteint son point culminant dans les années 30. 

Le saviez vous ? Cette période coïncide avec la découverte des nouvelles techniques d’impression qui permettent d’obtenir des motifs plus complexes avec des détails plus perceptibles. Les progrès de la chimie des pigments modifient les techniques d’application de couleurs qui sont plus vives, plus éclatantes. Des matériaux nouveaux sont exploités dans l’industrie du papier peint : vinyle, fils métalliques, qui offrent richesse et profondeur aux motifs. Ces innovations séduisent une clientèle qui s’émancipe du passé  


UNE GOURMANDISE CULTURELLE A CONSOMMER AVEC PARCIMONIE

Les papiers peints Art Déco  avec des notes exotiques, invitent aux voyages,  titillent la curiosité, favorisent l’évasion  réunissent des éléments de la peinture cubiste, des représentations stylisées des pyramides égyptiennes, les lignes brisées des ziggourats mexicaines, le tout dans une explosion de couleurs acidulées.


DES SOURCES D’INSPIRATION AUDACIEUSES 

Elles sont multiples et tirent à jamais un trait sur les formes alanguies passéistes, préférant les motifs géométriques, les lignes droites, les formes stylisées. Les artisans et artistes qui ont participé au développement de l’industrie du papier peint puisent leur inspiration dans l’actualité culturelle créant une fusion d’influences. 

L’art nègre qui inspira les peintres cubistes se retrouve dans le papier peint avec des formes géométriques jusqu’a l’abstraction, des lignes brisées, des teintes fortes et contractées.  

En 1922, la découverte de la tombe de Toutankhamon et de ses trésors inspire les designers qui éparpillent hiéroglyphes et scarabées stylisés sur la surface plane des papiers peints.   

Le succès populaire de l’exposition parisienne des arts décoratifs en 1925  donne le départ de ce style décoratif.  

Le saviez vous ? Créé spécialement pour l’exposition, par J. Dunand, le papier peint "Le Toucher“ représentant des mains stylisées se touchant, symbolisant le sens du toucher ,est devenu l'une des œuvres les plus emblématiques de l'Art déco. 


AUTRE EPOQUE, AUTRE STYLE

Après la première guerre mondiale, l’Art Nouveau, son inspiration végétale, aux lignes galbées et aux tons pastels n’était plus en phase avec une population chamboulée socialement, économiquement et culturellement. La décoration d’intérieur se fait plus graphique, plus singulière, plus structurées, plus innovante.


UNE VISION POSITIVE DE L’AVENIR

La période des années 20-30 est pleine de promesses, l’avenir s’annonce radieux. Parmi les objets du quotidien qui célèbrent la modernité, les progrès de la technologie et la prospérité économique,  le papier peint se démocratise et recouvre aussi bien les murs des salons bourgeois que ceux des intérieurs plus modestes.


« LE CUBISME DOMESTIQUE »

Dix années qui ont marqué à jamais les arts décoratifs. Créé en réaction contre les lignes frénétiquement ondulées de l’art nouveau, ce mouvement, qui aurait pu être éphémère est devenu un style  artistique et architectural qui s'est répandu dans le monde entier, s’illustrant dans des domaines aussi variés que  l’architecture, la mode ou le design. 

- L’architecture : des bâtiments art déco ont été érigés de Riga à Tel Aviv, de Miami à Chicago. Aujourd’hui, ces quartiers font partie du patrimoine culturel de ces villes.   

- Les motifs abstraits décorent les soieries lyonnaises. 

- Le mobilier aux formes simplifiées utilise du verre, métal, certaines matières plastiques et des essences de bois exotiques.   

- Les papiers peints   décorent les  cabines des transatlantiques, recouvrent les murs des chambres des palace  New-yorkais comme ceux des cuisines des logements  modestes parisiens.   


LA PLENITUDE DU STYLE ART DECO

La période 20-30 a vu l’éclosion d’un style fusionnel dont les influences perdurent encore aujourd’hui, séduisant les esthètes d’ici et d’ailleurs.

Le saviez vous ? Pendant les années 1920, les papiers peints panoramiques sont devenus très populaires. Ils présentaient souvent des paysages exotiques, des scènes urbaines modernes ou des représentations de la vie quotidienne. Ils méritent à eux seuls un post.


DU BASIQUE A L‘OPULENCE  

Longtemps considéré comme un parent pauvre de la décoration comparé aux étoffes luxueuse, le papier peint Art Déco se hausse à leur niveau lorsque les fabricants proposent articles « métallisés » rehaussés d’or et d’argent. Les textures sont visuellement luxueuses et tactilement subtiles veloutées, brillantes, polies. Avec cette touche d’opulence, ce produit industriel rejoint les velours de soie et les précieux damas dans la décoration. L’entre deux guerres fut une période prospère et c’est sur les murs des intérieurs que va s’exprimer cette belle humeur.


