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mardi 12 février 2013

BILLET de mauvaise HUMEUR : SOIE ARTIFICIELLE, SOIE VEGETALE OU SIMPLEMENT VISCOSE?



  1. "PROUVER QUE J'AI RAISON SERAIT ACCORDER QUE JE PUIS AVOIR TORT" Beaumarchais
  2. Je croyais que l'interdiction par décret de 1934 de l'utilisation du terme "soie artificielle" était respectée J'avais tort.
  3. Je croyais que le mot soie désignait uniquement des fibres d'origine animale, bien que législation européenne précise la soie est une fibre provenant exclusivement des insectes séricigènes. 
  4. J'avais tort.Je croyais que l'interdiction par un décret de 1934, de l'utilisation du terme "soie artificielle" était respectée..J’avais tort  
  5. Je croyais que les commerçants avaient compris que les clients sont en quête d'informations et pas de désinformation. J'avais tort..  
Je croyais que le sabra était une fibre végétale tissée artisanalement au Maroc dont l'aspect rappelle étrangement la soie. J'avais tort.

Je croyais que 100% ne pouvait pas se décomposer en 80%/20%. J'avais tort.

Je croyais en la définition donnée par le dictionnaire de l'Académie Française 8e édition :
"soie: matière filamenteuse, fine et brillante, produite par un ver qu'on appelle ver à soie. 
  soie artificielle : nom donné improprement à une imitation de soie obtenue par le traitement de la cellulose."
Avais-je tort ?



DES REVENDICATIONS QUI PERDURENT 
Dans les années 1930, les fibres textiles chimiques sont de plus en plus plébiscitées par les clients. Les soyeux lyonnais s'inquiètent à juste titre de l'ambiguité du terme "soie artificielle". Afin d'éviter toute confusion entre les deux produits, ils exigèrent que le mot soie s'applique aux seules fibres d'origine animale. Cette démarche fut entreprise, non pas pour décrédibiliser ou dénigrer la viscose, mais pour différencier l'original de la copie. Il s'avéra nécessaire, déjà à cette époque, de mettre de l'ordre dans l'industrie textile et d'informer le client sur les différences entre les fibres artificielles chimiques comme la viscose et les fibres naturelles comme la soie.
L'intention des industriels n'était pas seulement de se protéger d'une concurrence déloyale utilisant le mot soie accolé au mot artificielle. A l'évidence, il fallait aussi protéger le consommateur de toute confusion entre ces deux fibres.

La vindicte qui, pour une fois, n'était pas "populaire" fut couronnée de succès puisqu'un décret fut promulgué et la dénomination "soie artificielle" fut supprimée et remplacée par le mot rayonne. Ce n'est qu'en 1975, qu'un second décret interdit de faire figurer "rayonne" sur les étiquettes de composition au profit de viscose, terme toujours en vigueur en 2013.
En 1934, les nouveautés lancées sur le marché par l'industrie des textiles chimiques éblouissaient le public en même temps qu'elles  le plongeaient dans un brouillard dense faute d'informations précises.
Le mode d'emploi viendra par la suite, parfois trop tard pour éviter les incidents ménagers comme par exemple des chemisiers détériorés car repassés avec un fer trop chaud.

J'ajoute que les industriels lyonnais avaient saisi tout le potentiel de ces fibres textiles chimiques, et certains s'engouffrèrent dans ce nouveau créneau. L'industrie se développera dans la région, faisant bon ménage avec la production de soie naturelle. 

LE VENT DE LA REVOLTE NE S'ESSOUFFLE PAS ENCORE
De l'histoire ancienne cette querelle entre industriels ? Non hélas. La problématique de l'information n'a pas été résolue. Ce qui a changé, c'est la distribution des acteurs. Les industriels ont eu gain de cause et sont passés à d'autres choses, pas les consommateurs. Pour se défendre, pour mieux s'informer, pour en savoir plus sur les produits ils se réunissent en association,  éditent des revues spécialisées  mais ne suffirait il pas  d'une bonne information sur le lieu de vente, au moment de la décision d'achat.

Alors pourquoi me lancer dans cette diatribe, pourquoi m'insurger de la sorte ? Parce que, comme beaucoup d'entre nous, je n'aime pas, mais pas du tout, être considérée comme un porte monnaie sans cervelle, juste capable de gober sans discussion les arguments mis en avant par les publicitaires, les fabricants, et les vendeurs. La bonne foi du fabricant n'est pas remise en cause, puisque si l'on insiste un peu, si l'on questionne les responsables, si on lit attentivement les catalogues lorsqu'on les trouve on a une information, parcellaire j'en conviens, par bribes certainement mais, mis bout à bout, le client obstiné peut, s'il le désire, obtenir ce qu'il cherche,  en l'occurrence la composition d'un très banal tapis. Miser sur la crédulité du consommateur serait ce le but?

Il faut savoir qu'aujourd'hui il y a une production importante de tapis dits "de soie", de "soie artificielle" ou encore "de soie végétale". Mais dans pratiquement tous les cas il s'agit de tapis en viscose. Ce flou "artistique" peut tromper l'acheteur et avantager le fabricant L'argument est essentiellement publicitaire,   le mot soie  confère une notion de luxe à n'importe quel produit (shampoing, crème de beauté, tapis) .
A titre d'exemple voici ce que proposent certains grands éditeurs de tapis contemporains 

Tapis collection Ben TOULEMONDE BOCHART hiver
Largeur : 200 cm
Longueur : 140 cm

Autre(s) caractéristique(s) :

Tapis tissé main laine et soie végétale
Dimensions du tapis : 140x200 cm. 
Créateur : Studio TB.
Pour ce tapis, les rayures se déclinent en matières et en couleurs. 
Couleurs froides ou chaudes, demi teinte ou contraste, où la soie végétale s'associe parfaitement au confort de la laine.
Toulemonde Bochart est le leader incontesté dans la fabrication et le design de tapis haut de gamme. Début 1980, Toulemonde Bochart confie la création de lignes complètes de tapis à des designers reconnus parmi les plus talentueux, ainsi qu'à de jeunes créateurs souhaitant s'exprimer sur un produit aux possibilités multiples. Les tapis Toulemonde Bochart donneront à votre intérieur une touche de raffinement distingué
.



Tapis Sillage Colombin - Sam Laïk

Avec ses motifs et couleurs à la fois doux et chauds, ce tapis en fibres de laine et soie végétale vous initie à la Zen-attitude.."
Dim. : L. 240 x l. 70 cm.
Un  coup de fil à la boutique  Sam Laïk  m'a suffit pour connaître la composition de leur soie végétale. "C''est un produit végétal fait à partir de copeaux de bois. En fait c'est de la viscose. Nous disons soie végétale car la fibre à une brillance  proche de celle de la soie animale".
Pas sûr que ce qui suit nous éclaire davantage.
Tapis noués, tuftés, faits main ou tapis mécaniques, il est difficile de s'y retrouver au milieu de l'offre pléthorique de tapis. Alain Prenant, Directeur de la société Urban Carpets, qui édite des tapis contemporains, nous aide à y voir plus clair :  
...il y a la soie naturelle, autrement appelée soie artificielle ou végétale. Il s'agit en fait de viscose, parfois de fibre de bambou. Les tapis en soie sauvage véritable sont très rares. Il s'agit alors de tapis noués très haut de gamme, que 
l'on accroche au mur plutôt que de les poser au sol

 Et annoncer simplement  que les tapis sont en viscose? Certaines marques et quelques sites sur internet sont moins cachotiers. Le client doit tout de même faire l'effort de rechercher l'information. 

