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mercredi 27 avril 2016

LOCAVORE/LOCAWEAR : VERS UNE CONSOMMATION INTELLIGENTE


Au Moyen Age, Hieronymus Bock, botaniste émérite écrivait :" il me semble qu'on pourrait produire des tissus à partir des plantes qui poussent chez nous, mais hélas ! Seuls sont appréciés les produits importés d'Arabie et d'Inde".

Il pensait probablement aux étoffes de soie. Les  prémices  de la mondialisation se faisaient déjà sentir, mais rares furent ceux qui s'en préoccupèrent
Aujourd'hui l'industrie textile est empêtrée, enchaînée pieds et poings liés aux sources d'approvisionnement  souvent lointaines et parfois incertaines.
Il ne s'agit pas de revenir au temps des cavernes,  je  pose simplement un regard bienveillant sur des richesses enfouies dans nos mémoires et dans la terre. 
Développer les énergies renouvelables ? Bravo , mais dans ce cas pourquoi délaisser l'industrialisation de certaines fibres végétales La sagesse voudrait que l'on utilise d'abord ce qui existe. Et si  on s'intéressait de plus près aux fibres naturelles locales. Avec les techniques nouvelles il est possible  de transformer en fibres textiles des matières premières naturelles et de les exploiter industriellement. Je pense bien sûr à la tourbe textile  et au chanvre. 
Laisser tomber la tourbe textile, un trésor qui dort dans les tourbières de   l'Europe du nord, aller acheter en Russie le chanvre qui pourrait être cultivé en France, traverser des milliers de kilomètres pour acheminer des fibres de l'ortie blanche alors que l'ortie verte pousse chez nous sans modération, c'est un énorme gâchis.
Les aficionados de la prévention de la nature, ceux qui luttent pour un monde plus vert, plus écologique, plus naturel  imaginent ils un instant que l'univers textile pourrait  être "plus verdoyant" moins chimique, moins polluant, moins allergisant.  La mondialisation et la modernité conduisent à l'uniformité. A n'en pas douter des alternatives plus écologiques existent,  il suffit de se donner la peine de les chercher.

MISE AU POINT
Il convient de faire la part des choses. Tout n'est pas aussi simple qu'il n'y parait, les bonnes fibres d'un côté et les mauvaises de l'autre. Les fibres chimiques  sont devenues indispensables. Notre quotidien ne pourrait pas s'en passer.  Il ne s'agit pas de jeter l'anathème sur l'une ou l'autre, il s'agit de faire le bon choix pour chacun d'entre nous. Les tissus  a base de fibres chimiques ou naturelles ont chacun des avantages et des inconvénients, des qualités et des défauts mais surtout des utilisations spécifiques. 

Les fibres textiles ne sont pas un danger potentiel pour notre santé, par contre c'est la manière dont elles sont "améliorées"  techniquement qui peut jouer les troubles fêtes  ; on utilise un terme technique pour ces traitement  c'est l'ennoblissement. Ce mot est trop beau pour être honnête.
Parer un tissu de qualités supplémentaires est considéré par les fabricant comme un atout , un avantage pour le consommateur. Cependant la poudre de perlin-pinpin qui rend un tissu  imperméable ou qui facilite son repassage (easy care) est généralement composée d'agents chimiques qui eux  peuvent être la cause de bien des désagréments, surtout pour les personnes souffrant d'allergies. 
L'important c'est de se connaître et de connaître les fibres qui constituent la base du vêtement afin de limiter les risques.
Ces  modifications chimiques s'appliquent plus souvent aux fibres naturelles qu'aux fibres chimiques. L'ennoblissement c'est l'équivalent des compléments alimentaires, ils sont utilisés pour doper les qualités intrinsèques des tissus, et pour simplifier la vie des consommateurs et augmenter les ventes.

A SUIVRE LES TISSUS A BASE DE TOURBE, DE CHANVRE, D'ORTIE

mardi 26 avril 2016

N°2 LA MODE : UN ETAT DES LIEUX


RETOUR VERS LE FUTUR

Reprendre les vieilles recettes, c'est se cacher dans les jupes de notre passé. Ce manque d'inspiration est désolant. Posons nous la question du succès des friperies.  Lorsque l'on circule dans les rayons des grands magasins les baby boomer  ont vraiment l'impression de retrouver leur  vestiaire de jeunesse ...  j'ai conservé quelques vêtements de mes 20 ans,  pour le fun pour des soirées déguisées, mais je crois que  si ma  petite fille les portait aujourd'hui dans la rue, elle ne serait pas démodée. Les rayons des dépôts d'Emmaus rivalisent avec ceux des magasins  traditionnels
collection Monnoprix  début avril 2016. 
Pourquoi chercher dans les souvenirs alors qu'on devrait se tourner résolument vers le futur?