MATERIAUX INNOVANTS « LIMITLESS »

La modernité de ce style est exacerbée par l’utilisation de matériaux nouveaux comme le mica, papier métallisé, métal. Tout cela offre des possibilités multiples aux décorateurs, mais les limites sont aisément franchies. 

Le saviez vous ? Parfois vouloir tout c’est trop.  Trop de lumière, trop de luxe peut être négatif ainsi que le montre cet exemple. Dans les années folles de l’Art Déco, certains fabricants ont tenté de sublimer la lumière en ajoutant du radium dans la peinture pour ses effets phosphorescent dans l’obscurité ! Les effets nocifs de cet élément radioactif sur la santé des clients ont été à l’origine de sa disparition dans le domaine du papier peint.


LA MODERNITE PAR PETITE OU GRANDE TOUCHE

Dans les années 20/30, le papier peint envahit les appartements, il ne règne plus seulement dans les pièces d’apparat, mais il s’immisce dans l’intimité des chambres et même des salles d’eau,  avec des thèmes en adéquation avec le lieu. C’est  un moyen populaire et abordable de faire entrer l'esthétique Art déco dans les foyers.

Le saviez vous ? c’est autour du papier peint que les décorateurs d’intérieur articulent la décoration d’une pièce. Tapis, luminaires, rideaux et meubles étaient conçus en totale coordination avec le papier peint, c’était un tout et un tour de force pour parvenir à l’union sans faille.


L’ART ET LA  MATIERE

La période art déco constitue un univers créatif qui déroule l’histoire et la matière sur des rouleaux de papier imprimés. Les grands éditeurs de papier peint mettent à profit les progrès considérables des méthodes d’impression pour proposer des produits nouveaux. Les motifs sont, à la fois, plus complexes, les détails plus précis, la gamme colorée riche et forte.


ATMOSPHERE, ATMOSPHERE

L’ esthétique visuelle qui mélange des éléments géométriques, des motifs abstraits, des lignes épurées et des couleurs vives, est à l’image d’une époque.   


UNE STAR EST NEE

A eux seuls, ils permettent de recréer facilement une ambiance et c’est pourquoi qu’ils ont été choisis par de nombreux décorateurs de cinéma.

Le saviez vous? Dans le film Shining de Stanley Kubrick, le papier peint du mythique hôtel Overlook est devenu célèbre. Il présente un motif Art déco hypnotique et a été utilisé de manière à créer une atmosphère angoissante tout au long du film.


« RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CREE, TOUT SE TRANSFORME « Anaxagore de Clazomènes,  450 avant Jésus Christ.

Le papier peint Art déco a plus d’étoffe qu'une simple décoration murale, c’est  à lui seul une ambiance visuelle aisément qui parle du passé au présent, créant ainsi un espace ou le temps n’a plus d’importance. La mode  et de  la décoration d’intérieur des années 70  ont de toute évidence emprunté les couleurs et les motifs au vocabulaire Art Déco 


UNE RE-INTERPRETATION CONTEMPORAINE

 Les collections  contemporaines de papiers peints Art Déco sont une réussite, elles se sont   adaptées  au goût de  notre époque. 


LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE

Si le support technique  est paré de toutes les avancées technologiques, la touche rétro qui fait son charme  demeure.


LE BACK-OFFICE

Des industriels visionnaires

Les  fabricants  de papiers peints  innovent en  diversifiant  les gammes afin de répondre  au succès populaire bâti sur l’émergence d’une nouvelle société de consommation.  

Un terrain de jeu pour les designers avant gardistes 

Dans les années 20, le papier peint était un extraordinaire moyen d’expression pour les artistes peintres, couturiers, affichistes, architectes ou décorateurs tels Paul Poiret, J.E. Ruhlman, Erté, Tamara de Lempicka, Lurçat, Mallet Stevens qui se sont tous lancés dans l’aventure avec maestria.

La qualité et l’originalité d’une collection de papiers peints tient au talent de l’éditeur  

Le rôle d’un éditeur de papier peint est  similaire  à celui d’un directeur artistique. Il choisit des thèmes, sélectionne les designers,  et surveille  la fabrication . Certains  cumulent les rôles d’éditeur et de  fabricant ce qui supprime un intermédiaire et facilite la mise en œuvre des collections

 

L’éblouissante sélection de papiers peints Art Déco proposée par etoffe.com illustre avec panache ce texte.

