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jeudi 2 novembre 2017

UNE REPAS TOUT EN TISSUS

J'ai trois passions : la gastronomie, la peinture et les textiles. Alors   je vous ai mitonné un menu qui mêle les goûts, les matières et les couleurs. Entre cuisine, couleurs et couture il y a de nombreux points communs, notamment dans le vocabulaire. On parle de Grande Gastronomie, de Grand art et de Haute Couture, de finition d'un plat, ou d'un vêtement, de dernière touche pour un tableau ou un  vêtement, on monte une sauce et une veste, etc…
Pour vous, amateurs de bons plats et de beaux tissus, de chef d'œuvre j'ai imaginé un repas d'exception, original autant que loufoque, excentrique et inhabituel, pour tout dire farfelu ; un régal pour les sens. J'ai veillé autant que possible, à joindre les recettes. Certes vous trouverez cette dégustation quelque peu indigeste, alors ajoutez une pincée d'imagination et un zeste d'humour  


 LES ACHATS
Trouvez un magasin de tissus et des conseillers de vente avec un grand sens de l'humour et de la patience. .


juste pour le souvenir

La quantité de tissu dépendra du nombre d'invités prêts à servir de cobayes.
Un  peu de velours de soie, quelques mètres de draperie pure laine, un bouquet de mousseline, une botte de seersucker, une demi douzaine de crêpe de coton,  une bonne dose de seersucker, de la mousse, un granité, du Campbell à consommer avec modération !

LES ACCESSOIRES:
 1 de l'éponge au mètre  la couleur importe peu pour que la cuisine retrouve son bel aspect.
  • Ce n'est pas une blague,  il y avait de l'éponge végétale au mètre chez De Gilles tissus, je pense qu'en cherchant bien vous devriez en trouver dans un autre point de vente 

2 un petit métrage d'étamine de laine qui servira de tamis pour les sauces ou les teintures
3 l'indispensable torchon, en lin ou en métis, pour essuyer les verres.
4 une nappe, la matière est à votre convenance
5 un filet pour porter vos achats
un joli filet, tout coton

PREPARATION 

Apéritif 
Du caviar sur  canapés ou canapé  (siège)
c'est le motif grains de caviar qui donne son nom au tissu
Si le caviar gris d'Iran demeure sans doute le meilleur, mais rare même en Iran , les italiiens fabriquent un caviar gris pure laine magnifique mais, sur le marché il y a également le caviar d'Aquitiane de très bonne qualité
Un verre de Campbell pour commencer la soirée. (Campbell marque de whisky écossais ou tissus avec un dessin spécifique de tartan)

si Campbell ne vous convient pas essayer les autres clans
HORS D'ŒUVRES: rendez-vous au rayon des Velours de soie (de Lyon de préférence, son velouté est sans égal)
Couleur et parfum au choix, en fonction des arrivages. Je vous suggère un velouté à la tomate.
Trouvez un velours bien frais, extra fin, avec un poil brillant. Lavez le tout à l'eau tiède, laissez sécher à l'air libre, puis repassez sur l'envers, sur une brosse afin de ne pas abîmer la surface.  Le velours de soie est une merveille de volupté mais son entretien nécessite quelques précautions. Tout est prêt, c'est parfait pour  une soirée très  habillée.

Donner ensuite un tour de mignonette pour relever le goût (mignonnette = poivre concassé ou doublure de manche rayée blanche et noire utilisée autrefois par les tailleurs)

Velours de soie Tomate

Voici une photo qui vient à point pour ce repas.