Certains sites  dévoilent au bout de quelques lignes ce qui se dissimule derrière la soie végétale. Mais pour en arriver là, il faut taper tapis en soie végétale.!
Domedéco
 En termes de matière, les ganses, le jonc de mer ou les cisailles sont toujours d’actualité et indémodables. Au sommet de cette pyramide trône la laine et la soie végétale. Faisant voler en éclats tous les a priori, elle n’est autre que de la viscose, le terme « soie végétale » ayant une consonance plus douce. Le toucher est digne de la soie même si la source diffère du royaume animal, pour se tourner vers la cellulose (pulpe de l’arbre), retransformer artificiellement. Ainsi, la soie végétale joue sur la lumière, la laine sur le mat
Ils annoncent la couleur maise dire si on vient leur demander, mais ils ne le claironnent pas.
Certains produits viennent de pays qui n'ont pas la même législation que nous en matière d'étiquetage, cependant les importateurs doivent se soumettre aux lois européenne en matière d'étiquetage
1. Lorsqu'il met un produit textile sur le marché, le fabricant veille à fournir l'étiquette ou le marquage et veille à l'exactitude des informations qui y figurent. Si le fabricant n'est pas établi dans l'Union, l'importateur veille à fournir l'étiquette ou le marquage et veille à l'exactitude des informations qui y figurent."
Mais combien sont ils à respecter cette directive?

Les éditeurs de tapis contemporains seraient soumis à d'autres lois ou bien auraient ils la permission de ne pas respecter celles qui en vigueur?


DOC- OSORNO SNOW 15 collection : DOC DESIGN modèle : OSORNO construction : tissé à la main poil : laines/soie artificielle applications : usage résidentiel intensif/usage public modéré poids : ca 6.00 kg/m²

les tapis Osorno combinent un look très raffiné avec une qualité inégalée, grâce à un mélange de fibres très recherché, de sorte que les laines ne pluchent quasiment pas; posage mur à mur possible; tapis longues mêches passant les tests de flammabilité

Or, je juge l'emploi du mot soie à toutes les sauces abusif. Bien que la viscose ait une brillance qui rappelle celle de la soie, il faut en convenir, le mot  est moins vendeur que le mot soie. A titre de comparaison, on peut acheter des œufs de lump et bien qu'ils  aient une certaine similitude avec le caviar, les étiquettes ne boites  caviar de lump, le mot caviar étant réservé aux œufs d'esturgeon. On adjoint aux œufs de lump des arômes de synthèse pour s'approcher du gout du caviar original, Il y a l'original d'un coté, le succédané de l'autre.
Probablement poussé par des considérations marketing et commerciales, les fabricants de tapis ont une communication que je trouve désastreuse parce qu'ils cherchent à gommer la présence de fibres chimiques dans leur produits. Evidemment, l'image de la viscose est moins valorisante que celle de la soie ; c'est pour cette raison que certaines marques utilisent encore des termes obsolètes voir interdits comme soie artificielle ou des désignations impropres comme soie végétale.
Voici un extrait du journal officiel de l'union européenne


Un produit textile ne peut être étiqueté ou marqué «100 %», «pur» ou «tout» que s'il est composé exclusivement d'une même fibre. 
Sous prétexte de vendre des articles "contemporains" on ne peut pas s'autoriser toutes les compromissions et semer confusion et ambiguité en employant des mots non appropriés.
Derrière cette fraude, puisqu'il faut bien dire les choses, il y a une question de profit sur le dos des consommateurs puisque le prix de la matière première est différent qu'il s'agisse de soie, de sabra ou de viscose.

 LA FOIRE A TOUT

On n'imagine pas à quel point nous sommes désinformés, contrairement aux apparences. Les médias nous abreuvent d'informations, c'est la course au scoop, difficile de contrôler les erreurs et les abus. Trop de tout n'est pas la panacée.
Les catalogues, les revues de décoration, les sites de ventes sur internet envahissent notre vie,nos écrans, nos boites à lettres, notre temps libre, et pourtant tout ce qui est à vendre  n'est pas  forcément bon :  inepties,contradictions, erreurs, mauvaises traductions, il faut faire le tri. 
Voici dans un court extrait trouvé sur le net en tapant tapis viscose, des informations parcellaires qui embrouillent plus qu'elles informent.

"la viscose également appelée soie artificielle est une fibre végétale (généralement la pulpe de bois) traitée artificiellement pour lui apporter des caractéristiques proches de la soie naturelle. Les caractéristiques de la viscose sont proches du coton... Dans le monde du tapis la viscose est très appréciée par sa douceur. C'est également une bonne alternative à la soie qui est très chère et pas toujours adaptée pour un tapis qui subit les aléas du quotidien..."

REGRETS ETERNELS
Depuis trop longtemps les grands groupes inondent le marché de contre vérités. Les fabricants misent sur la nouveauté, l'innovation, les tendances, la mode. Mais il convient de décrypter les intentions sous-jacentes. Inutile d'employer un vocabulaire technique incompréhensible pour un non initié,  à moins de vouloir le manipuler, le plonger dans la confusion la plus totale.
"tapis tuffté 100% en soie végétale".Tapis Adam couleur de fond gris, motifs fleurs dégradées de gris, dossier coton. Traitement anti-dérapant, anti- salissures, tuffté main. Le dessin est imprimé sur un canevas tendu sur un cadre. Les fils sont piqués dans ce canevas par un pistolet, soit manuel, soit électrique pour former le velours".
Beaucoup d'incohérences dans ces quelques lignes supposées renseigner les clients sur la nature du tapis vendu sur le site internet d'un fabricant français réputé.
Matériel de tapis : viscose + soie artificielle
Des flots de mots mis bout à bout destinés à convaincre?
"...les tapis en soie végétale, lumineux et luxueux, donnent de l'élégance à votre intérieur…"
Je regrette ce choix de non communication. On laisse le principal intéressé, c'est-à-dire l'acheteur, dans un vide absolu, malgré une profusion de pseudos informations.

QUESTION DE CONFIANCE
L'actualité récente me donne du grain à moudre. Le ministre de l'agriculture affirmait ce week end sur les ondes radiophoniques qu'un article étiqueté 100% viande de bœuf et contenant, entre autre, un certain pourcentage de viande de cheval, était une chose inadmissible, qu'il s'agissait d'une tromperie sur la marchandise. Bien que cette regrettable histoire ne mette pas la vie des consommateurs en danger, elle suscite une grande méfiance quant à la fiabilité des étiquettes de composition.
Bœuf ou cheval, soie artificielle, soie naturelle ou viscose, le problème n'est pas de jeter l'opprobre sur tel ou tel produit, c'est simplement de savoir ce que l'on achète et dans notre cas où l'on met les pieds.

