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samedi 3 décembre 2022

LE MADRAS DIT " RMHK "N°3

 DES LABELS POUR DISTINGUER L’ORIGINAL DE LA COPIE                     

Pour obtenir le label RMHK pour Real Madras Hand Kerchief (véritable mouchoir de Madras), celui-ci doit répondre à des critères précis. La signification de ces quatre lettres est aujourd’hui obsolète.                         - Real : les madras indiens, souvent fabriqués industriellement, imprimés et non tissés, sans la moindre trace de coton, mais en fibres synthétiques.   - Madras n’est que le nom de la ville d’où partent les marchandises souvent fabriquées ailleurs.                                                                   - HandKerchief : mouchoir. Un mot dont le sens n’est pas conforme à l’usage.  Les habitudes ont la vie dure. Aux Indes, RMHK demeure la dénomination commerciale du madras en général, artisanal ou industriel, et c’est au client de faire le tri. Le respect du label de la US Federal Trade Commission est plus restrictif : le terme de madras ne peut être utilisé sur une étiquette ou de manière commerciale que s’il est fabriqué artisanalement dans la région de Madras par des artisans originaires de l’Inde du Sud.                           

Le saviez vous ? Les citoyens américains sont friands du madras depuis son introduction dans le pays au XVIIIe siècle par Elihu Yale, second gouverneur de la colonie de Madras. En 1718, le Collegiate School of Connecticut était à la recherche de financement pour agrandir ses locaux. Le directeur fit appel à Yale, membre de la Royal Society, qui répondit en envoyant une caisse de tissus en provenance de madras. Ce lot vendu, rapporta un pactole et, en remerciement, l’école fut rebaptisée Yale College qui deviendra la Yale University. Le madras eut ses heures de gloire dans les années 50-60 avec la tendance “preppy“ lancée par les étudiants de Yale qui a donné naissance à plus de 150 000 nouvelles combinaisons de carreaux.

DES EPISODES COMMERCIAUX PEU GLORIEUX PEU OU PROU RÉVÉLÉS                                                                                                Un passage sombre de l’épopée commerciale du madras demeure sa position dominante dans le commerce triangulaire, ou traite négrière, initiée au XVIe siècle par les colons portugais et espagnols, puis développée par les hollandais, les anglais et les français. Les navires des grandes compagnies occidentales quittaient les ports indiens, les soutes remplies de marchandises plus ou moins précieuses. Sur le retour en Europe, les escales le long des côtes de l’Afrique de l’ouest permettaient d‘échanger avec les chefs de tribus des produits comme les carrés de madras contre des captifs razziés dans les royaumes voisins.                   

Le saviez vous ? Dès le XVI siècle, les portugais introduisirent le madras chez les Kalabari, une ethnie établie dans les îles du delta du Niger. Fascinée par ce tissu coloré, la population en fit un élément indissociable de leur culture, s’appropriant le madras en le baptisant du nom indigène inji signifiant “fabriqué aux indes“.  L’inji est, depuis le XVI e siècle, un signe distinctif du costume et des rituels Kalahari, accompagnant ses membres  dans la vie quotidienne jusque dans l’au-delà, soit du “ventre à la tombe“. En France, le lin nous accompagne du lange au linceul. Au XIXe siècle, après l’abolition de l’esclavage, les kalabari ont continué à commercer avec les britanniques, échangeant le madras contre de l’huile de palme, un lubrifiant nécessaire au fonctionnement des machines qui, avec le développement de l’industrie textile en Grande Bretagne, remplacèrent les artisans pour la filature et le tissage.

MADRAS DES CHAMPS ET CACHEMIRE DES VILLES                                 Aux Indes, au XVIIe siècle, « les mouchoirs à carreaux « étaient des articles destinés aux classes populaires; un tissu méprisé par les castes supérieures alors qu’ils étaient considérés comme un produit de luxe du fait de leur rareté dans les pays importateurs. Au XIXe siècle en Europe, la fabrication de mouchoirs madras en quantité permit de démocratiser le produit, séduisant les gens de la campagne alors que l’on note une attirance des citadins fortunés pour un nouveau produit d’importation : le luxueux cachemire.

LA LEGENDE REVISITEE  

C’est, dit-on généralement, peu après l’abolition de l’esclavage en 1848, que le  madras arriva aux Antilles. Les premiers indiens tamouls n’arrivèrent aux Antilles, pour pallier la pénurie de main d’œuvre dans les plantations de canne à sucre, qu’en 1653. Alors comment expliquer :

- que la célèbre chanson “adieu foulard, adieu madras “ ait été écrite en 1769 ? - que Napoléon ait pris l'habitude de se couvrir la tête d’un madras afin de se protéger de l'humidité et de la chaleur lors de son séjour à Sainte-Hélène ?                                                  

Très  récemment, fut vendue aux enchères un mouchoir de madras rouge et blanc ayant appartenu à Napoléon.

De toute évidence, le madras arriva aux Antilles, transporté par les navires marchands battant pavillon français, britanniques, hollandais portugais qui sillonnaient les mers, regorgeaient de marchandises exotiques dès le XVIIe siècle. 

Au XXe siècle le madras fut un article adopté et revisité par la génération des "baby boomer" . Outre les  teenagers et autres hippies qui portaient ces carrés colorés sur la tête, autour du cou, ou en bracelet,  il fut mis en musique par Michel Sardou en  1975 dans madras: .. " porter du madras et des cheveux longs...."


LE MADRAS AUX ANTILLES FRANÇAISES :  JE T’AIME MOI NON PLUS  

La signification de ce carré de 36 pouces est ambiguë : hier, code vestimentaire imposé aux femmes de couleurs réduites en esclavage ; aujourd’hui, symbole de l’identité créole.  

Et nous voilà arrivés à la fin de ce post, maintenant c’est à vous de trancher : tradition ou folklore ?

FIN

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