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lundi 12 septembre 2022

N°3 LE MOHAIR ENTRE HIGHT TECH ET TRADITION

 POURQUOI J’AIME LE MOHAIR?

J’aime, je devrais plutôt dire que j’adore cette fibre parce que c’est un bonheur tactile, parce que la gamme colorée du mohair est un régal pour les yeux et parce qu’émotionnellement, j’ai eu un coup de cœur pour un plaid, mon plaid en mohair écossais rouge et vert, un article aussi beau et délicat que chaud et léger qui transforme les soirées hivernales sombres et tristes en une période aimable et confortable. Tissé, le mohair devient un tissu léger, souple et estival, parfait pour un costume ou un tailleur ; tricoté le mohair est duveteux, gonflant, moelleux, hirsute ; une véritable boule de poils qui colore le dressing et qui met de bonne humeur de bon matin. Un must quatre saisons.


UNE PROTECTION INTELLIGENTE

La robe des caprins d’Angora possède quelques avantages par rapport à la toison des ovins et ce supplément qualitatif se répercute inévitablement dans la matière qui, une fois filée et tissée ou tricoté, devient un véritable cocon protecteur.

La chèvre d’Angora est protégée par sa toison contre  

- le froid  : la toison composée de duvet est en contact direct avec la peau, créant un matelas rempli d'air isolant. L'animal peut ainsi contrôler et maintenir sa température corporelle, ce qui explique sa facilité d’adaptation dans des différentes zones climatiques de la planète.

- l'humidité : la pluie glisse sur les poils soyeux et absorbent l'humidité ambiante. 

- une nature sauvage : la densité de sa toison et les ondulations des mèches la protègent contre la nature environnante (les ronces, les branchages). 

- les prédateurs : un camouflage naturel fort utile lorsqu'elle vivait à l'état sauvage sur les montagnes himalayennes, la blancheur de sa toison avait pour fonction d'écarter les prédateurs, dissimulant l'animal blanc dans la blancheur du paysage enneigé.


LE MOHAIR : UN BRIN DE LAINE NATURELLEMENT « HIGHT TECH »  

Bien que la nature soit formidablement bien faite, l'homme ne cesse de vouloir l'imiter, voire la dépasser. Le mohair est une fibre ancestrale, techniquement bien plus complexe qu'un fil de polyester.  

Il possède un lustre adamantin dû à la constitution de ses écailles fines et lisses au relief insignifiant.

Le risque de feutrage tel le rétrécissement est très modéré grâce à la configuration particulière de ses écailles.

La fibre mohair est duveteuse, les « barbes » créent une barrière entre la peau et le vêtement et préservent naturellement du froid et de la chaleur.

Il respire car le fil se gonfle et se rétracte en fonction de l'air ambiant ; il se gorge de l'humidité dégagée par notre corps et, lorsqu'il fait chaud, il rejette cette humidité vers l'extérieur.  

Il  ne retient pas les odeurs, comme   toutes les laines

il  est facile à entretenir : pour la maille en machine à laver programme laine ou lavage à la main avec un shampoing ou une lessive douce sans frotter ni tordre. Pas de séchage en machine, mais à l’air, à plat puis sur un cintre pour le « détendre ».  Le repassage est inutile voire néfaste pour les mailles. Le nettoyage à sec pour les costumes et les tailleurs est conseillé. 


ATCHOUM !

Le contact du mohair sur la peau n'est pas en cause, comme cela peut l'être pour la laine cardée. Le fil est barbu, ce qui donne cet aspect ébouriffé et gonflant si particulier ; ces barbes peuvent être incommodantes car, lorsqu’un pull est secoué, elles s’échappent et viennent chatouiller les narines, provoquant des éternuements ou des démangeaisons oculaires. Toutefois, cet inconvénient est moins problématique que pour les articles en angora. Un conseil de grand-maman : un séjour dans le bac à légumes du réfrigérateur avant d’enfiler le merveilleux tricot.  


COSTUMES TAILLEURS EN MOHAIR C’EST POSSIBLE !

Le fil mohair est, soit tricoté, soit tissé. En tissage, le fil est généralement mélangé avec de la laine mérinos ou de la soie. Ces étoffes luxueuses, légères, solides, isolantes sont utilisées par les tailleurs pour des costumes masculin, mais elles ne dépareilleraient pas dans un vestiaire féminin!


LES TROIS STADES D’UN FIL

1 : la première tonte des chevreaux de 6 mois donne le kid mohair, une merveille de douceur, le poil n’ayant jamais été sectionné sa pointe est encore arrondie. Il est fin, souple, doux et « fluffy » ; Une matière destinée aux articles de luxe, pour le tricot et conseillée pour les peaux délicates.

2 : A un an c’est la laine des yearling, belle et encore fine et douce, choisie pour le tissage de tissus légers et solide, souvent mélangé avec un fil de soie ou de mérinos.

3: le poil  des chèvres adultes plus long, plus grossier, plus raide, extrêmement solide, est utilisé pour les tapis, des articles qui doivent résister à l’usure.


UN LABEL AOC POUR LE MOHAIR ?

Qu'elles proviennent d’élevages turcs, texans australiens ou sud-africains, les chèvres sont toujours des hircus angorensis ! Mais il y a mohair et mohair ; les  qualités  de la laine varient en fonction de la provenance des bêtes, de leur nourriture, du climat etc… Il existe différents labels qui certifient la qualité ou la provenance de la laine mohair, alors qu’un label international serait plus crédible pour le consommateur.


"A CŒUR VAILLANT RIEN D’IMPOSSIBLE“ ?

Dans la première moitié du XV eme, Jacques Cœur réussit à introduire en France "quelques caprins à laine douce et soyeuse, propre à prendre la teinture" sans doute grâce à ses contacts influents en Turquie ! Ces bêtes, installées dans  l’Allier, la région d’origine du grand argentier, ne résistèrent ni au climat ni aux aléas provoqués par les famines à répétions. Il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour que des élevages de chèvres angora soient couronnés de succès et se développent dans l’hexagone. En 2022, environ 200 producteurs vivent de leur production de laine mohair en France.


PEACE AND LOVE AND MOHAIR

Dans les années 80, le fil à tricoter en mohair était consommé sans modération, faisant fi de la  silhouette, donnant la prime au confort. Les stars du petit écran participèrent à ce succès populaire : la surprise du dimanche soir n’était pas l’invité  d’Anne Sinclair mais la couleur du  pull en mohair qu ‘elle portait !


INSOLITE MAIS VRAI

Seuls les arctophiles savent que les premiers ours en peluches, furent fabriqués simultanément en 1903 en Allemagne et aux USA et que ladite peluche de ces deux prototypes étaient en mohair, l’intérieur rempli de sciure de bois.


Ce post est en quelque sorte un gage de bons et loyaux services que les chèvres d’Angora ont rendus à la mode. Alors que chez  les mammifères à poils ou à fourrure, le système pileux joue un rôle essentiel pour leur survie, les animaux sauvages muent à l'arrivée du printemps et leur toison se modifie en fonction du climat. Chez les animaux domestiqués, c'est la tonte qui fait la transition entre la tenue d'hiver et la tenue d'été. Chez les humains, c’est le changement de costume qui  préside à la nouvelle saison. Conclusion, nos habits sont nos défenses, à nous d’en faire le meilleur usage! 


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