Est ce par désir de revivre une période heureuse, insouciante celle des "30 glorieuses"que les industriels veulent transmettre à nos enfants et petits enfants? Le flower power, même revu et corrigé n'est  que factice  dans les défilés des grands  noms de la couture...On voudrait y croire, mais voilà c'est du surcyclage, tout au plus de la customisation sans spontanéité ni émotion bref sans sentiment. Si l'on fait un parallèle avec l'alimentation la mode aujourd'hui c'est comme un produit surgelé,  n'a pas la saveur d'un produit frais.

 ELLE du 27 mars 2016
Cette saison, les jeunes filles se sapent comme des grands-mères et les octogénaires deviennent icônes du style. Décryptage d’une tendance transgénérationnelle
PRECURSEURS ET SUIVEURS
Nous vivons dans un monde où l'apparence compte, mais l'espace de liberté n'est qu'illusoire pour les adeptes de la mode. Il faut avoir la volonté d'aller à contre courant de la tendance, oser détourner des diktats au risque d 'être mis au ban d'un groupe, imposer sa personnalité à travers le vêtement, trouver son style et le conserver ce n'est pas jouer la facilité. Dans l'histoire de la mode, quelques  fortes personnalités ont pu exprimer à travers le vêtement le peu de cas qu'elles faisaient de la mode ou bien conscientes de leur pouvoir elles sont devenues des lanceurs de modes

Quand l'audace des uns devient le quotidien des autres


Picasso en 52


    

Pub pour Petit bateau 2016









 LE COSTUME TRADITIONNEL EN PASSE DE DEVINIR UNE PIECE DE MUSEE

Au niveau de l'habillement et de l'alimentation la mondialisation est un phénomène qui   qui uniformise le style, qui gomme les différences, mais elle permet aussi à un grand nombre de terriens de se vêtir plus facilement
 Les grandes enseignes qui se partagent  le marché au niveau planétaire lancent des collections qui bousculent les  codes et les traditions. 
La présence d'Uniqlo, de H et M ou de Zara de Pékin à Strasbourg, la possibilité de faire ses achats sur internet avec livraison à domicile,tout cela facilite le commerce et les échanges mais modifie l'équilibre des  habitudes vestimentaires. Le costume traditionnel se transforme en habit folklorique revêtu pour les fêtes ou pour faire plaisir aux touristes. Il sent la naphtaline. L'authenticité n'est plus à l'ordre du jour. La transmission d'un certain patrimoine culturel est remise en question  
des costumes  de pacotille juste  pour la photo avec les touristes : à Salvador da Bahia Brésil

LE CHAMBOULEMENT
 C'est un gâchis monumental. Le jean  et les baskets sont ils responsables de tout? Non bien sûr c'est une question de priorité et de comportement individuelle. La liberté de choisir son vêtement autorise le mélange des genres, mais attention à la  perte de repères. Bottes en été, pulls en coton et viscose dans les collections d'hiver, blouses en polyester pour le printemps...

Les vases communicants est un phénomène qui touche l'univers de la mode.
Le costume ethnique que les uns délaissent  au profit de l'uniforme occidental jean, baskets et t-shirt, les autres le reprennent au nom d'une certaine éthique.
Mais si l'erreur est humaine, ici elle est d'abord culturelle. L'adoption  d'une tradition  vestimentaire sans ces racines, sans le mode d'emploi c'est un détournement sans âme  Alors qu'a l'origine l'usage de certains codes vestimentaires revêtaient un sens quasi sacré.  Le tourisme à désacralisé bien des traditions.

L'HABIT UN PASSEUR DE TRADITIONS
Un produit local à besoin de  son écrin pour briller s'il est déplacé de son contexte  il perd son pouvoir de séduction. 

Il en va de même pour un vêtement.  Un écossais peut porter un quilt (avec ou sans caleçon) en ville avec une certaine élégance, le même article porté par un gallois devient ridicule. Les costumes  sont des coutumes, des habitudes, et quand ils changent de main ils s'adaptent avec difficultés. 

