L'époque où les clients achetaient tout "les yeux fermés" est révolue, enfin je le souhaite. Alors que les fabricants s'adressent plutôt à la clientèle qui ne regarde jamais la composition des produits, soit parce qu'elle est cachée, soit parce qu'il faut une loupe pour parvenir à lire les étiquettes, soit parce qu'il faut une patience infinie pour trouver la composition dans une langue que l'on comprend, rien ne facilite cette découverte. J'ajouterai, au contraire, que tout est fait pour décourager le potentiel acheteur.
Les labels et les logos fleurissent sur les étiquettes des vêtements, ils sont de plus en plus nombreux et surtout très énigmatiques. Certains sont des certificats de bonne conduite confirmant la qualité des fibres; d'autres se réfèrent uniquement à la provenance des fibres (mouton, agneau). Et puis, viennent les logos, sorte de "diplômes" décernés aux fabricants plus respectueux des processus de transformation des fibres que de leur qualité intrinsèque. Ces labels éco-responsables, les distributeurs les arborent avec fierté mais le consommateur, dans ce tourbillon de médailles, a-t-il reçu les informations dont il avait besoin pour faire son choix ? Je n'en suis pas si certaine si je me réfère à mes récentes visites dans les boutiques.
Il y a label, logo et simple mention portée sur l'étiquette. Tous impliquent un respect des règles de fabrication mais les garanties de qualité et d'origine des produits ne sont certifiées que si le label apposé sur les produits est obtenu après un contrôle de qualité effectué par un observateur neutre.Voici un petit florilège des labels, des logos et des étiquetages que l'on trouve sur les articles en "laine".
Le plus sérieux, le plus ancien, est sans doute le label Woolmark : apparu en 1964, il n'est pas donné mais payé par les fabricants. Une fois le processus de fabrication validé par une série de tests, les fabricants peuvent l'apposer sur leurs articles. Pour le consommateur, sa présence est l'assurance de la qualité de la laine. Les produits sont classés en trois catégories qui correspondent chacune à un niveau de qualité, sans pour autant indiquer la provenance et l' origine des fibres.
100% pure laine vierge : c'est le must: une laine provenant de la tonte d'animal vivant sans mélange avec d'autres fibres. Wool Blend est une indication : la pure laine vierge est minoritaire mais présente. Les proportions du mélange varient entre 50 et 99 % de laine vierge. Les fibres qui entrent dans le mélange sont, soit des laines de qualité inférieure, soit des fibres chimiques. Le prix de l'article est un premier indicateur, les articles en laines mélangées sont théoriquement moins chers.
ETIQUETAGE 100% laine - 100% pure laine : ce n'est qu'une indication de composition en aucun cas la qualité est ciblée. La qualité de la laine n'est pas prise en compte dans cette information. La laine peut être une laine recyclée, une laine de qualité inférieure, une laine ne résultant pas uniquement de la tonte d'animaux vivants. Attention le 100% n'est pas vraiment 100% pur, puisque la loi autorise un mélange d'autres fibres entre 5 et 7 %
Par définition, c'est une matière éco responsable. Ceci dit, le fait que le produit soit éthique n'est pas une preuve de qualité.
La laine, ou toute autre fibre, doit subir un certain nombre de traitements qui entraînent une dépense en main d'œuvre, en eau et en énergie pour être à nouveau opérationnelle.
Aujourd'hui, le cachemire n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. La demande est croissante et la qualité décroissante pour parvenir à produire des articles à des prix cassés. La qualité du duvet fournit par les chèvres en Mongolie n'est pas comparable à celle des chèvres qui vivent sur les hauts plateaux du cachemire et du Ladakh et pour finir, la filature et le tissage sont désormais réalisé à grande échelle, essentiellement en Chine. Les conditions idéales pour obtenir une fibre de qualité ne sont donc pas réunies. Il n'existe pas encore d'appellation d'origine controlée pour le cachemire et c'est dommage.
Un véritable et beau cachemire 100% duvet et rien d'autre est un produit rare et cher, quel que soit le pays où on l'achète. Les articles moyen de gamme deux fils n'auront pas la durée de vie d'un cachemire cinq fils mais ils vous satisferont en vous enveloppant dans un cocon léger doux et chaud l'espace d'une ou deux saisons avant de se flétrir, de boulocher et de rendre l'âme en perdant de leur superbe. Le cachemire comme le caviar est un luxe qui semble s'être démocratisé mais qui, en réalité, ne peut pas l'être compte tenu de l'impossible quadrature du cercle :demande en expansion et production en régression.
J'ai remarqué hier dans les rayons d'un magasin COS, un pull beige étiqueté100% cachemire. Je fus intriguée par le toucher plutôt "insipide" du produit, par son poids conséquent, par le manque de souplesse de la maille, alors que le prix correspondait à ce type de produit très moyen de gamme. Cliente mais pas naïve, envahie par le doute, je voulu en savoir plus ! Visiblement il se trame quelque chose entre les fils de ce pull bien que la certification GCS soit une manière de rassurer le chaland. GCS est une norme indépendante Good Cashmere Standard® qui se targue de protéger les éleveurs et leur famille, de sauvegarder le bien être des chèvres cachemire qui ne connaissent que les pâturages mongols et de préserver l'environnement. Mais dans la liste quid de la sauvegarde de la qualité des fibres et la satisfaction du client ?
Des affichettes indiquent non sans un certain humour qu'il s'agit d'un cachemire amélioré.Mais comment et pourquoi améliorer les qualités d'une fibre déjà aussi magnifique? Je m'adressais à un conseiller de vente qui passait par là pour de plus amples explications. En fait le secret réside dans le mélange de cachemire "vierge" et de cachemire recyclé mélangé à d'autres fibres ! Et voilà le client en a pour son argent mais pas plus !
Si cette fabrication éthique est un plus pour la qualité alors pourquoi ne pas l'indiquer sur l'étiquette ? Peut-être, comme me l'a assuré le vendeur auquel je posais visiblement beaucoup trop de questions, parce que cela n'intéresse qu'une infime partie de la clientèle ! J'ai parfois l'impression d'être un ovni dans l'univers de la consommation.
J'espère que cette incursion dans le dédale de logos, de normes et de sigles aura un effet bénéfique sur vos prochains achats. Bon shopping à vous.
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