UN VENT D’EST SOUFLE SUR LE TAPIS : Les tapis de pieds dits de Turquie, furent les seuls à joncher le sol des demeures seigneuriales et autres châteaux royaux en Occident jusqu’à l’ouverture des échanges commerciaux avec la Perse au XVII e siècle. Les tapis de Tabriz, Goum ou Shiraz séduisent les classes dirigeantes occidentales par leur finesse, le raffinement des motifs, le luxe et l’éclat de la soie. De nombreuses maisons royales «déroulèrent le tapis rouge» aux tapis persans.
DES DEBUTS PROMETTEURS
Dans les premières décennies du XVIIe siècle, la production française de tapis de pieds à point noué est encore balbutiante. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour qu’elle se démarque des tapis orientaux par la texture et le décor et fasse son entrée dans la cour des grands.
Si le tapis était en adéquation avec le mode de vie de certaines populations en Asie centrale, en Europe, il fallut déroger aux habitudes culturelles pour faire une place à ce nouveau venu. Ce n’est pas tant pour son confort que pour sa rareté et l’idée de luxe qu’il véhiculait qu'il fut adopté par les hauts dignitaires du royaume.
QUAND MOLIERE RIDICULISE LES VICTIMES DE LA MODE :
Les importations d’articles comme les tapis ou les indiennes, soumis à une réglementation drastique, devinrent les attributs d’une classe sociale privilégiée qui pouvait passer outre les interdictions. Molière dans le Bourgeois Gentilhomme fit de ce désir inconsidéré et ridicule une satyre cruelle.
ACTION : la mode du tapis lancée, le gouvernement assiste impuissant aux importations de plus en plus importantes de tapis d’Orient et à la fuite des devises vers l’étranger.
REACTION: afin de limiter les importations de tapis, Henri IV envisagea d’implanter dans son royaume des manufactures pour fabriquer des tapis « à la façon du levant ». Le projet se concrétisa sous le règne de Louis XIII à qui l’on doit la création de la première manufacture royale de tapis à point noué dit de Turquie, installée dans une ancienne savonnerie dans le quartier de Chaillot à Paris. Le roi confia à Pierre Dupont le soin de la diriger.
LE SAVIEZ VOUS ?D‘après les « on dit », Pierre Dupont aurait, au cours d’un séjour en turquie, apprit à faire des tapis à point noué. Ce voyage aurait-il été imaginaire comme le furent les multiples expéditions du douanier Rousseau ? Peut être, si l’on en croit cette autre version : il aurait eu entre les mains un échantillon de tapis rapporté par un croisé quelques siècles auparavant et, l’ayant étudié, il aurait percé le mystère des « nœuds turcs ». Cette découverte fut présentée au bon roi Henri IV qui vit là un moyen d’équilibrer la balance du commerce extérieur. C’est le même Pierre Dupont qui, en 1632, commit un traité intitulé «de la stromatourgie » de stroma tapis en grec. Le choix de la devise inscrite au frontispice «mieux faire que bien dire» présume d’un bel avenir pour le premier directeur de la première manufacture royale de tapis.
Quoi qu’il en soit, sous sa direction et celle de ses successeurs, la manufacture française de "tapis velours façon du levant“ entra dans notre Histoire.
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