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vendredi 6 décembre 2019

UN JOUR UN TISSU : LA MOIRE

MOIRE

Moire est la déformation du terme anglais « mohair » lui même issu du mot  arabe
"moiacar"ou "moacar" qui désignait des tissus en poils de chèvre. On retrouve dans le mot « hair » au sens de poil en allemand et en anglais. Moire  entre dans la langue française au XVIIe siècle avec le sens détoffe chatoyante sans préciser  la matière utilisée.
Le moirage est un apprêt spécial que l'on donne à certains tissus à gros grains serrés comme lottoman , la faille ou le gros de Tours,  afin de leur octroyer un aspect changeant et chatoyant. 
Leur surface est ondée au moyen d'une calandre qui écrase  partiellement le grain de la trame . La déformation de la surface  provoque sous l'effet de la  lumière des  surfaces planes  réfléchissantes. Les rayons lumineux  donnent suivant l'inclinaison de la surface du tissu, et la matière textile des reflets  plus ou moins métalliques.
Lorsque lapprêt est factice, cest à dire quil sagit dun motif imprimé sur un support textile lisse,  il peut soit sestomper soit disparaître au contact de leau.
C'est d'Angleterre que vient la méthode pour "moherer" nous dit Savary  Jusqu'en 1754 l'industrie du moirage des étoffes était une technique exclusivement anglaise.
Sous le règne de Louis XV la moire fait son apparition dans la décoration murale. C'est 1754, que le gouvernement fit des offres avantageuses à un fabricant  anglais: Jean Badger qui les accepta et s'installa à Lyon afin de mettre au point un procédé pour exécuter les étoffes moirées.  En contre partie il eut la jouissance de l'établissement nouvellement crée. La ville tira également un bénéfice de cette installation,  au niveau de sa réputation de ville soyeuse.
La moire antique ou moire anglaise
Elle était réalisée au moyen d'une forte masse de pierre dont le fond était formé de lourds plateaux pesant de 3 à 4 tonnes chacun , agissant sur une plate forme solidement ancrée dans le sol. Mais comme on peut l'imaginer, les proportions incroyables de cette machine entrainaient de nombreux inconvénients. Sur la demande  de plusieurs fabricants  Vaucansson  fut chargé  par le gouvernement d'améliorer cette invention  afin de faciliter son utilisation et ce fut la création de la calandre cylindrique dans la forme d'un  laminoir composée de deux cylindres métalliques creux et lourds, munis intérieurement d'une barre de fer rougie (remplacée au fur et à mesure de la déperdition de chaleur)  
La moire française
Vaucanssson, "mécanicien" de génie en utilisant ce  dispositif de cylindre métalliques ou laminoir pour produire une pression suffisante qui écrase le grain du tissu obtint un  résultat ne fut pas identique à celui produit par la machine Badger, le dessin de la moire de Vaucanson ressemblait plutôt aux cercles concentriques, ronds et doux qui se propagent à la surface de l'eau lorsqu'on y lance un caillou, ce motif deviendra la caractéristique de la moire française : on dit que la moire est française lorsqu'elle présente des effets réguliers, circulaires dont on a préparé le tracé avec les dents d'une règle avant de laminer les deux pièces cousues l'une sur l'autre, entre deux cylindres chauffés en opposition à la première moire de Badger dite moire antique. (qui sera ensuite obtenue par une presse hydraulique) dont le dessin est aigu, comme les sommets déchiquetés des alpes  
En ce qui concerne la moire antique on devait replier le tissu sur lui même et coudre les bords de manière à maintenir chaque trame superposée à elle même. La moire est antique lorsque les effets sont dus au hasard sous la pression d'une énorme calandre et que sur plusieurs pièces de tissu ainsi traitées, aucun dessin n'est semblable(nuages, lignes brisées, ondulations.) La moire française offre les mêmes effets : formes arrondies donne le nom de moire ronde (imitant le contour que l'on remarque sur la partie intérieure de troncs d'arbre)
Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle pour que l'utilisation de plateaux à pression artificielle irrégulière permit une fabrication rationnelle C'est en 1854 que deux apprêteurs moireurs lyonnais les frères Vignet  aidés d'un mécanicien monsieur Barbet réalisèrent une machine dans laquelle les masses de pierre de la machine Badger et les cylindres de Vaucanson furent remplacés par des plateaux mobiles entre lesquels devaient être placés les rouleaux de tissu . Ces plateaux étaient destinés  à exercer sur les rouleaux à l'aide d'une vis une pression mécanique pouvant être augmente ou diminuée, au lieu d'une pression résultant de leur propre poids.
La moire musique
Le décor peut aussi être préparé pendant le tissage, par une suppression locale du parallélisme des trames obtenu par le peigne du métier dont les dents étaient mobiles. Le mouvement de chacune des dents était commandé par un cylindre gravé de motifs en relief (fleurs ou des dessins géométriques) ce qui entraine une déformation de la trame à chaque insertion de trame Ce procédé bien que donnant des résultats étonnants, et une richesse de décor inégalé par les nouvelles technologies, est aujourd'hui obsolète, car lent et ne s'appliquant qu'à une étoffe en petite largueur (0,70 m) il reste une démarche artisanale, que l'industrie ne peut prendre à son compte. C'est la similitude entre ce système de création d'une moire et celui d'une boite à musique qui a donné son nom à la moire musique
La moire galoche
Elle était obtenue par un ingénieux procédé d'enroulage. C'est aujourd'hui le nom générique qui désigne toutes les étoffes ayant subies ce traitement : soie mais aussi coton ou tout autre matière. On nomme aussi moirette un tissu léger à  reflets moirés.
Bien que le calandrage et le moirage s'obtiennent par des moyens similaires il est convient de différencier ces deux opérations :  le calandrage n'a d'autre but que de conférer une tension au tissu afin n'en aplanir sa surface alors que le moirage confère à un tissu uni originellement, des effets qui augmentent sont aspect décoratif.
Aujourd'hui bien que l'on continue à fabriquer des moires par calandrage, on peut très facilement "imprimer" le motif à l'aide de cylindres gravés de dessins imitant l'aspect d'une moire. Cela dit on peut se douter du subterfuge lorsqu'une moire présente une surface entièrement plate.


