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dimanche 7 septembre 2014

N°2 LA MIGNONETTE : HISTOIRES DE MANCHES

ANECDOTES ET EXPRESSIONS POPULAIRES FRANCAISES
L'histoire des manches est pleine d'anecdotes amusantes et les expressions populaires de la langue française se rapportant aux manches sont nombreuses.

-Etre gêné aux entournures.
Decryptage au premier degré
L'entournure est la partie du vêtement où s'ajuste la manche, synonyme d'emmanchure. Lord Raglan, qui perdit un bras à la bataille de Waterloo fit élargir l'emmanchure de ses uniformes, afin d'enfiler plus aisément ses vêtements… Depuis, la manche raglan à oublié son lord mais a conservé son nom (voir le post un voyage au pays de Galles n°3).
Decryptage au second degré "être gêné aux entournures" a une signification différente :  cette expression s'applique à une personne se trouvant dans une situation embarrassante, financière ou pas.

-Une autre paire de manches. 
Décryptage au premier degré
La mode à ses diktats depuis des siècles. Les aficionados de la mode existent depuis des siècles.
Pour l'exemple, remontons au XVe siècle.
Les paysans devaient être libres de leurs mouvements et les manches longues n'étaient pas adaptées aux travaux des champs. Alors, les manches se firent amovibles. On les fixaient aux épaules par des aiguillettes ou des lacets mais, pour une question de rapidité, les vêtements étaient "construits" avec des manches arrivant au dessus du coude. On pouvait transformer le vêtement en lui ajoutant des petites manches. A l'aide d'épingles, on fixait sur la partie existante des manches, longues ou courtes selon l'activité exercée au cours de la journée. Belle idée, le coté fonctionnel ne vous échappera pas : elles se retiraient et se remettaient plus aisément. L'histoire ne dit pas si les épingles en fer ou en cuivre ne furent pas à l'origine de quelques blessures sérieuses…
La mode touchait autant les paysans que les courtisans, à la différence que ces derniers étaient les premiers à adhérer au changement. Puis les manches se mirent à prendre de l'ampleur et à devenir longues, longues, longues et même très longues. Les très riches heures du duc de Berry fourmillent d'illustrations détaillées des costumes populaires et princiers.

Au mois de juin, les travaux des champs. Les paysannes ont adopté la tenue à leur besoin. (illustration des très riches heures du duc de Berry)

Une solution de facilité. La mode s'accommode de recettes, de trucs et d'astuces. La preuve est donnée par l'usage des manches amovibles. A l'évidence, elles se salissaient et s'usaient plus que le reste du vêtement. L'entretien des étoffes était une opération plus complexe, les techniques d'entretien des étoffes au Moyen-Age étaient bien moins performants et beaucoup plus complexes que ceux que nous avons à notre disposition aujourd'hui. Par mesure de simplification et d'économie, car le tissu coûtait cher même et surtout à cette époque, on divisa le vêtement en plusieurs éléments, le corps et les manches.


 L'invention des manches amovibles accrochées aux corps par des  aiguillettes,

peinture d'H. Van der Goes 1475. Ici encore, on note que les manches de la robe sont rallongées par des manches amovibles.
des épingles ou bien lacées au niveau des épaules.

On  aperçoit sur ce tableau de H Memling 1475 l'épingle qui maintient la manche accrochée au corps de la robe

Ainsi, il était possible de conserver la fraicheur à une robe ou un manteau dont les manches étaient lustrées ou tâchées

Deux en un. Tout bouge, mais rien de change ou pas grand chose. La mode tourne, contourne, mais la mode change peu. Qui n'a pas aperçu dans les rayons des magasins des vestes ou  des doudounes avec des manches amovibles. Il fait froid la veste pour protège le torse et les bras, il fait juste frais, on retire les manches attachées au vêtement par des fermetures à glissière.

 Et voila la veste qui devient gilet. Les manches amovibles ont une fonction bien établie
Des manches en tissu différent du reste de la robe pour le fun simplement; modèle saison automne  2014















Pourrait-on dire pour ce modèle : un simple effet de manche?


La belle et le chevalier
La mode donne le ton même au Moyen Age. Lors des tournois, les chevaliers se mesuraient à leurs adversaires souvent pour les beaux yeux d'une femme. En gage d'un amour réciproque, les belles offraient une manche à leur amoureux et ce morceau d'étoffe était fixé au bout d'une lance, en guise de fanion…Les couleurs de la belle étaient hissées !