Des œufs mimosa? Un cœur de chou-fleur? Non des ballots de coton . Ce sont les fruits de la récolte de coton en Cote d'Ivoire. Ils sont stockés en attendant d'être transformés. C'est si beau qu'on en mangerait presque

PLAT PRINCIPAL : allez directement au rayon draperie homme
Achetez un métrage de pieds de poule en laine peignée, souple et léger et une coupe de  pieds de coq dans une laine cardée plus épaisse. Ensuite, assemblez le tout avec un fil bien solide pour que l'ensemble tienne à la cuisson. Tenue chaude à porter en hiver


un bon morceau de pied de coq en laine cardée
pour le plaisir rajoutez un peu de pied de poule
























Pour les convives qui préfèrent un plat plus relevé, un tour de tweed salt and pepper (sel et poivre) Ce tissu doit son surnom au fait qu'il est tissé avec un fil noir et un fil blanc.

tweed salt and pepper à droite

Légumes : au rayon soieries
Des petits pois (imprimés sur taffetas de soie)



Une purée mousseline.
Pour confectionner cette purée de tissu, je vous conseille une mousseline de soie de préférence car son onctuosité n'a d'égal que sa finesse. Ce top ira parfaitement bien avec la tenue laine pied de poule.

DESSERT : un chariot de sucreries, aujourd'hui c'est permis.   
Un crêpe de coton de belle facture, chocolat évidemment.
Confectionnez ce plat au dernier moment, réchauffé, il serait caoutchouteux. Le crêpe de coton est plus facile à travailler, il est moins audacieux, mais plus facile d'entretien qu'un crêpe de laine. Le choisir bien charnu, avec un relief visible.

un crêpe de coton chocolat plissé, avec une pointe de pistache
Et pourquoi pas, poursuivre par une crêpe dentelle. Pour cela prenez une dentelle de Calais c'est l'excellence : fine, souple légère, digeste.

la dentelle de Calais framboise
Continuons par un seersucker. Une  cotonnade qui peut  figurer dans ce menu parce que, originaire de Perse, le Shir o Shekar, devenu  par un passage en Inde et une occupation britannique seersucker. Cette déformation n'interfère pas sur la traduction : lait et sucre. Ces deux mots associés décrivent bien la spécificité de ce tissu : une partie de sa surface est granuleuse et rappelle le sucre en poudre ; l'autre partie plus lisse, est onctueuse et blanche comme le lait
le seesucker une étoffe de lait et de sucre
question de goût, certains le  préfère uni d'autre à rayures
 V 
 Pas mal trouvé pour finir ce gargantuesque repas !

Terminons sur une touche régionale: le cannelé bordelais

le cannelé est une étoffe dont les cotes transversales sont très relièfées 
Les boissons
En été  , je vous conseille un granité (citron) en été. C'est  un tissu dont la surface est parsemée de grains, comme un crêpe 
Mais on peut aussi accompagner ce "festin" d'une petite mousse dans un godet ? Demandez au vendeur une mousse de polyester bien blanche, légère et de moyenne épaisseur. Elle se découpe plus facilement avec une paire de ciseaux. Vous obtiendrez le godet en coupant la mousse dans le biais.
choisir une belle mousse bien blanche
 Pas frais mon polyester ?  Alors laissez le reposer 24 h dans le congélateur avant de le consommer. Et si vous sortez la vaisselle de fête alors le cristal est tout indiqué pour les verres


Cristal ainsi nommée,  car cette étoffe possède la transparenc, la brillance, la fragilité du cristal 
Si vous avez une terrasse, un balcon, un jardin, proposez à vos invités de sortir prendre un peu de chanvre. Choisissez-le naturel, sans colorant avec une tracabilité : Cannabis Sativa L. Vous en trouverez coupés avec du coton bio, à consommer avec modération bien sûr
Cannabis Sativa L.  Chanvre qualité textile UNIQUEMENT bien entendu
 Je vous souhaite une bonne dégustation. Catherine

mardi 31 octobre 2017

MARIANO FORTUNY UN ARTISTE HORS DU COMMUN



Les trésors de Venise

Il y  a Venise et Venise. La ville que l'on visite pour la première fois, avec les gondoliers, le grand canal, la place San Marco, la Fenice, le Rialto et puis il y a la ville dans la ville avec des palais et des maisons délabrées, les canaux secondaires et les vieux vaporetto bondés du matin au soir, et puis il y a les personnages qui ont marqué Venise  par leur activité,  leur créativité, leur art...Mariano Fortuny espagnol de naissance mais vénitien d'adoption, fut un de ceux qui ont laissé leur empreinte à Venise.
 "Luxe,calme et volupté" peut résumer l'atmosphère de son palais transformé en musée  au sein de la Sérénissime
un gondolier et sa  gondole
l'usine Fortuny 
 le grand canal

Un empire à lui tout seul, un érudit , un homme multiple  chercheur, scientifique, peintre, décorateur.