Comment terminer ce post sans mentionner quelques sociétés qui ont participé à la diffusion de papiers peints Art Déco.

Zuber et Cie : fondée en 1797, cette entreprise française s’est spécialisée dans les papiers peints panoramiques.

Cole & Son : société britannique fondée en 1875 qui propose encore des papiers peints dans l’esprit Art Déco.

La société "Bradbury & Bradbury Art Wallpapers". Cette entreprise, fondée en 1979 en Californie, s’est spécialisée dans la reproduction de papiers peints de style rétro et vintage, y compris des motifs de l'ère Art déco, qui étaient populaires dans les années 1920 et 1930. Les papiers peints de Bradbury & Bradbury étaient appréciés pour leur authenticité historique et leur qualité artisanale et étaient souvent utilisés pour restaurer et décorer des bâtiments anciens dans le style de l'Art déco.

dimanche 10 septembre 2023

LE QIVIUT "UNE FIBRE AU POIL" SUITE

 LA MAGIE DE LA NATURE

La double toison de l'ovibos est une isolation intelligente qui s'adapte naturellement  à la température ambiante, permettant à l'animal de réguler sa température corporelle qui  demeure constante,  quelque soit les conditions météorologiques  


LA RECUPERATION DU QIVIUT : UNE CUEILLETTE TRES PARTICULIERE

L'oomingmak ne peut être tondu car sa   toison est pauvre en lanoline et en suint contrairement à celle du mouton. On raconte qu'en 1910 un jeune bœuf musqué pensionnaire du zoo du Bronx fut malencontreusement tondu et quelques jours plus tard il mourut d'une pneumonie!


Collection Automne -Hiver : sa toison extérieure, permanente, est la premiere barriere thermique, son duvet est une isolation éphémère supplémentaire , et ensemble ce deux supperpositions thermiques lui permette d'affronter en toute sérénité ou presque les températures extrêmes de l'arctique

Le duvet d'hiver est donc qualitatif mais  pour le récupérer des étapes manuelles sont incontournables,: l'animal lorsqu'il est domestiqué dans les fermes d'élevage est brossé, peigné  à l'aide d'outils spéciaux qui ni ne blesse l'animal ni n'abime le duvet. En ce qui concerne les ovibos sauvages le duvet est récupéré de la même maniere mais sur  les peaux prélevée sur les animaux morts.

Le saviez vous?La fourrure externe composée de jarres long grossiers et raides et le sous duvet d'hiver tres dense ont aussi une autre utilité celle d'empécher les épines, les brindilles et les parasites d'atteindre la peau de l'ovibos qui pourraient blesser l'animal.

Collection printemps-été = le manteau est plus léger, la sous toison est plus mince. Puisque l'animal ne supporte pas la chaleur, lorsque les températures deviennent positives,  une mue partielle est prévue. Le duvet se détache naturellement de la peau, et pour parfaire sa tenue estivale, l'ovibos se frotte aux arbustes épineux laissant sur son passage des touffes de duvet accrochées ça et là dans les broussailles. Elles seront "cueillies", nettoyées, triées avant d'être filables.


Le saviez vous ? Seule une infime partie de la production est filée et tissée sur place par les inuits. Le duvet est envoyé pour partie au  Pérou pour y être filé, puisque il y a des filatures équipées de machines  aptes au filage des fibres fines comme celle de la vigogne. Plusieurs entreprises européennes sont aussi mises à contribution.                                                                                                                

UN HABIT A LA DEMESURE DE SON PROPRIETAIRE

Quelle que soit la saison, le costume est adapté au climat grâce aux  propriétés thermiques de cette sous toison.                                          Imperméabilité « à tout crin » : sa densité empêche l'humidité de pénétrer jusqu’à la peau, prévenant un éventuel refroidissement.                              

