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mardi 3 décembre 2019

Soie, silk, seta, seda, seide, shiruku, sichou...etc.

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La soie puisque c'est d'elle dont  il s'agit, est une fibre qui au premier coup d'œil vous transperce,  vous ensorcelle, vous fascine, vous exhorte à penser beauté, élégance, luxe. Il faut dire qu'elle y met du sien, depuis des siècles, elle mêne le bal, en habillant de lumière les hommes et les femmes.  
La nature offre une multitude de matières premières qui, transformées par lhomme en fibres textiles, qui ont permit de vêtir les habitants de la planète terre depuis la plus haute antiquité. L’invention du vêtement fut un acte murement réfléchi, mais les motivations humaines ne furent pas les mêmes en Afrique équatoriale ou au Pôle nord. On peut considérer que les prétextes à la fabrication de vêtements  furent dans l'ordre la parure, la protection, la pudeur.  Et si la soie est devenue un "must have" c'est parce que tout a commencé par ce furieux désir de séduire qui n'a pas cessé,  puisqu'il  est toujours au XXIe siècle le maître mot de "la mode".  Passons sur la frivolité qui est une autre histoire.
Après les feuilles de vignes, les peintures corporelles et les peaux de bêtes, la soie occupe depuis longtemps une place prépondérante dans l’art et la manière de se parer, outil inestimable qui sublime les corps et embellit les demeures princières ou non.  Je suis admirative de sa  capacité à s'introduire dans les habitudes vestimentaires des civilisations les plus diverses, et de son pouvoir de séduction intacte  qui perdure, siècle après siècle, génération après génération. Depuis plus de 5000 ans cette fibre est un luxe qui n'a jamais eu d'équivalent dans le monde du textile, si l'on excepte le poil de vigogne péruvienne, la toison du bœuf musqué groenlandais et peut être la fibre du lotus royal birman. Mais ce sont des exceptions et leur poids dans la balance commerciale ne se compare pas avec la notoriété de la soie naturelle ou sauvage.
Bien sûr aimer la soie c'est presque banal,  ce qui est plus rare c'est de la détester, voir de l'ignorer. 
Par contre comme la curiosité n'étant pas un vilain défaut,  suivez moi sur ce blog si vous avez envie de faire connaissance avec  la soie d'une manière parfois éloignée des sentiers battus,  si découvrir le pourquoi et le comment de ses qualités vous passionne, si  sa cohorte de secrets vous intrigue, alors suivez ce blog est pour vous. En 2020 semaine après semaine vous vivre la folle aventure d'un brin de soie, de la "graine" à la robe.

LE SECRET DES REFLETS DE LA SOIE



LE MYSTERE DE L’INCOMPARABLE LUSTRE DE LA SOIE NATURELLE
Les coulisses de l’histoire d’amour entre la lumière et la soie naturelle sont rarement visitées et pourtant comment la soie capte et réfléchit la lumière ? La réponse est presque simple. Cet éclat unique est dû à la forme du filament. La bave, production semi-liquide produite par la chenille sort par une ouverture ou « filière » et durcit au contact de l’air. Ce filament est composés de deux brins constitués de fibroïne et accolés par une substance gommeuse la séricine. La section de ce fil vue au microscope ressemble à un câble électrique (deux fils dans une même gaine) Une fois le grès dissout dans l’eau chaude la gaine disparaît.
Débarrassé du grès, le fil apparaît translucide, régulier et lisse dont la section serait presque triangulaire et les angles arrondis. Cette structure unique dans le monde des fibres textiles naturelles prend la forme d’un tube à facettes qui renvoient les rayons lumineux renvoyés dans un joyeux désordre. Le lustre est l’outil essentiel de communication de la soie, un langage sensuel s’il en est et qui lui sied si bien.