Je fais souvent le parallèle entre vêtement et alimentation et cette fois encore je trouve une certaine cohérence ou plutôt incohérence  qui colle avec le sujet traité

Les tramezzini dégustés à Venise n'auront jamais la même saveur que des tramezzini trouvés à Paris. Un sombrero à du charme à Mexico, il paraitrait déplacé sur la croisette, et pourtant il protège du soleil dans les deux cas. Pour concocter une bonne collection il faut de bon ingrédiens, et surtout un bon timing, ni trop en avance ni trop en retard, être au bon endroit au bon moment.


Les habits des uns deviennent "hits" pour d'autres, mais généralement ils sont livrés vide de sens. Combien de fois avez vous rapporter en souvenir d'un voyage un vêtement ethnique que vous n'avez jamais remis une fois rentré chez vous? Il servira un jour pour une soirée costumée. C'est une belle idée, organiser un bal costumé dont le thème serait :" habillez vous avec vos souvenirs de voyages...!" 


On frise le ridicule,  mais c'est voulu Dominique Lavanant dans Les bronzés
un habit d'emprunt



`` 
       l'emprunteur et l'emprunté : toute la différence

De Timphu à Otavalo, on remarque la similitude des  tenues vestimentaires.
Au Bouthan, dans la région de Timphu le jean pour le touriste et pour l'autochtone 

Sur le marché d'Otavalo en Equateur,  le jean est l'uniforme moderne  
Quelques exceptions confirment la règle, mais elles sont de plus en plus rares
Une famille indienne en 1998
en costume traditionnel 
Des parisiens en habits du dimanche 2007


Deux jeunes filles japonaises en promenade
en 2010




N°1 LA MODE : UN ETAT DES LIEUX

 LA MODE : 
Inutile de remonter à 1789 ou 1920. Quelques décennies et deux  ou trois générations,1950/2016, suffisent à valider l'idée que la mode " (du latin modus manière d'être) est un réel moyen d'expression. Imposée, suggérée ou libérée, la façon de se vêtir est le miroir à un instant donné d'une société, d'une époque, d'une région. 

LES MILLES ET UNES VIES DE LA MODE
Elle change, s'adapte, en passant par le long, le court, le noir, la couleur. Elle va, elle vient, elle part et revient au gré des vents politiques, économiques ou culturels. Parfois, elle provoque, souvent elle alerte, quelquefois elle influence mais elle n'est jamais insignifiante quoiqu'on puisse penser. La  mode adoptée par la rue, c'est à dire le prêt à porter doit être considéré comme un moyen  d'expression . Parfois volubile, parfois atone, la  tendance précède le mouvement.


Avril 2016 Paris : la tendance de la rue est au gris
. Ni tout blanc ni tout noir, une couleur neutre, sans passion, sans audace. Cette absence de contraste véhicule tout de même un message.


 LA MODE A SES PERIODES FASTES ET SES MOMENTS DE DESILLUSIONS 
Elle est créative, osée, troublante ou elle est morose, endormie, amorphe, déprimée, au choix. Longueur des jupes, présence ou non d'imprimés, largeur des revers, importance des épaules, couleurs...Des indices qui permettent  de dater les collections. Les années fastes les collections sont porteuses de message, les années frugales les collections sont ternes, pauvre en innovation. 14 juillet 1789, Louis XVI avait écrit sur son journal "Rien"
ce mot pourrait tout aussi bien trouver sa place pour définir les collections printemps été 2016 :Rien.
Ce n''est plus le cas aujourd'hui avec la tendance "revival" de 2016, les stylistes en sont réduit à faire un copié collé, pauvreté des imprimés, manque de créativité, un air de déjà vu.

1960 la liberté est totale,  le vêtement masque à peine le corps  de l'audace de la couleur c'est un moment  de  liberté que l'on retrouve rarement dans l'histoire que l'on peut rapprocher dans une certaine mesure de la mode sous le Directoire


XIX eme siècle

la mode un éternel retour!



XXI eme siècle


"Incoyable" mais vrai. Voici la tendance pour l'été 2016. Transparence virginale... Il fallait oser proposer ce retour,

 les formes se structurent,  Le corps sert juste de porte manteau. Une autre époque, plus de contraintes. C'est le vêtement qui dicte la forme du corps.
1980
Seriez vous capable de définir le style vestimentaire des années 2015/16?

Voici ce que les lectrices du magazine Marie Claire, numéro spécial mode pouvaient lire

"3 PIÈCES PHARES DE L’AUTOMNE-HIVER 2015/2016

1/ Le mini blouson biker : Pour l’hiver, le blouson de biker s’adopte dans sa version mini. Porté à la manière d’un boléro, il vient souligner une silhouette sans la casser. Classique, glamour, ou branché, il complète à merveille n’importe quelle petite robe !


