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vendredi 10 février 2017

Une étoffe au poil

Un poil d'opossum, un brin de laine mérinos, une dose de polyamide.
Ceci n'est pas une découverte artisanale, mais c'est une nouveauté pour moi, intéressante bien qu'industrielle.
En effet, les néo-zélandais ont mis à profit ce qui aurait pu être une catastrophe. De quoi s'agit-il donc ? De la création d'un fil mixte qui donne comme résultat un tricot à la fois doux, léger, et chaud. Pas question d'imiter le cachemire, mais il y a des similitudes, un cousinage en somme.
Pourquoi la décision d'utiliser les poils d'opossum s'est elle imposée ?
C'est une drôle d'histoire. Les premiers colons britanniques arrivés sur ces terres commencèrent par chasser les animaux endémiques pour se nourrir, mais quand les quantités furent quasiment épuisées, ils importèrent des lapins. Ces animaux s'adapteront si bien aux conditions climatiques, qu'ils prolifèrent. Devant cette invasion, les britanniques eurent l'idée d'importer de l'Australie "voisine" un animal carnivore qui débarrasserait le pays de ces intrus. C'est à ce moment de l'histoire que l'opossum entre en jeu. 
Au début, il fit ce que l'on attendait de lui, c'est-à-dire qu'il se goinfrait de lapins. Mais au fur et à mesure que cette nourriture devenait plus difficile à chasser, les opossums se tournèrent vers des proies providentielles endémiques : les oiseaux qui ne volent pas. Et ce qui devait arriver arriva : les lapins se multiplièrent et les opossums se goinfrèrent de proies aux maigres défenses.

L'idée de se débarrasser de cet encombrant fardeau qui, en se multipliant détruisait la faune environnante, était dans tous les esprits.

Les consommer ? Non, alors utiliser leur fourrure ? Une possibilité. Une publicité incitait les habitants à se vêtir de manteaux en opossum, en argumentant :  vous voulez sauver la faune, alors achetez des fourrures d'opossum !
De nos jours, la fourrure n'est plus en vogue, par contre les articles en tricot sont devenus des "must have" surtout dans le sud du pays où le climat est très froid en hiver.
La laine des moutons mérinos se trouve à profusion dans le pays, alors pourquoi ne pas mêler brin de laine et poils d'opossum ? Sitôt dit sitôt fait, peut être pas aussi vite mais l'idée était sur la table et le principe adopté.
Aujourd'hui, dans les boutiques de Queenstown, on trouve des pulls, des ponchos, des bonnets, des gants... En maille laine de mérinos, poils d'opossum et polyamide pour les articles courants, poils d'opossum, laine de moutons mérinos et soie pour les articles de luxe.

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