HABILLE OU FAGOTE ? VÊTU OU FRINGUE ?
Déchirés artificiellement, lacérés, usés prématurément, blanchis, délavés, surteints, "élas...thannés", tachés, fatigués, destroyed, voilà ce que l'industrie de la mode nous propose. Le "must have" pour certains avec en prime un prix élevé. Pourquoi troquer l'élégance pour arborer décemment un jeans indécent.
VIVRE EN ETANT VU
La réponse à ce défi semble couler de source. L'audace d'enfiler ce type de "fringue" marque un esprit rebelle. Il semble que cette fatigue prématurée, cette usure manufacturée, ces entailles savamment étudiées soient un moyen d'exister dans une société peut être trop policée à au goût des amateurs. Mais cette réaction c'est du déjà vu à maintes reprises dans l'histoire du costume et souvent avec de bonnes raisons. Ici je ne vois pas d'autre intention que de suivre une mode très chic et très chère.
Cette transgression des codes vestimentaires envoie un message à une société trop étriquée.
Bad boy ou bad girl, un coup de griffe dans les usages traditionnels, un peu de débauche dans la mode citadine. Porter un jeans "used", est-ce afficher une certaine attitude, pour choquer "le bourgeois" ? Peut être. Moi j'y vois surtout un formidable succès marketing parfaitement bien orchestré par l'industrie qui surfe sur la demande. Les clients désirent du nouveau, de l'excentrique, du changement. Alors, ils sont servis. Avec ces multiples blessures, le nouveau blue jeans a pris ses marques avec les marques.
UNE AME OUI, MAIS BIEN FACTICE
Ils semblent avoir vécus des aventures, ces pantalons d'une couleur improbable, informes et ridés. Pour nombre de clients ils ont une âme, ils sont devenus des doudous pour adultes, tout cela n'est illusion. Cependant, n'oublions pas que le mouvement "punk" ou voyou, né dans l'Angleterre des années 80, était un véritable cri de la part d'une tranche de la population, une réaction au modèle de société qu'on proposait à une génération en état de rebellion. Aujourd'hui, l'idée de vandalisme accolée au jeans est totalement gratuite, sociologiquement parlant. Après les punks, vint le mouvement Grunge et, là encore, il toucha une petite partie de la population, plutôt jeune et en marge de la société traditionnelle. Les grands mouvements de mode ont toujours été portés par la force de leur message, qu'il s'agisse des crevées dans la mode au XVIeme siècle ou des mini jupes.
Les créatifs semblent ne pas avoir de mémoire. Tout est artificiel dans leur proposition actuelle de l'usure factice qui n'est qu'une brève aventure ; le temps d'un trajet d'un bout du monde à l'autre, d'une usine au rayon d'un magasin jusqu'à votre dressing. Le possesseur d'un jeans used va vivre ce vieillissement par procuration.
Aujourd'hui, cette transgression des codes vestimentaires n'est pas mue par des revendications précises, de plus elle est transgénérationnelle et quasi universelle puisque les magasins à succursales multiples diffusent leurs modèles dans le monde entier.
Le blue jeans lacéré ne porte pas de message, il est convenu, il a sa place dans les dressings les plus sophistiqués, il est devenu une pièce vestimentaire comme une autre, il a perdu sa puissance vindicative mais il continue à polluer petit à petit l'environnement.
FAIT CE QUE JE DIS PAS CE QUE JE FAIS
Les magazines nous rabâchent à longueur de page qu'il faut sauver la planète et que chacun d'entre nous est responsable de ses actes. Les personnalités s'engagent sur ce terrain, lancent des appels, sont à l'origine de pétitions pour sensibiliser la population aux problèmes environnementaux. C'est bon pour leur image et ce serait formidable si c'était sincère car il y a l'envers du décor. Les paroles et les actes sont deux choses distinctes.
Si Jessica Alba s'investit dans une ONG, cela ne l'empêche pas de porter des Jeans distroy dont la fabrication n'est pas sans effets néfastes pour l'environnement. Elle n'est pas la seule star à prôner un comportement et à ne pas le respecter. Il n'est qu'a feuilleter les magazines pour s'en rendre compte. Gwyneth Paltrow chantre du bien être, du mieux vivre en harmonie avec son corps et la nature adopte aussi le blue jeans usé.