2/ La jupe midi : Son style rétro chic évoque les jupes des années 40. Quelle soit portée avec un esprit bourgeois bohème, "Mad Men" des temps modernes, ou vintage baroque,  elle offre une élégance néo bourgeoise, qui upgrade à tous les coups votre silhouette.


3/ La robe bohème : Elle est une des pièces phares de l’hiver 2015-2016. Incontournable de la tendance années 70 elle s’affirme comme un modèle de féminité et de légèreté. Unie ou imprimée, elle habille avec subtilité et romantisme la silhouette.

Ba&sh Printemps-été 2016




RECYCLAGE, SURCYCLAGE, CUSTOMISATION : UNE NOUVELLE MANIERE DE S'HABILLER
Des remix, des revenants, mais pas vraiment l'éclosion d'un style précis. Cela est un peu le reflet d'une société qui ne sait pas où elle va, qui perd ses repères ou qui en cherche de nouveaux, nous sommes au creux de la vague, attendons le ou la styliste qui saura surfer et aller chercher le futur au lieu de revisiter le passé
La mode ne ment pas, elle traduit un état d'esprit et  celui  d'aujourd'hui il est  pessimiste.

A SUIVRE

vendredi 22 avril 2016

LA SLOW WEAR : UN VESTIAIRE PLUS SAVOUREUX, UN CONSOMMATEUR PLUS HEUREUX

QUEL MEILLEUR MOMENT POUR VOUS CONVAINCRE DU BIEN FONDE DE LA SLOW WEAR QU'UN 21 AVRIL "JOURNEE INTERNATIONALE DE LA TERRE NOURRICIERE"?
Engageons nous à faire de tous les jours un 21 Avril. 



QUAND (BIEN) SE VETIR DEVIENT UN ACTE CITOYEN 
Ou bien l'homme prend acte du désastre écologique annoncé à cause d'une consommation mal équilibrée et réagit solidairement, ou bien il participe à la destruction de la planète en pleine conscience. L'enjeu est de taille, à nous de jouer. 

DANS LA FAMILLE SLOW LIFE JE VOUDRAIS LA SLOW WEAR
Une nouveauté ? Non, une vision plus réaliste de l'état du monde qui nous entoure, une action concrète, un mouvement bénéfique pour l'environnement, la planète.  
C'est une manière de survivre, la mode n'étant qu'une manière de vivre.
La slow wear ou l'éloge de la lenteur touche notre quotidien à bien des égards et fait de plus en plus d'adeptes. Après la slow food, le slow travel, voici la slow wear.  Prendre le temps c'est prendre conscience de ce que l'on mange, de ce que l'on voit, de ce que l'on porte. 


LE  CONSUMERISME : UN POUVOIR A LA PORTEE DE CHACUN
Il s'agit d'un mouvement dont le but est de permettre aux consommateurs de jouer un   rôle au niveau social et économique. Oui, nous pouvons influencer le cours des choses. En tant que client, passons à la vitesse supérieure, devenons des consommateurs consciencieux.

UN REGIME VESTIMENTAIRE
Désormais, personne ne peut ignorer que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. A chacun de nous de faire un geste pour la planète. 

Et si nous commencions par consommer raisonnablement, avec intelligence et bon sens.  
Ce régime ne doit pas être une punition, au contraire, mais le résultat d'une réflexion. Adaptée à sa personnalité, la garde-robe n'en sera que plus savoureuse. Se sentir à l'aise dans ses baskets c'est d'abord faire le bon choix. Refuser de contraindre son corps à entrer dans le moule de la mode, prendre son autonomie en adaptant ses vêtements à sa morphologie est une attitude positive qui se transforme en habitude.

UNE ENVIE DE NATUREL
Cet élan vers la nature que recherche les citadins, ce désir de faire entrer la campagne dans la ville, cet engouement pour le "bio", l'idée de consommer moins mais mieux, ces signes de désamour des produits formatés sont pris au sérieux par les industriels. Les clients de plus en plus exigeants réclament des produits de qualité, issus d'un commerce équitable, une moralisation de la fabrication.    


Le changement des mentalités n'est encore qu'un frémissement mais il à déjà des incidences sur l'économie et la culture. Ces voix qui dénoncent la sur-consommation 
qui prônent des circuits courts et l'abandon des pesticides, l'interdiction des teintures dangereuses, font l'objet d'un grand nombre d'articles et de chroniques dans les médias.