Messieurs les ronds de cuir
Au XIXe siècle, les "ronds de cuir" étaient ceux qui a longueur de journée étaient aux écritures, les coudes ou les avant bras sur le bureau, portaient pour protéger les manches de chemise ou de veste des demi manches en lustrine. Pas question d'élégance, mais le fonctionnel prime parfois.
Les manchettes en lustrine sont bien visibles sur les manches d'une chemise blanche.

 Il était très facile de les changer, elles étaient maintenues sur le bras à l'aide d'élastiques
 Un  bureaucrate avec ses manchettes vu par Dubout
Decryptage au second degré "c'est une autre paire de manche"est devenue une expression populaire employée pour désigner une action plus difficile plus compliquée à exécuter que la précédente.

En deux manches et la belle 
Décryptage au premier degré
C'est un peu la suite de la précédente expression. Restons au Moyen Age et continuons les tournois… Si la dulcinée offre une manche au chevalier de son cœur au début du tournoi, s'il en sort gagnant elle lui offre sa seconde manche et lui gagne les faveurs de sa belle. Aujourd'hui, les histoires de manches se jouent dans le sport ou les jeux de cartes comme le rami, la belote ou la pétanque.

Une partie de pétanque qui nécessite de se retrousser les manches….
Decrytage au second degré
Imaginons un match entre deux équipes, si chaque équipe gagne une partie ou manche, il faut pour les départager, jouer une troisième partie et c'est la belle…


Faire la manche
Décryptage au premier degré
Plusieurs hypothèses sont développées au sujet de cette expression. J'en ai choisie une qui me semble aussi convaincante et surtout rarement proposée.
Nous avons constaté dans ce post que jadis, le tissu était un produit rare et cher, qu'il fallait un bon métrage pour couper les manches généreuses à certaines époques, manches qui étaient amovibles, ce qui entraine une constatation évidente : pour un vêtement on compte plusieurs paires de manches.
Dans les ateliers des tailleurs, les ouvriers et les apprentis percevaient de maigres gratifications, c'est pourquoi une pratique s'est développé au cours des ans. Afin d'augmenter leur revenu, les employés recevaient quelquefois une compensation salariale sous une forme de métrages de tissus correspondant à une paire de manches. La confection de  manches constituait un appoint pour les ouvriers qui en faisaient un commerce parallèle.
Décryptage au second degré "faire la manche" n'a plus qu'un lointain rapport avec l'original.


Au début du XXe siècle,  de nombreux artistes de rue (chanteurs, musiciens) faisaient la quête après leur prestation,
puis la notion de récompense pour une prestation,  elle  devenu un synonyme d'aumône, voir le plus fréquement de mendicité.

Retrousser ses manches : Attention "Men at work" 
Décryptage au premier degré
 Imagée certes, l' expression s'adresse surtout aux hommes qui, pour accomplir des travaux de force,  n'ont plus la possibilité de changer les manches de leur vêtement. Ils sont donc dans l'obligation de "remonter " leurs manches de chemises ou de pull ou de leur veste (c'est pour cela que les manches des vestes se terminent par une ouverture et quelques boutons) afin  que leurs mouvements ne soient pas entravés .
Retrousser ses manches avec plus ou moins de désinvolture et d'élégance

Décryptage au second degré 
Aujourd'hui retrousser ses manches c'est se mettre au travail surtout lorsqu'il y a du pain sur la planche  (mais cela est une autre histoire)

Effets de manches.
Décryptage au premier degré
A l'origine, cette expression concernait essentiellement les avocats et les procureurs.
Leur tenue étant spécifique, la robe d'avocats est dotée de manches élargies dans le bas et, dans leurs plaidoiries, certains agitant leurs bras pour ponctuer leurs démonstration, le tissu virevoltait dans tous les sens d'où "un effet de manches".

Decryptage au second degré : aujourd'hui, cette expression imagée pour décrire une personne ajoute aux mots la force des gestes.

Un supplément pour le plaisir.
Pour finir, juste pour le plaisir de parler d'un peintre que j'adore, un homme comme J. Pollock à su donner ses lettres de noblesse à l'expression par le geste qui remplace avec talent les mots.

N°1 LA MIGNONNETTE : HISTOIRES DE MANCHES


MIGNONNE ALLONS VOIR 
Dans la famille des fournitures pour tailleurs, je voudrais la mignonnette. Il s'agit d'une jolie doublure de manches, une mignonnette pourrait-on dire, généralement blanche avec de fines rayures bleues ou noires.

