CHAMEAU!
L'origine du mot est probablement une déformation de l'arabe hamlat qui signifie peluche de laine. Francisé il devient camelot, faisant référence à la surface duveteuse, poilue , laineuse du tissu.
On peut enrichir l'étymologie en y ajoutant chameau. En effet cette étoffe fut, à une époque, fort luxueuse. Nous sommes dans une histoire similaire à celle du bougran.
Les tisserands utilisaient non pas les longs poils de la toison mais le fin duvet de la sous toison des animaux locaux, c'est-à-dire les chameaux et les chèvres angora vivant en Asie Mineure, actuelle Turquie.
LE CAMELOT, UNE TROUVAILLE DES CROISES
Le camelot fut introduit en France au XIII e siècle au moment des croisades qui eurent, entre autres effets, un développement des échanges culturels et commerciaux .
DU XIIIe AU XIXe SIECLE, DU LUXE A LA CAMELOTE
Entre le XIIIe siècle et le XIXe siècle le terme camelot désigna plusieurs sortes d'étoffes.
Cette étoffe fut tour à tour un tissu ordinaire, luxueux, médiocre, courant, commun... fait à partir de poil de chameau, de laine de mouton, de poil de chèvre angora, de cachemire, de soie et, à l'occasion, de coton et plus souvent de mélanges improbables ce qui lui vaudra la désignation de camelote.
Au XIVe siècle, c'est un tissu rare importé de Turquie, c'est un luxe que se permettent rois et grands seigneurs. Un édit de Charles V interdisait aux femmes de basse condition de porter des vêtements fait de drap d'or, de soie ou de camelot. Mais comment auraient-elles pu s'offrir ce luxe?
Au siècle suivant le camelot est devenu un tissu de laine de mouton, similaire à un satin de laine.
En Grande-Bretagne, le camelot est une étoffe ordinaire, un lainage grossier, style futaine, destiné à la fabrication de vêtements de travail, alors que le camlet est une étoffe plus fine, de belle qualité généralement lustrée par calandrage et teinte en rouge.
Au XVIe siècle le camelot est largement utillisé en ameublement : de doublures aux courtepointes, rideaux, tentures, garniture de lit.
"Chambre quand j'avay les maulx
d'enfans bien ordonné
de blanc camelot et brodée
et les courtines ensément"
Eustache Deschamps. Mur de mariage.
"Deux escabeaux garnys de camelot de soye blanche de franges et crespine d'or" Inventaire de Catherine de Médicis.
Au XVIIe siècle le camelot est toujours commercialisé. Mais il semble que son origine soit oubliée. A cette époque Venise, Florence, Milan exportaient des étoffes à base de soie vers la France où elles étaient teintes en rouge, cramoisie, ou violet et désignées sous le vocable camelot (?). En fait, ce nom était faussement attribué à des taffetas, des tabis et autres étoffes précieuses, déguisées sous un nom d'emprunt afin de faciliter leur introduction frauduleuse en France.
Au XVIIIe siècle, le camelot est encore une étoffe précieuse de laine, de soie et parfois de fil d'or. Chez certains tisseurs, on trouve des camelots contenant des fils de cachemire.
Le camelot est souvent cité dans les inventaires des personnes de "qualité".
"Dans la salle à manger nous avons trouvé quinze chaises garnies en camelot, une table..." 1792 Inventaire des meubles du château de Chavanicac.
Au XIXe siècle, le camelot n'est plus exporté, mais il est fabriqué en France dans la région lilloise où il devient un article d'exportation. Le camelot est désormais une toile de laine commercialisée sous des noms aussi inattendus que nonpareille, polo mille, quintette.
A Amiens, il est à carreaux ou ondé et se nomme "bangmers". Ce tissu est aussi diffusé sous le nom de camelotin du fait de sa très faible épaisseur et de la médiocrité de sa qualité.
DE LA CAMELOTE
Devant le succès, mais aussi à cause des prix très élevés, les imitations ne tardèrent pas. Pour baisser le prix de revient, les fabricants ne mettaient ni fils d'or, ni fils de cachemire ou de soie, mais de la laine de mouton et parfois de qualité très médiocre.
Ainsi les qualités moyennes de camelot étaient utilisées pour fabriquer de vêtements d'usage courant. Force est de constater que ce tissu au cours des siècles a perdu de sa superbe.
Ce sont ces mauvaises imitations qui donnèrent naissance à une expression passée dans le language populaire : vendre de la camelote.
Et voilà beaucoup de bruit pour rien autour du chameau... Cependant si c'est le chameau qui vous interesse il reste toujours la fameuse couleur poil de chameau et une marque de vêtements "Poil de chameau"
L'origine du mot est probablement une déformation de l'arabe hamlat qui signifie peluche de laine. Francisé il devient camelot, faisant référence à la surface duveteuse, poilue , laineuse du tissu.
On peut enrichir l'étymologie en y ajoutant chameau. En effet cette étoffe fut, à une époque, fort luxueuse. Nous sommes dans une histoire similaire à celle du bougran.
