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dimanche 25 décembre 2022

UNE CERTAINE HISTOIRE DE LA BATISTE


ETYMOLOGIES PLUS OU MOINS OFFICIELLES

Ce que dit la légende : au XIIIe siècle, un tisserand de Cambrai originaire de Castaing sur Escaut, réussit à fabriquer une toile de lin blanche, fine, souple, solide. Ainsi débuta la belle et longue histoire de la batiste, une étoffe surdouée.

La statue de cet artisan élevée à Cambrai semble être l’unique preuve tangible de l’existence de ce Baptiste. 

Ce que disent les encyclopédies : en 1401, on parle de "soye batiche", en 1503 de toile batisse, en 1590 de toile baptiste, ce qui laisse supposer que le mot batiste, déformation du flamand « batiche » (battre), était le terme utilisé dans le patois picard dès le XIII e siècle pour décrire le mouvement de va et vient du battant des métiers à tisser actionnés par le tisserand.   

Longtemps, Valenciennes et Cambrai ont revendiqué la paternité de la batiste. La virtuosité des artisans de la région et la qualité de cette exquise toile de lin mirent un point final à cette rivalité, bien qu’à une époque, cette toile fut commercialisée sous l’appellation Cambrai et non Valenciennes. Si le label européen A.O.C. avait été inventé à cette époque, il aurait été attribué à la batiste de Cambrai sans l’ombre d’un doute « inst it ? ».

Les anglais faisant bande à part « as usual » emploient de termes spécifiques pour désigner la batiste : cambric dérivé de Cambrai ou encore lawn dérivé de Laon, ville dont les manufactures de fines toiles de lin, jadis importantes, exportaient leur production outre Manche. 

Le saviez vous ? La tana lawn® est la batiste de coton de Liberty of London  utilisée pour les chemises à fleurs au toucher de soie, à la fluidité de l’eau et à la légèreté d’une plume. Tana est le nom d’un lac éthiopien à proximité duquel était cultivé un magnifique coton longues fibres que les anglais utilisèrent au XIXe siècle.

   

LA BATISTE UN TISSU « SUCCESSFUL »

Au XVIIIe siècle, il n’y avait pas une mais des batistes. Les qualités variaient en fonction du terroir et de l’usage : la batiste claire tissée avec des fils très fins et espacés laisse passer la lumière. Les batistes hollandées tissées avec des fils fins et plus nombreux étaient un plus grand nombre de fils au cm2 plus serrées, se rapprochant de la toile de Hollande ; les batistes fortes étaient opaques et plus lourdes. 

Le saviez vous ? Les artisans de Saint Quentin proposaient une fine toile d’ortie, sans ortie ni ramie, mais avec du lin, caractérisée par la couleur écrue commercialisée sous l’appellation «de toile d’ortie ».


TOUS POUR UN

Entre le XVII et le XIXe siècle, la production de batiste se développa dans un grand nombre de pays européens. S’engageât alors une réelle concurrence entre suisses, belges, anglais, écossais, irlandais, hollandais et français. Des perfectionnements techniques naquirent de cette course effrénée à la fabrication de fines toiles de lin, visibles dans les batistes de qualités exceptionnelles, sélectionnées pour l’exposition universelle de Londres en 1851. 

Le Cambraisis : lieu d’origine de la batiste. Cette production textile fut une source de revense importante pour toute la région en complément des ressources tirées de l’agriculture et de l’élevage. 

La Suisse : si le lin n’est plus la matière première des batistes suisses, il se fabrique encore en 2022 une batiste de coton fort belle, plus fine que celle qui pourraient être tissées aujourd'hui avec le lin ; elle sert de base pour des broderies comme on les fait encore à Saint Gall. 

En Angleterre : le commerce avec l’Angleterre, bien que difficile, favorisa les mulquiniers du cambraisis. Les clients, fin connaisseurs, exigeaient la véritable batiste de Cambrai et non une imitation locale qui pourtant supportait la comparaison, dans la mesure où certains des tisserands étaient originaires du cambraisis. 

Le saviez vous ? Au XIe siècle des  tisserands normands   qui, avaient accompagné Guillaume le Conquérant en Angleterre, s’installèrent définitivement sur le sol de la «blanche Albion». La «tapisserie» de la reine Mathilde qui est en réalité une broderie en laine sur fond de lin, illustre la conquête de l’Angleterre par le duc de Normandie

En Ecosse, une batiste en lin puis en  fil d’écosse (coton mercerisé) forte, serrée et opaque.  

Le saviez vous ? C’est un anglais J.Mercer qui en 1844 mit au point une technique, pour solidifier le fil de coton et faciliter la teinture, un procédé à base de soude caustique qui porte son nom : la mercerisation. Ce n’est qu’en 1890 que le rétrécissement principal défaut du mercerisage disparut, grâce à  un chimiste anglais lui aussi, A.Lowe qui pensait qu’en étirant les fils durant tout le traitement le problème serait résolu et ce fut une réussite. Mais c’est en Ecosse, à Paisley, que la mercerisation fut appliquée industriellement sur ce qui devient alors le fil d’Ecosse : un fil de qualité utilisé pour le tissage de la batiste d’Ecosse.

En Irlande, le fil de lin n’avait pas la finesse du fil de cambrai. C’est pourquoi la batiste de Cambrai remportait tous les suffrages auprès des irlandais nantis. 

Aujourd’hui, le lin d’Irlande se distingue des autres par son lustre, son tissage avec deux fils de couleurs différentes, l'un en chaine et l'autre en trame, son armure sergé, un mélange rare laine/lin.                                         

Le saviez vous ? Sous le règne du pharaon Ramses II, l’Egypte produit du lin de grande qualité, mais pas ou peu exporté. A cette époque, de nombreux tisserands quittèrent l’Egypte à cause des pénibles conditions de travail. pour rejoindre Tyr, grande cité phénicienne qui possédait des comptoirs commerciaux dans de nombreux ports et notamment en Irlande, en Espagne et au Portugal. Les phéniciens introduisent le lin en Europe entre le XII et VIIIe siècle, et des artisans égyptiens accompagnèrent les phéniciens dans leurs périples de port en port. C’est ainsi que quelques-uns atteignirent  l’Irlande, avec leur savoir faire et des graines de lin qui prendront racines sur ce terroir. Depuis l’Antiquité, le lin est indissociable de l’Irlande. 

  

En France, à la fin du XVIe siècle, la batiste était un produit recherché mais d’importation. Comme pour les indiennes, les importations de batiste étaient limitées afin d’éviter l’évasion des devises. Les mulquiniers se développèrent dans des villes frontalières au nord du royaume, permettant un production locale non soumise aux droits de douane. 

Le saviez vous ?  Avant que le cambraisis ne soit rattaché au royaume de France en 1678, la batiste de Cambrai et de Valenciennes était exportée dans toute l’Europe, y compris en France qui devait, par conséquent, s’acquitter des droits de douane.


A SUIVRE

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