L’art de tisser et de nouer le tapis témoigne d’un savoir-faire ancestral qui se transmet de «mains en mains» En Asie, en Orient, en Afrique, les artisans ont hérité d'un véritable trésor qui se cache dans les méandres des éléments décoratifs, comme autant de signes identitaires qui marquent l'appartenance à une région, à un peuple et, jadis à une tribu. L'idée que les motifs qui s'étalent sur les tapis orientaux avaient une signification, semble oubliée aujourd'hui. Seuls quelques érudits s'amusent encore à les déchiffrer, alors que pour la majorité des clients, ce ne sont que des surfaces colorées en un certain ordre assemblée.
J’AIME
J’aime l’idée de ce langage sans parole, créé par une succession de nœuds ou de fils colorés, j’aime cette dimension symbolique, j’aime ces messages codés qui se cachent entre la trame et la chaine, j’aime ces matières textiles empruntes d’authenticité.
UN SIMPLE MEUBLE
La définition du tapis, qu’il soit noué mains, tissé ou fabriqué en série, est invariable : un tapis est une étoffe épaisse, fixée ou non sur le sol, et foulée aux pieds. Selon l'Article 534 de la loi 1804-01-25 du Code civil, le tapis est considéré comme un meuble comme tout ce qui sert à garnir ou orner une maison.
OBJET ARTISANAL
Qu’il soit persan, ouzbek ou marocain, le tapis artisanal est considéré dans ces régions comme un produit fonctionnel et décoratif.
OBJET D'ART
En Occident, le tapis a d’abord été un objet d’importation, rare et luxueux. Cette version s’est concrétisée dans les manufactures royales où il fut pensé comme une œuvre d’art purement décorative. Le tapis de pied
fut un élément clé de la politique culturelle du royaume dès le XVIIe siècle
UN CHEVAL DE TROIE
La diplomatie joua et joue toujours un rôle important dans les échanges commerciaux. Les cadeaux, officieux ambassadeurs, sont autant de moyens efficaces de créer des modes ou de suggérer des besoins auprès des populations étrangères.
UNE VITRINE
Le château de Versailles fut imaginé comme un écrin pour les productions des manufactures royales (tapisseries, soieries, glaces, mobilier, bronze, sculptures, peintures).
« MIEUX FAIRE QUE BIEN DIRE » devise de P. Dupont, premier directeur des Gobelins. Les productions de tapis et de tapisseries de La Savonnerie, d’Aubusson et des Gobelins depuis le XVIIe siècle sont reconnues pour leur exceptionnelle qualité, la beauté de leur décor et la délicatesse incomparable des coloris. Aujourd’hui, ces ateliers perpétuent la tradition du bel ouvrage, regroupés au sein de la Manufacture nationale des Gobelins de Beauvais et de la Savonnerie. Depuis 2009, les tapis d’Aubusson sont inscrits au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Les liciers français ne seraient que de bons passeurs de savoir-faire s’ils n’avaient réussi à se démarquer en inventant leur écriture stylistique. Des différences qui jouent sur la texture plus dense, le poids plus imposant et une solidité accrue. A cela, il faut ajouter le choix d’un vocabulaire décoratif adapté à l’esthétique occidentale.
LE TAPIS, UN ART TOTAL EN OCCIDENT
Le concept d’art total prôné par les membres du Bauhaus est en gestation au XVII e siècle. Les dimensions, la forme et le choix des motifs des tapis, fabriqués sur mesure pour les châteaux et autres palais royaux, devaient s’adapter au décor existant et à l’architecture de la pièce. Depuis, ce postulat est devenu caduque, le tapis vit sa vie : il est indépendant, délivré des contraintes qui le liaient au décor et c'est tant mieux.
LE TAPIS DES POETES
« ..le tapis c'est l'âme de l’appartement ; c'est du tapis que doivent être déduites non seulement les couleurs mais aussi les formes de tous les objets qui reposent sur lui. » Edgar Allan Poe. Une idée plus Orientale qu’Occidentale.
LA BEAUTE SANS L’EMOTION
La richesse émotionnelle sous-jacente dans les tapis orientaux est gommée dans les tapis occidentaux, le choix du vocabulaire décoratif devant s’intégrer dans le décor et l’architecture des pièces. Une conception qui va à l’encontre de celle d’E.A.Poe et des fabrications des manufactures françaises.
LE TAPIS VOLANT
La curiosité est attisée par le mystère qui se cache « sous le tapis » volant. Ce mode de locomotion est un moyen de s’évader du quotidien, d’atterrir dans un jardin imaginaire au parterre garni de tapis aux mille et un détails issus du monde animal ou végétal qui illuminent les merveilleuses miniatures persanes.
DES MANUFACTURES AUX USINES
Aux XIXe siècle, la toute jeune industrie anglaise lança sur le marché européen des tapis mécaniques fabriqués en grandes séries. La bonne renommée de la production française de tapis « fait main » ne réussit pas à contrer cette concurrence plus accessible financièrement. Les industriels français, à leur tour, se tournèrent vers ce marché en expansion, démocratisant ainsi le tapis qui passe d’’objet de convoitise à objet de consommation.
A SUIVRE
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