 Cependant un fil naturel n’est jamais aussi régulier qu’un fil fabriqué industriellement comme le  polyester et parfois sur le parcours de 1500 m il peut y avoir de petites imperfections occasionnées par des ruptures de rythme, introduisant un souffle de vie aux soieries, c’est toute la différence et  qui explique  l’éclat clinquant des tissus en fibres synthétiques.
Pourquoi la lumière ne réagit pas de la même manière avec les soies sauvages ? Parce que ces brins sont plus plats, moins lisses, moins transparents et que leur section plus arrondie

mercredi 27 novembre 2019

Le poids des mots : la richesse du vocabulaire textile s'étiole

Les artisans tailleurs sont de moins en moins nombreux, et ceux qui partent emportent dans leurs bagages, leurs souvenirs et les mots de leur quotidien.

Des mots oubliés derrière lesquels il y avait des "outils" aux utilisations codées.

Un vocabulaire aujourd'hui désuet, qui ne désigne que des produits remisés dans mon musée imaginaire, et pourtant c'était le langage habituel que l'on entendait dans la boutique de fournitures pour tailleurs de mes grands parents, dans les années 50. En 2019 c'est dans un musée que l'on peut trouver ces produits quel dommage pour la confection, les articles s'appauvrissent tout comme

Le gros grain pour la ceinture de pantalon, le bougran pour renforcer les dos de gilets ou pour donner de la tenue au bas de manches, la cingalette pour faire des patrons, la poltaise pour fabriquer les poches, la mignonnette rayée en bleu et blanc pour doubler les manches, et la fameuse toile tailleur "Capella" en poils de chèvre qui grattait et piquait tant, même à travers le tissu. Je n'oublie ni les boutons en corozo avec lesquels j'ai appris à compter en les regroupant par grosse (1 grosse = 12 douzaines, soit 144 boutons) ni les boites rectangulaires en bois brut, pleines de sciure qui se répandait sur le sol lorsqu'on les ouvrait et qui contenaient les craies tailleur, grises, jaunes ou rouges. Une fois vide, j'y rangeai mes crayons de couleurs. J'ai grâce à ce petit univers de quoi alimenter le grenier de mes souvenirs textiles

Voilà aussi pourquoi je pars si souvent en croisade contre le minimalisme du prêt-à-porter. Afin de simplifier le montage d'un vêtement, on se prive de certains détails qui avaient une réelle importance., plus de doublure ou si peu, rarement un bouton de rechange ou de contre bouton, la talonnette est un article oublié. La confection gomme les détails.

Si nous ne voulons pas être fringués ou fagotés été comme hiver, dimanche et jours de fête, sachons nous en donner les moyens. Et pour que demain nous puissions encore nous habiller, nous pârer, nous vêtir et non plus uniquement nous saper, apprenons les mots pour faire exister les fournitures qui donnent corps à un vêtement

dimanche 17 novembre 2019

LE LINON


Vient du mot : lin, son ancienne dénomination était "linomple" du vieux français lin et omple = uni.

A l'origine, comme la batiste il était tissé uniquement avec du lin, aujourd'hui, on en trouve surtout en coton peigné. Dans ce cas, une étiquette doit préciser "linon de coton".
C'est une toile souple, et transparente caractérisé par un espacement caractéristique des fils de trame,  ce qui   la densité du linon entre la batiste plus serrée et la gaze plus lâche). Le linon traditionnel est moins clair que le voile, il emprunte la transparence de l'un, la légèreté de l'autre, il à la main d'un organdi mais pas sa raideur et malgré tous ces emprunts c'est  un tissu spécifique largement apprécié pour ses propres qualités. Les femmes l'utilisèrent volontiers, trouvant dans le linon la transparence juste suffisante et surtout la solidité que ne leur apportaient pas toujours les autres étoffes cousines.
Un moine irlandais qui évangélisa la région du canton d'Appenzell en Suisse, fit bâtir une abbaye à Saint-Gall, sur les bords du lac de Constance. Celle-ci vécut en partie grâce aux bénéfices tirés de la culture du lin. La région se spécialisa bientôt dans la fabrication de linon et de batiste. Son aspect peut être modifié par différents apprêts pour correspondre à différents usages. Si son aspect est lustré, c'est qu'il a subi un mercerisage Au Moyen-Age, le linon était empesé avec de la farine, pour les coiffes.. La qualité du tissage en Suisse, jadis en lin est encore réputée pour les Ces cotons suisses sont souples, brillants, et les dessins sont généralement obtenus par effet de tissage et non par impression.
Le linon est une matière de luxe, sachez l'apprécier lorsque vous en trouvez doux au toucher, aimable à l’œil et pour ne rien gâter agréable à porter, deux ombres à ce tableau idyllique , la rareté du produit  ce qui implique un prix élevé.

