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mardi 12 novembre 2019

plaidoyer pour les fibres textiles naturelles



Les fibres textiles naturelles sont chargées de l’histoire du monde elles constituent une part de la mémoire d’une civilisation, d’un peuple, de l’homme.
Les fibres chimiques sont nées de l’irrésistible envie que l’homme a eu d’imiter, de dépasser, et si possible d’améliorer les trésors que la nature lui offrait. Si ces fibres « récentes » fabriquées par des machines de plus en plus perfectionnées n’ont qu’un passé très présent, elles ont en revanche un présent très futur car elles ont su se rendre indispensables. Il serait impossible au XXIe siècle de vêtir la population mondiale avec les seules fibres naturelles, la production serait très insuffisante. Alors bien sûr nous avons besoins de ces suppléments vestimentaires.
Il est difficile d’imaginer vivre dans un monde d’où les fibres chimiques seraient absentes, en revanche la vie serait possible, mais bien terne dans un monde privé de fibres naturelles.
Si le coté fonctionnel prime dans la famille des fibres chimiques, la famille des fibres naturelles est dotée d’un arsenal bienveillant qui régale nos sens : l’oreille perçoit le son mat d’une cotonnade que l’on déchire, le regard est attiré par les reflets métalliques de la lumière sur un taffetas de soie, l’odeur d’un pull over en laine mouillée par la pluie persiste dans notre mémoire, la main instinctivement va caresser une panne de velours de soie…
Malgré toutes les progrès de la technique, malgré les qualités indéniables des fibres chimiques comment une toile de nylon pourrait égaler le contact délicieusement frais d’une toile de lin, comment comparer l’extrême délicatesse d'un tricot en angora à celle d'une maille acrylique, la divine émotion d’une impalpable mousseline de soie n'a que de bien lointains liens avec l'émotion procurée par une mousseline polyester.
Dans les sociétés industrialisées porter des articles textiles fabriqués à partir de fibres naturelles est un luxe, voir un privilège .
Au fil des ans, l'offre de vêtements et de tissus en fibres naturelles se réduit au profit d'articles en fibres mélangées ou chimiques et si nous n'y prenons pas garde, ils disparaîtront de notre univers textile faute de clients.
Alors profitons de l’instant, usons et pourquoi pas abusons de laine, de soie, de lin ou de ramie et de tous leurs amis pendant qu’il en est encore temps



jeudi 3 octobre 2019

LA BOURETTE DE SOIE UNE AMIE QUI VOUS VEUT DU BIEN

Chers (es) amis (es) lecteurs (trices) de ce  blog, je reviens les bras chargés de nouveautés, de rencontres étranges et curieusement interessantes, et nous allons en cette nouvelle saison, cheminer ensemble dans les méandres des vies secrètes des étoffes.

Alors pour commencer je vais vous dévoiler la face cachée de la "bourrette" de soie.

De Borre puis puis bourre du latin burra = étoffe grossière à longs poils. Le mot bourrette apparaît dans la langue française vers 1420.
Le tissu nommé bourrette est constitué d'un fil de soie reconstitué avec des déchets recueillis tout au long des étapes de la transformation du cocon en fil. La soie n'est pas la seule matière  textiles à subir différentes opérations. lors du peignage de la laine, il "tombe" des fibres  trop courtes pour être filées, ce qui donne la bourre de laine ,  pour le lin ou le chanvre ces déchets se nomment étoupe  et   pour la soie c'est la schappe.
Il existe ensuite des sous divisions dans les déchets  ; il convient de différencier schappe et filoselle, les fils dits schappe sont soumis à une opération de schappage qui consiste à désagréger les brins dans l'eau chaude ce qui conserve le lustre, la filoselle quand a elle est un tissu mixte (déchet de soie et coton) 
La bourrette (fil et tissu), la bourre de soie(fil) et le fleuret (tissu)sont encore autant de produits textiles de soie différents :
La bourrette est une étoffe tissée avec des fils constitués des déchets obtenus lors des diff_rentes opérations  effectuée sur le brins de soie(du d_vidage au tissage)
On peut donc considérer comme impropre le terme bourrette il faudrait plutôt dire schappe.