JOINDRE L'ETHIQUE A L'AGREABLE
The american way of life, le gaspillage, la sur-consommation, c'est fini.
De gré ou de force, nous serons obligé de passer à autre chose. Une nouvelle ère s'impose à nous, ne laissons pas passer l'opportunité de  modifier à temps notre mode de vie, avant les contraintes induites par une mauvaise gestion de nos consommations. 
L'éthique est un terme moins péjoratif que la morale mais le sens est  similaire. Vous remarquerez qu'il fait désormais partie du vocabulaire des publicitaires. Je souhaite qu'il devienne plus qu'un simple mot. Nous sommes responsables du devenir de la terre, alors toutes les tentatives qui visent à sauvegarder les ressources sont les bienvenues : vivons, mangeons, habillons-nous simplement avec bon sens.  Les industriels suivront le mouvement amorcé par les  lobbys des consommateurs.

QUAND COMMERCE RIME AVEC DEONTOLOGIE
Certaines enseignes prennent le train en marche comme H&M qui surfe sur le commerce Eco-responsable. Une façon de doper ses ventes plus insidieuse. 


La World Recycle Week vise à changer les mentalités en matière de vêtements.

                LA RESPONSABLE DE LA DURABILITÉ CHEZ H & M, ANNA GEDDA

En fait, la marque se donne bonne conscience en misant sur le mode CONSCIOUS.  Elle ne change pas grand chose à son fonctionnement , elle renvoie la balle à ses clients qui doivent faire la démarche de rapporter leurs vieux vêtements. C'est une incitation à peine voilée à faire place nette dans leur dressing pour pouvoir le remplir à nouveau avec des articles en vente dans les magasins H & M. J'ai constaté que l'espace dédié aux produits Conscious est proportionnellement au reste des marchandises extrêmement réduit, Beau coup marketing, chapeau bas messieurs, mais c'est un début qu'il convient de saluer, même si tout n'est pas parfait.
D'autres marques se lancent dans le sauvetage industriel. C'est le cas de Living Blue qui essaie de relancer la culture de l'indigo au Bangladesh.  

 

Qu'en termes choisis cette  entreprise communique, bonne accroche du public, belle plaquette de présentation. Cette initiative est soutenue par l'ONG CARE et LES GALERIES LAFAYETTE. Ces qui crédibilise l'aventure de Ethiquement mode.  
Souhaitons leur bonne route. J'aimerais qu'une telle initiative soit prise en France pour redévelopper une industrie qui fut jadis un fleuron de notre pays : la culture du chanvre. 

MOINS MAIS MIEUX
Cet élan vers la nature que recherche les citadins, ce désir de faire entrer la campagne dans la ville, cet engouement pour le "bio", l'idée de consommer moins mais mieux, ces signes de désamour des produits formatés sont pris au sérieux par les industriels. Les clients de plus en plus exigeants réclament des produits de qualité, issus d'un commerce équitable, une moralisation  de la fabrication.    
Le changement des mentalités n'est encore qu'un frémissement mais il à déjà  des incidences sur l'économie et la culture. Ces voix qui dénoncent la sur-consommation, 
qui prônent des circuits courts et l'abandon des pesticides, l'interdiction des teintures dangereuses, font l'objet d'un grand nombre d'articles et de chroniques dans les médias.

RETRO PEDALAGE OU JUSTE EQUILIBRE
Cette méfiance du produit industriel traduit le rejet de l'uniformisation, un avatar de la mondialisation. Le mouvement Art and Craft initié par W. Morris au 19e siècle n'est pas mort. Comment produire du beau accessible à tous ?  A cette question, le monde de l'industrie d'hier et celui d'aujourd'hui tentent de répondre. Les solutions sont évidentes mais avons-nous la volonté de changer notre mode de vie ?  Pour certains, ce serait perdre ce pouvoir.
L'idéal ? Une production artisanale en quantité industrielle ! Irréaliste ? Pas si sûr. 
Si la révolution industrielle du 19e siècle participa inévitablement à la chute de l'artisanat dans les pays occidentaux, il arrive parfois que des soubresauts éphémères agitent les sociétés, incitant les hommes à revenir à des vraies valeurs, à consommer autrement. Ne serait-ce pas ce moment que nous vivons ?

VIE ASSOCIATIVE, UNE IDEE QUI FAIT SON CHEMIN

En 2016, des stages d'initiation au jardinage ont lieu sur des terrains abandonnés en ville, les produits issus de l'agriculture biologique ou du commerce équitable se multiplient, on tente de stopper le gaspillage. Il est de bon ton de redonner une seconde vie aux produits que l'on cesse d'aimer avec la multiplication des boutiques seconde main, on privilégie la vie communautaire en partageant les savoir faire entre voisins, le co-voiturage etc.
La slow life que certains désignent comme un mouvement nouveau n'est-elle pas une réactivation d'un mouvement qui fit les beaux jours des années 70 ? 