UNE SPECIFICITE FONCTIONNELLE
Plus épaisse, plus glissante, plus résistante qu'une simple doublure, la mignonnette était à l'origine en coton, armure satin. Elle était la reine des doublures et trônait au milieu des draperies italiennes ou britanniques dans les ateliers des tailleurs  d'après guerre.
Les maîtres tailleurs, noblesse oblige, utilisaient de la mignonnette pour doubler les manches des costumes et des pardessus d'hommes. Sa surface lisse facilitait le passage des manches de chemises ou de pull.

Un classique dans les fournitures pour tailleurs
Une touche de fantaisie dans la manche

















La mignonnette était alors un plus pour le confort tout en ajoutant un soupçon d'originalité au vêtement masculin.
Aujourd'hui, cette doublure de manche n'est plus que l'ombre d'elle même. Elle perdure dans la confection mais a perdu en poids et en qualité.
Certains stylistes, notamment anglo-saxons, osent la couleur pour les hommes en doublant non seulement les manches mais le vêtement entier avec des doublures fantaisies et très très colorées : c'est devenu leur marque de fabrique. La couleur, toujours et encore, qui ne se limite pas pour la confection masculine aux cravates, gilets ou chemises.

LA MIGNONNETTE MASCULIN/FEMININ
Le prêt-à-porter féminin a adopté cette fantaisie en cette rentrée 2014,  comme en témoigne les articles mis en rayon dans les boutiques de prêt à porter.
Les objectifs des fabricants  sont multiples : ce détail masculinise un vêtement, il permet de moderniser un modèle avec peu d'imagination ; c'est un clin d'œil visant à rapprocher un article de série d'un produit haut de gamme.

DE LA NATURE A LA CHIMIE 
La mignonnette du XXIe siècle est passée des fibres naturelles aux fibres chimiques. Cet article est toujours fabriqué, souvent utilisé, mais ce n'est plus systématique.
Le coton est oublié au profit des fibres chimiques comme le polyester, la viscose ou l'acétate

LES MANCHES EN VEUX-TU EN VOILA
On ne remarque la manche que lorsqu'elle est mal montée ;  il est rare qu'elle fasse la une des magazines de mode. contrairement à la longueur des jupes, les couleurs ou les tissus. C'est le parent pauvre de la mode et pourtant les formes sont multiples, la manche est plus qu'un détail dans un vêtement, elle marque une ligne, une époque, une histoire.
En voici quelques exemples. Je suis certaine qu'après ce post, vous porterez un regard différent sur vos manches, peut-être même les redécouvrirez-vous. Il y a la  manche  ballon, montée, cloche, marteau, longue, courte, trois quart, chauve-souris, gigot, kimono, raglan… et la liste n'est pas exhaustive.

A SUIVRE ANECDOTES ET EXPRESSIONS POPULAIRES

vendredi 5 septembre 2014

L 'ALASKINE

Un tissu en guise de cadeau de baptême, cela est suffisamment rare pour mériter un post sur mon blog.
La maison lyonnaise Staron, dont la renommée dépassa largement les frontières de l'hexagone, est à l'origine de cette création.
En 1959, saviez-vous que les Etats-Unis d'Amérique ajoutèrent un état à leur union, et par conséquent une étoile sur le drapeau ? Ce 49eme  état avait pour nom l'Alaska. La clientèle américaine, friande des articles de la maison Staron, demanda à la direction une faveur à cette occasion. Le soyeux lyonnais pourrai-il rendre un hommage textile à ce nouveau venu en donnant son nom à un modèle ou à une étoffe ?
Et voilà comment un tissu composé de 65% de laine et de 45% de soie trouva sa place dans les collections Staron sous le joli nom d'Alaskine.

Brillance, souplesse, texture, un matériau idéal pour des vêtements structurés.
Ce tissu fut-il choisit par la première dame au hasard, pour ses qualités techniques ou par pure vision politicienne ?
JF Kennedy et sa femme en visite officielle en France en 1961. Jackie Kennedy porte ici un tailleur de Oleg Cassini en alaskine jaune pâle.







En jaune ou en rose, Oleg Cassini décline pour J. kennedy les tenues en Alaskine









Ce choix fut peut être guidé par la dernière hypothèse ; autrement la coïncidence serait tombée au bon moment. Les journaux relatant cette visite officielle ne manquèrent pas de détailler le costume de Jackie. Un costume en alaskine était peut être un clin d'œil, un hommage à la récente adhésion de l'Alaska aux Etats-Unis.
Qui saura jamais la vérité ? En attendant, la femme du Président porte avec beaucoup d'élégance ce tailleur qui rehausse encore le prestige des tissus français.
L'alaskine connu un bref succès dans les années 60, et sa commercialisation  cessa en 2001.