Les déchets de soie, une fois récupérés sont traités spécialement par cardage. On parvient par une forte torsion ˆ obtenir des fils grossiers certes mais solides, qui entre dans la fabrication d'étoffes de qualité courante Commercialisés sous forme d'articles en maille (T shirt) d'articles tissés ( des chemises, jupes ou vestes) à des prix très abordables pour une soie, d'ailleurs le consommateur ne s'y trompe pas et le succès de la bourrette croît d'année en année.

Les bourrettes les plus fines ont une surface granuleuse et les bourrettes plus _paisses ont un aspect rustique ; les fils plus épais permettent un tissage destiné à la fabrication de vestes, chemises ou m_me pantalons. 

Pour reconnaître la bourrette  l'utilisation d'un grand nombre de tests est requise. Utilisez à volonté la vue, le toucher, l'odorat

La vue
Bien que la composition chimique soit la m_me pour les brins de soie naturelle (provenant du dévidage du cocon des bombyx du mûrier ) et les fils de bourrette, ces derniers n'ont ni la douceur ni le brillant de la soie naturelle parce que :
-ces brins ne peuvent pas être débarrassés de leur grès en totalité_
-la forte torsion nécessaire à leur filage absorbe en bonne partie l'éclat qui pourrait subsister : un crêpe de Chine est moins brillant qu'un taffetas
-Le fil obtenu après le cardage est irrégulier, sa surface est "poilue" et rend le tissu granuleux    qui  un relief qui rythme la surface des étoffes
Ces "boutons" moins nombreux et moins visibles que dans les soies sauvages agrémentent la surface du tissu mais emprisonnent le reste de lustre
-Du fait de la torsion du fil et de son non dégommage la surface est grenue et n'a pas la douceur que l'on attend d'une soie.
-les poils absorbent la lumière en empêchant celle ci de se refléter sur une surface lisse
Une bourrette de bonne qualité offre une  inhabituelle combinaison :
-le tissu est fin, son éclat caché est sous-jacent, il ne brille pas de tout ses feux, mais on perçoit une lueur derrière la brume, sa surface est à la fois mate, granuleuse et poilue mais jonchées d'étincelles.
La bourrette est pleine de promesses (qu'elle tient) et pourtant  d'aucuns la  considèrent comme une étoffe pauvre.
Un fil tors de bourrette résiste bien à la traction, par contre si vous prenez un fil, que vous le détorsadiez en même temps que vous lui fassiez subir une traction, il se désintègre, un peu comme de la ouate...

Le toucher :
Les bourrettes de soie ont un toucher reconnaissable à la fois rêche, doux et savonneux, que l'on ne retrouve pas ni dans les doupions ou les shantung qui ne sont pas des déchets aussi petits
La bourrette donne l'étrange sensation qu'ayant été à lavée à l'eau et au savon, le tissu a été mal rincé_ et par conséquent il "grince" entre les doigts
 La meilleurs façon de vous en rendre compte c'est de les manipuler...Pour certaine personnes le toucher d'une bourrette de soie provoque la même répulsion que le toucher d'un velours  ou la même réaction épidermique que le  grincement de la craie sur un tableau noir. Une bourrette de soie  possède une main particulière : c'est un tissu mou et pesant, et en général son tissage lâche empêche une utilisation en biais car il se déformerait facilement ; il est tout le contraire d'un tissu nerveux, mettez le en boule, il ne se mettra pas en colère ! Il n'est pas élastique mais inerte chose particulièrement inhabituelle pour une soie.