Les tisserands utilisaient non pas les longs poils de la toison mais le fin duvet de la sous toison des animaux locaux, c'est-à-dire les chameaux et les chèvres angora vivant en Asie Mineure, actuelle Turquie.
LE CAMELOT, UNE TROUVAILLE DES CROISES
Le camelot fut introduit en France au XIII e siècle au moment des croisades qui eurent, entre autres effets, un développement des échanges culturels et commerciaux .
DU XIIIe AU XIXe SIECLE, DU LUXE A LA CAMELOTE
Entre le XIIIe siècle et le XIXe siècle le terme camelot désigna plusieurs sortes d'étoffes.
Cette étoffe fut tour à tour un tissu ordinaire, luxueux, médiocre, courant, commun... fait à partir de poil de chameau, de laine de mouton, de poil de chèvre angora, de cachemire, de soie et, à l'occasion, de coton et plus souvent de mélanges improbables ce qui lui vaudra la désignation de camelote.
Au XIVe siècle, c'est un tissu rare importé de Turquie, c'est un luxe que se permettent rois et grands seigneurs. Un édit de Charles V interdisait aux femmes de basse condition de porter des vêtements fait de drap d'or, de soie ou de camelot. Mais comment auraient-elles pu s'offrir ce luxe?
Au siècle suivant le camelot est devenu un tissu de laine de mouton, similaire à un satin de laine.
En Grande-Bretagne, le camelot est une étoffe ordinaire, un lainage grossier, style futaine, destiné à la fabrication de vêtements de travail, alors que le camlet est une étoffe plus fine, de belle qualité généralement lustrée par calandrage et teinte en rouge.
Au XVIe siècle le camelot est largement utillisé en ameublement : de doublures aux courtepointes, rideaux, tentures, garniture de lit.
"Chambre quand j'avay les maulx
d'enfans bien ordonné
de blanc camelot et brodée
et les courtines ensément"
Eustache Deschamps. Mur de mariage.
"Deux escabeaux garnys de camelot de soye blanche de franges et crespine d'or" Inventaire de Catherine de Médicis.
Au XVIIe siècle le camelot est toujours commercialisé. Mais il semble que son origine soit oubliée. A cette époque Venise, Florence, Milan exportaient des étoffes à base de soie vers la France où elles étaient teintes en rouge, cramoisie, ou violet et désignées sous le vocable camelot (?). En fait, ce nom était faussement attribué à des taffetas, des tabis et autres étoffes précieuses, déguisées sous un nom d'emprunt afin de faciliter leur introduction frauduleuse en France.
Au XVIIIe siècle, le camelot est encore une étoffe précieuse de laine, de soie et parfois de fil d'or. Chez certains tisseurs, on trouve des camelots contenant des fils de cachemire.
Le camelot est souvent cité dans les inventaires des personnes de "qualité".
"Dans la salle à manger nous avons trouvé quinze chaises garnies en camelot, une table..." 1792 Inventaire des meubles du château de Chavanicac.
Au XIXe siècle, le camelot n'est plus exporté, mais il est fabriqué en France dans la région lilloise où il devient un article d'exportation. Le camelot est désormais une toile de laine commercialisée sous des noms aussi inattendus que nonpareille, polo mille, quintette.
A Amiens, il est à carreaux ou ondé et se nomme "bangmers". Ce tissu est aussi diffusé sous le nom de camelotin du fait de sa très faible épaisseur et de la médiocrité de sa qualité.
DE LA CAMELOTE
Devant le succès, mais aussi à cause des prix très élevés, les imitations ne tardèrent pas. Pour baisser le prix de revient, les fabricants ne mettaient ni fils d'or, ni fils de cachemire ou de soie, mais de la laine de mouton et parfois de qualité très médiocre.
Ainsi les qualités moyennes de camelot étaient utilisées pour fabriquer de vêtements d'usage courant. Force est de constater que ce tissu au cours des siècles a perdu de sa superbe.
Ce sont ces mauvaises imitations qui donnèrent naissance à une expression passée dans le language populaire : vendre de la camelote.
Et voilà beaucoup de bruit pour rien autour du chameau... Cependant si c'est le chameau qui vous interesse il reste toujours la fameuse couleur poil de chameau et une marque de vêtements "Poil de chameau"
Merci pour cet intéressant article. Je viens de lire "son pourpoint était de fin camelot noir la ce d argent..." et je ne connaissais pas ce terme, pas plus que l origine de la camelote ! Merci !
RépondreSupprimerVraiment très intéressant! Je viens de lire "en camelot laineux", mais je n'ai pas trouvé de dictionnaire faisant état du sens dont vous parlez, pas même le Robert (en ligne). L'origine du mot "camelote" est aussi bein intéressante.
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions ! Moi aussi j’ai baigné dans les tissus depuis mon enfance et les visites au marché St pierre à Montmartre restent pour moi des souvenirs très sensoriels. A lire les superbes texte du Dr Clerambeau!!
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