A SUIVRE LES RACINES DE LA SLOW WEAR

vendredi 1 avril 2016


CUISINE ET INDEPENDANCE
 Les nouvelles tendances culinaires redonnent vie aux légumes oubliés. Les grands chefs étoilés ne sont plus les seuls à proposer des potages de topinambours ou des mousses de rutabagas. L'univers culinaire citadin s'enrichit avec l'apparition de la bistronomie, contraction entre bistro et gastronomie. Ces établissements proposent une cuisine que les amateurs d'aventures culinaires et de mélanges des genres prennent plaisir à déguster avec, en prime, une addition modérée.

TENDANCES :  MOI MOCHE MAIS DELICIEUSE
Certains maraîchers se sont engouffrés dans cette aventure de la slow culture, plus authentique, plus proche du consommateur, moins productive mais tellement plus goûteuse. Ils "élèvent" avec passion des légumes hors normes : les tomates ne sont plus calibrées, les carottes ne sont plus lavées mais vendues "sablées", les concombres tordus sont les bienvenus.

 Le but est de manger des produits récoltés au bon moment,  qui ont le juste goût,  à la bonne saison et avec un circuit court. 
J'ai eu le plaisir de rencontrer monsieur Asafumi Yamashita et de visiter  en sa compagnie un potager de rêve.  A l'écart de Paris, dans un coin de campagne des Yvelines, il fait sortir de terre des produits magnifiques extérieurement et intérieurement .

Pour chaque légume, il a une attention particulière : un regard bienveillant sur la floraison de son cerisier, il semblait comblé par la belle couleur que prennent les courgettes, s'inquiétait de la présence d'une chenille sur les feuilles de ses petits pois. Il a l'œil, rien ne lui échappe, c'est son métier et il le fait bien. Monsieur Yamashita ne cultive pas n'importe quoi pour n'importe qui. Ses productions alimentent les plus belles tables parisiennes. Loin de la ville, il cultive son jardin avec passion et savoir faire. Une émotion comme la sienne se transmet aussi dans le produit. La dégustation qui suivit mit mes papilles gustatives en émoi. Un simple morceau de carottes craquant sous la dent développait un arôme délicat, une feuille de salade se révélait être un morceau de bravoure et son fameux navet juteux et savoureux, exquis comme un bonbon. La saveur sucrée et tendre des petits pois, je l'avais oubliée. Et si tout cela n'était pas qu'un rêve ! Pas du tout. L'aventure de cet homme est bien réelle. Pour moi, la tomate ou le navet de ce maître artisan maraîcher, qui fait du sur mesure, du cultivé main, des pièces quasiment uniques, quelques dizaines de navets tout au plus et quelques unités de melon, est l'équivalent de vêtements Haute Couture. Alors, sacrilège ou pas, Monsieur Yamashita pourrait- il être un "Grand Maraîcher" comme Monsieur Dior fut un Grand couturier ?
Soutenir l'artisanat, c'est permettre la transmission d'un savoir faire magnifique que l'on trouve dans tous les domaines et sur tous les continents.

ETOFFES NON FORMATEES
Pour moi, la frontière entre la consommation des aliments et celle des articles textiles est à peine perceptible. Je ne mangerai pas tous les jours un pull en cachemire ou un pantalon en coton, je ne m'habillerai pas davantage avec une laitue pour jupe ou une robe en chocolat ; l'enjeu est plus sérieux que cela.
Remettre en scène les fibres naturelles délaissées au profit des fibres chimiques n'est pas vouloir supprimer le progrès mais diminuer les effets nocifs de la mondialisation. Il est possible d'établir une cohabitation entre la nature et la technique ! Saviez-vous que les fibres végétales ou animales sont bien plus complexes que bon nombre de fibres chimiques ? 

fibre de laine


A DEUX PAS DE CHEZ NOUS

Bio ou pas, les fibres végétales ou animales sont à bien des égards parfaitement adaptées au climat dans lequel elles se développent. Autrement dit, porter du coton en Alaska ou du polyester à Madagascar c'est comme manger des cerises du Chili à Paris au mois de novembre. Si l'homme voulait faire un petit effort et réfléchir avant de consommer, ce serait un immense progrès. Vivre en osmose avec  les saisons, s'alimenter  avec intelligence et en pleine conscience, se vêtir au moins au quotidien avec des produits mieux adaptés au climat et à la morphologie de chacun.
  