Isolation thermique exceptionnelle : Le qiviut est l'une des fibres naturelles les plus isolantes au monde, environ huit fois plus chaude que la laine de mouton.                                                                                ---Finesse : entre 11 et 17 microns. Cette finesse nécessite le mélange  avec un fil de mérinos ou de soie pour être plus facilement travaillé.                    Elasticité :  nulle. Par conséquent, les articles tricotés ou tissés ne rétrécissent pas au lavage et ne feutrent pas.                                             Légèreté :  fibre creuse, elle emmagasine davantage d’air, améliorant l’efficacité de l'isolation thermique. L'air piège la chaleur corporelle et empêche le froid de pénétrer.                                                                     Le saviez vous ? environ 800g de laine de mouton sont nécessaires, pour tricoter un pull ; pour le même article, moins de 100g de qiviut suffisent.                                                                                                        Résistance à l’usure : plus solide que la laine de moutons.                     Régulation de l'humidité : similaire aux autres fibres naturelles, le qiviut est capable de réguler l'humidité en absorbant l'excès de transpiration tout en conservant la chaleur.                                                                 Hypoallergénique : une tolérance qui ravit les personnes allergiques aux autres laines en raison de sa structure et de la composition chimique de ses protéines.                                                                                Teinture : La laine de qiviut accepte bien la teinture et conserve des couleurs vives.                                                                                                                                                                                              EN APARTÉ : Cet animal fut une belle découverte. J’ai été bluffée par la haute technicité thermique de la protection vestimentaire de ce mammifère qui n’a pas coupé tous les liens qui le relie au monde des dinosaures et des mammouths laineux. En conclusion de ce post, je puis affirmer que la qualité exceptionnelle du qiviut n’est en rien usurpée. 

LE QIVIUT "LA LAINE DES GLACES"

 

En ce mois d’Aout caniculaire, voici un post réfrigérant ! C’est sous la lourde et rustique fourrure d’un mammifère «préhistorique» que se cache le qiviut.  

Le saviez vous ? Qiviut signifie en inuktitut, langue des inuits, duvet ou laine intérieure en référence à la sous-toison douce et isolante qui couvre la totalité du corps du bœuf musqué, à l’exception des yeux,   lèvres, naseau et sabots. 


UN VESTIGE DE LA DERNIERE ERE GLACIERE

Les ancêtres de ce mammifère herbivore, couvert d’un épais manteau de jarres longs et raides, présents dans les régions arctiques, ont parcouru les plaines d'Europe et les steppes d’Asie avec le mammouth, le mastodonte ou encore le rhinocéros laineux avant de trouver le lieu adéquat pour se poser et se reproduire à l’abri des prédateurs, excepté le plus dangereux d’entre eux : l’homme.

Un carnage :  Celui que les étrangers ont baptisé bœuf musqué constitua, des siècles durant, une ressource à la fois alimentaire et vestimentaire pour les natifs, les baleiniers, les colons et les explorateurs. Mais cette source se tarit peu à peu jusqu’à la limite de l’extinction, une histoire commune avec celle du bison. Au XIXe siècle, plusieurs facteurs concomitants contribuèrent au désastre : le commerce des peaux était si rentable que des malandrins, attirés par le profit, n’hésitèrent pas à abattre des troupeaux entiers d’ovibos. On raconte qu’entre 1862 et 1916 une compagnie canadienne aurait vendu plus de 14.000 peaux. Un autre danger guettait l’animal, celui de la multiplication des expéditions polaires. Le bœuf musqué était une solution incontournable pour nourrir les équipages et les chiens de traineaux. 

La prévention :  à la suite de ces funestes constats, la chasse du bœuf musqué fut réglementée afin de préserver cette ressource vitale pour les autochtones. Seules la viande et la fourrure avaient alors un intérêt, la commercialisation du qiviut n‘était pas encore à l’ordre du jour. Dans les territoires du Nord Ouest et des îles arctiques, la chasse fut interdite ou restreinte. 

Au Groenland, la loi autorise les inuits à chasser le bœuf musqué, les animaux marins dont le narval et l’ours polaire, mais limite le nombre d’animaux sauvages chassés afin de respecter l’équilibre écologique.           


Le saviez vous ? Domestiquer ces animaux eut été une autre manière de les préserver tout en exploitant le duvet d’une manière raisonnable. Cette idée fut émise au XIX e siècle par un explorateur pour faciliter l’exploitation commerciale du qiviut, un produit plus valorisant encore que la fourrure. Il fallut attendre 1970 et l’obstination de John Teal pour assister à la création d’une ferme expérimentale en Alaska. Bien que les débuts n’aient pas été concluants (les animaux ont été transportés sur les terres de l’ile voisine de Nunivak où désormais ils prospèrent  en toute liberté), les élevages créés au Canada et en Alaska perdurent et le cheptel croit d'année en année 


UNE ATTRACTION TOURISTIQUE

Les safaris photos et autres randonnées pédestres autour des  troupeaux de bœufs musqués qui paissent en liberté dans la toundra aux alentours de Kanger-Lussak font partie des attractions locales. 


UNE IDENTITE PLURIELLE

Il s’agit d’une espèce emblématique de la faune de l’Arctique qui   appartient à la famille des Bovidés, étroitement liés aux caprins ovins et bovins, caractérisés par la présence de véritables cornes permanentes et non ramifiées. Adulte, le mâle peut peser une demi-tonne, mais son  précieux duvet, dans le meilleur des cas, dépasse à peine un demi-kilo. Son instinct grégaire l’incite à  vivre en petits groupes appelés hardes, caractérisées par une hiérarchie et une structure sociale complexe.