IMITER N'EST PAS TROMPER  
A l'origine, c'est-à-dire à la fin du XIX ème siècle, le but recherché par les chimistes était de fabriquer une fibre qui ressemblerait à la soie, mais moins coûteuse, afin de satisfaire une clientèle nouvelle mais financièrement moins aisée que celle qui s'adressait aux soyeux.
Il n'y a pas tromperie dans la mesure où le consommateur  n'est pas amené à confondre  la viscose avec la soie  par des appellations fallacieuses.

DES TERMES SYBILLINS PEUVENT FAUSSER LE JUGEMENT
 Ce n'est pas parce que la matière première de la viscose est constituée de copeaux de bois,   ou des déchets de coton qu'il s'agit pour autant d'une fibre végétale et naturelle. Cela est aussi absurde que d'affirmer que le polyester ou le nylon sont des fibres naturelles minérales et naturelles puisque issues de ressources fossiles  
Ce qui n'est pas explicitement signalé c'est le processus de transformation nécessaire pour obtenir un fil de viscose. L'adjonction de produits chimiques est nécessaire pour transformer la matière première végétale(coton ou bois)  ou minérale (pétrole) en une fibre textile susceptible d'être filée, puis tissée.

DE LA TERRE A LA LUNE
Les produits de substitution que sont les fibres chimiques possèdent des qualités intrinsèques souvent  techniquement parfaites comparativement aux matières naturelles. Plus légères, plus brillantes, plus solides...la liste n'est pas exhaustive. 
L'industrie des textiles chimiques innove en permanence, en tentant de sublimer les  spécificités des fibres naturelles qu'elles  étaient censées imiter au départ.  Depuis plus d'un siècle,  ces fibres sont devenues incontournables. La population mondiale augmente, et sans le recours aux  fibres artificielles et synthétiques, il aurait été difficile d' habiller plus de six milliards d'individus. Alors chapeau et merci l'industrie chimique! Cependant, le succès n'autorise pas le camouflage. Si l'on est fier de ses produits, alors pourquoi avancer masqué ?

SANS SOIE NI LOI
La soie végétale existe, mais c'est sous le nom de Sabra qu'elle est commercialisée en France puisque la législation interdit l'emploi du mot soie. C'est une fibre extraite des feuilles d'une plante grasse, l'aloès, ou encore aloe vera. Sa blancheur, sa brillance et sa souplesse, ne sont pas sans rappeler la soie naturelle. Ce sont ces similitudes qui lui ont valu le surnom de soie végétale. Le sabra est traditionnellement utilisée par les artisans de la région de Marrakech au Maroc pour la fabrication d'articles de décoration. C'est un article très rare en France, que l'on trouve cependant au Maroc. C'est à  une concurrence déloyale que doit faire face l'artisanat marocain qui lorsqu'il annonce étoffe de soie végétale il s'agit réellement de fibres de l'aloé véra ou aloès. La dernière ligne met en garde le consommateur.

"Etoffe de soie végétale Dimension : 3m x 2m
Etoffe en soie végétale (fibres d'aloé vera) réalisée artisanalement sur un métier à tisser. La soie végétale est parfois associée à du coton et/ou de la laine "satinée"
Ce coupon de 3m sur 2m lavable en machine à 30° peut servir
1° de couvre-lit
2° pour recouvrir un canapé défraichi,
3° à la confection de tentures
4° de nappe
5° à la confection de coussins, travers de table,...
Si vous trouvez moins cher... il y a une explication... la soie est remplacée par du nylon....l'étoffe ne pèse pas lourd et l'étoffe est peu résistante"


C'est pourquoi je suggère aux fabricants de tapis "contemporains" de modifier leur étiquetage et d'indiquer plus clairement la nature exacte des fibres utilisées et surtout de former leurs vendeurs.
5° à la confection de coussins, travers de table,...
Il existe des lois, il serait temps de les appliquer.
C'est au consommateur de faire la démarche, d'aller à la pêche aux informations, les éditeurs de tapis contemporains ne font pas l'effort d'indiquer clairement les compositions.


UN FAUTEUIL POUR DEUX
Les carottes ne sont pas des navets, le coton n'est pas du lin, la soie artificielle n'est pas de la soie naturelle. Ce sont des articles différents l'un ne remplaçant pas l'autre et les deux ne s'additionnant pas pour un formedfg
Oui mais… Permettez moi de vous narrer mes aventures textiles telles que je n'aurai pas imaginé les vivre à notre époque où google vous dit tout, où les journaux vous dévoilent tout, où tout le monde sait tout sur tout. Finalement, c'est rassurant de se voir confronter à l'imprévu, mais affligeant de constater toute cette profusion d'informations superficielles.

LE HASARD ET LA NECESSITE
Ce post m'a été dicté par le hasard mais c'est par nécessité que je me rendais hier boulevard Raspail à Paris, quartier où les boutiques spécialisées dans les tapis contemporains sont nombreuses, ce qui tombait bien, puisque je cherchais un tapis.
Ma recherche était des plus simples : un tapis en pure laine, uni, avec deux critères incontournables : les dimensions et la couleur. J'avais avec moi un échantillon du cuir de mon canapé pour éviter les erreurs. Cette recherche fut plus laborieuse que je ne l'imaginais. Par deux fois mes  sens fussent tirés de la sorte à hue et à dia, 

L'OUIE FINE
La belle vitrine du magasin m'enchanta. Des tapis aux couleurs acidulées, aux motifs abstraits séduisants, posaient nonchalamment offrant à la vue des passants des harmonies gourmandes, mais quid de la matière? Mystère. Rien ne signalait  la composition et pourtant il ne s'agissait ni de marchandises de second choix, ni de fin de série déclassée, encore moins de lots. Une nouvelle boutique, des produits de  marque (Sam  Laïk) vendus dans un magasin de l'enseigne. 
C'est en  poussant la porte que mon ouïe fut saisie d'effroi. Un couple était en contemplation devant un tapis suspendu sur des rails accrochés au plafond, comme on présente actuellement les tapis, c'est moins de manutention pour le personnel, mais c'est plus difficile d'imaginer quels reflets il aura une fois posé sur votre sol.
Le poil, long, doux, souple et soyeux intriguait les visiteurs. C'est la raison pour laquelle l'homme osa poser une première question au vendeur qui se tenait près d'eux. La matière? c'est une soie artificielle. Ah bon. Et c'est bien? Oui. Curiosité vite satisfaite par le vendeur qui saisit cette opportunité de briller et faire étalage de ses connaissances techniques : admirez cette douceur dit-il en invitant la dame à toucher le tapis, toujours suspendu et surtout, regardez les effets de lumière c'est très tendance, c'est grâce à la présence de soie artificielle. C'était dit sans autre forme de procès. Finaud et fier de lui, le conseiller de vente offrait à ces futurs heureux possesseurs d'un tapis en laine et viscose, une note de luxe  suggérée par l'emploi du mot soie qui avait fait mouche à tous les coups.
A moins de le vouloir vraiment et de mettre en doute les informations distillées par une personne de confiance, comment  trouver la  provenance de cette "soie"? La traçabilité dans ce domaine est loin d'égaler celle du veau ou de la pomme de terre et pourtant il s'agit d'articles dont le prix est souvent supérieur à  un rôti ou un gratin.    