Manteau années 60 création du styliste américain A.Schwartz.
Pour cette étoffe, je n'ai aucun échantillon, je n'ai jamais vu de près ou de loin ce tissu, mais son histoire m'a intriguée, voilà comment je justifie ce petit post.  .
Je souhaitais  partager avec vous pendant quelques minutes un sentiment de fierté d'appartenance à un pays où l'industrie du textile a été portée aux nues dans le monde entier et qui, tel le phœnix, pourrait renaître de ses cendres, en tous cas souhaitant le.

LA ZIBERLINE, N'OUBLIEZ PAS LE R

Non il n'y a pas de faute d'orthographe, vous avez bien lu Ziberline avec un r. Derrière cette appellation commerciale quelque peu incongrue se cache un tissu magnifique créé par le fabricant lyonnais Staron.
C'est une soie comme on n'en fait plus. Cette création unique, dans les années 60, habilla le tout Paris et même plus car les affinités furent nombreuses. Les modèles  coupés dans des métrages de zibeline, tailleurs, robes ou vestes défilèrent sur les podiums du monde entier.

Tailleur vers 1960 en ziberline
J'établirai un parallèle entre la ziberline de Staron et le Gazar crée par Zumsteg pour Balenciaga. Staron fut à l'origine de la venue dans le monde du textile d'un trésor.
Un tissu  riche en matière. Tout soie avec une  trame en cordonnet de soie réalisé sur place dans les ateliers de la maison Staron 


La chaîne grenadine (soie grège dont les fils sont formés par deux brins de soie d'abord tordus isolément puis réunis par une seconde torsion)



La spécificité de cette étoffe, outre la profusion de matière, est le tissage. Le mélange entre des fils de grosseur, de quantité, de brillance différentes en chaine et en trame.
Le cordonnet est lisse et brillant ce qui confère à l'étoffe sa rigidité lumineuse, une surface limpide aux reflets métalliques. La ziberline se sculpte, se construit, s'impose.
On parle souvent d'armure en tissage, c'est le moment de profiter de cette image pour décrire un vêtement en zibeline. La surface lisse reflète la lumière comme le ferait une armure. Il faut l'avoir vu pour comprendre cette étoffe à nulle autre pareille. Je conserve précieusement un échantillon dans mes tiroirs à trésors. Je serai heureuse de partager avec vous cette précieuse découverte.
Je n'ai jamais eu de grand métrage de ziberline, mais un  bel échantillon, un morceau que je conserve tel un trésor. Rarement j'ai eu entre les mains une étoffe aussi pétillante et ce jaune d'or rehausse, si cela était possible, la richesse de cette soie. La somptuosité est ici à son comble.


Le mot luxe est ici à sa place. La zibeline fut une étoffe riche, épaisse, rigide mais ronde. Une matière qui convenait admirablement à la mode de l'époque, des modèles très structurés, une mode féminine, élégante, qui faisait honneur à  la tradition du tissage français. En feuilletant les magazines de mode des années 60 vous trouverez au détours d'une page la fabuleuse robe verte en ziberline crée par Jean Patou, ou encore des créations de Balenciaga qui était amateur d'étoffes d'exception.
Ci-dessous une cape en ziberline noire création Montana années 90



Si vous voulez vous rapprochez de l'idée de la ziberline, imaginez une étoffe entre le satin cuir  et la satin duchesse. Moins brillant que le satin duchesse, plus léger que le satin cuir ce qui autorise de magnifiques plis ronds.
La ziberline n'est pas complètement tombée dans l'oubli. Parfois des souvenirs resurgissent et par magie des étoffes réapparaissent. C'est ainsi qu'Olivier Lapidus à ressorti des malles de son enfance un tissu que son père aimait. En charge de la décoration de l'hotel Félicien à Paris, il a utilisé la zibeline en double rideaux.

La maison Staron ayant fermé ses portes définitivement en 1995 ; avec cette cessation d'activité la Ziberline se trouva fort dépourvue. Il semble cependant que la relève soit arrivée à temps, puisque aujourd'hui la ziberline s'affiche dans les défilés et habille les fenêtres.
Je souhaite longue vie à cette somptueuse étoffe née de l'imagination d'un homme et du savoir faire des ouvriers de la maison Staron.

lundi 1 septembre 2014

VIVE LA RENTREE

Comme promis la rentrée pour De Gilles tissus c'est aujourd'hui 1er septembre. Attention, les horaires ont été modifiés.
Du lundi au vendredi
le matin  de 10 h  à 12 h UNIQUEMENT SUR RENDEZ VOUS.
01 43 72 27 43 ou 06 13 22 06 11.
 L'après midi  rien de changé  toujours de 14h à 19h
Alors à très bientôt   Catherine