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dimanche 25 septembre 2016

L' EXPOSITION ALEXANDRE SACHE: WORK IN PROGRESS

EXPOSITION SACHE (1902-1981) : WORK IN PROGRESS


Je me rends compte que plus je cherche plus je trouve. Les documents concernant ce textile designer s'accumulent, les trésors qui dormaient dans le grenier de la maison familiale se réveillent. En feuilletant ces archives, je découvre l'homme qui se cachait derriere ses dessins transposés en couleurs sur un support de soie ou de laine. C'est avec un réel plaisir que j'avance sur ce projet. Comme promis, je vous associe à l'organisation de cette aventure qui verra le jour en Juin 2017 à Bure-sur-Yvette.

Alexandre Sache fut un acteur « muet » de la grande époque de la Haute Couture Parisienne. Entre 1930 et 1970, ses étoffes imprimées furent présentes dans toutes les collections ou presque.
Cet homme était avant tout un artiste, un amateur de belles choses, passionné par son métier. Artiste né dans une famille d'artistes.
Un frère peintre Gabriel Spat
huile sur toile, une vue de la côte normande par Spat. Collection privée.
Un frère sculpteur Numa Patlagean

,
Après des études de chimie à l’école polytechnique de Lausanne, il intègre l'université de Genève pour suivre des cours de dessin. Cela explique, non seulement la diversité de ses activités, mais aussi le haut niveau de qualité de son travail. 


Dessin au fusin et crayon noir. signé Sache. Collection privée
Il jouait avec aisance du crayon, il maniait le pinceau avec dextérité, il utilisait les couleurs avec gourmandise, il alliait les tons avec excentricité, ses imprimés étaient mêlés de poésie et d’humour. Connaissant l’homme et son environnement, il me semble que parfois, il transposait sur la soie les fleurs qu’il avait dans son jardin.
Sa créativité fut immense et son talent unique puisqu'il réussit à s’adapter à chacun de ses clients aussi différents que Dior ou Givenchy, Schiaparelli ou Chanel. Pourtant, peu de personnes le connaissait. Discret, il resta dans l'ombre des grands créateurs. Alors, il est temps de lui rendre hommage.
 

Son activité cessa avec sa disparition en 1981. Mais sa vie durant, il n’eut de cesse de créer 
Il fut tour à tour :

- caricaturiste : il travailla pour des journaux des années 20 : Bonsoir, le canard enchaîné, le Herald Tribune, le courrier cinématographique.

- illustrateur de nouvelles dans des revues telles que Harper’s Bazar, Vanity Fair.

- sculpteur : il exécute en 1927 le buste de Lindbergh  en 33 heures, course contre la montre, soit exactement le même temps que la durée de la traversée de l’Atlantique par l’aviateur.

- peintre pour son plaisir et le nôtre.

Il s’intéresse à la mode dès les années 30. Il est considéré comme l’un des pionniers de ce qui allait devenir la création artistique d’imprimés pour la Haute Couture. 

 Avant la guerre, il rencontre Cristobal Balenciaga avec lequel il collaborera très longtemps, ce fut également le cas pour Molyneux et l'extravagante Schiaparelli.

Après ces années de guerre, la Haute Couture parisienne reprend des couleurs. Les grands couturiers parisiens mènent à nouveau le jeu, et Sache prend part à ce nouveau départ, marqué par le célèbre New Look initié par Chrisitan Dior.
Balenciaga toujours,  il sera avec Dior dès sa première collection, puis il signera des imprimés pour Saint Laurent, Givenchy, Patou, Chanel…

in l'officiel de la mode n°680/1982

Devenu chef d'entreprise, Alexandre Sache fonde avec sa sœur la société Beauclère.
Célèbre imprimé Homard d'après une idée de S. Dali pour Schiaparelli. Collection privée

Au sein de la société : un extraordinaire et unique atelier "de coloriste sur mesure"

Avec une équipe d'une vingtaine de compagnons, les tissus sont imprimés artisanalement sur des pentes, au rouleau gravé à la main puis au cadre, uniquement à la commande, c'est du sur mesure haut de gamme. Une technique artisanale certes coûteuse mais qui se justifie lorsque l'on est fournisseur des plus grandes signatures de l'univers de la mode.



