Parfois l'habit fait le moine, voir l'évêque et même le cardinal ... Qui ne pense pas à Richelieu peint par Philippe de Champaigne dans sa tenue d'apparat : robe de soie moirée rouge cardinal ? Le ruban des différents ordres de Chevalerie sont également en moire, ainsi que  lordre  national du mérite, en bleu céleste
  Au XVIIIe siècle, la moire était tendue sur les murs, recouvrait les lits. Sous l'Empire et la Restauration la moire fut largement   utilisée en ameublement.
Dans certains palais, les murs tendu de soie moirée et peinte, étaient à la mode au XVIII e_siècle. Ensuite, le tissu fut imprimé. Et le succès commercial aidant, les motifs  moirés furent appliqués au papier peint .
Dans notre conception moderne de la décoration, les tissus moirés restent toujours liés à  une décoration de style. Cependant, les effets superbes de la lumière en font de magnifiques rideaux : si ce sont des tissus synthétiques blancs, ils peuvent remplacer des voilages ; la lumière passe à travers irrégulièrement et 'effet est étonnant . Parfaitement adapté à un intérieur contemporain. Il ne faut pas systématiquement  se désintéresser de ce qui est beau sous prétexte que c'est  démodé,  trop connoté "style". A vous d'ouvrir  les possibilités, de proposer de nouvelles utilisations et de lancer une autre mode.

mardi 3 décembre 2019

JE REVIENS LES BRAS CHARGES DE TRESORS TEXTILES

Après quelques mois plutôt pauvres en parutions, je reviens les bras chargés de trésors et la tête pleine d'ambitions textiles. Les sujets se bousculent, les éditeurs pas vraiment, alors contre vents et marées je continue à alimenter ce blog avec passion et détermination. Merci à vous tous et toutes de me suivre dans mes pérégrinations qui m'entraînent dans les régions les plus inattendues de la planète à la recherche de je ne sais quoi. Suprême récompense  au bout de chacune de mes aventures je fini toujours par trouver  quelque chose : une fibre inconnue, un artisan épatant, un tissu unique, un tissage complexe, un musée incroyable... Rien n'est jamais comme on l'imagine, alors oui "Patience et longueur de temps, font plus que force ni que rage" La Fontaine in Le lion et le rat.  