L'odorat
Malgré tout ce qui précède il est  encore possible de se fourvoyer car la bourrette ressemble à s'y méprendre  à un coton, non pas un coton Suisse, lisse et brillant, mais un coton indien, rustique, irrégulier, boutonné, épais et mat. Si un doute subsiste, ayez recourt au test de l'allumette. L'ôdeur de la corne brûlée ne vous laissera alors plus aucun doute sur la nature du tissu. S'il s'agit de filosselle, vous aurez également un fil de coton qui brulera comme du papier en laissant des cendres grises

Les bourrettes sont selon les qualités fines ou épaisses, tricotés ou tissées mais attention, ces fibres très courtes s'useront plus rapidement qu'une étoffes tissées avec des fils longs   Compte tenu de ces caractéristiques un fil constitué de brins courts (quelque soit sa nature, soie, laine ou Fibranne) n'est pas absolument idéal pour la chaîne (la traction étant forte) bien que certains tisserands en fassent usage.  Cependant si c'est le cas, un tisserand consciencieux utilisera des fils obtenus à partir des déchets de cocons autres que ceux du bombyx du mûrier, par exemple ceux des chenilles vivant à l'état sauvage qui sont plus solides, mais ceci est rarement indiqué sur l'étiquette.
Il est fréquent de trouver des bourrettes comportent en chaîne et en trame le même genre de fil, et si souvent on rencontre l'armure panama, (deux fils en chaîne croisant deux fils en trame) c'est pour conférer à l'ensemble du tissage une plus grande solidité_.
Pourquoi les uns sont ils plus solides que les autres ?
Parce que les animaux ont une nourriture diff_rente qui entraine une couleur de bave différente mais aussi une composition chimique quelque peu différente (plus de calcium pour les cocons sauvages) : les chenilles vivant à l'état sauvage ont une nourriture
Parce que les déchets des cocons de vers sauvages résultent du cardage de la totalité du cocon, ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne le traitement des cocons des chenilles du bombyx : les cocons non percés sont dévidés et les déchets obtenus sont alors moins nombreux, plus fins et moins solides(récupérés seulement dans les rebuts des premiers tours du cocon, irréguliers, abîmés ou tachés et dans la fin du cocon c'est à dire la partie proche de la chrysalide, fil faible parfois contenant des impuretés, traces de la chrysalide elle même ; les fibres proches de la chrysalide fabriquées par la chenille quasiment épuisée à ce stade sont trop faibles pour être dévidées (elles se cassent) En général ces segments de brins plutôt faibles et irréguliers sont utilisés pour la fabrication des shantung.

Etant donné la courte longueur des fibres, le fil peut manquer de vigueur et surtout d'élasticité dans les qualités les plus courantes aussi préférez une bourrette de bonne qualité même un peu plus cher, que vous aurez bien en main et qui vous semble exister à une bourrette pauvre c'est à dire inerte, sans présence et sans éclat. On trouve des bourrettes commercialisées sous  diverses formes
-de toile simple  armure simple 
- d'un dérivé de l'armure toile le panama les fils de trame et de chaîne s'entrecroisent deux par deux.   Son toucher semble adouci, son tomber est plus lourd, et sa solidité plus grande. Poids idéal pour tailleurs


La bourrette "crêpée" : les fils ont subit une torsion  mais l'aspect crêpé est produit par un artifice : le fil est un fil fantaisie c'est à dire qu'il sert d'^me et qu'autour de lui serpente un fil de soie ou de coton qui crée un certain relief, ce qui donne un tissu encore différents de ceux que nous venons de voir : souple et lourd Parfait pour une veste