Si l'atelier est gardé à l'abri du regard des curieux, un autre lieu a pignon sur rue, ou plutôt sur place, puisque Sache va ouvrir Brumaire, une boutique place Vendôme à Paris voisine de la boutique de Schiaparelli. On y retrouve ses carrés de soie aux imprimés improbables et aux couleurs inégalables.










Découvrir le métier qui se cache derrière ces merveilleux imprimés, c’est suivre la mode depuis les coulisses. Le produit fini est le résultat d’un travail d’équipe et il faut franchir quantités d'étapes préliminaires indispensables avant d'obtenir un résultat digne de la Haute Couture.

Cette exposition permettra de poser un regard différent sur le monde de la mode et de ses fournisseurs.


mercredi 21 septembre 2016

DE BONNES RESOLUTIONS POUR UNE RENTREE PLUS ZEN

Soumis à des contraintes  sur le plan professionnel,  faire face aux  multiples problèmes de la vie quotidienne,  confrontés  aux diverses agressions environnementales, notre esprit et notre corps doivent  être  efficacement armés  pour résister à ces pressions sans risquer de craquer.
 Pour lutter se protéger, il existe plusieurs moyens et le succès croissant des activités liées au développement personnel semble convenir à un grand nombre de personnes.  Le temps de la méditation  c'est un moment privilégier, un espace temps bien à soi.  Prendre soin de son mental et de son physique, en équilibrant son  alimentation, en pratiquant un sport régulièrement,  en se cultivant, ce sont là  de bonnes initiatives. Cependant on peu ajouter un élément souvent oublié qui échappe à cette quête du bien être : le changement des habitudes vestimentaires.

Comment se fait il que les informations foisonnent sur des sujets tels que l'alimentation et qu'elles soient quasi inexistantes en ce qui concerne le vestiaire? Pourquoi se préoccuper de ce qu'on l'on ingurgite  pour nourrir le corps et que l'on porte   si peu d'attention à ce que qui le couvre pour le protéger ou le parer?

Le contact de nos vêtements sur notre peau serait il sans incidences sur notre métabolisme? Que nenni! J'insiste sur une idée  encore trop confidentielle selon laquelle nos vêtements c'est à dire le tissu, la coupe, les produits chimiques utilisés pour teindre,  augmenter le volume, augmenter la chaleur, faciliter le repassage, ont une influence certes modeste mais néanmoins bien réelle tant sur notre physique que sur notre mental.

Bien sûr il est possible de continuer à faire ses achats en  ignorant tout des fibres textiles, des produits d'ennoblissement utilisés. Par contre  découvrir un univers moins futile qu'il n'y parait, peut modifier le comportement du consommateur face à un  article textile. Optimiser  la cohabitation corps/vêtement, assainir des habitudes vestimentaires, se fabriquer un régime vestimentaire sur mesure,  se créer une garde robe personnalisée ce sont là des pistes qu'il est facile d'emprunter. Le quotidien ne sera pas transformé mais amélioré. Se sentir à l'aise dans ses baskets c'est vraiment le pied!

jeudi 15 septembre 2016

DE PERE EN FILLE SUITE

ET SI ON RENDAIT LEUR PLACE AUX FOURNITURES  

 Le monde va ainsi, plus on avance plus on recule ; plus l'offre semble large, plus les détails sont négligés ; plus la qualité est vantée, plus le leurre est immense. Au final, le consommateur est soit dupé, soit négligent.

TOUS RESPONSABLES MAIS PAS ENCORE COUPABLES 
Nous sommes tous des clients potentiels, des consommateurs responsables de ce que l'industrie propose et que nous acceptons. 

LE CONSOMMATEUR FACE A SES CONTRADICTIONS
Nous ne sommes pas congruents car nous voulons acheter des vêtements made in France avec les prix des fabrications chinoises, trouver des pantalons qui nous vont sans avoir à faire d'ourlet tout en achetant en prêt à porter, trouver des chemises avec des manches de la bonne longueur pour chacun d'entre nous tout en acceptant la standardisation des tailles. Vêtements et alimentation même combat, c'est une demande que le mouvement locavore dénonce ; vouloir manger local en Normandie mais des produits exotiques comme des avocats ou des ananas.
Je m'éloigne de mon sujet ? Pas vraiment parce que vouloir l'impossible est utopique mais vouloir donner un sens, une identité à un produit est un sacerdoce et je sais de quoi je parle.

ET SI LE PRET A PORTER REVOYAIT SA COPIE ?
Prêt à porter ou sur mesure, pourquoi devoir choisir ? Si le prêt à porter se conduisait avec courage et loyauté envers sa clientèle. Si les finitions étaient plus soignées, les boutons cousus avec un point d'arrêt, les ourlets droits, les coutures solides, une doublure qui ne déforme pas le vêtement et des tissus sélectionnés avec bon sens, adaptés au produit et à sa destination?

TAILLEUR ET COUTURIERE UN METIER D'AVENIR ? POURQUOI PAS
Il fut un temps pas si lointain ou l'on allait chez une couturière ou un tailleur pour se faire faire manteaux, robes ou costumes. Le "home made" était une solution  économique, généralement adoptée par les mères de familles nombreuses. Les grands magasins proposaient des articles de confection mais les habitudes ont la vie dure…
Les couturières, professionnelles ou non, pouvaient à l'envie copier les modèles des grands couturiers, les tailleurs étaient des faiseurs consciencieux qui connaissaient leur travail, savaient quel qualité de fil choisir pour coudre un tissu, pouvaient avec l'expérience modifier une épaule tombante ou faire disparaître un dos rond. Les couturières et les tailleurs pouvaient se vanter de la qualité de leur travail, parce qu'ils ne négligeaient pas l'invisible, c'est-à-dire l'intérieur du vêtement : le détail d'une boutonnière, la forme d'une épaulette, la surpiqûre d'une couture, le pli d'aisance dans la doublure des manches et du dos, le revers du col en feutrine, l'entoilage cousu et non thermo-collé. Autant de détails qui augmentaient la durée de vie du vêtement. C'est aussi vrai que le temps passé ne se comptait pas en heures mais en journées. Maîtriser la coupe, la couture et choisir efficacement les étoffes et les fournitures, voilà le plus qu'apportaient les tailleurs et les couturières et voilà ce que le prêt à porter néglige. Est-ce une utopie de croire à la renaissance des ces métiers ?

LE PRET-A-PORTER, UNE IDEE VENUE DES USA
Le prêt-à-porter apparaît en France dans la seconde moitié du XXeme siècle. Cette nouveauté va modifier considérablement la manière de se vêtir et surtout la façon de produire.  Il convient de célébrer la démocratisation de  la mode grâce à un mode de fabrication plus rationnel. 
Le prêt-à-porter est né de la nécessité. Durant la première guerre mondiale, l'armée américaine a due faire face à un dilemme : comment vêtir les soldats dans l'urgence à moindre frais ? Faire fabriquer des uniformes en très grande série avec une standardisation des tailles. C'est ce qui fut fait avec succès. Mais il fallut plus d'un quart de siècle pour que la population accepte pleinement ce type de produit.

DE LA PIECE UNIQUE A LA GRANDE SERIE
 Le terme  prêt-à-porter, fidèle traduction de l'anglais "ready to wear",  fut importé en France par le directeur de la maison de couture Weill. A son retour des USA, il décida d'imiter certains industriels américains et de se lancer dans la fabrication de vêtements en série avec des tailles standards.
Le terme modernise le mot confection devenu dans le langage courant un brin péjoratif. Prêt-à-porter ou confection, ces deux termes désignent un article textile fabriqué industriellement en quantité, de qualité moyenne, avec une standardisation des tailles et d'un prix abordable.  
La confection considère le corps comme un porte manteau, ce n'est pas le vêtement qui s'adapte à lui. Pour s'habiller en confection il faut avoir une "taille mannequin" autrement, comme disait Fernand Raynaud dans un de ses célèbres sketchs "y a comme un défaut" : taille trop haute, épaules trop étroites, poches trop basses, etc. 