J'en ai plus qu'assez d'écouter les boniments, les arguments de vente  appris lors d'une rapide formation et débités par cœur. Des pseudo techniques de vente éventées et des ""conseillers de vente" qui n'imaginent pas un instant que la personne en face d'eux qu'ils tentent de convaincre soit capable de réfléchir, de questionner et, éventuellement, d'en savoir plus qu'eux sur le produit. Le client qui achète tout les yeux fermés, aujourd'hui ça ne devrait plus exister. Eh bien si ! J'en ai même rencontré ce samedi.
Ne voulant pas assister à "la mise à mort" de ce gentil couple, qui allait conclure la vente en sortant déjà leur carte de crédit, je sortais de la boutique.

PLEIN LA VUE
En traversant je n'eus pas à aller bien loin, une autre boutique proposait des tapis "contemporains". J'entrais.  Une énorme étiquette attachée par un joli ruban sur un tapis attira immédiatement mon regard. Elle indiquait en lettres majuscules SOIE VEGETALE. Me revoilà dans la tourmente. Pas grave, mais déstabilisant. Je n'étais pas venue travailler. Enfin au point où j'en étais, je pose la question qui fâche à un vendeur libre. La réponse est telle que je la prévoyais : c'est de la viscose bien sûr ! Là  c'est vrai, mais d'où sortent ils cette soie végétale? Et si c'était une initiative du directeur de ce magasin, la direction n'était peut être pas au courant. Je ne cherche pas d'excuses, je cherche à comprendre ce genre d'action. Tous les clients ne sont pas au fait de l'univers textile, tous ne sont pas marchands de tissus comme je le suis, tous ne font pas le lien  entre soie végétale et viscose et tous ne posent pas autant de questions.
Pour un fabricant dont la communication est axée sur la qualité, la confiance, l'innovation, les recherches textiles, j'ai du mal à saisir le but recherché.
Voici un extrait de rédactionnel concernant un fabricant français que tout le monde connait dans l'univers de la décoration.
" Cette grande marque incontournable de l'univers de la décoration avec des collections de tapis toujours plus créatives et toujours plus innovantes apporte son talent et son savoir faire en redonnant audace, modernité, originalité et élégance au tapis."
Peut-on qualifier la viscose de matière audacieuse et originale, sachant que les premiers métrages furent produits à la fin du XIXe siècle ? Où est l'innovation promise par le fabricant?

 MAISON DE CONFIANCE ?UN DOUTE EST POSSIBLE
La signature T. B sur un tapis est un label de qualité, une valeur sûre pour l'achat de votre tapis." 
Ce qui est désobligeant, c'est que  certains éditeurs de tapis contemporains prennent les clients potentiels pour des imbéciles, faciles à berner, se laissant manipuler sans peine. La renommée d'une marque, la confiance qui lui est accordée, le prix du luxe, ne laissent pas de place pour l'ambiguité.
  
MES DESIRS NE SONT PAS DES REALITES
J'aurais aimé que ces sociétés assument leur  choix plus clairement au lieu de se cacher derrière des étiquettes trompeuses.  

FLAGRANT DELIT 
Ces regrettables expériences m'ont laissée perplexe. Peut-être suis-je tombée sur des vendeurs "du samedi" des remplaçants, des stagiaires. Peut être, mais la suite évince cette hypothèse..
Sortant du magasin du boulevard Raspail,, je m'entête et décide de vérifier si j'ai les mêmes réponses ailleurs. Je me rends donc aux Galeries Lafayette Maison sachant qu'il y a un stand de tapis contemporains. 
L'étiquette  présente sur le stand et dans le magasin  laisse  supposer  avec les mots soie et végétale que l'on est sur une  matière quasi naturelle

D'un coté des tapis, de l'autre coté un vendeur et au milieu une cliente potentielle. Sur un tapis roulé, une étiquette posée en équilibre instable mentionne 100% soie végétale. Il semblerait que cette société utilise beaucoup la soie végétale. Si c'est le cas c'est très positif, si ce n'est pas le cas,c'est une usurpation d'identité, une appellation non contrôlée.  Je  demande au vendeur ce qu'est la soie végétale. Sans hésiter et content de pouvoir enfin mettre sa formation à profit, il me répond qu'il s'agit d'une fibre extraite d'une plante, l'aloé véra mélangée avec de la viscose. Mais les choses se compliquent pour ce monsieur. Il a en face de lui une personne qui n'est pas si facile à convaincre Si c'est un mélange pourquoi marquer que c'est 100% soie végétale ? Là je le pousse dans ses derniers retranchements, il n'a visiblement pas la réponse. Alors il me dit tout de go : désolé, je ne sais pas. OK. Mais avez vous un catalogue ou bien une documentation sur ce tapis ? Soulagé, il se défausse sur l'épais dossier que l'on consulte sur place. Voilà vous avez toute la collection et le descriptif ici. Merci.

Je cherche donc la référence Gloss celle du tapis en question et voilà ce que je trouve
troisième ligne à partir du bas : gloss
Le vendeur à qui je montre le catalogue est très décontenancé. Il  découvre semble t il en même temps que moi par l'information du fabricant  : 100% viscose.Il m'explique mal à l'aise  que c'est ce qu'on lui à dire de dire. Il n'en sait pas plus. 
Afin de completer ma petite enquête et d'avoir confirmation ou infirmation de mes doutes, je téléphone dans une autre boutique, celle du faubourg Saint-Honoré. La transparence est au rendez-vous. Il suffit comme je le fais de poser clairement la question : qu'est-ce que la soie végétale ? Mon interlocutrice répond qu'il s'agit d'une fibre naturelle. Mais encore? C'est de la viscose, fibre végétale puisque la matière de départ est le bois. Leçon impeccablement apprise. Mais  je prolonge la discussion. La viscose n'est pas du bois donc il faut certainement transformer cette matière première avec des produits chimiques pour obtenir une fibre textile ? Oui bien sûr. Alors pourquoi ne pas écrire ou dire simplement qu'il s'agit de viscose ? Réponse au bout du fil : parce que c'est plus joli. Mais attendez je cherche sur le catalogue. J'ai trouvé!,Il est précisé que la référence du tapis en question est en viscose, c'est écrit en toutes lettres, donc vous voyez nous ne cachons rien au client. 
Bravo pour la transparence, la traçabilité, il m'a fallu de la persévérance, du temps, de l'obstination pour finalement accéder à la réponse officielle qui lui déclare le tapis référence Gloss 100% viscose.  

POURQUOI FAIRE SIMPLE QUAND ON PEUT FAIRE COMPLIQUE?
J'ai continué  sur le site du fabricant et c'est le bouquet final. Non seulement nous avons  dans les 100% viscose de la fiche précédente de la viscose mais en supplément 20% de coton. Et tout cela pour un même article, du même fabricant. Ce jeu de piste est bien qu'amusant, très frustrant. 

GLOSS


Fabrication :
TISSE MAIN


Matière :
80% VISCOSE 20% COTON


Pb/Kg :
31

Tissé main 100% soie végétale
CHARBONFEULICHENMASTIC
OPERAPERLETAUPEVISON










CHERCHEZ L'ERREUR
Un produit textile ne peut être étiqueté ou marque" "100%" "pur" ou "tout" que s'il est composé exclusivement d'une même fibre selon le journal officiel européen. 
Cela devrait simplifier les choses, tout au moins l'étiquetage. Le tapis Gloss en question, ne peut  donc pas être selon la législation européenne contrairement a ce qu'annonce  son fabricant sur l'étiquette, le catalogue et sur le site  à la fois 100% soie végétale, 100% viscose et 80% viscose et 20%Coton.

