PREMIERES FAUSSES FOURRURES
Les sumériens, 3000 ans avant notre ère, revêtaient le kaunakes, une protection vestimentaire réalisée avec la toison entière des chèvres du Tibet sans passer par la case tissage, simplement enroulée autour de la taille. Puis, le filage et le tissage se développant, le tissu imita les longues mèches de la toison.
MUKHAYYAR
Le terme anglais moyacair, qui donna mohair, est un emprunt à l’italien mocajardo, déformation du mot persan -mukhayyar ou moiacar qui désignait un tissu obtenu avec la laine d’une race spécifique de chèvres, choisies parmi toutes les autres et choyées bien plus que les autres .
UNE AMBIGUITE VOCABULISTIQUE
Jusqu'au XVII ème siècle, le sens du mot moire ou mouaire demeura incertain. Il désignait une étoffe chatoyante en poil de chameau, de chèvre cachemire, de chèvre angora ou en soie
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LE MOHAIR DEVIENT UNE FIBRE A PART ENTIERE
La séparation advint entre le mohair et la moire et, en 1860 enfin, le mot mohair entra dans la langue française
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UN MONOPOLE OFFICIEUX
La population locale d’Angora conserva jalousement le monopole du commerce des étoffes tissées avec cette laine, source de revenus inestimable pour la région qui vit se développer un artisanat textile très actif jusqu’au XIXe siècle.
LE TIFTIK TRESOR NATIONAL
Au XIVe siècle, sous l’impulsion d’ Osman1er, les chèvres d’ angora devinrent un trésor national. L'exportation des animaux vivants et leur laine brute, appelée par les autochtones tiftik, fut strictement encadrée et, durant certaines périodes, ce commerce fut totalement interdit, les contrevenants risquant la mort.
UN MONOPOLE OFFICIEL
La quasi totalité de la production de mohair était destinée à la confection des vêtements du Sultan et de sa Cour.
Le saviez vous ? C'est le Sultan Osman1er qui donna son nom à la dynastie ottomane qui resta à la tête de l'Empire Ottoman de 1299 à 1923.
Entre le XIV et le XIX e siècle, les sultans ottomans continuèrent la même politique, autorisant épisodiquement au gré des alliances politiques, les exportations de fils de mohair ou de vêtements locaux en laine mohair.
UN PROTECTIONNISME ANCESTRAL
Les chinois, quelques siècles avant les ottomans, avaient aussi tenté de réguler le commerce de la soie : mêmes causes, mêmes conséquences.
LE PRIX DE LA RARETE
Au XVI eme siècle, devant l'afflux de demandes des pays étrangers, les lois régissant le commerce extérieur de l'empire Ottoman s’assouplirent, permettant ainsi aux devises d’affluer. Le sultan accepta de partager ce trésor laineux avec les étrangers, mais au prix de quelques restrictions : seuls les produits finis (fils, vêtements, tissus) pouvaient être exportés. Les marchands hollandais et français se disputèrent la maitrise du commerce des fils de laine mohair tant que le monopole sur la laine en vrac et les chèvres angora vivantes resta en vigueur. Les occidentaux payèrent le prix fort pour obtenir des articles en mohair à cause des difficultés d'approvisionnement, des dangers liés au transport et des nombreux interdits qui contribuèrent à la raréfaction du produit.
SILLOGISME
La production de mohair, tous pays confondus ne dépassant pas 1% de la production mondiale de fibres naturelles, ce qui est rare est cher, le mohair est rare par conséquent il est cher. Longtemps, le mohair demeura un luxe comme le cachemire ou la soie.
AUX SOURCES DU MOHAIR
L’Empire ottoman accueillit de nombreux étrangers, curieux, chroniqueurs, marchands, espions, ambassadeurs et tous furent éblouis par la richesse des costumes de la Cour. Quelques aventuriers audacieux dépassèrent les limites des limites des palais de Constantinople pour découvrir le pays, certains poussèrent jusqu’en Angora découvrant la source originelle du mohair, une matière encore rare en Occident
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BEYBAZAR L’AUTRE CAPITALE DU MOHAIR
J.M. Tancoigne, au début du XIXe siècle, fut surpris par la qualité des tissus en mohair provenant de la région de Beybazar (le marché du roi).
"Ces schâlis d'un mœlleux comparable à celui de la plus belle soie, sont de toutes sortes de couleurs, les turcs en font des vêtements pour l'été et ils parroissent affectionner de préférence ceux de couleur blanche. La même matière sert encore à fabriquer des demi bas extrèment fins. Je voudrois madame, que vous puissiez voir les nombreux troupeaux de chèvres répandus dans la plaine d'Angora, quelque-unes sont d'une stature extraordinaire pour leur espèce, l'œil est enchanté de leur propreté et de la blancheur éblouissante de leur toison qui pend jusqu'à terre..."in "Lettres sur la Perse et la Turquie d’Asie" Si la laine des chèvres de Beybazar était plus blanche et plus fine que celle d'Angora, c'est parce que les chèvres bénéficiaient d'attentions particulières. Elles étaient souvent peignées et lavées au savon dans les rivières avoisinantes. Les restes de savon accentuaient la blancheur et probablement la douceur ; les connaisseurs pouvaient distinguer la provenance de la laine simplement au toucher.
PERIL EN LA DEMEURE
En libéralisant le commerce du mohair, les autorités locales n’avaient pas prévue la concurrence.
UN CADEAU BIEN EXPLOITÉ
En 1849, J B Davis fut chargé par le gouvernement américain de mener à bien une expérimentation sur la culture du coton en Turquie. Il revint dans son Texas natal avec un cadeau du gouvernement turc : 9 chèvres angora qu'il pensait être des chèvres du cachemire. Le territoire texan leur convint si bien que le Texas devint depuis un des plus grand producteurs de laine mohair.
LES LOIS DU COMMERCE
L’industrie textile d’Anatolie vivant sur ses acquis périclita rapidement, les bergers n’ayant pas pris soin de leurs troupeaux et les croisements avec d’autres caprins avaient considérablement baissé la qualité de la laine mohair. La prospérité de la région d’Ankara fut anéantie en quelques décennies par la concurrence des élevages de chèvres d’Angora d’Afrique australe, des USA et d’Australie…
A SUIVRE
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