La fabrication en série diminue le coût de fabrication et, en contrepartie, simplifie, uniformise, égalise, rationalise tout, jusqu'aux tailles qui désormais forment un trio : S  M L voir XS M XL. Il faut forcer votre corps à prendre la forme du vêtement ; si vous êtes hors normes, c'est-à-dire trop grand, trop petit, trop gros, trop maigre et si la Haute Couture est hors de propos, puisque hors de prix, partez à la recherche d'une couturière ou d'un tailleur, un petit conseil pour une pièce importante comme un manteau ou une robe, éviter les retoucheurs sous peine de désagréments. 
Il convient ici de rendre hommage à ces marques qui ont pris le train en marche et se sont adaptées à la demande des "non -conformes" : LES PETITES, XXL,  CAPELSTORE, BALSAMIK...

SOUVENIRS SOUVENIRS 
C'est un passage du monde artisanal à l'univers industriel. La modification des habitudes vestimentaires a engendré la réduction drastique voire la disparition de certains métiers comme celui de tailleur. Le tailleur de quartier, le petit tailleur qui travaillait dans son atelier avec un ou deux compagnons n'est plus qu'un souvenir en France.
Il me souvient d'un temps où, petite, la boutique de mes grands-parents me servait de terrain de jeu. sise au 16 rue de Sévigné dans le Marais. On y vendait des fournitures pour tailleurs.  
Dans les années 50 les tailleurs, les entrepreneurs à façon, les retoucheurs, les couturières étaient nombreux et venaient s'approvisionner dans les magasins de gros comme celui de mon grand-père. Aujourd'hui, le local existe toujours et je n'y passe jamais sans un pincement au cœur. Seuls les carreaux de ciment au sol, sur lesquels je jouais à la marelle, ont été préservés, le reste a été largement revisité. C'est une boutique de chaussures.

DES MOTS POUR DES DETAILS
Les métiers ont disparu et ils ont emporté dans leurs bagages les mots de tous les jours.
Des mots oubliés derrière lesquels il y avait de vrais produits aux destinations très précises résonnaient dans la boutique de mes grands parents rue de Sévigné à Paris 
Le gros grain pour la ceinture de pantalon, le bougran pour renforcer les dos de gilets ou pour donner de la tenue au  bas de manches, la cingalette pour faire des patrons, la poltaise pour fabriquer les poches, la mignonnette rayée en bleu et blanc pour doubler les manches, et la fameuse toile tailleur "Capella" en poils de chèvre qui grattait et piquait tant, même à travers le tissu. Je n'oublie ni  les boutons en corozo avec lesquels j'ai appris à compter en les regroupant par grosse (1 grosse = 12 douzaines, soit 144 boutons) ni les boites rectangulaires en bois brut, pleines de sciure qui se répandait sur le sol lorsqu'on les ouvrait et qui contenaient les craies tailleur, grises, jaunes ou rouges. Une fois vide, j'y rangeai mes crayons de couleurs. J'ai eu grâce à tout ce petit monde de quoi alimenter le grenier de mes souvenirs textiles
Voilà aussi pourquoi je pars si souvent en croisade contre le minimalisme du prêt-à-porter comme du prêt-à-manger.
Si demain nous ne voulons pas être fringués ou fagotés été comme hiver, dimanche et jours de fête, sachons nous en donner les moyens. Et pour que demain nous puissions encore nous habiller, nous pârer, nous vêtir et non plus uniquement nous saper, apprenons les mots  pour faire exister les fournitures comme jadis nous avons appris l'alphabet.
Voilà toutes les raisons pour lesquelles il me semble important dans le domaine du textile, de faire un effort et de décliner correctement l'identité d'une étoffe. Après toutes ces épreuves, un tissu peut enfin porter fièrement sa filiation et son "appellation contrôlée". Il vraiment dommage de passer outre et de ne pas appeler un nansouk, nansouk.