ON NE PEUX PAS COURIR  DEUX LIEVRES A LA FOIS
Pas la moindre trace de sabra dans les tapis présentés dans les magasins ou vendus par correspondance étiquetés  100% soie végétale. Pas l'ombre de la présence de soie animale dans les tapis étiquetés soie artificielle. Certes les fibres sont douces, soyeuses, brillantes, mais la comparaison s'arrête là. Les éditeurs de tapis contemporains semblent s'être donné le mot : pour eux la soie végétale et la soie artificielle ne font qu'un avec la viscose.


Toulemonde Bochart Tapis figuration gris - Brandalley - Izivashop

11 janv. 2013
... nouveau dessin. uAndrée et amp; Olivia Putman/u Composition : viscose Couleur : gris Tufté main 100% soie végétale Antidérapant Traitement antisalissure Réf FIGURATION - GRIS / 817523 br/ ... Toulemonde Bochart Tapis figuration gris ..
Que faut il comprendre? Viscose  et  100% soie végétale deux matières différentes ou deux noms pour une même fibre?

La marque Diacasan Edition, créée par Sandrine Demas en 2001, est issue de sa passion du tapisdans le monde contemporain. Un large choix de produit qui correspondra à vos envies.
Le concept est la traduction textile de sa vision avec ses deux matières fétiches la soie végétale et la laine, ses trois aspects et ses 62 coloris. 

Tout un programme!


  1. Pour ce post, tout est dit, je n'ai rien à ajouter sinon que j'aurais préféré avoir tort que raison.















jeudi 31 janvier 2013

N°4 UNE NOUVEAUTE MILLENAIRE : LE TISSU DE LOTUS


UN LAC FLEURI
Imaginez vous une vaste étendue d'eau, d'où sortent par milliers des tiges portant des fleurs plus belles les unes que les autres. Ces boutons blancs, roses et rouges vont éclore entre le mois de juin et de septembre, et alors le spectacle est unique.
Ces corolles  délicates se détachent sur les larges feuilles vertes. C'est simplement éblouissant, qu'il s'agisse d'un lac, d'une mare ou d'un bassin, l'aspect décoratif est extraordinaire. Qui plus est, si les tiges renferment des fibres susceptibles d'être filées, c'est magique. Il existe de nombreuses variétés de lotus, mais seules les tiges du Padonma kyar sauvage ou lotus rouge sont utilisées en filature.

LE TEMPS DE LA RECOLTE
C'est le matin que la splendeur des fleurs qui ouvrent leur corolle est à son apogée. Avec le coucher du soleil, les fleurs se fanent, pour mieux renaître le lendemain. La pleine saison pour la récolte se situe  pendant la mousson Ensuite, les fleurs sont moins abondantes et la qualité des fibres est de moins bonne qualité.

TOUT EST BON, IL N 'Y A RIEN A JETER
Dans le lotus tout est bon : la fleur est belle, elle se vend à l'entrée des temples et sert d'offrande aux fidèles, les graines, les pétales des fleurs se cuisinent, les graines séchées ou fraîches se dégustent comme des friandises, les racines semblables à des tubercules sont utilisées dans la pharmacopée chinoise





                   Lotus rouge royal, dont la fleur émerge majestueusement des eaux troubles.

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UN LIEU, UNE FIBRE, UN TISSU
Quelques écharpes en tissu de lotus 
C'est dans le village de Kyaingkhan situé sur le lac Inlé que sont tissées traditionnellement les robes "offrandes" des moines en fibre de lotus ; quelques articles comme des écharpes ont été fabriqués afin de satisfaire une clientèle de passage, essentiellement composée de touristes car le tissu de lotus est symboliquement destiné à habiller les statues de bouddha et les vénérables vivants dans les monastères.

UN PROCESSUS IMMUABLE
Les femmes recueillent les fleurs et les graines, qu'elles vendront près des temples et au marché.
Les marchés sur le lac Inlé sont tournants, c'est-à-dire que tous les cinq jours ils reviennent dans le même village afin que tous les habitants du lac puissent dans la semaine avoir leur marché et faciliter les échanges. 

                                                      Aujourd'hui, c'est jour de marché

Les hommes  vont "cueillir" les tiges de lotus étêtées, dont les fleurs ont déjà été enlevées pour la vente.
Les tiges fraîches sont rassemblées et les opérations vont se succéder dans l'atelier. C'est à peine 24 heures après la récolte que commence l'extraction des fibres. L'ouvrière fait un tri, elle sait quelle tige choisir, souple mais pas molle car les fibres ont, dans ce cas, tendance à se décomposer et à donner un  fil inutilisable.
Les tiges une fois coupées, sèchent rapidement et deviennent cassantes. Il est alors impossible d'obtenir une fibre textile convenable.

 SYMBOLISME
Dans le bouddhisme, le lotus symbolise le potentiel de tous les êtres vivants de se développer au-delà des désirs de l'existence terrestre pour devenir des êtres purs, personnifiés par le Bouddha.

TRADITIONS
Les habitants du lac Inle suivent les traditions locales ; ils pensent que le lotus est doté de pouvoirs surnaturels. Ainsi, des rites anciens se poursuivent et les exigences perdurent
Les personnes qui vont travailler les fibres de lotus, doivent être respectueuses des cinq règles qui régissent la vie quotidienne des bouddhistes : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas boire d'alcool, ne pas avoir une vie sexuelle dépravée, et ne pas tuer.
La plante est respectée, jusque dans la manière de la cueillir.
Une semaine avant la récolte des tiges, les paysans vont faire des offrandes au lac qui donne la boue et l'eau nécessaire à l'épanouissement de la plante, puis ils feront la même offrande au gardien spirituel de l'atelier où sera tissée la robe de moine. C'est une statue de bouddha que l'on retrouve dans chaque habitation et dans les temples et les monastères avec des tailles et des matières différentes. Ces offrandes consistent en 9 plats de nourritures terrestres déposés sur l'eau et devant la statue.

C'est un travail saisonnier puisque c'est entre mai et juin que la floraison atteint son apogée et jamais on ne coupe les tiges avant la pleine floraison. Ceci pour obtenir la meilleur qualité de fibre.
C'est une des raisons qui expliquent la faible production de cette fibre. Un jour peut être finira t on par  cultiver les lotus et congeler les tiges de lotus afin d'avoir de la matière première toute l'année et de pouvoir répondre à une demande internationale friande de nouveautés. Mais c'est une autre histoire.


Les femmes n'ont pour tout outil un petit couteau et parfois une simple lame, une bassine d'eau et une table basse qui sert d'établi. Les tiges sont incisées peu profondément, cassées d'un coup sec et  tordues de manière à extraire les filaments, une vingtaine par tiges. C'est avec curiosité que j'ai découvert l'intérieur de la tige.

En coupe transversale, on distingue quatre trous qui contiennent des filaments blancs, quasi transparents et humides. On les sort de leur cavité en éloignant les deux parties de la tige sectionnée.

L'ouvrière tient les bouts dans chaque main et d'un geste calculé, ni trop fort ni trop faible, elle obtient à chaque fois une trentaine de centimètres de fibre.



Les fibres seront déposées sur la planche en bois dont la surface est humidifiée en permanence. D'un mouvement énergique, l'ouvrière roule les filaments sur eux-mêmes de manière à obtenir une sorte de fil, encore faible car sans réelle torsion. Cette façon de faire me rappelle l'artisan boulanger qui fait les baguettes. Il prend un petit boudin de pate qu'il roule, allonge, puis il prend un couteau et d'un geste précis il fait des scarifications qui donneront une fois la cuisson terminée cette croute relièfée et craquante si particulière à la baguette "parisienne."
Elle dépose cette portion de fil qui ne dépasse pas 0,30 à 0,40 cm dans un panier à côté de la table basse et recommence l'opération avec de nouvelles tiges.
C'est un travail fastidieux et répétitif.
Le travail se fait à la chaîne, on coupe, on tire, on tord, on roule et on recommence.

LES BONS COMPTES
12000 tiges de lotus et plusieurs mois pour le filage, le tissage et la teinture sont nécessaires pour fabriquer le tissu d'une robe de moine. A ce compte, les birmans n'ont pas de soucis à se faire, leur production ne sera pas délocalisée et c'est heureux.

LE FILAGE
Les filaments vont être transformés en fil, petits bouts par petits bouts, ils seront assemblés de manière à obtenir un fil continu. Le processus est manuel, il faut éviter que les filaments s'emmêlent. Une fois la transformation achevée, le fil se retrouve sur de grosses bobines.
 Une torsion supplémentaire transforme les filaments en un fil suffisamment solide pour être tissé.
LE TISSAGE
C'est le travail de tout tisserand, rien d'extraordinaire à ce niveau là, bien qu'ici les outils soient réduits à leur plus simple expression.
Les métiers à tisser sont, comme le montre la photo, rudimentaires. On note que la largeur des tissus est limitée et dépasse rarement 0,90cm.


Avant le tissage, il est d'usage d'enduire les fils d'une sorte d'amidon de riz qui rigidifie le fil puis, pour faciliter le tissage, les fils sont légèrement huilés et, durant l'opération de tissage, les fils sont constamment humidifiés. Une fois le tissage terminé, le tissu obtenu est lavé afin d'ôter toute trace d'amidon et d'huile.

Le travail avance lentement, les commandes dépassent largement les possibilités de production, c'est pourquoi les délais sont si longs.



les moines entretiennent leur robe eux même;  dans les  monastères , les étoffes étendues au soleil le temps de sécher, sont autant de taches de couleur qui se détachent sur la verdure environnante


Les robes de moines sont teintes dans une gamme de rouges sombres. Le travail n'est pas pour autant terminé car le tissu est découpé en rectangles ou en carrés de tailles différentes qui sont assemblés pour donner l'impression d'un vêtement fabriqué avec des morceaux de tissus récupérés ça et là. L'ensemble semble rapiécé et symboliquement, la robe une fois terminée, ressemble à un paysage de rizières, avec ces parcelles irrégulières qui sont séparées les unes des autres par de petites digues.

Maintenant vous savez tout, je vous ai livré tous les secrets que j'ai pu glaner ici ou là, surtout là, c'est-à-dire dans les villages lacustres du lac Inle en Birmanie




mercredi 23 janvier 2013

3 UNE NOUVEAUTE MILLENAIRE : LE TISSU EN FIBRE DE LOTUS



RUSTIQUE ET SUBTILE : UNE MATIERE HORS NORMES
Difficile d'imaginer que ce tissu si subtil,  soit obtenu avec un matériel aussi sommaire : une chaîne humaine qui ne recours pas ou peu aux machines  mais qui utilise ses mains, sa force, sa patience, son savoir faire transmis de générations en générations


UN MINIMUM POUR UN MAXIMUM
Le résultat est surprenant pour  nous qui sommes habitués à déléguer le travail aux machines. Un matériel digne de nos musées, des machines bringuebalantes : un rouet  qui grince à chaque tour de roue, fait de bric et de broc, actionné manuellement par un homme sans âge.


un métier à tisser bricolés avec du bois de récupérations, des ficelles pour maintenir debout l'ensemble, des bidons d'huile de moteur (pour les bateaux) en guise de contre-poids.


Les teintures sont réalisées  manuellement, avec des matières colorantes encore naturelles m'a t on affirmé .






 Avec cette économie de moyens, le résultat dépasse l'entendement pour un étranger tellement habituer à déléguer le travail aux machines.

UN INTRUS DANS UN UNIVERS MONDIALISE
Ce tissu est difficile à décrire, c'est pour cette raison que je tenais à le voir et vous permettre de le voir, de le toucher.
Son aspect oscille entre le lin pour la solidité et le grain et la bourrette de soie pour la souplesse, soit d'une légèreté presque magique, qui contraste avec son aspect rustique. Une autre particularité apparait après usage : l'écharpe que j'ai utilisée durant mon séjour au lac Inle, fut pliée, roulée, mouillée par les éclaboussures, chauffée par le soleil, mais jamais froissée. Sa texture incite à la caresse, sa souplesse laisse rêveur, sa solidité est étonnante.
Cette fibre est un trésor qu'il convient de traiter avec déférence ; elle est non seulement naturelle (pour l'instant), artisanale (pour l'instant), et plus qu'aucun autre tissu au monde,  elle possède une charge émotionnelle et culturelle et cultuelle véhiculée par une philosophie de vie.








Je suppute que la méditation est en partie responsable de la "zénitude" des ouvrières et leur longévité

QUESTION D'ETHIQUE
Pour autant, faut-il imaginer couper nos vêtements occidentaux dans cette étoffe ? Ce serait un pêché d'orgueil parce que, originellement, ce travail titanesque était destiné à honorer un homme qui respecte la doctrine de Bouddha et les cinq préceptes qui rythment la vie quotidienne des bouddhistes : ne pas mentir, ne pas boire, ne pas tuer, ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte, ne pas voler.
Ce tissu n'a pas de nom, parfois on le nomme kya-thingahn c'est-à-dire robe de lotus. Cet anonymat volontaire, tranche avec son coût disproportionné.

DEUX BARRIERES INFRANCHISSABLES 
Le tissu de lotus  est encore "intouchable" pour les birmans deux raisons : sa puissance mystique  et  son prix.
 Les birmans, ne portent pas de vêtements en fibres de lotus, vous n'en trouverez ni dans les magasins, ni sur les marchés. Seuls quelques boutiques de grands hôtels proposent quelques articles en fibre de lotus, s'adressant à une clientèle étrangère.

coupons de coton uni, ikatés, ou imprimés de motifs ethniques pour longy,


le longy est une jupe longue portée indifféremment par les hommes et les femmes en Birmanie
sortie de l'université de Yangon, ni jeans ni baskets en vue.. mais des" longy"  obligatoire pour tous

UN JEU DE LUXE
Cependant pour quelques occidentaux fortunés, c'est une gageure de posséder un vêtement en lotus. Sa rareté,  et son prix le transforme en objet de désir, mais la valeur symbolique qui elle, est gratuite, n'entre pas en ligne de compte dans l'achat d'un costume ou d'une veste en lotus à plus de 6000 euros. Je redoute  de voir ce "petit bonheur"  transformé par un bon marketing en une mode l'espace d'une saison. Si la recherche du tissu de lotus n'a d'autre but que la frime, alors j'ai raté mon objectif.