Un jean stonewash usé avec des pierres ponce ou encore sandwash, procédé utilisant le jet de sable, sans oublier le watt-wash, technique au laser et, on nous le promet pour bientôt, le jeans clean délavé à l'ozone. Des techniques améliorées sans cesse dans le but de préserver la santé des employés, de réduire la consommation d'eau, d'éviter la pollution des rivières, avec cependant en arrière pensée se donner une image plus vertueuse et plus verte.
Voilà les progrès. Mais pourquoi ? Pourquoi acheter un neuf vieux ? Pourquoi vouloir précipiter les choses ? Et si les fabricants revenaient à la bonne et belle formule du blue jeans qui se délave avec le temps, qui s'adapte à votre corps au fur et à mesure des semaines ? Moins de pollution, plus de plaisir à porter un article clean.
L'UNIFORME SANS FORME
Prendre un bain vêtu de son jean afin qu'il sèche sur votre corps, ça peut devenir une seconde peau moins factice que les articles déjà fabriqués qui ne bougeront plus, qui vieilliront plus, qui resteront figés dans la forme première. Votre jean distroy sera le même que celui de vos amis, alors qu'un véritable blue jeans va devenir votre propre jean, différent de celui de votre voisin.
BLUE JEANS DISTROY ET CHIRURGIE ESTHETIQUE : RIDES EN VUE ET RIDES MASQUEES
Une piqûre qui efface les rides, une autre qui fige le sourire et gonfle les lèvres... Résultat un visage sans "âme". Qu'est-ce qui pousse les hommes et les femmes à masquer l'usure des ans sur leur visage et qui, en même temps, se précipitent pour enfiler un vêtement vieilli, plissé, ridé ? Les plis dans le tissu et l'absence de rides sur un visage pour l'éternité ?
LA CONTRADICTION EST HUMAINE
Le comportement humain en matière de mode est bien difficile à cerner. Dans ce post j'ai essayé de comprendre la psychologie des amateurs de blue jeans used. La structure de pensée des clients me laisse pantoise. Il existe une contradiction évidente entre vouloir améliorer l'environnement et accepter de le détériorer en achetant des produits que l'on sait polluants.
Déchirés artificiellement, lacérés, usés prématurément, blanchis, délavés, surteints, "élas...thannés", tachés, fatigués, destroyed, voilà ce que l'industrie de la mode nous propose. Le "must have" pour certains avec en prime un prix élevé. Pourquoi troquer l'élégance pour arborer décemment un jeans indécent.
VIVRE EN ETANT VU
La réponse à ce défi semble couler de source. L'audace d'enfiler ce type de "fringue" marque un esprit rebelle. Il semble que cette fatigue prématurée, cette usure manufacturée, ces entailles savamment étudiées soient un moyen d'exister dans une société peut être trop policée à au goût des amateurs. Mais cette réaction c'est du déjà vu à maintes reprises dans l'histoire du costume et souvent avec de bonnes raisons. Ici je ne vois pas d'autre intention que de suivre une mode très chic et très chère.
Cette transgression des codes vestimentaires envoie un message à une société trop étriquée.
Bad boy ou bad girl, un coup de griffe dans les usages traditionnels, un peu de débauche dans la mode citadine. Porter un jeans "used", est-ce afficher une certaine attitude, pour choquer "le bourgeois" ? Peut être. Moi j'y vois surtout un formidable succès marketing parfaitement bien orchestré par l'industrie qui surfe sur la demande. Les clients désirent du nouveau, de l'excentrique, du changement. Alors, ils sont servis. Avec ces multiples blessures, le nouveau blue jeans a pris ses marques avec les marques.
UNE AME OUI, MAIS BIEN FACTICE
Ils semblent avoir vécus des aventures, ces pantalons d'une couleur improbable, informes et ridés. Pour nombre de clients ils ont une âme, ils sont devenus des doudous pour adultes, tout cela n'est illusion. Cependant, n'oublions pas que le mouvement "punk" ou voyou, né dans l'Angleterre des années 80, était un véritable cri de la part d'une tranche de la population, une réaction au modèle de société qu'on proposait à une génération en état de rebellion. Aujourd'hui, l'idée de vandalisme accolée au jeans est totalement gratuite, sociologiquement parlant. Après les punks, vint le mouvement Grunge et, là encore, il toucha une petite partie de la population, plutôt jeune et en marge de la société traditionnelle. Les grands mouvements de mode ont toujours été portés par la force de leur message, qu'il s'agisse des crevées dans la mode au XVIeme siècle ou des mini jupes.