Une des utilisations du linon fit beaucoup de bruit à l'époque. Madame de Pompadour et la comtesse Du Barry entre autres, utilisaient un accessoire qui sembla scandaleux à leurs contemporains : un morceau de linon qui servait à se moucher  et qui ne se jetait pas après usage car, étant donné le prix élevé de cet objet très finement brodé et bordé des dentelles les plus fines, les chambrières les donnaient à laver. Il n'y a pas de petites économies même, chose extraordinaire, à la cour de France.
!

Jusqu'au Moyen Age, l'usage voulait que l'on se moucha dans ses doigts
Cependant au temps des romains, le mouchoir était un élément du costume mais son utilisation se limitait à essuyer la sueur du visage ou remplaçait l'éventail (ces dernières utilisations sont encore en usage de nos jours).
Les chinois, eux, avaient déjà des kleenex® ; ils employaient des feuilles de papier de riz qu'ils jetaient après usage.
Si l'apparition du mouchoir dans le costume du Moyen-Age se répand, l'utilisation n'en est pas pour autant celle que nous connaissons aujourd'hui.
L'église en fit un symbole, (le linge que Véronique tendit au Christ sur le chemin de Croix) puis le mouchoir, objet de luxe s'il en fut, eut un rôle décoratif, richement orné de dentelles ou de broderies. Il coûtait si cher que les dimensions furent réduites et que, d'un commun accord, on le retrouva en carré dans de nombreux pays.
C'est aussi l'Eglise, mais anglicane cette fois qui fit grand cas du linon. Le linon est utilisé pour les manches des surplis des évêques anglicans En Grande Bretagne cette étoffe est appelée lawn probablement parce que les premiers linons furent importés de Laon grand  centre textile français.

Le mouchoir a son langage : agiter son mouchoir (classique sur le quai de la gare), accrocher son mouchoir à la fenêtre (signe de méfiance, attention traquenard, je suis surveillée),  faire tomber son mouchoir (très romantique), faire un nœud à son mouchoir (se souvenir de, ne pas oublier..).

Autrefois, tout comme le linge de table, le nombre de mouchoirs qu'il était normal de posséder, était impressionnant. On raconte que Brumell, chef de file des élégants au XIX e siècle en comptait plus de 50 douzaines. Chose curieuse, les mouchoirs se vendent toujours à la douzaine, sauf cas particulier de pochette-mouchoir assortie à une cravate, ou de fines étoffes superbement brodées, ou monogrammées.

Les fils de lin des mouchoirs "en linon"  sont si fins qu'il est impossible de les filer et de les tisser mécaniquement, ils ne supporteraient pas le traitement et la rupture serait immédiate. Jusque dans les années 1950 ils étaient encore tissés à la main, par des artisans de la région de Cambrai d'où leur dénomination commerciale : "fil de main"   et huile de coude… 
Si le linon ou fine batiste, le lin ou la soie font de luxueux mouchoirs, les grands carreaux de Cholet sont aujourd'hui caractéristiques des mouchoirs d'hommes généralement plus grands que ceux réseRvés aux femmes (ces derniers sont plus jolis, ornés de dentelle, ou brodés). Venue des U.S.A., l'utilisation de mouchoirs en ouate de cellulose est de plus en plus développée en Europe. Côté hygiène, cela semble moins archaïque.
Les mouchoirs précédemment décrits sont dit "de poche" ; il en existe de cou se sont les "bandanas", ou de tête  les madras aux Antilles.

Pour les serviteurs de l'église la manipule fut un élément du costume ecclésiastique. Cette bande de fine étoffe blanche, que le prêtre porte sur le bras gauche pendant l'office et qui lui permet d'essuyer la sueur de ses mains et de son visage, était en linon

Lingerie féminine, vêtements d'enfants, chemises d'été fraîches et légères, mouchoirs , le linon peut aussi être utilisé pour des voilages.