MISER SUR LE RESPECT DES TRADITIONS
Sur place, en découvrant un peuple, en me documentant sur son histoire,  je me suis rendu à l'évidence :  je n'avait rien compris. Nous gommons, effaçons, lissons, uniformisons, formatons , mais nous oublions une chose : le tissu est un langage, un lien tissé entre les peuples plus qu'un simple objet de consommation. C'est en voyageant que l'on s'aperçoit de cette particularité.

UNE JOLIE RENCONTRE
Je suis contente d'avoir  eu cette rencontre avec cette étoffe et d'avoir pris conscience de ce qu'elle représente pour une société qui vit en marge de ce que nous appelons le progrès. C'est  un époustouflant  savoir faire qui laisse une empreinte mystique dont nous ne prenons pas  réellement la mesure.
Alors ma décision est prise, en fait depuis le début de ma rencontre avec les habitants du lac Inle. Oui, j'avais dans l'idée de commercialiser le tissu de lotus avant de me rendre au lac Inlé, oui j'avais pris des contacts avec diverses firmes,  oui  j'ai acheté et rapporté des échantillons, oui, j'ai une écharpe en  lotus, oui je suis dépositaire de ce petit trésor, oui vous pourrez le découvrir en venant nous rendre visite, et non  je ne veux pas  participer à la  perte d'identité de ce tissu, le dénaturer, en faire un banal  produit commercial. Alors ne me demandez pas un métrage pour vous faire "la robe de l'année", parce que ce sera non!

C'est encore un article authentique que la célébrité n'a pas métamorphosé :  profitez en pour faire sa connaissance simplement, sans bla-bla, sans bling-bling, sans chi-chi et pourquoi pas repartir avec un peu de sérénité autour de votre cou. Rendez vous chez De Gilles Tissus.

2 UNE NOUVEAUTE MILLENAIRE : LE TISSU EN FIBRE DE LOTUS


UN MONDE SUR PILOTIS QUI VIT A COTE DU XXIe SIECLE




Les Intha, ethnie minoritaire bouddhiste vivent dans ces cités lacustres depuis le 12 e siècle.  Ils ont adapté leur mode de vie à leur environnement, en devenant, pêcheur, jardiniers, ou tisserands.
Le tissage des fibres de lotus est devenu leur spécialité.
 Le tissu était destiné à habiller des statues de Bouddha, dans les  monastères, les temples où les donateurs sont nombreux et riches, ou simplement chez les particuliers puisque dans chaque foyer bouddhiste on trouve une statue de Bouddha. Si les grands Bouddhas comme dans le temps de ShewDagon à Yangun sont revêtus d'un manteau en fibres de lotus, dans les maisons on place un petit carré de tissu de lotus sur la statue. C'est une offrande tout en symbole. Le lotus étant la fleur emblématique de Bouddha. Selon la légende, aussitôt après sa naissance, Bouddha se mit à marcher et des lotus apparurent à l'endroit où il avait posé ses pieds. C'est pourquoi on trouve souvent des représentations de Bouddha assis sur une fleur de lotus en guise de trône.

UN COMMERCE EN AUTARCIE QUI SE FISSURE
 Les ateliers de tissage  fabriquent et vendent pour la clientèle locale de petits carrés d'étoffe de lotus, petits parce que le prix est très élevé et il serait impossible aux Intha d'en acquérir.
Ce sont des commandes plus importantes qui permettent à ces ateliers de survivre.  La totalité de la production était destinée  il y a encore un an ou deux, au marché intérieur birman, mais depuis 2012 , l'exportation est à l'ordre du jour. La production pouvant à peine suffire à la demande, on trouve très peu d'articles "finis" en fibres de lotus. En général, ils sont fabriqués sur commande.
 La clientèle étrangère éprise de luxe est un eldorado, un espoir, une manne  pour les entreprises locales qui entrevoient un développement de leur production. Le tourisme  semble  déréguler ce commerce traditionnel. Le jour où sur les marchés on proposera  des écharpes en lotus au prix des écharpes en soie, alors ce sera le début de la fin, et les premiers responsables sont les clients. Rapporter un souvenir de voyage à n'importe quel prix, le plus bas possible en général, c'est ce qui met en péril l'artisanat.



A CHAQUE VILLAGE, UN MONASTERE
Dans chaque village il y a un monastère et, dans chaque monastère, il y a des novices, des moines et un Vénérable. Tous portent les habits monastiques.








A CHAQUE MONASTERE UN VENERABLE
Le Vénérable ce qui équivaut pour nous au titre de supérieur dans  un couvent reçoit une robe en fibre de lotus offerte par les fidèles dans les monastères les plus importants.  Si les fidèles ont peu de moyens, les robes offertes sont en coton.
 Ici un moment de pause pour le repas du vénérable. Il a 75 ans, souffre de diabète et lors de notre visite, le médecin venu de la ville voisine était présent pour surveiller son état de santé





LE DON DE LA ROBE DE MOINE UN CEREMONIAL CODIFIE
Novices, moines, ou vénérable, tous reçoivent de la part des fidèles ou de leur famille une robe. Ce don du thingahn ou  robe est un acte méritoire pour tout bouddhiste.
Mais le kya-thingahn littéralement robe de lotus est un présent inestimable  Pour réunir la somme nécessaire à la confection d'une robe, il faut parfois des années. Autrefois, les ateliers travaillaient uniquement pour honorer les commandes de robes de moines. Un délai d'une année était nécessaire pour la réalisation d'un vêtement de cérémonie. Tout se faisait manuellement, de la récolte des lotus qui a lieu pendant la mousson, en passant par les étapes de filage, tissage et teinture. La robe des moines doit  respecter des règles strictes : elle se compose d'une multitude de morceaux, de longueur, de largeur, de formes différentes, qui sont assemblés par des coutures visibles, entre 50 et 155 éléments à assembler,  en fonction de l'importance du moine, un véritable puzzle. Plus le nombre de morceaux est important plus le prix de la robe est élevé, plus la personne qui la porte est importante.





 Ceci en mémoire des premiers moines bouddhistes qui devaient fabriquer eux même leur vêtements. Ils devaient aller dans les cimetières pour récupérer des morceaux de tissus sur les vêtements des morts. Ainsi leur robe était constituée de plusieurs tissus de matières et de couleurs diverses. Puis cette obligation fut remplacée par le don des fidèles : les villageois  donnaient des morceaux d'étoffes aux moines  afin qu'ils puissent en les assemblant fabriquer leur robe. Aujourd'hui les moines n'ont plus l'obligation de  faire eux même leur vêtement, ce sont des couturières spécialisées  qui réalisent ces vêtement et elles apprécient par dessus tout les commandes les plus complexes.
Ce sont toujours les fidèles qui paient la facture avec la collecte des oboles .