 Dans le domaine du textile il a réussi à innover en se souvenant du passé et en le réactualisant avec passion et savoir faire.
 Sa réussite son chef d'oeuvre suprême c'est la soie plissée utilisée pour la fameuse robe Delphos.

 Sa technique  il la fit breveté et depuis personne, personne non vraiment personne pas même un japonais pourtant célèbre pour ses plissés n'a encore réussi à faire aussi bien. Le miracle c'est la souplesse, la fluidité, la sensualité, le tomber de ces étoffes.
  Les tissus sans la couleur ne eraient pas présents dans un musée. Fortuny  fut  un coloriste merveilleux, il entra dans l'univers  du textile  avec une palette très personnelle : subtilité des tons, douceur des harmonies, originalité des motifs, gamme très personnelle de matières colorantes. Fortuny réinvente la couleur...
Dire que les créations de Fortuny sont sensuelles est une évidence "qui recherche le plaisir des sens" définition dans le Littré dictionnaire de la langue française. 
La vue est largement récompensée  par une offre époustouflante. Des rouges si profonds qu'ils vous ensorcèlent, des bleus divins, des roses fanés qui reprennent vie...
Mais l'œil ne suffit pas à appréhender les qualités exceptionnelles des velours. Cette matière  ne réclame que des caresses, elle  n'est que douceur,  et  pourtant le toucher c'est un sens interdit dans les musées!  
Mais dans ce palais  devenu musée/atelier, tout est fait pour se sentir comme un invité chez monsieur Fortuny, alors je me suis prise au jeu l'espace d'un rêve éveillé.   Ces étoffes transformées en  châles,  robes ou  peignoirs  toutes sagement immobiles semblèrent s'animer d'un seul coup à mon passage.  Curieuse impression, devant cette somptueuse robe de chambre,   posée  sur  les épaules d'un mannequin de bois. Elle aurait voulu  parler, raconter des histoires, son histoire. Qui fut son heureux propriétaire, comment est elle arrivée là,  pourquoi Fortuny utilisa cette  teinte et imprima ce dessin?   Que de questions sans réponses! Des suppositions alors :   c'est l'absence de bruit que je perçois  L'idée véhiculée par ce vêtement c'est précisément le silence. Le velours absorbe le bruit,  et la robe de chambre ou robe d'intérieur c'est le vêtement que l'on porte pour soi, chez soi, à l'abri du regard des autres,  les convenances le protège de la foule comme il protège le corps de son propriétaire, au XVIIeme siècle  la robe de chambre  souvent un élément fort couteux en soie, en velours ou en  toile de coton peintes faisait partie du vestiaire masculin.  Molière met ces paroles dans la bouche de monsieur Jourdain"Je me suis fait faire cette indienne-ci"
Pour certaines personnes  la robe de chambre est plus qu'un  élément vestimentaire,  c'est une amie . Diderot aimait sa vieille robe de chambre : "Pourquoi ne pas l'avoir gardée, elle était faite à moi, j'étais fait à elle..." in REGRETS sur ma vieille robe de chambre ou avis à ceux ont plus de gout que de fortune. 1772
                                  














Les  sensations olfactives étaient aussi présentent dans ce palais.   Les étoffes étaient encore imprégnées des effluves  exotiques des lourds parfums utilisés jadis. 
L'odeur des  tissus à quelque chose de particulier, difficile à décrire mais pour qui à le nez fin, cela peut être un bonheur ou un cauchemar. 