VALORISER LES TEXTILES
 Curieusement, le vocabulaire textile s'appauvrit en même temps que le nombre de "fibres nouvelles" augmente. Les nouveaux venus sont des micro-fibres, du bambou,  des TUT 5 textiles à usage technique.
Afin que ces produits soient facilement lisibles, une désignation rationnelle et descriptive est nécessaire. Mais pourquoi voir une opposition entre la technicité proposée par le fabricant et le charme du naturel réclamé par certains consommateurs ? En réalité, cela devrait  passer par un savant dosage de technique, de tradition et d'un soupçon de fantaisie ? Difficile de concilier progrès et poésie ? Il ne semble pas, même si tout, autour de nous, semble démontrer le contraire.
Désigner un tissu par son nom, c'est d'abord un signe de culture et c'est le choisir lui et non un autre. C'est, par conséquent, l'utiliser au mieux de ses qualités intrinsèques.
Désigner un tissu par son nom constitue un effort, mais aussi une prise de conscience de sa "personnalité", de son existence à lui et non à celle d'un autre.
Désigner un tissu par son nom c'est le valoriser, lui et non un autre, c'est le sortir de la masse des étoffes orphelines qui n'ont ni nom, ni couleur, ni passé, si peu de présent et pas vraiment d'avenir.
Désigner un tissu par son nom c'est démontrer que, face aux possibilités infinies de la science et au poids du patrimoine, nous restons en mesure de faire un choix irraisonné, parce que nous ne sommes pas à l'abri d'un coup de foudre, et heureusement !
Il n'y aurait évidemment pas autant de tissus différents si tous pouvaient servir à tout et à n'importe quoi. Y aurait-il 26 lettres à notre alphabet si elles ne nous servaient pas toutes ?
Les fiches qui vont suivre présentent l'histoire, la description et les utilisations de chacun des tissus que j'ai pu répertorier depuis les temps bibliques jusqu'à ceux qui nous serons proposés au troisième millénaire.
Je vous invite  à découvrir  avec passion, curiosité, étonnement, émerveillement, les mille et un chemins des tissus.

mercredi 14 septembre 2016

DE PERE EN FILLE....

TRANSMISSION
Transmettre de père en fille dans cet univers textile et de fournitures pour tailleurs, couturières, stylistes ou costumiers ce n'est pas si commun; Le passage de témoin est plus fréquent entre père et fils dans ce domaine aussi. Alors oui je fais peut être exception, mais j'ai adoré mon métier, j'ai aimé faire découvrir des étoffes, j'ai fait de mon mieux pour promouvoir la qualité et j'ai misé sur la diversité des produits. 
Mon père m'a transmis ce plaisir d'aller à la découverte des matières et de les sublimer. Un simple bouton peut devenir un bijou si on y prête attention, si on raconte son histoire ou une anecdote à son propos. 

SOUVENIRS TEXTILES
Petite, j'accompagnais mon père dans les usines de Roubaix, à Péronne, à Roanne ou encore à Lyon, lieux textiles par excellence. J'avoue que j'étais parfois effrayée par toute cette agitation et le bruit des machines à tisser. L'image qui me revient lorsque je repense à cette période sont les femmes qui passaient comme des ombres en poussant sur les pavés humides à travers la cour de l'usine des wagonnets remplis de rouleaux de tissus. C'était il y a bien longtemps, dans les années 50, mais cette vision est restée figée dans ma mémoire et je sais depuis que derrière un métrage de lainage ou de soierie il y a le travail d'hommes et de femmes et pas uniquement celui des machines.

LE MONDE OUBLIE DES FOURNITURES POUR TAILLEURS
Voilà peut être pourquoi je m'attache tant au petit monde des fournitures pour tailleurs qui, faute de tailleurs, disparaissent des rayons et du vocabulaire quotidien. Ce n'est pas par nostalgie que je m'insurge contre cet appauvrissement des produits, mais par la simple volonté de conserver la qualité d'un vêtement.
Entoilage, doublure de poche, doublure de manche, épaulette,  ceinture de pantalon… Comment peut-on imaginer que la durée de vie d'un costume puisse dépasser une saison si tous ces paramètres deviennent obsolètes ?