Cherchez l'erreur : robe d'été et bottes en cuir !

DIVERSIFIER LES PRODUITS
Si aujourd'hui le consommateur aime la diversité, s'il recherche le goût véritable, s'il privilégie l'authentique dans l'alimentation, pourquoi passer sous silence nos racines textiles ancestrales. Un retour aux fibres naturelles délaissées, insoupçonnées ? Une quête improbable ? Peut être pas ! Le mélange des genres est aussi bénéfique en matière de textile.



L'originalité d'un vêtement tient non seulement à la forme, mais aussi à la matière ce que l'industrie oublie trop souvent. Une aubaine pour les boutiques qui commercialisent des articles textiles hors normes et un formidable avenir pour les artisans qui travaillent des tissus que l'industrie délaisse.

DECRYPTAGE
Les mots perdent de leur puissance. Ce qui était vieux devient ancien, ce qui est millésimé est désormais baptisé vintage. 

Ce terme fourre tout désigne aussi bien un objet de décoration, une voiture de collection, un bijou  ou  un vêtement.
Bien que ce terme soit plus vendeur que fripe, en ce qui concerne les articles textiles, n'est pas vintage qui veut. 

A SUIVRE

LA POSSIBILITE D'UNE FIBRE : L 'ERIOPHORUM VAGINATUM, LA TOURBE, L'HINOKI, L'APOCYNE......

jeudi 31 mars 2016

UN VESTIAIRE DANS L'AIR DU TEMPS

Quoi de plus naturel, de plus abstrait, de plus léger, de plus transparent,  de plus invisible que l'air (pur) ? Quoi de plus essentiel que l'air (pur) ?
Nous sommes capables de détecter toute cette subtilité véhiculée par l'air. Il change au gré des saisons, tout comme notre garde robe.  N'avez-vous jamais constaté que, hors des villes, l'air d'automne sent la mousse, les champignons, il nous met en appétit. L'air d'hiver est vif, frais, cinglant. Il rougit nos joues et gèle nos mains. L'air du printemps, délicieusement réchauffé par les doux rayons du soleil, caresse amicalement notre peau. Enfin l'air d'été, mine ne rien, l'air de ne pas y toucher, disperse à tous vents les fragrances des fleurs qui dessinent des guirlandes dans nos campagnes. Toutes les saisons ont des couleurs, notre vestiaire aussi.

Cependant, bien que l'homme empoisonne tous les jours un peu plus ce cadeau de la nature, il  n'a de cesse de le conserver intact, inodore, insipide, impalpable, comme au premier jour de la création.
Mais comme le pire n'est jamais certain, je sais qu'il existe encore des lieux d'une pureté primaire : j'en ai personnellement découvert deux.
Le premier est au Pérou. Sur les bords du lac Titicaca situé à 3600 m d'altitude, j'eus l'impression  que le ciel était à portée de main. Rien entre les étoiles et le bout de mes doigts sinon un espace vide et incroyablement transparent. Un air limpide, oui limpide. Cette pureté se sent et se voit. C'est une impression extraordinaire, difficilement explicable. Voir l'invisible semble absurde et pourtant je garde en mémoire une sorte de vide très présent.
Le second fut en Afrique du sud sur la pointe sud, à l'extrémité du continent africain, à portée de vue du "cap de Bonne Espérance” après plus rien que l'eau, l'eau et les glaciers très loin encore, le pôle sud. A cet endroit précis j'ai senti l'air, l'air pur, l'air qu'aucun autre humain n'avait respiré, l'air qu'aucun humain n'avait pollué venu tout droit des glaciers du sud. Je l'ai senti, non ressenti. J'en ai rempli mes poumons à en éclater, j'ai inspiré comme jamais, à vouloir prendre des réserves pour l'année. Une odeur de frais, de délicieusement naturel, avec un soupçon de je ne sais quoi de particulier, difficile à cerner, et encore plus difficile à décrire, peut être quelque chose qui dépasse la dimension humaine, l'espace infini.