La visite se terminait et d'ailleurs le musée allait fermer, c'est cette annonce qui me fit revenir à la réalité. Mais étais je vraiment sortie de mon rêve? Je me trouvais dans un lieu imaginaire où j'étais autorisée à toucher  les foulards imprimés de "grenades", à caresser des vestes en velours de soie,  à soupeser la frêle silhouette d'une chemise plissée...Reve ou réalité? Et non réalité, car comme dans tous les musées, la sortie s'effectue en traversant la boutique "souvenirs"...  

Je connaissais le travail de cet artiste, mais ici dans ce qui fut son atelier j'ai découvert son univers et ce fut pour moi un moment  délicieux, quelques instants de rêve que je voulais partager avec vous. 


Fortuny fut un grand homme pour la mode et cet automne Paris expose Fortuny au musée Galliera. Une exposition à ne pas manquer

 
Bye Bye Venise, à bientôt!

lundi 30 octobre 2017

COMMANDE DE TISSUS IMPRIMES PAR SACHE POUR LA MAISON CALLOT


PAGE D'UN CARNET DE COMMANDES DE SACHE, TEXTILE DESIGNER; IL A TRAVAILLE  POUR DIFFERENTES MAISONS DE COUTURE ENTRE 1920 ET 1975
CI-DESSUS DES TISSUS COMMANDES PAR LA MAISON CALLOT,  MOTIFS CREES PAR SACHE
ENTRE 1925 ET 1930

mercredi 25 octobre 2017

UNE MODE VERSION " LES MISERABLES"

  A peine sortis des cartons en provenance de Chine, ils ont une mine affreuse ces articles. Le voyage a été long, ils sont restés pliés quelques jours ou plus, mais le personnel de ce magasin n'a pas le temps de ce préoccuper de ce détail, le défroisser serait une perte de temps, que le client le fasse chez lui. Mais  qui voudrait acheter ce genre de vêtement et surtout le porter? Est ce vraiment attirant?  Avez vous envie de vous glisser dans cette robe ou d'enfiler ce manteau?






















Ces  photos  n'ont  pas été prises dans une friperie, ni dans une foire à tout, les articles sont  généralement en meilleur état, ceux là n'y trouveraient pas leur place à ce prix là.
Ce sont deux grandes enseignes internationales qui présentent ainsi les articles fraichement arrivés dans les rayons
J'invite les responsables  de magasin à se rendre à l'évidence, des rayons comme ceux ci  ne sont pas tolérables. Remettez un peu d'ordre et ne prenez pas les clients pour des pigeons, ils sont capables de réfléchir, et de choisir. Le but n'étant pas de se fringuer mais de se vêtir, pourquoi s'enlaidir en portant de tels nippes, hardes, frusques. "Nippes se dit populairement au pluriel pour des vêtements  en mauvais état, vieux et usés" définition Le Littré 1880

LE NOIR OU LE GRIS? UNE MODE GRISE MINE

Ce matin je suis allée faire un petit  tour dans le quartier de l'Opéra à Paris où  grands magasins  et  les marques à succursales multiples font de leur mieux pour  présenter les articles de leur nouvelle collection. Cette visite m'a suffit pour me rendre l'évidence :  la mode  cet l'automne  est triste.   En automne la nature se pare d'une palette de couleurs riche en nuances. Rouges orangés, verts jaunes, bruns chauds...Pourquoi  dans les  rayons "mode"" passe t on directement du marine -blanc et rouge de l'été  au noir et au gris? La transition est brutale.




 Ce matin le soleil était au rendez vous, le ciel offrait un bleu presque limpide, oublié la grisaille d'hier la pollution, les allergies.. et pourtant  dans les magasins j'ai broyé du noir, noir vert, noir bleu, noir noir, noir mat, noir brillant, noir pelucheux, noir lisse, noir version satin, noir sur-teint, velours noir. N'est pas noir chic, noir élégant qui veut.
 j'ai déambulé dans des rayons pleins à craquer de vêtements gris clair, gris moyen, gris très foncé, mais gris... Ne dit on pas faire grise mine?  Le gris couleur passe-muraille, couleur neutre mais rien d'indolore pour le porte feuille... Pour me remonter le moral j'aperçois au fond sur un portant, un  petit point blanc, mais il est bien seul!...   Moi je veux colorer mon vestiaire!