Les créatifs semblent ne pas avoir de mémoire. Tout est artificiel dans leur proposition actuelle de l'usure factice qui n'est qu'une brève aventure ; le temps d'un trajet d'un bout du monde à l'autre, d'une usine au rayon d'un magasin jusqu'à votre dressing. Le possesseur d'un jeans used va vivre ce vieillissement par procuration.
Aujourd'hui, cette transgression des codes vestimentaires n'est pas mue par des revendications précises, de plus elle est transgénérationnelle et quasi universelle puisque les magasins à succursales multiples diffusent leurs modèles dans le monde entier.
FAIT CE QUE JE DIS PAS CE QUE JE FAIS
Les magazines nous rabâchent à longueur de page qu'il faut sauver la planète et que chacun d'entre nous est responsable de ses actes. Les personnalités s'engagent sur ce terrain, lancent des appels, sont à l'origine de pétitions pour sensibiliser la population aux problèmes environnementaux. C'est bon pour leur image et ce serait formidable si c'était sincère car il y a l'envers du décor. Les paroles et les actes sont deux choses distinctes.
Si Jessica Alba s'investit dans une ONG, cela ne l'empêche pas de porter des Jeans distroy dont la fabrication n'est pas sans effets néfastes pour l'environnement. Elle n'est pas la seule star à prôner un comportement et à ne pas le respecter. Il n'est qu'a feuilleter les magazines pour s'en rendre compte. Gwyneth Paltrow chantre du bien être, du mieux vivre en harmonie avec son corps et la nature adopte aussi le blue jeans usé.
.
Economiser de l'énergie, sauver la santé des ouvriers, préserver l'eau. Le monde entier est en émoi, la tendance est à l'économie, à la consommation modérée, les vertus du bio sont portées aux nues. Cela explique pourquoi les techniques évoluent afin d'être en phase avec l'idéologie actuelle. Des efforts sont faits pour réduire les nuisances.Un jean stonewash usé avec des pierres ponce ou encore sandwash, procédé utilisant le jet de sable, sans oublier le watt-wash, technique au laser et, on nous le promet pour bientôt, le jeans clean délavé à l'ozone. Des techniques améliorées sans cesse dans le but de préserver la santé des employés, de réduire la consommation d'eau, d'éviter la pollution des rivières, avec cependant en arrière pensée se donner une image plus vertueuse et plus verte.
Voilà les progrès. Mais pourquoi ? Pourquoi acheter un neuf vieux ? Pourquoi vouloir précipiter les choses ? Et si les fabricants revenaient à la bonne et belle formule du blue jeans qui se délave avec le temps, qui s'adapte à votre corps au fur et à mesure des semaines ? Moins de pollution, plus de plaisir à porter un article clean.
L'UNIFORME SANS FORME
Prendre un bain vêtu de son jean afin qu'il sèche sur votre corps, ça peut devenir une seconde peau moins factice que les articles déjà fabriqués qui ne bougeront plus, qui vieilliront plus, qui resteront figés dans la forme première. Votre jean distroy sera le même que celui de vos amis, alors qu'un véritable blue jeans va devenir votre propre jean, différent de celui de votre voisin.
BLUE JEANS DISTROY ET CHIRURGIE ESTHETIQUE : RIDES EN VUE ET RIDES MASQUEES
Une piqûre qui efface les rides, une autre qui fige le sourire et gonfle les lèvres... Résultat un visage sans "âme". Qu'est-ce qui pousse les hommes et les femmes à masquer l'usure des ans sur leur visage et qui, en même temps, se précipitent pour enfiler un vêtement vieilli, plissé, ridé ? Les plis dans le tissu et l'absence de rides sur un visage pour l'éternité ?
LA CONTRADICTION EST HUMAINE
Le comportement humain en matière de mode est bien difficile à cerner. Dans ce post j'ai essayé de comprendre la psychologie des amateurs de blue jeans used. La structure de pensée des clients me laisse pantoise. Il existe une contradiction évidente entre vouloir améliorer l'environnement et accepter de le détériorer en achetant des produits que l'on sait polluants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire