A l’origine, le bazin était une étoffe à armure sergé (croisé) chaîne était en lin et trame en coton pour les plus belles qualités. Pour les qualités courantes, le coton entrait seul en trame et en chaîne. Les bazins de Bruges et de Hollande étaient admirables de finesse. les bazins de Pondichery étaient eux exceptionnels. D’abord caractérisés par de larges rayures, ils furent enrichis de motifs floraux ou animaliers très stylisés et l’armure satin, remplaça petit à petit l’armure croisé
A Rouen, les siamoises devinrent des rouenneries
Les tisserands rouannais se spécialisèrent dans la fabrication de cotonnades rayées, imprimées à prix modique baptisées “rouenneries“. Ce mot devint un nom générique qui s’applique aux cotonnades de qualité ordinaire tissées et imprimées à la manière de Rouen.
Le saviez-vous ? Le rouge andrinople des véritables siamoises ne put être obtenu par les artisans normands, la couleur virant au brun assez vite sur les rouenneries. La solution la plus simple était d’acheter cette matière colorante fort cher, mais c’est à prix d’or, que les fabricants obtinrent la recette de la fabrication du rouge turc.
A Marseille, les rouenneries devinrent rouenneries de Marseille
Les tisserands se spécialisèrent dans la fabrication d’étoffes de coton teint en fil à la manière des cotonnades de Rouen.
A Tours, les rouenneries devinrent le bombazin
La demande pour ces cotonnades de Rouen se faisant de plus en plus importante, de nombreuses manufactures furent créées. A Tours, les fabricants proposèrent une étoffe populaire dont le fil de chaîne était en lin et le fil de trame en coton et, pour se différencier des produits de Rouen ou de Marseille, on le baptisa Bombasin qui désignait, quelques siècles plus tôt, une cotonnade venue d’Orient vendue en Italie : la « bambagine".
Troyes prit part à l’aventure des cotonnades rayées
Troyes, ville textile s’il en est, se forgea une renommée dans la fabrication de bazin rayé au XVIIIe siècle, caractérisé par une chaîne en fil de chanvre et une trame en coton et un tissage en 50 ou 60 cm de large.
Paris ne fut pas en reste avec un duo de choc : Richard et Lenoir
Au tournant du XIXe siècle, se développa à Paris d’abord, puis en province, l’industrie cotonnière avec, en point d’orgue, le commerce du bazin. Grâce à deux entrepreneurs, Richard et Lenoir Duchesne, au demeurant pas si entrepreneurs que cela puisque l’histoire se termina par une faillite mémorable de Richard Lenoir.
POUR LA PETITE ET GRANDE HISTOIRE
De petits boulots en petits boulots
Dans les années 1890, le sieur Richard débute dans le commerce à la sauvette de vente de coupons d’étoffes, mais il amassa un petit magot dans la version suivante de ses activités avec l’achat et la revente de toile et de mouchoirs.
Un sens aigu du commerce
C’est avec des innovations commerciales comme lavæente à prix fixe et le remboursement possible, mises en œuvre dans le magasin de drap rue Montorgueil, qu’il accéda au succès.
L’anglomania
Sous le Directoire les deux associés se lancèrent dans la contrebande de bazin anglais, marchandises alors prohibées mais très en vogue puisque l’anglo mania était à son comble dans l’univers de la mode. Il était de bon ton pour les “incroyables“ de porter des gilets en bazin anglais !
La recette, point de départ de l’aventure.
Un point demeure obscur, le secret de fabrication du bazin anglais n’a pas encore traversé le Channel et pourtant, à la faveur d’une rencontre fortuite, Richard et Lenoir se procurèrent la formule de ce tissu lin et coton alors considéré comme un luxe.
De l’espace, de l’espace !
Fort de cette recette, les deux hommes se mirent en quête de coton et d’un local. Apres quelques essais dans des locaux exigus, c’est dans un ancien couvent au centre de Paris que les premiers bazins parisiens furent tissés.
Une aide technique venue d’outre Manche
Grâce aux métiers à filer (anglais), la mule Jenny démontée arriva frauduleusement en pièces détachées en France via la Belgique et remontée à Paris sous le nom de “mule jeanette“. Grâce à cette machine et à l’énorme quantité de balles de coton acquise en quelques semaines, la production de bazin gaufré façon anglaise débuta à Paris avec l’aide d’ouvriers et de mécaniciens venus d’outre Manche.
La réussite
Les clients, ravis, pensaient acheter des bazins anglais ignorant la supercherie puisque tous les articles qui sortaient des ateliers de Richard et Lenoir portaient une marque anglaise, ce qui permettait d’augmenter les prix. Tout était maitrisé : production et commercialisation.
Les impondérables
Les aléas de la politique économique mirent fin à cette ascension en Avril 1814.
Reste dans la mémoire collective l’histoire de Richard et Lenoir qui furent à l’origine du développement de l’industrie cotonnière en France.
Le saviez-vous ? Avant de mourir, Lenoir demanda à Richard que leurs deux noms soient toujours liés. C’est ainsi que Richard devint Richard-Lenoir.
LES QUALITES SE MULTIPLIENT
Les qualités de bazin se diversifièrent afin d’élargir l’offre commerciale.
Le basin pauvre en coton chaîne et trame, monochrome.
Le basin, riche en fil et coton, plus épais, avec des effets damassés plus prononcés du fait de l'inégalité voulue de la ténuité des fils.
Le super basin est un basin riche pour le fond avec des motifs colorés en surimpression.
US ET COSTUMES
Une étoffe aux accents africains
Ce tissu fabriqué en Europe a encore, de nos jours, une connotation africaine et, puisqu'il est généralement vendu dans des boutiques qui proposent aussi des Wax, Java et autres batik, l'amalgame s'est fait de lui-même. Son succès commercial, surtout en Afrique de l’Ouest, est incontesté. Cependant, l’aspect du Bazin africain se caractérise par une raideur accrue, une brillance plus q’un lustre et un teinture artisanale. Il est adapté à la mode locale, articles amples et longs comme le boubou, donc fabriqué en grande largeur. C’est un damassé de coton blanc qui est importé en Afrique d’ Allemagne, des Pays-Bas et, depuis peu de Chine qui propose au marché africain un bazin synthétique, moins cher et d’entretien simplifié.
Le blanc gagnant
Au XIXe siècle, le bazin blanc était privilégié. En Europe, il était utilisé pour des gilets, des pantalons, des robes, des manteaux. Dans les colonies européennes au climat tropical, le bazin blanc était un élément basique dans la garde robe des colons.
Au bain!
Au XVII et XVIIIe siècle, le bazin est un tissu d’habillement et d’ameublement.
Le saviez-vous ? Il servait d'équipage de bain : fonds, garnitures, tour de baignoires. L’équipage de bain de Louis XIV était en basin blanc rayé, garni de dentelle d’Angleterre. Un bien joli habillage pour le roi qui dit on ne fit pas grand cas de sa salle de bain !
A table !
Pourquoi ne pas utiliser des métrages de basin pour des nappes, simplement pour changer des damassés très classiques et moins adaptés à la vaisselle contemporaine ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire