MOIRE
Moire
est la déformation du terme anglais « mohair » lui même issu du mot arabe
"moiacar"ou
"moacar" qui désignait des tissus en poils de chèvre. On
retrouve dans le mot « hair » au sens de poil en allemand et en
anglais. Moire entre dans la langue
française au XVIIe siècle avec le sens d’étoffe chatoyante sans
préciser la matière utilisée.
Le
moirage est un apprêt spécial que l'on donne à certains tissus à gros grains
serrés comme l’ottoman , la faille ou le gros de Tours, afin de leur octroyer un aspect changeant et
chatoyant.
Leur
surface est ondée au moyen d'une calandre qui écrase partiellement
le grain de la trame . La déformation de la surface provoque
sous l'effet de la lumière des surfaces planes réfléchissantes.
Les rayons lumineux donnent suivant l'inclinaison de la surface du
tissu, et la matière textile des reflets plus ou moins métalliques.
Lorsque
l’apprêt est factice, c’est
à dire qu’il s’agit d’un
motif imprimé sur un support textile lisse,
il peut soit s’estomper soit disparaître au contact de l’eau.
C'est
d'Angleterre que vient la méthode pour "moherer" nous dit
Savary Jusqu'en 1754 l'industrie du moirage des étoffes était une
technique exclusivement anglaise.
Sous
le règne de Louis XV la moire fait son apparition dans la décoration murale. C'est
1754, que le gouvernement fit des offres avantageuses à un
fabricant anglais: Jean Badger qui les accepta et s'installa à Lyon
afin de mettre au point un procédé pour exécuter les étoffes
moirées. En contre partie il eut la jouissance de l'établissement
nouvellement crée. La ville tira également un bénéfice de cette
installation, au niveau de sa réputation de ville soyeuse.
La moire
antique ou moire anglaise
Elle
était réalisée au moyen d'une forte masse de pierre dont le fond était formé de
lourds plateaux pesant de 3 à 4 tonnes chacun , agissant sur une plate forme
solidement ancrée dans le sol. Mais comme on peut l'imaginer, les proportions
incroyables de cette machine entrainaient de nombreux inconvénients. Sur la
demande de plusieurs fabricants Vaucansson fut
chargé par le gouvernement d'améliorer cette invention afin de
faciliter son utilisation et ce fut la création de la calandre cylindrique dans
la forme d'un laminoir composée de deux cylindres métalliques creux
et lourds, munis intérieurement d'une barre de fer rougie (remplacée au fur et
à mesure de la déperdition de chaleur)
La
moire française
Vaucanssson,
"mécanicien" de génie en utilisant ce dispositif de
cylindre métalliques ou laminoir pour produire une pression suffisante qui
écrase le grain du tissu obtint un résultat ne fut pas identique à
celui produit par la machine Badger, le dessin de la moire de Vaucanson
ressemblait plutôt aux cercles concentriques, ronds et doux qui se propagent à
la surface de l'eau lorsqu'on y lance un caillou, ce motif deviendra la
caractéristique de la moire française : on dit que la moire est française
lorsqu'elle présente des effets réguliers, circulaires dont on a préparé le
tracé avec les dents d'une règle avant de laminer les deux pièces cousues l'une
sur l'autre, entre deux cylindres chauffés en opposition à la première moire de
Badger dite moire antique. (qui sera ensuite obtenue par une presse
hydraulique) dont le dessin est aigu, comme les sommets déchiquetés des
alpes
En
ce qui concerne la moire antique on devait replier le tissu sur lui même et
coudre les bords de manière à maintenir chaque trame superposée à elle même. La
moire est antique lorsque les effets sont dus au hasard sous la pression d'une
énorme calandre et que sur plusieurs pièces de tissu ainsi traitées, aucun
dessin n'est semblable(nuages, lignes brisées, ondulations.) La moire française
offre les mêmes effets : formes arrondies donne le nom de moire ronde (imitant
le contour que l'on remarque sur la partie intérieure de troncs d'arbre)
Il
faudra attendre le milieu du XIXe siècle pour que l'utilisation de plateaux à
pression artificielle irrégulière permit une fabrication rationnelle C'est en
1854 que deux apprêteurs moireurs lyonnais les frères Vignet aidés
d'un mécanicien monsieur Barbet réalisèrent une machine dans laquelle les
masses de pierre de la machine Badger et les cylindres de Vaucanson furent
remplacés par des plateaux mobiles entre lesquels devaient être placés les
rouleaux de tissu . Ces plateaux étaient destinés à exercer sur les rouleaux
à l'aide d'une vis une pression mécanique pouvant être augmente ou diminuée, au
lieu d'une pression résultant de leur propre poids.