Plusieurs villages se sont installés sur ce lac  chacun ayant un secteur d'activité bien distinct.  J'ai évidement remarqué le village des teinturiers.




les fils teints sèchent au soleil en attendant d'être installés sur le métier à tisser


Le matin les teinturiers s'activent, préparent les bains de teinture, teignant et essorant les fils ou les   tissus, et dès que le soleil perce alors  tout est  étendu sur des tiges de bambou   jusqu'au coucher du soleil, et le lendemain tout recommence.






UN ARTISANAT AUTHENTIQUE
Les étrangers, occidentaux ou asiatiques,  ont été fascinés par cet artisanat  et séduits comme je l'ai été par ce savoir-faire ancestral. Et aujourd'hui les ateliers sont débordés, et la quasi totalité de  leur production est achetée d'avance par de grands noms de la haute couture. On peut éventuellement passer commande pour des métrages, mais le délais dépasse largement 2014.
Dans la boutique attenante à l'atelier il y a des milliers d'articles en  coton et en soie, de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes dimensions,  qui  retiennent l'attention de la majorité des visiteurs, mais dans un coin,  un tout petit rayon de tissus de lotus, ne proposant qu'un choix réduit à quelques articles
trois étagères dans un coin d'une immense boutique sont dédiées aux articles en fibres de lotus. 


Châles, chapeaux, écharpes et deux malheureux coupons attendent le chaland qui daignera leur prêter attention. Et cette personne collectionneuse, passionnément curieuse, touriste textile, ce fut moi.
Et voila le résultat


AVENTURES EN  BIRMANIE A SUIVRE

1 UNE NOUVEAUTE MILLENAIRE : LE TISSUS EN FIBRE DE LOTUS



Je n'avais qu'une hâte en arrivant en Birmanie, c'était d'aller au lac Inlé seul endroit au monde 

où les pêcheurs rament avec une jambe 

 où les femmes tissent une fibre  extraite de la tige du lotus royal.

                                           et où les tomates poussent des jardins flottants
et où les hommes cueillent les fleurs assis dans une barque à fond plat



A LA RECHERCHE D'UN PETIT BONHEUR TEXTILE DU BOUT DU MONDE
Mais après quoi je courrais si vite? Après un petit bonheur textile, le tissu en fibre de lotus. Un tissu unique au monde ou presque, un tissu secret, une production confidentielle, connu de quelques initiés. Evidement ma curiosité était titillée, l'allais s enfin avoir l'occasion de toucher ce phénomène textile. Originellement c'est  dans cette cité lacustre que débuta le tissage de la fibre de lotus. Dans un prochain post je vous donnerai des détails plus techniques.
Longtemps ces tissus furent réservés à la fabrication des robes de  moines et de manteaux de Bouddhas.
Statue de Bouddha recouverte de feuilles d'or et vêtue d'un manteau en fibre de lotus (temple de Shewdagon à Yangon.)

LES LOTUS DU LAC INLE CACHENT UN TRESOR
Les Intha, les habitants du lac savent comment extraire  les filaments translucides contenus  dans les longues tiges des fleurs de lotus, et  les transformer en une matière textile.
Ce travail réclame une grande dextérité. Au fil des ans dans  bruit régulier des cliquetis incessants des métiers à tisser,  se façonne centimètre par centimètre, tranquillement, lentement, paisiblement une étoffe qui deviendra la Robe d'une vie pour un Vénérable.  Pour les Bouddhistes Intha,  le tissu de lotus fait partie de leur  économie, de leur culture, de leur vie.
C'est grâce à une production confidentielle que cet artisanat a pu  sauvegarder son authenticité.

ATTENTION DANGER : TROP,  TROP VITE
 Il semble que les Intha, en même temps que leur pays entrouvre ses portes, s'adaptent aux contraintes du commerce international avec une grande aisance.
Mais réussiront ils à conserver leur sérénité face à des entrepreneurs étrangers qui découvrent cette fibre et son potentiel commercial. Certains  envisagent  déjà une diffusion à grande échelle,  ciblant  le marché international du très grand luxe. Une fois le doigt est mis dans l'engrenage, le fragile équilibre économico-culturel peut facilement être déstabilisé et cela d'une façon irréversible.

UNE MODE PASSE ET MANQUE
Le tissu de lotus dans les années qui viennent va devenir un "must have" un "hit" . Il sera  inévitablement copié, imité, vendu ici et là comme on vend une savonnette, sans conseil, sans son cv ; il perdra son identité pour courir le monde et envahir les défilés des fashionweeks de New York, Londres, Milan ou Paris.

OUI OU NON?
OUI, c'est un dilemme pour moi de vous faire découvrir cet article. Dois-je le divulguer,  
essayer de le commercialiser  ou le cacher et garder ma trouvaille égoïstement pour moi toute seule? Pourquoi un tel questionnement ? Parce que cette étoffe mystique est fabriquée depuis des siècles par les habitants de cette cité lacustre implantée au milieu d'un lac, avec une destination très précise plus  mystique que commerciale.
NON je ne le commercialiserai pas en métrage.
 Votre avis sur la question m'intéresse. N'hésitez pas à me laisser un message.


AVENTURES EN BIRMANIE  A SUIVRE

vendredi 18 janvier 2013

LE LOTUS UNE FLEUR, UN FIL, UN TISSU UNIQUE

Enfin, j'ai pu voir de près des tissus en fibre de lotus, un rêve que je croyais ne pas pouvoir réaliser. La semaine dernière j'étais sur le lac Inlé en Birmanie Je pose à peine mes valises, mais je ne pouvais pas attendre pour partager avec vous cette bonne nouvelle. Vous les curieux, les passionnés, les collectionneurs et tous les autres  je vous invite à venir examiner de près, de toucher, de voir ce qu'habituellement on imagine en regardant les photos prises par les autres. Ce tissu est simplement sobre, mais incroyablement intéressant. C'est un produit encore inconnu du grand public, que seules quelques  grandes maisons de luxe comme Loro Piano commercialisent. Moi je suis fière de vous offrir la possibilité de découvrir ce tissu.
Alors lundi promis je vous donnerai tous les détails que j'ai pu glaner sur la manière de récolter, de filer et de tisser cette fibre qui durant des siècles fut destinée à la confection des robes monastiques. Aujourd'hui encore il faut casser sa tirelire pour acquérir ce petit trésor, mais la rareté dans notre monde industrialisé, formaté,  à un coût,  celui du rêve, et ce rêve est devenu un luxe.
Alors à lundi pour un voyage au pays des milles pagodes et du lotus royal.

jeudi 3 janvier 2013

A LA RECHERCHE DU FIL DE LOTUS

Une fois encore je pars à la découverte d'une étoffe dont j'ai entendu parler mais que je n'ai jamais eu la chance de voir, de toucher, de travailler. Il s'agit d'un tissage obtenu avec un fil de lotus...Bizarre oui certainement, mais bien réel. Les habitants des bords du lac Inle en Birmanie fabriquent à partir des tiges des fleurs de lotus un fil, qui une fois tissé donnera un tissu unique au monde. La rareté du produit associé à un savoir faire  très particulier explique sans doute son prix très élevé.
 Cette étoffe n'a à priori pas de nom,  mais elle possède des qualités naturelles extraordinaires : elle ne se froisse pas, elle est imperméable et très solide.
A mon retour de Birmanie j'espère pouvoir vous proposer cet article dans la boutique De Gilles.

Bonne année textile 2013 à tous et à toutes et à bientôt.