La bourrette de soie a une excellente affinité avec les colorants. Elle se déteint et se reteint avec beaucoup de facilité (avis aux costumiers) La surface de ces tissus étant "sablée" l'impression est difficile. La couleur (épaissie pour l'impression) s'accroche aux aspérités de l'étoffe, et les dessins manquent de lisibilité
A l'usage, une bourrette imprimée semble avoir usée prématurément, le tissu bouloche comme une laine, et les dessins ont tendance à s'estomper aussi faut il se méfier des bourrettes imprimées si l'on aime les vêtements irréprochables
Sur une bourrette naturelle non blanchie, des taches noires peuvent apparaître, il s'agit de résidus de la chrysalide (terme désignant la nymphe des lépidoptères, état intermédiaire entre la chenille et le papillon. La chrysalide se développe dans une enveloppe de protection nommée cocon dont on tire la matière textile) La chrysalide du ver à soie est huileuse et comme rien n'est perdu dans l'industrie des déchets, on  exploite aussi ces résidus (comme les graines de lin) On en extrait l'huile qui sera utilisée en complément protéïnique pour la nourriture (animale) j'ose l'espérer. On nomme bourre  le fil obtenu par la filature de la partie externe du cocon, et les premières couches entourant et protégeant le cocon du ver à soie, souvent irrégulières, abîmés courtes et faibles. On l'utilise en général sous forme de brin non tors pour la broderie ou certains tissages.
C'est le cas de la bourre de Marseille " étoffe de soie dont la chaîne était en  gros fil de soie non torse, et la trame en bourrette (filé de fibre tors.)  Avec le fil de bourre on tisse une étoffe nommée fleuret : les fils étant poilus, l'aspect du tissu sera pelucheux. Le fleuret est à la soie naturelle ce que la Fibranne est à la viscose, ou le pilou au coton. L'utilisation industrielle des "déchets textiles "est considérable.

UTILISATIONS
L'aspect mat et doux à la fois de ces tissus de soie permet un usage moins restrictif que les soies naturelles ; des lignes de vêtements quotidiens ont été  ainsi commercialisées
- Vêtements : vestes, tailleurs, robes, pantalons, chemises, T-shirt...

- Décoration : rideaux ou coussins, plutôt pour un style rustique, car le tissage est grossier mais les tissus sont très solides.
Les couleurs sont variées mais  peu éclatantes

Détachage :
Certains fabricants recommandent de faire nettoyer à sec ce tissu, l'eau risquant quelquefois de le tacher. Une tache d'eau sur la surface d'une bourrette ressemble à une tache de graisse
Mais ceci est sans conséquence sur la vie future du vêtement: la tache  disparaîtra si vous plongez la totalité du vêtement dans l'eau ; en séchant tout rentre dans l'ordre. Cette particularité tient au fait que les fils  ne sont pas entièrement débarrassés de leur grès 

vendredi 16 août 2019

L'HISTOIRE DES DAMASSES HISTORIES


Le damassé c’est une technique de tissage qui somme toute est assez connue, mais peut être trop car si l’on veut vraiment aller à sa rencontre quelques notions de base s’avèrent nécessaires.
La fabrication de ce tissu fut longtemps réservée à un genre d'article dit "linge de table" ; il semble que l'origine flamande, et plus précisément  Courtrai ne soit plus mise en doute, remonterait au delà du XVe siècle, époque à laquelle on produisait déjà des tissus de lin agrémentés de dessins simples obtenus lors du tissage.
Pourquoi les Flandres? Parce que le damassé résulte de deux éléments principaux : la matière première qui est le lin spécialité de la région et la technique du damas de soie que les Italiens maitrisaient  fort  bien au XVe siècle. Or Bruges le plus important port de l'Europe du nord était  flamand et  entretenait des rapports commerciaux privilégiés avec l'Italie. C'est ainsi que les artisans flamands commencèrent par copier les motifs des damas de soie venus d'Italie, en utilisant non pas la soie, mais le lin.
Les lins damassés historiés étaient réalisés sur des métiers à la tire, le but étant une imitation du décor floral inspiré des damas de soie italiens
Ce n'est qu'au XVI e siècle, que  les artisans flamands s’étant familiarisés avec la technique, imaginèrent leur propre vocabulaire ornemental. On note une évidente similitude entre les sources d'inspiration de la tapisserie flamande et celles des damassés (chasses, scènes figuratives, paysages..)
On note cependant une nette inspiration orientale dans le vocabulaire ornemental des premiers damassés (animaux affrontés, arbre de vie..) puis l'influence de la renaissance se fera sentir, les sources se transformant au fil des ans : à la fin du XV et au début du XVI e siècle apparait tout un arsenal de motifs végétaux