LE GHALAMKAR : GRAVURE . IMPRESSION. (suite et fin)

LES INTERVENANTS
Les opérations  suivent  un ordre inexorable. Le travail est partagé entre trois ou quatre artisans suivant que le tissage du coton ait lieu sur place ou qu'il soit un produit importé. Les artisans sont secondés par des ouvriers qui accomplissent des taches moins nobles telles que la découpe du tissu, le lavage, le rinçage, le repassage..
Dans l'ordre d'apparition nous trouvons



-LE TISSERAND celui qui tisse essentiellement du coton. Il fournit des toiles  écrues, simples comme le calicot ou plus élaborée comme la percale. L'étape du tissage peut être supprimée si les tissus sont importés
Les toiles de coton ont un fond  clair  mais jamais blanc, il est généralement écru voir jaunâtre lorsque le tissu est plongé dans une décoction de pelures de grenades  mais il est toujours décati avant d'être livré aux mains de l'imprimeur.




Percale cotonnade plus blanche et tissage serré, ou calicot plus jaune et au tissage plus lâche. Bien que la plupart des teintures soient réalisées avec des colorants chimiques, je n'ai pas vu de support textile autre que du coton.
La  percale  ou le calicot sont  aujourd'hui importés d'Inde ou de Chine, et livrés en pièce de 50 mètres , la première étape consiste à  découper le tissu en morceaux de différentes longueurs selon la destination   (nappes, rideaux, sacs ou serviettes). Les coupes sont mises à bouillir  dans de grandes bassines pour les décatir

Le tissu est ensuite essoré d'une manière très particulière : plié en quatre les coupes sont balancées ou plutôt lancées    à  plusieurs reprises contre une grosse pierre posée sur le sol, pour évacuer l'eau en surplus. C'est un travail de force mais très efficace. Est ce une mise en scène ou bien cette façon de faire est elle  systématique? Je n'ai pas eu de réponse satisfaisante, alors je me console en imaginant que la tradition à la vie plus dure qu'on ne l'imagine.



La suite est plus simple : les coupes étaient étalées sur le sol pour sécher naturellement au soleil. Aujourd'hui je suppose que les machines à laver et à sécher sont largement utilisées. 
le pont aux 33 arches  Allahverdi khan qui enjambe  le fleuve Zayandeh rud  qui traverse Isfahan coupant la ville en deux.
jadis les ghalamkar étaient lavés et rincés dans l'eau du fleuve.

- LE SCULPTEUR intervient pour graver les blocs de bois, en général en Iran on utilise le bois du poirier . Il reproduit les dessins sur des morceaux de bois appelé bloc ou timbre, puis il creuse en suivant le trait,  afin d'obtenir le motif en relief.  Il semble que la machine n'ait pas encore remplacée la main de l'homme.
Le bothé ou palmette est un motif traditionnel très souvent repris par les sculpteurs; en persan il signifie bouquet de fleurs; c'est aussi ce même motif que l'on retrouve en Indes et sur les châles du kashmir, en Occident on parle de motif cachemire.




-LE TEINTURIER prépare les matières colorantes. Aujourd'hui son travail est simplifié, puisque la plupart des ateliers utilisent des colorants chimiques


-L'IMPRIMEUR arrive en bout  de chaîne. La totalité du tissu est couvert de dessins dont seuls le contour a été imprimé en noir. Il faut ensuite les remplir de couleur. Un passage par couleur est nécessaire et entre chaque passage il faut compter un temps pour le  séchage. Il y a généralement trois ou quatre couleurs Selon la dimension de l'article à imprimer, l'imprimeur peut frapper entre 500 et 4000 fois sur un timbre. C'est la raison pour laquelle le tranchant de sa  main est équipé d'une protection  de cuir maintenue par un bandage en coton.




















