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lundi 28 février 2022

DE L'INFLUENCE DE W.MORRIS SUR LES ARTS DÉCORATIFS N°2

 NI ARTS MINEURS, NI ARTS MAJEURS : JUSTE ARTS                                          Les courants artistiques contestataires se succédèrent en Europe. Provocants ou innovants, ils enrichirent le vocabulaire du patrimoine artisanal des arts décoratifs. En France, l’art nouveau ou « style nouille » donne raison à la courbe et aux arabesques, motifs de référence, le style Art Déco rend  hommage à la géométrie et aux formes épurées. Ailleurs s’épanouirent diverses écoles comme la Sécession en Autriche, le Jugendstyl en Allemagne, le Liberty en Grande Bretagne, puis le Bauhaus en Allemagne qui aussi marquèrent aussi de leur empreinte les arts décoratifs.

LA FIRME S’AFFIRME

Fondée en 1861, l’entreprise Morris, Marshall, Faulkner & Co  devint en 1875 Morris & Co.  C’est sous ce nom que la production continua jusqu’en 1940

.

LES ARCHIVES CHANGENT DE MAINS

En 1940, Morris & Co fut vendue à Arthur Sanderson et devient Arthur Sanderson & Sons. Les archives, dessins, échantillons de papiers peints, annotations manuscrites de Morris, furent partie intégrante de la vente. Ces supports furent inestimables pour le bureau de style de la société qui continue, de nos jours, à proposer des articles dans l’esprit de Morris.


UNE TECHNIQUE EN RUPTURE AVEC L’EPOQUE

Les papiers peints traditionnels, à la fin du XIXe siècle, étaient fabriqués industriellement selon une schéma établi : imprimés à l’aide de rouleaux gravés avec des colorants  chimiques qui avaient l’immense avantage de sécher très  rapidement. Une méthode économique pour des produits anonymes, tragiquement banaux, ce contre quoi s’insurgeaient Morris et ses amis. 


UN HOMME A TOUT FAIRE

Afin de mieux contrôler les différentes étapes de la fabrication des tissus ou papiers peint, il se perfectionna dans toutes les techniques (impression, tissage, teinture) parvenant à créer, si besoin était, de A à Z, un papier peint ou un tissu. Le rongeant sur l’indigo n’épargnait guère les mains des teinturiers mais les résultats furent à la hauteur de ses exigences. « Tu remarqueras sans doute combien j’écris mal ces derniers jours, je fais un travail d’ouvrier et ma main tremble, travail détestable, pénible pour le corps mais reposant pour l’esprit » W. Morris lettre à un ami.


INVERSION DES PARADIGMES

En réaction, les papiers peints  Morris & Co étaient imprimés avec de vieux bois gravés récupérés, enduits de matières colorantes végétales. Les opérations étaient exécutées manuellement par des ouvriers, artisans compétents qui travaillaient en pleine conscience,  sans se soucier du temps passé.


LE STYLE D'UNE EPOQUE

Le choix des thèmes graphiques végétaux et la gamme réduite des couleurs était en rupture avec la profusion de couleurs vives en vogue à la fin du XIXe siècle, probablement appréciées du grand public étant donné la faiblesse de l’éclairage à la flamme vacillante de  la bougie ou à la  lumière d’une lampe à pétrole.

Le choix de bleus, de blancs, de touches de rouges et de jaune, des teintes claires, des tonalités sourdes, éteintes, froides fut en accord avec le nouveau mode d’éclairage électrique. 

    

D’UN VISUEL A L'AUTRE

Morris dessinait des motifs pour les papier-peints en tenant compte qu’ils étaient destinés à couvrir une surface plane mais, lorsqu’il dessinait des motifs pour tissu, il changeait son optique, les dessins étant soumis aux caprices des mouvements du tissu, créant un visuel mouvant dans les plis, dans l’ombre ou la lumière.  


UNE  RÉUSSITE EN DEMI TEINTE

A la fin d’une vie fort remplie, William Morris vécut de et par ses passions sans jamais parvenir à résoudre l’équation de son utopie. Son parcours fut toujours « borderline », hésitant entre les idées socialistes et la création d’objets destinés à une élite sociale cultivée et fortunée. Un échec pour la mise en pratique de ses idéaux politiques et une réussite au niveau de son influence dans le domaine des arts décoratifs et de la décoration d’intérieur.


FAIS CE QUE JE DIS PAS CE QUE JE FAIS

Socialiste dans l’âme, grand orateur, il participa à de nombreuses réunions politiques, dénonçant les méfaits de l’industrialisation mais il n’en fut pas moins industriel lui-même, vivant de sa production d’articles hauts de gamme destinés à une clientèle d’intellectuels nantis et à la bourgeoisie victorienne, loin de partager ses opinions politiques.


HOME SWEET HOME

Les objets du quotidien imaginés par les designers est réjouissant, fantaisiste, amical, bienveillant. L’influence du mouvement Arts and Crafts se fit jour à travers les ustensiles et les objets du quotidien fonctionnels et récréatifs, tant au niveau des couleurs que des formes. « N’ayez rien dans vos maisons que vous ne sachiez être utile ou que vous ne croyez beau » W. Morris. 


LA QUADRATURE DU CERCLE : UN DEFI NON RESOLU

Grande et noble ambition que de faire entrer des objets domestiques de qualité dans la vie quotidienne des foyers ouvriers, mais les produits fonctionnels, beaux, solides, fabriqués à peu d’exemplaires par des artisans fiers de leur travail, accessibles financièrement à tous demeure, hier comme aujourd’hui, une utopie dans une économie de marché.


LE PRIX DE LA QUALITE ET L’ORIGINALITE

Les successeurs de Morris, furent tous confrontés au même paradoxe : produire en petite série des objets de qualité décoratifs, fonctionnels et émotionnels accessibles au plus grand nombre. Le prix de l’originalité et de la qualité n’est pas politiquement correct.


DE L’OBJET ANONYME A L’OBJET DE COLLECTION

Des designers de talents ont, depuis William Morris, enrichi l’univers des arts décoratifs de quelques pépites dont certaines sont devenues des icônes au point d’être exposées dans les musées ou recherchées par quelques collectionneurs inconditionnels de l’esthétique : Alvar Aalto et les luminaires, Stark et le presse-agrumes, Eero Saarien et la chaise tulipe, Alexandre Sache et « le homard » de Schiaparelli, Zuber et les panoramiques,   Josef et Anni Albers et les tapis….  





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