La complexité physique de cet animal se retrouve dans la variété de ses noms et surnoms.

-Communément, le bœuf musqué : En 1720, Nicolas Jérémie, explorateur et négociant en fourrure, découvrit un animal encore inconnu des européens qu’il décrit ainsi «un espèce de bœuf que nous nommons Bœufs musquez  à cause qu’ils sentent si fort le musc que, dans certaines saisons de l’année, il est impossible d’en manger».

Le saviez  vous ? L’odeur de musc dégagée par le bœuf musqué peut être assez puissante pour être perçue à distance. Elle peut être utile pour la reconnaissance des individus dans leur environnement ainsi que pour délimiter les territoires, surtout dans les régions où les ressources alimentaires sont rares, et pour maintenir la hiérarchie sociale au sein du groupe.

-Scientifiquement ovibos moschatus  

Si son physique rappelle celui du bœuf, toutes proportions gardées, il  ne correspond pas à son ADN. Malgré son nom, il est plus proche du mouton et de la chèvre que du bœuf. 

-Localement Oomingmak ou «l’animal dont la fourrure ressemble à  une barbe» en inuktitut, ce qui est une évidence si l’on en juge par son physique avec sa crinière hirsute composée de poils longs et raides qui encadrent son cou et son visage. L'impression de barbe est alors flagrante. Une autre caractéristique physique étonnante : La lourde et longue toison externe si protectrice masque quasiment les pattes qui, elles, sont très courtes. Ceci ne serait qu’anecdotique si, en hiver, les couches de neige n’étaient pas si épaisses… Courir dans cet environnement pour échapper aux chasseurs se révèle une expérience très périlleuse qui fait t de l’ovibos une proie facile pour les prédateurs.


LE QIVIUT, UN BRIN LUXUEUX  

Le précieux duvet soyeux, fin, doux, léger, plus dense en hiver qu’en été, est protégé par l’épaisse fourrure composée de jarres. Si cette dernière est permanente, le qiviut, quant à lui, se détache partiellement de la peau lors de la mue de printemps. Cette mesure de préservation de l’espèce a pour conséquence une production faible et aléatoire qui ne peut satisfaire que le commerce de luxe qui mise sur la qualité et la rareté et non sur la quantité et la régularité du produit.  

Au XVIIIe siècle, un succès d’estime mais un flop commercial

Nicolas Jérémie, ce négociant en fourrures subjugué par les qualités thermiques du qiviut, rapporta des échantillons en France où il fit confectionner une paire de bas plus fins que ceux tricotés en soie, mais, parmi les conseillers de Louis XV, aucun ne perçut le potentiel commercial d’un tel article.  

Au XXe siècle, le marketing joue et gagne  

Depuis quelques décennies, la laine de qiviut est devenue un « must » d’un point de vue économico-culturel pour les inuits qui, dans les rares points de vente du Groenland, vendent celle-ci et les produits finis. 

 

ENTRE TRADITION ET INNOVATION                                                          Tradition: Ce duvet était un article utilitaire pour les peuples autochtones de l’Arctique qui l’utilisaient pour rembourrer les anoraks ; les articles tricotés ou tissés étaient plus rares. 

Innovation : Ce n’est que depuis quelques décennies que la laine qiviut est devenue un produit très convoité par une clientèle internationale intéressée par les fibres naturelles, les produits artisanaux et les matériaux durables. Le prix du qiviut atteignant des sommets, incita les inuits à commercialiser le duvet sous forme de produits finis : fil à tricoter, écharpes, gants ou bonnets. C’est ainsi que j’ai passé un long moment dans la jolie boutique (la seule à l’époque) de Sisimiut, hésitant entre une paire de gants ou un bonnet. Finalement, mon choix se porta sur une pelote de qiviut vert émeraude transformée depuis en un tour de cou fabuleusement doux et chaud.  

Si l’industrie n’est pas en mesure d’exploiter ce filon, certains  entrepreneurs furent tentés par l’aventure de faire entrer la laine de qiviut dans leur collection. 

Le must du must, le Dormeuil Vanquish II, «un cocktail signature», une symphonie de matières plus mélodieuses les unes que les autres, un régal lors des premiers frimas annonciateurs de l’automne : pashmina, vigogne et qiviut ! Pour moi c’est sans doute le lainage le plus fabuleusement exquis jamais sorti d’un métier à tisser ! Un rêve pour la textilophile que je suis. 


A SUIVRE