Il pose son bloc préalablement imbibé de matière colorante sur le tissu et à l'aide du tranchant de sa main  il assène un coup sec sur le bois afin que le dessin et la couleur soit en contact sur toute sa surface avec le tissu. Pour amortir le choc le tissu est posé sur une superposition de couvertures de feutre. L'opération se poursuit  jusqu'à ce que tous les dessins soit colorés.

LES PETITES MAINS
Je n'oublie pas ces gens,  ceux qui travaillent dans l'ombre, ici on dirait plutôt au soleil, 
Ils sont les premiers et les derniers maillons de la chaîne. Ils commencent par  décatir les tissus, puis lvont  mettre le point final au travail en lavant et en rinçant le tissu imprimé afin de fixer les couleurs. 
J'oubliais dans cette liste la main d'œuvre féminine.  Les ghalamkar sont reconnaissables non seulement aux motifs imprimés mais également aux franges nouées qui terminent  deux ou quatre cotés  des coupes, Travail fastidieux, répétitif  dévolu aux femmes  






  FINITION : LA GRANDE LESSIVE
.
Autrefois toutes ces opérations de lavage se passaient sur les rives du fleuve Zayandeh rud
 aujourd'hui il est malheureusement à sec 11 mois par an, il faut donc sortir de la ville pour laver et rincer les ghalamkar. Des grands ateliers se sont installés dans la banlieue afin de traiter dans des machines à laver  quasi industrielles  toute la production locale.
Les colorants chimiques utilisés  aujourd'hui pour imprimer les cotonnades sont néfastes pour l'environnement et si le fleuve retrouve un jour son niveau d'eau  d'antan,  jamais plus on ne verrait les artisans laver et rincer les tissus dans la rivière car la pollution des eaux serait inévitable.

Après être passé entre  les mains des artisans les coupes imprimées   vont subir une série de lavages/ rinçages afin de fixer la couleur.


Elles sont plongées pendant plusieurs heures dans de grandes cuves d'eau chaude, où elles sont remuées à l'aide de grands batons




elles sont  ensuite emmenées au bord d'une rivière  où elles sont jetées dans un bassin et laissées dans l'eau courante  pour être rincées .
 t

rinçage en eau courante

essorage


sechage

La dernière opération  avant la mise en vente consiste à laisser sécher les tissus au soleil sur les rives de la rivière  pendant  quelques jours en été afin d'adoucir les couleur, puis en hiver ils sont à nouveau exposés au rayon du soleil pendant plusieurs semaines, ainsi les couleurs seront solides
Je ne sais pas combien de temps encore ces opérations seront réalisées dans le respect des traditions. Pour les plus belles pièces elles perdurent mais  pour le tout venant, les  machines remplacent les hommes au moins pour les opérations de lavage et de séchage. Le cout de la main d'œuvre moins qualifiée devenant un handicap pour la commercialisation.


Un petit retour historique
Si aujourd'hui on redécouvre cet artisanat, au XVIIeme siècle  les indiennes et les persiennes importées en France par les compagnies des Indes connurent un vif succès ce qui  engendra des protestations de la part des artisans et fabricants français qui jugèrent  cette concurrence déloyale, leur commercialisation fut alors interdites par la loi. Mais cette interdiction fut détournée par de nombreux "indienneurs" qui installèrent leur manufactures dans des régions ou des pays dans lesquels cette loi n'était pas appliquée . L'Alsace et la Suisse surent tirer profit de cette interdiction offrant asile aux expatriés économiques. Au XVIIIeme siècle, cette loi fut abrogée.  C'est un allemand nommé Oberkampf qui installa en France à Jouy en Josas une manufacture d'impression sur tissus. Il connut un beau succès commercial avec ses toiles de Jouy.



