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mardi 25 avril 2017

FABRICATION D'UN TAPA ou MARO EN PAPOUASIE INDONESIENNE

Dans toute l'Océanie on utilise la sous écorce de mûrier ou liber ou phloème, tissu conducteur de sève pour obtenir un matériau qui se rapproche physiquement d'une étoffe.
Les artisans locaux s'appliquent à décorer ces tapas de motifs géométriques, graphiques, abstraits ou, au contraire, des représentation très concrètes de la faune, la flore, des diverses activités de la tribu avant de les utiliser pour la décoration, l'habillement ou pour en faire des accessoires.


Ce matériau prend des noms différents suivant les régions. En Papouasie indonésienne, c'est le maro ; à Wallis et Futuna, c'est le tapa. Jadis, les petits maros ou tapas étaient des articles utilisés au quotidien : besaces, ceintures, ponchos, capes. Les grands modèles richement décorés servaient de costumes d'apparat et parfois, de linceul pour envelopper le corps des défunts.

           Lorsque j'ai visité ce petit village tribal installé sur une île au milieu du lac Sentani



                                     j'ai eu la chance de voir des femmes fabriquer un maro.


Cet artisanat est devenu un commerce florissant. La qualité de la production locale est reconnue dans le pays et les points de vente se multiplient en Papouasie, tandis que sur l'ile, les maros sont destinés  aux touristes qui visitent ce village de pêcheurs et aux costumes pour les danses traditionnelles.


J'ai fait mon choix : des marques pages en écorce de mûrier , original non?



Ce commerce est un moyen d'enrichir le village, de faire connaître leur culture et de perpétuer un savoir faire traditionnel.

Après les danses traditionnelles de la cérémonie d'accueil,  je suis allée dans les coulisses pour admirer les costumes

Tapa ou maro, c'est un produit difficile à décrire lorsqu'on ne l'a jamais eu entre les mains. Ce n'est pas un tissu puisqu'aucun fil n'entre dans sa fabrication. Bustier, ceinture, pagne, tout est fait en écorce de murier. La matière est similaire à un feutre assez fin, la fibre est "tassée" dense, et légèrement cartonneuse. Elle n'a pas la souplesse d'un tissu, mais il est possible de l'utiliser pour construire des vêtements aux formes géométriques, comme des rectangles, des carrés ou des triangles.



Sur l'ile, le travail de l'écorce de mûrier est réservé aux femmes, mais ce sont les hommes qui vont couper les mûriers dans la foret avoisinante, de préférence à la pleine lune afin que la sève soit  mieux répartie dans le tronc, ce qui simplifiera les opérations suivantes.
Pour obtenir une simple feuille d'écorce plusieurs étapes sont nécessaires. Ici, le savoir faire se transmet de mère en fille, alors que dans d'autres régions d'Océanie ce sont les hommes qui sont en charge de récupérer l'écorce.

Même les barques sont décorées avec les motifs traditionnellement destinés aux maros

Ensuite, le tronc est fractionné, les "tronçons" étant coupés à la mesure des maros sont transportés à proximité du village en barque, puis sont déposés dans le lac quelques jours afin de faciliter la séparation de l'écorce.




Le bois se travaille encore humide, la buche est raclée afin de dégager la partie tendre du bois : le phloème. Une fois le bois entaillé, débute l'épluchage. La feuille séparée du bois est battue longuement afin de l'assouplir et de lisser sa surface. Il en résulte une feuille blanchâtre qui séjournera encore quelques jours dans l'eau. En ressortant, elle ressemble à une peau de chamois, la couleur a viré au brun et la texture a acquise une souplesse étonnante. La feuille est mise à sécher au soleil avant de pouvoir être décorée avec des pigments naturels : ocres, blancs ou noirs. Après cette suite d'opérations le maro ou tapas est enfin prêt.


lundi 24 avril 2017

PREPARATIFS DE L'EXPOSITION DE SCHIAPARELLI A DIOR : DANS LES COULISSES DE LA HAUTE COUTURE

Encore de belles découvertes dans les archives des familles Sache/Kouliche/Goldman

Robe imprimés papillons pour Givenchy collection 1970 imprimé Sache atelier Beauclère






vendredi 21 avril 2017

LES SURPRISES DES ARCHIVES

Parfois les archives réservent de belles surprises. En préparant l'exposition de Sache textile designer  j'ai trouvé des feuilles d'échantillons de cotonnades et de soieries imprimées  destinées à quelques grandes maisons de Haute Couture, je vous livre ici quelques photos.


Redfern - Worth - Maison Callot - Mainbocher


                                   

mardi 4 avril 2017

EN EXCLUSIVITE QUELQUES PAGES DES CARNETS DE COMMANDES DE LA MAISON BEAUCLERE

Je suis en pleine préparation de l'exposition consacrée à Sache, un textile designer qui travailla pour les plus grandes maisons de Haute Couture entre 1925 et 1972. Voici en avant première quelques pages des carnets de commande de la maison Beauclère qu'il créa avec sa sœur Espée. Les annotations sur les fiches de commandes sont de la main d'Espée.


Des souvenirs textiles pleins les yeux.

Deux mois de voyage au bout du monde. Deux mois de découvertes, de rencontres. De l'Australie au Japon en passant par la Nouvelle Zélande, la Nouvelle Calédonie, le Vanuatu, les iles Salomon, les Philippines, Taiwan. J'ai rencontré des hommes et des femmes formidables, des personnes qui vivent en osmose avec une nature parfois docile, parfois vindicative, quelquefois dangereuse, mais toujours puissante, intimidante, surprenante, époustouflante, surtout pour la citadine que je suis. C'est une expérience fabuleuse, une chance pour une curieuse, un bonheur pour qui possède la fibre textile. L'homme est ainsi fait qu'il s'adapte à la nature environnante et qu'il y puise ses moyens de subsistance. J'ai admiré la manière dont les habitants d'îles perdues dans l'océan pacifique utilisent ce que la nature peut leur offrir pour protéger leur corps des caprices de la météo.  
C'est avec une récolte fructueuse que je reviens, la tête pleine de souvenirs et l'appareil photo bien rempli. 
Ces découvertes textiles, je veux les partager avec vous qui me suivez sur les cinq continents. Je connaissais beaucoup de choses, mais je dois avouer que j'étais loin d'imaginer découvrir autant de secrets de fabrication, de techniques de tissage aussi sophistiquées. J'ai rencontré des artisans dont le savoir faire est un trésor national largement protégé. Tradition et transmission sont les clés de la survie de bien des civilisations. 

Le costume traditionnel est un signe identitaire qui, face à la mondialisation qui touche toutes les populations, demeure un rempart. Le jean et les baskets ont conquis le monde. Tandis que certains ne résistent pas à la tentation, d'autres perpétuent en parallèle un mode de vie traditionnel. Ils conservent ainsi leur identité culturelle et c'est une image que je veux garder de ce périple qui m'a emmené loin, très loin. Le vacarme des voitures et les embouteillages de Paris furent un temps effacés au profit du bruit assourdissant d'un volcan qui crache de la lave en fusion, du rugissement  des vagues qui heurtent la coque du bateau, du bruit sourd de la pluie qui rebondit sur les feuilles de bananier, du silence d'une mer calme, du brouhaha incessant de la foret primaire. La nature est bavarde et, pour qui sait l'entendre, elle est formidable. Si les mots sont éloquents,  les actes sont concrets. Apprenons à nos enfants à préserver la nature et à sauvegarder les diversités culturelles.