Entre le XVI e siècle et le XVIIIe siècle la production de lin damassé historié fut très importante et les étoffes qui nous sont parvenues
 sont aujourd’hui des sources de documentation importantes . En effet les dessins de ces étoffes sont censés commémorer des évènements importants comme des victoires ou   des mariages royaux.
Les tapisseries tout comme ces tissus étaient des commandes passées aux tisserands par les grands du royaume (roi, princes ou encore évêques...) Dates, ou inscriptions sont de précieux points de repères pour les historiens.  C’est ainsi que grâce à des toiles damassées historiées nous avons des « images » du mariage de Philippe V et de Louise de Savoie.
Ces tissus de prix, souvent des cadeaux de mariage ou reçus en héritage sont conservés précieusement au sein des familles et transmis de générations en générations. Comme pour tous les produits de luxe, seules les familles aisées possédaient de tels trésors.
 Le linge de table était souvent offert en cadeau, comme en témoigne celui offert par la municipalité de Reims à Charles Quint lors de son passage dans la ville. Cadeau dont la valeur atteignait environ 1 000 florins.
L'inventaire de Catherine de Médicis mentionne trois tabliers damassés et trois douzaine de serviettes de même

Le succès commercial du lin damassé historié entraina un accroissement de la production. De nombreux champs furent dévolues à l'étendage des étoffes. Les tissus de lin étaient exposés à la lumière à l’air et à la rosée pour assurer leur blanchiment de la fibre.
C'est à Reims et à Caen au XVIe siècle que débuta la fabrication des toiles damassée en France. Dès cette époque, le linge de maison damassé sera alors nommé "grand Caen ».
 Leur qualité était si belle que la production locale rivalisa avec les productions étrangères de Venise et des Flandres.  C'est André Graindorge, originaire de Caen qui semble t il le premier imagina de décorer ces toiles avec des fleurs et autres dessins géométriques obtenus par tissage. Son fils Richard Graindorge poussa cet art jusqu'à orner ses toiles de scènes de personnages, animaux et figures.
« ... et si je ne peux me taire, qu'il n'y a pas de ville en Europe où il se fabrique plus beau et singulier linge de table que l'on appelle haute lice sur lequel les artisans telliers représentent toute sorte de fleurs, oiseaux arbres, médailles et armoiries de roi, prince seigneurs, aussi proprement que le plus estimé peintre pouvait le rapporter avec son pinceau.
Charles de Bourgeville  in "Antiquités de Neustrie"

Michel, fils de Richard repris l'affaire familiale et installa plusieurs manufactures de linge damassé produit devenu au XVIIe d'un usage "courant".
La dynastie des Graindorge donna à la production familiale le nom de haute lice, mais le mot damassé déjà en usage au XVIe siècle, prévalait car cette sorte de toile imitait à la perfection les étoffes dites damas blanc
Les hollandais, les irlandais et les anglais s'emparèrent de cette industrie dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Les Huguenots français chassés de leur pays allèrent s'établir dans des terres plus accueillantes et en particulier en Hollande en Angleterre, en Irlande, en Allemagne et en Suisse
Ils apportaient avec eux leur expérience dans la fabrication des lins damassés et du travail de la soie .
L'industrie hollandaise de lin damassé  historié très en pointe au XVIIe siècle périclita au cours XVIIIe. Les causes de ce déclin furent multiples : la concurrence étrangère (France, Irlande, Saxe), l'importance de plus en plus marquée du coton
Ils furent nombreux à s’installer à Spitafield ville située non loin de Londres qui devint un grand centre du travail de la soie.
 L'industrie  du lin damassé s'implata également en Irlande où elle fut  encouragée par Louis Crommelin, un tisserand huguenot, que la révocation de l'Edit de Nantes avait chassé de sa Picardie natale en 1685.
Pour les mêmes raisons un autre centre de linge damassé se hissa au premier rang : Shonnau en Saxe au début du XVIIIe siècle
  Courtrai était très proche de Bruges centre du commerce international, et c'est là que s'établi le premier atelier/ magasin. Le lin y était tissé sur place.