A SUIVRE

mardi 24 octobre 2017

LE GHALAMKAR : COTON IMPRIME AU BLOC DE BOIS SCULPTE


LA FABRICATION DU GHALAMKAR AU XXIeme SIECLE (SUITE)

Dans la région d'Isfahan la  fabrication des tissus imprimés au bloc n'a jamais cessée depuis le XVIeme siècle. Manteaux, vestes,  nappes,  tapis de selle, couvertures de chevaux,  sacs,  rideaux, dessus de lit... Les cotons imprimés sont en 2017 des articles utilisés par les iraniens au quotidien. Nous sommes allés dans un restaurant installé  dans un ancien hammam, situé dans le quartier iranien d'Isfahan Jolfa et les tables étaient garnies de nappes de imprimées au bloc.






















QUAND LE BLOC DE BOIS SCULPTE REMPLACE LE KALAM

Au XVI eme siècle les toiles peintes ou persiennes  furent victimes de leur succès. Le temps ne comptait pas,  la lenteur  d'exécution était un présage de qualité, jusqu'au moment où il devint un obstacle à la commercialisation des articles. Trop de commandes et   un travail qui nécessitait  beaucoup trop de temps Il fallut trouver un moyen de  produire plus rapidement  et plus économiquement. Graver les dessins en reliefs sur  des blocs de bois  qui une fois enduits d'une matière colorante seraient appliqués sur la toile de coton, fut la solution

ma collection est plus réduite.  
magnifique collection de blocs dans l'atelier d'impression que j'ai visité dans le bazar d'Isfahan

DE LA PIECE UNIQUE A LA SERIE, DE L'ART A L'ARTISANAT
Le travail était plus rapide et économiquement  plus rentable..C'est une équipe composée d'au moins trois intervenants essentiels  (graveur, teinturier, imprimeur)  qui  œuvrait dans les ateliers, chacun ayant un role bien déterminé dans cette chaîne.
Ce travail répétifif répond cependant aux critères de l'artisanat. La main de l'homme grave le bois et  une autre main  va  préparer les colorants cependant que le dernier manipule  le "bloc de bois sur la surface textile", la différence entre tissu peint et tissu imprimé est cependant perceptible. Le ghalamkar  moderne est  un  multiple et non un original, j'ose la comparaison entre une peinture et une lithographie.
Le commerce suit des règles immuables hier comme aujourd'hui les imprimeurs proposent des qualités  et des tarifs différents. 
Une nappe, selon ses dimensions  peut être tamponnée entre 600 et 4 000 fois,  le support peut être une percale ou un simple calicot.  La  finesse de la gravure sur bois, la complexité du dessin sont des indices de qualité.  Chaque article sortant des ateliers est "tamponné" sur l'envers  c'est la marque de fabrique de l'entreprise qui est imprimée, sa carte de visite indélébile, avec un bloc de bois  bien sûr.


tampon réalisé sur l'envers d'une nappe en Octobre 2017

tampon réalisé sur une nappe achetée en 1970 dans une brocante en Floride!

















LES COULEURS
Aujourd'hui même si sur une étagère de l'atelier  trônent des bocaux  qui contiennent des matières
colorantes naturelles, les artisans utilisent des produits chimiques, autrement comment pourraient ils vendre leur production à des prix si bas? Le safran pour le jaune?

Personne n'est dupe, le prix du gramme dépasse celui du caviar, voir de l'or.....le lapis lazuli pour le bleu? pas plus crédible...


Dans un coin de l'atelier des bocaux contiennent des pigments  naturels   jadis   utilisés pour imprimer les Ghalamkar mais ils n'ont pas été ouverts depuis longtemps, c'est le coin musée qui donne un air de d'authenticité à l'ensemble des articles exposés dans l'atelier /boutique  Le commis connait par cœur le nom des plantes qui entrent dans leur composition et il les présente avec une sorte de fierté en français et en anglais à chaque fois qu'un touriste visite l'atelier. Mais l'impression est aujourd'hui réalisé avec des colorants chimiques la plupart du temps,   quelques exceptions demeurent bien sûr, le prix est alors à la hauteur de la rareté des produits. Ceci n'enlève rien à la qualité du travail des artisans qui suivent à la lettre les différentes étapes de fabrication d'un ghalamkar.


A SUIVRE