Soie, silk, seta, seda, seide, shiruku, sichou...etc.

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La soie puisque c'est d'elle dont  il s'agit, est une fibre qui au premier coup d'œil vous transperce,  vous ensorcelle, vous fascine, vous exhorte à penser beauté, élégance, luxe. Il faut dire qu'elle y met du sien, depuis des siècles, elle mêne le bal, en habillant de lumière les hommes et les femmes.  
La nature offre une multitude de matières premières qui, transformées par lhomme en fibres textiles, qui ont permit de vêtir les habitants de la planète terre depuis la plus haute antiquité. L’invention du vêtement fut un acte murement réfléchi, mais les motivations humaines ne furent pas les mêmes en Afrique équatoriale ou au Pôle nord. On peut considérer que les prétextes à la fabrication de vêtements  furent dans l'ordre la parure, la protection, la pudeur.  Et si la soie est devenue un "must have" c'est parce que tout a commencé par ce furieux désir de séduire qui n'a pas cessé,  puisqu'il  est toujours au XXIe siècle le maître mot de "la mode".  Passons sur la frivolité qui est une autre histoire.
Après les feuilles de vignes, les peintures corporelles et les peaux de bêtes, la soie occupe depuis longtemps une place prépondérante dans l’art et la manière de se parer, outil inestimable qui sublime les corps et embellit les demeures princières ou non.  Je suis admirative de sa  capacité à s'introduire dans les habitudes vestimentaires des civilisations les plus diverses, et de son pouvoir de séduction intacte  qui perdure, siècle après siècle, génération après génération. Depuis plus de 5000 ans cette fibre est un luxe qui n'a jamais eu d'équivalent dans le monde du textile, si l'on excepte le poil de vigogne péruvienne, la toison du bœuf musqué groenlandais et peut être la fibre du lotus royal birman. Mais ce sont des exceptions et leur poids dans la balance commerciale ne se compare pas avec la notoriété de la soie naturelle ou sauvage.
Bien sûr aimer la soie c'est presque banal,  ce qui est plus rare c'est de la détester, voir de l'ignorer. 
Par contre comme la curiosité n'étant pas un vilain défaut,  suivez moi sur ce blog si vous avez envie de faire connaissance avec  la soie d'une manière parfois éloignée des sentiers battus,  si découvrir le pourquoi et le comment de ses qualités vous passionne, si  sa cohorte de secrets vous intrigue, alors suivez ce blog est pour vous. En 2020 semaine après semaine vous vivre la folle aventure d'un brin de soie, de la "graine" à la robe.

LE SECRET DES REFLETS DE LA SOIE



LE MYSTERE DE L’INCOMPARABLE LUSTRE DE LA SOIE NATURELLE
Les coulisses de l’histoire d’amour entre la lumière et la soie naturelle sont rarement visitées et pourtant comment la soie capte et réfléchit la lumière ? La réponse est presque simple. Cet éclat unique est dû à la forme du filament. La bave, production semi-liquide produite par la chenille sort par une ouverture ou « filière » et durcit au contact de l’air. Ce filament est composés de deux brins constitués de fibroïne et accolés par une substance gommeuse la séricine. La section de ce fil vue au microscope ressemble à un câble électrique (deux fils dans une même gaine) Une fois le grès dissout dans l’eau chaude la gaine disparaît.
Débarrassé du grès, le fil apparaît translucide, régulier et lisse dont la section serait presque triangulaire et les angles arrondis. Cette structure unique dans le monde des fibres textiles naturelles prend la forme d’un tube à facettes qui renvoient les rayons lumineux renvoyés dans un joyeux désordre. Le lustre est l’outil essentiel de communication de la soie, un langage sensuel s’il en est et qui lui sied si bien.


 Cependant un fil naturel n’est jamais aussi régulier qu’un fil fabriqué industriellement comme le  polyester et parfois sur le parcours de 1500 m il peut y avoir de petites imperfections occasionnées par des ruptures de rythme, introduisant un souffle de vie aux soieries, c’est toute la différence et  qui explique  l’éclat clinquant des tissus en fibres synthétiques.
Pourquoi la lumière ne réagit pas de la même manière avec les soies sauvages ? Parce que ces brins sont plus plats, moins lisses, moins transparents et que leur section plus arrondie