Le printemps arrive, doucement, mais surement, et mes sens sont en émoi, la vue, le toucher, le gout, l'odeur, les bruits tous unis ils mettent en scène un univers textile très particulier, le mien ! Avec mon expérience professionnelle et beaucoup d'imagination j'ai redécouvert les tissus d'une manière ludique et très personnelle , je me suis évadée dans un ailleurs délicieusement coloré, chaleureux, amical, au delà des quatre murs de mon 'appartement j'ai découvert le monde à travers le prisme de l'entrecroisement des fils de chaîne et de trame. J'ai mis des mot sur mes souvenirs textiles
UNE IMPRESSION COLOREE
La présence dans mon dressing de ce chemisier fuchsia me plonge dans les délices de la couleur. Cette vision subjective de cette variation de rose et de violet , s'étale sur la coton cotonnade comme les fleurs s'épanouissent dans mon jardin. Mais tout n'est qu'apparence, le couleur est fugace, elle ne doit son existence qu'à la lumière électrique ou au soleil mais qui une fois la lampe éteinte ou la nuit venue, ce vêtement flamboyant redevient une ombre, et ne subsiste de lui que l'image d'un souvenir coloré.
DES TISSUS, DES SENSATIONS
Il me suffit de regarder ce manteau en drap de laine suspendu dans mon armoire pour qu' instantanément une douce chaleur m'envahisse, le toucher d'une robe en lin suffit à me transporter sur le sable blanc et délicieusement tiède d'une plage de rêve, le bruissement sourd d'un t-shirt en bourrette de soie me rappelle le silence de mes pas dans la neige......
UNE PRISE DE CONTACT
Cet hiver en fouillant dans un tiroir de ma commode à la recherche de mon tour de cou en quiviut , j'ai mis la main sur un foulard en satin de soie vert anis et turquoise, de quoi réveiller mon sens tactile et titiller ma vison. Le contact de cette matière ruisselante sur ma peau m'a fait frissonner. Allergie non pas, mais une réaction épidermique provocant une sorte de chair de poule. Etonnant? Bizarrement les tissus ne laissent pas indifférents nos sens. Ainsi les velours deviennent de redoutables ennemis pour certaines personnes. Le simple contact des ces poils hirsutes ne font pas pattes de velours mais ils sont un rappel strident du bruit de la craie sur un tableau noir bien que ce ressenti c'est seulement pour ceux qui se souviennent des craies blanches et des tableaux noirs, aujourd'hui l'écran de l'ordinateur est moins audacieux
L'ODEUR DES SOUVENIRS
Celle de la laine mouillée est très particulière, pour moi elle renvoie à des souvenirs d'enfance, tenaces encore presque réels malgré les ans, ils sont encrés dans mon imaginaire olfactif. Parfois lorsque cela s'avérait indispensable, en dernier recours ma mère comme toute les mamans, "osait" laver mon doudou, un simple morceau de ma première couverture qui avait été rose, et qui virait au gris, probablement celle qui me tenait au chaud dans mon berceau. Ce doudou était devenu un compagnon indispensable, et sa présence était nécessaire pour m'endormir, déjà une accoutumance hors normes au tissu ! Alors à peine sèche je m'appropriais ce "chiffon" encore humide, hélas sans saveur, remplacée par l'odeur du propre et de la lessive. Depuis la laine mouillée comme par exemple celle dégagée par un pull porté sous une pluie battante me ramène inexorablement vers mon doudou. L'odorat est un livre de souvenirs, dont il faut de temps en temps tourner les pages pour retrouver des émotions enfouies dans le temps et dans l'espace
LE GOUT DU LIN
Avez vous jamais gouté un fil de lin? Quelle curieuse sensation, lorsque pour enfilé un fil de lin "bleu klein " je l'ai posé sur ma langue, "un réflexe préhistorique", puisque que ma machine est doté d'un système d'enfilage de l'aiguille automatique. Mais au delà de l'habitude c'est ce gout de bonbon qui m'a renvoyé au monde des sucreries, délice des délices. Le souvenir des berlingots aux rayures multicolores , des rouges coquelicots, et des bleuets ces douceurs anciennes que l'on trouve encore dans de grands bocaux de verre " chez les véritables marchands de bonbons". Confidence pour confidence, je n'ai jamais rien ressenti de tel en travaillant avec un fil polyester.
LES ETOFFES ONT "LA PAROLE"
Elles crient, soupirent, gémissent, ronronnent, grognent, grincent ! Contre toute attente, voyez comme l'univers textile est bruyant, animé..... vivant !
Il est insoutenable le cri de la soie, il est terrifiant celui d'un chiffon que l'on décrire pour faire un pansement de fortune, il est étouffé le son d'un lainage que l'on manipule, il est subtile le bruissement d'un taffetas que l'on froisse en le travaillant . Il résonne encore à mes oreilles le souvenir du frou-frou qui précèdent l'arrivée sur scène d'Agnes dans sa volumineuse robe de taffetas parme, et qui va annoncer que le petit chat est mort. C'était il y a longtemps lors d'une représentation réservée aux scolaires, dans un théâtre parisien aujourd'hui disparu "le théâtre de l'Ambigu- Comique" près de la place de la République. Soixante ans plus tard, les souvenirs émus de ce frôlement d'étoffe m'émeut encore! Les tissus sont bavards : cet imperméable en nylon jaune et vert que je tente de faire entrer dans sa poche kangourou grince, ce short en chanvre semble soupirer d'aise sous la pression amicale de la semelle de mon fer à repasser, mais le plus étonnant pour un son c'est son absence. Pas un bruit, ce plaid en jersey de laine mérinos rouge cerise dans lequel je me love avec une volupté non dissimulée se drape dans un silence assourdissant !
Maintenant à vous de jouer en retrouvant dans votre patrimoine sensoriel les souvenirs de vos textiles préférés. Amusez vous bien!
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