La moire
musique
Le
décor peut aussi être préparé pendant le tissage, par une suppression locale du
parallélisme des trames obtenu par le peigne du métier dont les dents étaient
mobiles. Le mouvement de chacune des dents était commandé par un cylindre gravé
de motifs en relief (fleurs ou des dessins géométriques) ce qui entraine une
déformation de la trame à chaque insertion de trame Ce procédé bien que
donnant des résultats étonnants, et une richesse de décor inégalé par les
nouvelles technologies, est aujourd'hui obsolète, car lent et ne s'appliquant
qu'à une étoffe en petite largueur (0,70 m) il reste une démarche artisanale,
que l'industrie ne peut prendre à son compte. C'est la similitude entre ce
système de création d'une moire et celui d'une boite à musique qui a donné son
nom à la moire musique
La
moire galoche
Elle
était obtenue par un ingénieux procédé d'enroulage. C'est aujourd'hui le nom générique qui
désigne toutes les étoffes ayant subies ce traitement : soie mais aussi coton
ou tout autre matière. On nomme aussi moirette un tissu léger à reflets
moirés.
Bien
que le calandrage et le moirage s'obtiennent par des moyens similaires il est
convient de différencier ces deux opérations : le calandrage n'a
d'autre but que de conférer une tension au tissu afin n'en aplanir sa surface
alors que le moirage confère à un tissu uni originellement, des effets qui augmentent
sont aspect décoratif.
Aujourd'hui
bien que l'on continue à fabriquer des moires par calandrage, on peut très
facilement "imprimer" le motif à l'aide de cylindres gravés de
dessins imitant l'aspect d'une moire. Cela dit on peut se douter du subterfuge
lorsqu'une moire présente une surface entièrement plate.
Parfois
l'habit fait le moine, voir l'évêque et même le cardinal ... Qui ne pense pas à
Richelieu peint par Philippe de Champaigne dans sa tenue d'apparat : robe de
soie moirée rouge cardinal ? Le ruban des différents ordres de Chevalerie sont
également en moire, ainsi que l’ordre
national du mérite, en bleu céleste
Au
XVIIIe siècle, la moire était tendue sur les murs, recouvrait les lits. Sous
l'Empire et la Restauration la moire fut largement utilisée en ameublement.
Dans
certains palais, les murs tendu de soie moirée et peinte, étaient à la
mode au XVIII e_siècle. Ensuite, le tissu fut imprimé. Et le succès commercial
aidant, les motifs moirés furent
appliqués au papier peint .
Dans
notre conception moderne de la décoration, les tissus moirés restent toujours
liés à une décoration de style. Cependant, les effets superbes de la
lumière en font de magnifiques rideaux : si ce sont des tissus synthétiques
blancs, ils peuvent remplacer des voilages ; la lumière passe à travers
irrégulièrement et 'effet est étonnant . Parfaitement adapté à un intérieur
contemporain. Il ne faut pas systématiquement se désintéresser de ce qui
est beau sous prétexte que c'est démodé, trop connoté "style".
A vous d'ouvrir les possibilités, de proposer de nouvelles utilisations
et de lancer une autre mode.
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