TROISIEME GENERATION
Je me souviens d'un temps où la boutique de mes grands parents me servait de terrain jeu. Sise au 16 rue de Sévigné à Paris dans le Marais. On y vendait des fournitures pour tailleurs. Dans les années 50, les tailleurs, les entrepreneurs à façon, les retoucheurs, les couturières étaient nombreux et venaient s'approvisionner dans les magasins de gros comme celui de mon grand-père. Aujourd'hui, le local existe toujours et je n'y passe jamais sans un pincement au cœur. Seuls les carreaux de ciment au sol sur lesquels je jouais à la marelle, ont été préservés. Le reste a été largement revisité. C'est une boutique de chaussures...

A SUIVRE


mercredi 7 septembre 2016

VOYAGER C'EST ALLER A LA RENCONTRE DE SES REVES

Les voyages c'est aussi dans l'esprit, dans le coeur, dans les souvenirs . Et puis l'imagination, oui votre imaginaire, transforme cet univers textile si concret en un rêve de soie, une caresse de velours, un baiser de mousseline
Offrez vous un tour du monde en observant un simple morceau de tissu. Essayez vous verrez c'est fascinant et amusant...Si vous avez besoin de conseils vous pouvez comptez sur moi. Alors je vous invite à partager  dans ce blog vos expériences, vos découvertes, vos émotions textiles

mardi 6 septembre 2016

DE L'AIR!


Quoi de plus naturel que l'air, quoi de plus abstrait que l'air , quoi de plus léger que l'air, quoi de plus transparent que l'air, quoi de plus invisible que l'air et quoi de plus essentiel que l'air?
Nous sommes capable de détecter avec nos sens toute ces subtilités que véhicule l'air. En effet l'air change au gré des saisons, tout comme notre garde robe.  N'avez vous jamais constaté que hors des villes, l'air d'automne   sent   la mousse, les champignons,  il nous met en appétit, l'air d'hiver est vif, frais, cinglant  il rougit nos joues et gêle nos mains, l'air du printemps délicieusement réchauffé par les doux rayons du soleil caresse délicieusement notre peau, et puis l'air de l'été, mine ne rien, l'air de ne pas y toucher disperse à tous vents les fragrances des fleurs qui égaient nos villes nos balcons nos ronds points, nos campagnes.... Toutes les saisons ont des couleurs et des odeurs, notre vestiaire aussi.
 Cependant bien que l'homme empoisonne  tous les jours un peu plus ce cadeau de la nature, et il  n'a de cesse  de le conserver intact, inodore, insipide, impalpable, comme au premier jour de la création.
Mais comme le pire n'est jamais certain moi je sais qu'il existe encore des lieux d'une pureté primaire
Moi j'en ai découvert deux 
Le premier endroit ce fut au Pérou. Sur les bords du lac Titicaca situé à 3600 m d'altitude, j'ai eu l'impression  que le ciel était à portée de main, rien entre les étoiles et le bout de mes doigts sinon un espace vide et incroyablement transparent. Un air limpide oui limpide. C'est l'œil qui perçoit cette pureté.
Le second ce fut en Afrique du sud sur la pointe extrême sud, à l'extrémité du continent africain, à portée de vue du" cap de bonne espérance” après plus rien que l'eau, l'eau et les glaciers très loin encore, le pole sud. A cet endroit précis j'ai senti l'air, l'air pur, l'air qu'aucun autre humain n'avait respiré, l'air qu'aucun humain n'avait pollué il venait directement des glaciers du sud. Je l'ai senti non pas ressenti. J'en ai rempli mes poumons à en éclater, j'ai inspiré comme jamais, à vouloir prendre des réserves pour l'année.... Une odeur de frais, de délicieusement naturel, avec un soupçon de je ne sais quoi de particulier, difficile à cerner, et encore plus difficile à décrire, peut être quelque chose qui dépasse la dimension humaine, l'espace infini.

Et les tissus dans tout cela me direz vous? Eh bien j'y viens. En les côtoyant quotidiennement, j'ai constaté qu'il existait des correspondances entre les étoffes et les forces naturelles qui nous entourent, ces quatre éléments essentiels sans lesquels la terre ne serait pas notre planète bleue : l'air, le feu , la terre , l'eau.
Ce sont les philosophes grecs qui sont partis d'une hypothèse selon laquelle tous les matériaux constituant le monde seraient composés de ces quatre éléments donc les étoffes seraient aussi concernées Aujourd'hui je vous propose d'associer les tissus et l'air.
 L'air c'est  l'espace,  l'infini,  la pureté. Quels sont les tissus qui correspondent à ces idées? A priori des étoffes invisibles, claires, légères, immatérielles. Mais des tissus  à postériori très présents et utiles. Comme l'air que nous respirons ces étoffes ont un rôle à jouer dans notre quotidien. Elles  habillent, protègent,  préservent, décorent, embellissent, séduisent, parent, magnifient leur environnement immédiat. Des tissus aériens, transparents, légers, frissonnants, immatériels, les voilà qui bougent au gré du vent, les voici qui font le dos rond lorsqu'ils se remplissent d'air... De l'air de l'air de l'air!!!

La plus simple des étoffes est la toile. Une toile de coton fine et opaque voir transparente : c'est le voile.  Zénana, zéphyr, linon,  baptiste, quelque soit le nom qu'on lui donne le voile frissonne au moindre souffle d'air, il habille nos fenêtres, nous protège des rayons ardant du soleil. C'est lui qui masque le visage de la jeune mariée, c'est celui qui cache les larmes des veuves. Le voile c'est un écran imperceptible, le voile vole, masque, cache, suggère. Il aime l'air, il est proche de la nature, il incite au silence, il à la légèreté de l'insouciance, il est comme l'air, libre de ses mouvements, de sa gestuelle, il est authentique dans les matières naturelles, il est technique lorsqu'il est en fibre synthétiques.
Un autre tissu aérien sans doute plus  précieux que le précédent : c'est la mousseline de soie. Tissage ambigu, lourd et léger. La mousseline tient dans le creux de la main, elle est docile et ne cherche pas à s'échapper, utile lorsqu'elle réchauffe le cou avec élégance, sensuelle lorsqu'elle se fait sous vêtement, pudique lorsqu'elle habille un décolleté, un rien coquine quand elle se transforme en déshabillé. Impalpable cette soie est une acrobate de tout premier ordre, elle tournoie dans les airs avant de retomber dans le silence absolu sur la terre ferme,  même pas mal, toujours impeccable.

Un petit troisième pour le plaisir?  La toile de spi ou encore nommée toile de parachute. Ce tissu est magnifié dès qu'il ne touche plus terre, il prend ses aises, il s'enfle, gonfle  mais n'éclate jamais.  Autrefois une soie imperméable qui ne laissant pas passer l'air permettait aux parachutistes de freiner leur chute, voir de planer dans les airs. Aujourd'hui remplacée par le polyamide (Nylon) ce tissu permet de fabriquer de magnifiques cerfs volants et de solides voiles de bateaux.

Et pour finir je ne résiste pas  à la gourmandise de vous présenter le prince des tissus : le gazar
Matière rare dans le prêt à porter, utilisée avec parcimonie dans la haute couture, difficile à travailler car il n'accepte pas le repentir. Le gazar prend du volume, il emprisonne l'air dans ses plis. Il bouge avec brutalité, et s'étale comme une nappe de brouillard, sans bruit, dans un souffle fantomatique. Le gazar est, indomptable, incontrôlable sur terre, mais il se révèle être un merveilleux en apesanteur  il lui faut de l'espace pour exprimer sa beauté. Impossible de le contenir, il explose  comme un pantin dès que l'on ouvre la boite...Il s'exprime totalement lorsqu'il est travaillé comme une sculpture c'est pourquoi l'artisan qui s'en empare doit avoir les codes pour le maîtriser et ensuite le travail terminé, c'est un chef d'œuvre que l'on découvre.


Ces rencontres textiles n'ont d'autre but que de vous faire découvrir combien cet univers que est passionnant.