Et les tissus dans tout cela me direz vous ? J'y viens. En les côtoyant quotidiennement, j'ai constaté qu'il existait des correspondances entre les étoffes et les forces naturelles qui nous entourent : ces quatre éléments essentiels sans lesquels la terre ne serait pas notre planète bleue : l'air, le feu, la terre, l'eau.
Ce sont les philosophes grecs qui sont partis d'une hypothèse selon laquelle tous les matériaux constituant le monde seraient composés de ces quatre éléments ; les étoffes seraient donc aussi concernées.
Après ce bon bol d'air, cette ballade au bout d'un monde, je me propose justement d'associer air et textile.
L'air c'est l'espace, l'infini ; ce devrait également être la pureté. Quels sont les tissus qui correspondent à ces idées? A priori des étoffes invisibles, claires, légères, immatérielles, et curieusement muettes, jamais un frou-frou plus haut que l'autre. Muettes je vous dis les mousselines et autres organza. Un courant d'air entre les plis d'un voile n'aura qu'une répercussion visuelle. Le calme et la sérénité sont des qualités que peuvent revendiquer ces étoffes dans le vent.

Comme l'air que nous respirons, ces étoffes jouent un rôle primordial dans notre quotidien. Elles habillent, protègent, préservent, décorent, embellissent, séduisent, parent, magnifient leur environnement immédiat. Des tissus aériens, transparents, légers, frissonnants, immatériels, les voilà qui bougent au gré du vent, les voici qui font le dos rond lorsqu'ils se remplissent d'air. De l'air, de l'air de l'air!!!

La plus simple des étoffes est la toile. Une toile fine et opaque, voire transparente : c'est le voile. Zénana, zéphyr, linon, baptiste. Quel que soit le nom qu'on lui donne, le voile frissonne au moindre souffle d'air, il habille nos fenêtres, nous protège des rayons du soleil. C'est lui qui masque le visage de la jeune mariée, qui cache les larmes des veuves.
Le voile est un écran imperceptible qui vole, masque, cache, suggère. Il aime l'air, il est proche de la nature, il incite au silence, il a la légèreté de l'insouciance, il est comme l'air, libre de ses mouvements, de sa gestuelle, il est authentique dans les matières naturelles, technique lorsqu'il est en fibre synthétiques.

Un autre tissu aérien sans doute plus précieux que le précédent : la mousseline ou chiffon selon l'appellation anglo-saxone. Tissage ambigu dont l'aspect est dépendant de la matière. La mousseline tient dans le creux de la main, elle est docile, inerte, presque invisible. Mais si elle affole les couturières les plus aguerries, c'est parce qu'elle cherche par tous les moyens à s'échapper de l'aiguille de la machine à coudre, sa finesse extrême la rend indomptable et la travailler devient un exploit. Le résultat en vaut la peine, la mousseline réchauffe avec une élégance ultime notre cou ; elle devient sensuelle lorsqu'elle se fait sous-vêtement ; pudique lorsqu'elle habille un décolleté, un rien coquine quand elle se transforme en déshabillé. La mousseline de soie est une acrobate de tout premier ordre lorsqu'elle accède à la liberté, elle tournoie dans les airs, s'épanouie dans le vent avant de retomber dans le silence absolu sur la terre ferme. Même pas mal, toujours impeccable.
  
Un petit troisième ?  La toile de parachute aussi dénommée toile de spi. Ce tissu est magnifié dès qu'il ne touche plus terre, il revit dans l'air, il prend ses aises, il s'enfle, gonfle mais n'éclate pas. Autrefois en soie au tissage très serré ne laissant pas passer l'air, il permettait aux parachutistes de freiner leur chute, voire de planer dans les airs. Aujourd'hui, le polyamide permet d'obtenir des tissus légers, solides, colorés souvent utilisé pour fabriquer de magnifiques cerfs volants et des voiles de bateaux.

Et pour finir je ne résiste pas au plaisir de vous présenter le prince des tissus : l'organza. 
C'est un fil de soie non décreusée qui confère une certaine raideur à cette étoffe. Elle est rare dans le prêt à porter, utilisée avec parcimonie dans la haute couture, difficile à travailler car il n'accepte pas le repentir. Le tissu autorise des modèles tout en volume, il emprisonne l'air dans ses plis cassés, il se sculpte. Il bouge avec brutalité et s'étale comme une nappe de brouillard, sans bruit, dans un souffle fantomatique. L'organza est indomptable, incontrôlable sur terre, mais il se révèle merveilleux en apesanteur. Il lui faut de l'espace pour exprimer sa beauté. Impossible de le contenir, il explose comme un pantin dès que l'on ouvre la boite ou la main.


Ces rencontres textiles n'ont d'autre but que de vous faire découvrir combien cet univers est  passionnant. De découvertes en découvertes, vous allez vous familiariser avec ces fibres qui jalonnent votre quotidien. Mieux les connaître c'est aussi prendre plaisir à  les choisir.
Je vous souhaite de devenir tissus addicts et alors, bienvenue au club !