jamais vraiment triste parce qu'après la pluie le beau temps et l'arc en ciel est la première note d'un univers coloré qui appartient aussi au monde des tissus. |
Ce sont les parisiens qui font Paris et les voilà sur les routes, dans les avions, visitant les autres capitales, vagabondant dans les prairies du bout du monde, se passionnant pour les animaux de la savane. Ils désertent cette ville vidée de son âme.
Les rues sont tout de même bruyantes, les monuments bondés, les théâtres vides. Comme la vraie vie me manque dans ma ville. Il y a du monde, des visiteurs, des gens de passage. Cette foule peuple les rues, les musées, les bus, mais elle est fantomatique. Aujourd'hui ici, demain ailleurs, et moi Paris je l'aime tout le temps. Si Paris au mois d'Août est une récompense pour ceux qui restent ou pour ceux qui viennent découvrir ses trésors, moi j'attends avec impatience le mois de septembre, pour retrouver son authenticité.
J'ai décidé de colorer cet univers quelque peu déshumanisé, avec du rêve, des matières et de sons bien inhabituels. C'est une divagation musicale, composée de notes tirées de mes plus beaux souvenirs textiles. Et pour débuter, c'est une véritable symphonie que nous joue la soie.
Cependant, la soie nous réserve bien d'autres surprises. Un rien snob quand elle brille de tout ses feux, quand elle fait son grand jeu, quand elle est soliste et c'est le satin duchesse
tissus somptueux, rare, sensuel, luisant dans les plis duquel on peut se perdre à jamais |
L'instrument qui tient la note c'est le saxophone. Noble, grave, élégant, renvoyant la lumière avec maestria, et vivant grace au souffle du musicien.
La soie peut nous étonner en prenant des airs de pauvresse avec la bourrette, matière souple mais endormie, inerte, lourde, granuleuse ou lâche, et c'est le grondement sourd du tambour qui résonne. Il prend de la place, mais souvent situé derriere, derriere les violons, derriere le piano, au fond, oui mais on l'entend, on le reconnait, et il sait se faire entendre. La bourrette pourrait parfois se confondre avec du coton, elle se cache dans le rayon de la soie, mais on la reconnait , et l'amateur fait la différence. C'est une soie sans chichis, pas d'effet, pas de reflet, pas de brillance, la nature au naturel, pas de maquillage, la soie brute , le sens de l'esthétique sans artifice. Une note étouffée mais présente.
La soie peut nous étonner en prenant des airs de pauvresse avec la bourrette, matière souple mais endormie, inerte, lourde, granuleuse ou lâche, et c'est le grondement sourd du tambour qui résonne. Il prend de la place, mais souvent situé derriere, derriere les violons, derriere le piano, au fond, oui mais on l'entend, on le reconnait, et il sait se faire entendre. La bourrette pourrait parfois se confondre avec du coton, elle se cache dans le rayon de la soie, mais on la reconnait , et l'amateur fait la différence. C'est une soie sans chichis, pas d'effet, pas de reflet, pas de brillance, la nature au naturel, pas de maquillage, la soie brute , le sens de l'esthétique sans artifice. Une note étouffée mais présente.
C'est un bouquet plus calme, mais tout aussi abstrait que l'on obtient en manipulant des lainages. Des notes sourdes, chaudes, presque un murmure dans la brume.
Et si d'un coup vous déchirez un morceau de laine cardée, épaisse, mœlleuse, légère, alors c'est à l'oreille une note qui flotte, et qui, comme une plume, virevolte avant de s'évanouir. C'est le moment de prendre le violoncelle, le trombone, avec un soupçon de harpe.
C'est le tissu le plus silencieux que je connaisse. Jamais un mot plus haut que l'autre, jamais rien. Non vraiment pas un bruit ne sort de ses entrailles, il est muet mais sa présence est un bonheur de douceur. On le devine plus qu'on ne le voit.
Dans un joyeux désordre, tout l'orchestre frissonne, les tissus retombent sur le sol, les uns mollement les autres vivement, certains ont peine à atterrir et planent dans un brouhaha qui me réveille. J'ai les oreilles délicieusement amusées, les yeux éblouis par les couleurs, et les mains occupées à ramasser ce que j'ai éparpillé sur le sol de la boutique.
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