Ces productions étrangères inondèrent le marché français, les artisans locaux n’étant plus en mesure de fabriquer de telles merveilles.  Lorsque madame de Maintenon voulu créer une manufacture de linge ouvré en 1682, elle fut dans l'obligation de faire venir des Flandres 25 ouvriers.
La qualité des productions françaises repris alors des forces, rivalisant avec les production flamandes et hollandaise ce qui permis à des villes comme Saint Quentin, Bapaume, Douai ou Valenciennes de se développer économiquement. Les mulquiniers se firent de plus en plus nombreux et se regroupèrent en corporation dont les armoiries représentaient une figure d'évêque mitré portant une étole et tenant un suaire dans ses mains, au dessus une éponge et des oiseaux.
La symbolique est perceptible dans ces armoiries  puisque la sainte patronne des mulquiniers était sainte Véronique qui avait essuyer le visage du Christ avec un linge fin, analogue à la baptiste que fabriquait ces ouvriers
On nomme aussi "damassé" la toile à matelas fabriquée avec des fils de lin et dont les dessins sont faits avec des fils de coton.
Dans un premier temps le commerce de ces tissus ne s'exerça que dans des boutiques situes dans les zones urbaines. Il y eut coexistence entre plusieurs sortes de lins : les lins damassés et les lins simples (toile) et les toiles de chanvre ces derniers étaient surtout une industrie provinciale, dont la production était essentiellement destinée aux vêtements et au sous vêtements populaires`


DESCRIPTION 
Damassé est le terme générique qui désigne les tissus utilisés pour le linge de table et dont les dessins sont le résultat d'une juxtaposition des effets de chaîne et des effets de trame.
Les tissus damassés se caractérisent par plusieurs détails
-les effets monochromes mats du fond et brillants des dessins. Les motifs peuvent être rendus plus brillants par calandrage.
Les dessins qui apparaissent sont obtenus par des armures de sergé ou de satin effets de chaîne qui travaillent en opposition avec des armures de sergé ou de satin effets de trame, de même rapport, en formant le fond qui est ainsi plus mat. Les effets d'armure sont donc incorporés au décor. C'est une imitation en lin ou coton des damas de soie.
-  ils peuvent être utilisés sur les deux faces, les dessins étant simplement inversés.
- l’invention du métier Jacquard à permis de réaliser de grands motifs.
- autrefois la plupart des damassés étaient blancs, car utilisés en linge de table ils devaient pouvoir bouillir sans déteindre
Le linge de table "damassé" comprend trois catégories d'articles :
-le linge ouvré ou à dessins simples c’est à dire avec tous les dessins classiques , géométriques  ou à  croisure droite comme les damiers..
-le linge damassé qui comporte des dessins représentant des fleurs, des fruits, des personnages, des motifs décoratifs aux lignes courbes, des monogrammes, Ce second type exige une fabrication plus complexe, qui débute avec l'exécution du dessin que l'on désire reproduire, puis un second dessin spécial sur papier quadrillé ou la mise en carte. Cette carte sera plus ou moins compliquée puisqu'il faut imiter la nature sans avoir recours aux couleurs, avec de simples gradations dans les tons puisque tous les fils de chaîne et de trame du tissu damassé sont de la même couleur. La fabrication de ces damassés nécessite l'usage de la mécanique jacquard
Autrefois le linge damassé se fabriquait en fil de lin pur, mais pour diminuer son prix, de nombreux fabricants ont présenté sur le marché des articles mi fils (coton/lin) ou entièrement en fil de coton. Les plus beaux lins damassés subissaient un traitement spécial : afin que les dessins puissent être lisibles les motifs devaient être rendus brillants et lisses par un apprêt final
-le linge de table dit de fantaisie   : ce linge est fabriqué dans des toiles de lin, de coton ou de fibres synthétiques. Les motifs sont alors non plus tissés mais brodés à la machines (plumetis, jours, broderie anglaise)

UTILISATIONS 
Pour l'habillement féminin et la décoration. L’utilisation dépend évidemment de la composition :   en coton pour des chemises ou des robes légères, superbes châles s'il est en étamine de laine, en coton et lin pour le linge de table. Les nappes damassées en pur fil sont des produits merveilleux, mais devenus rares.