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mercredi 22 juillet 2020

UN DIMANCHE AU MARCHE DE CHICHICASTELNANGO

Une visite au marché dominical de Chichicastelnango au Guatémala  c'est un souvenir inoubliable pour tous ceux qui ont eu cette chance,  et pour les "chasseurs" d'étoffes comme moi c'est un lieu riche d'expériences sensorielles, le bruit de la foule, les couleurs des huilpils du dimanche, les effluves d'encens mêlées  aux odeurs suaves des fruits,  et aux parfums des étales de fleurs!


UN MONDE FUSIONEL
c'est un peu comme pénétrer dans un univers  inconnu,  d'assister à la confrontation  entre les civilisations. Les motos qui pétaradent en croisant un âne chargé de ballot de maïs qui avance avec difficulté à travers une foule en verve, les espadrilles en pneus réchappés des paysans qui croisent les sneakers  des jeunes gens, mobile collé à l'oreille,  les filles en T-shirt et les femmes arborant leur huilpil du dimanche,  les hommes  certains en ponchos  bleu marine et pantalon blanc, d'autres ont revêtu  la veste courte frangée,  sur la chemise en coton blanc et le pantalon noir brodés d’insignes solaires, ouverts sur le coté et les touristes en bras de chemise et bermuda... un costume qui date de l'occupation espagnole! C'est une immersion dans un bain de folie, la vision d’un monde en fusion  La foule des grands jours, l'église est pleine à craquer, et l'assistance reprend en choeur les chants,  qui retransmis à l’extérieur par des hauts parleurs se mêlent aux brouhaha des marchands qui hurlent, aux enfants qui se chamaillent, aux poules qui dans leur cages caquettent en attendant de trouver un nouveau propriétaire, aux chiens qui aboient « pendant que la caravane passe ». Mais plus  fascinant  c’est cet étrange relation à la religion A la sortie de la messe les fidèles se dirige vers une petite bâtisse  et  par manque de place, assis parterre ou adossés aux murs de l’étroite sombre pièce,   ils écoutent  en silence cette fois le chaman qui brûle le copal pom  un encens sacré chez les mayas, Il dégage une fumée blanche, axe de l'énergie montante, un  lien qui relie la terre au ciel, l'homme au céleste..On dit et on croit que ce  feu sacré entretenu dans ce lieu étrange, a la capacité  de repousser les esprits maléfiques. Dans cette ambiance à la fois divine et survoltée, force est de constater  combien le syncrétisme religieux est officiellement acté.

LE HUILPIL : UN TEMOIN DE LA CULTURE MAYA
Le huilpil vêtement traditionnel que les femmes guatémaltèques portaient bien avant l’arrivée des espagnols. Le mot peut se traduire par blouse, mais par la simplicité de sa forme il se rapproche d'une chasuble.

LA SYMBOLIQUE DU FIL CONTINU
Dans de nombreuses civilisations, on retrouve ce type vêtement  ingénieusement enroulé ou drapé autour du corps. Peut être par souci
d’ économie de matière, les chutes sont inexistantes mais plus symboliquement pour éviter de couper le fil, qui pour certaines ethnies  reviendrait à sectionner le cours de la vie.

LE B.A.BA DU HUILPIK
La forme de base du vêtement en coton est simple, trois lés tissés sont assemblés pour former un rectangle qui sera plié en deux laissant une ouverture au centre pour passer la tête.  Mi-long, sans coutures et sans manches, il est si ample qu’il couvre généralement une partie des bras. Les broderies se cantonnent pour les huilpils les plus simples  autour de l’encolure et sur la poitrine pour les articles plus sophistiqués, la totalité du support de coton est masquée par des broderies. Il se porte sur une jupe froncée maintenue à la taille par un simple cordon.
En traversant le pays et j’ai pu observer dans les villages, les femmes de tous âges, assises sur les perrons de leur maison, à l’ombre des arbres sur les places, seules ou en groupe dans les jardins penchées  aiguilles à la main sur leurs ouvrages. Les villageoises sont réunies au sein  d’une coopératives qui s’occupe de distribuer le travail, de le réceptionner, et de le vendre.

LE HUILPIL COMME OFFRANDE
Dans les villages la tradition est encore respectée et veut que le premier huilpil brodé par une jeune fille soit offert à un saint catholique, jadis s’était à la déesse maya lxchel, déesse protectrice des tisserandes afin de s’assurer de leur protection pour leur vie future. 

UN ABECEDAIRE PARTICULIER
Deux niveaux de lecture sont possibles.
La version « touriste » offre des motifs brodés, graphisme stylisé de la faune et de la flore de la région. Agréable, coloré, décoratif ce vocabulaire sans prétention peut paraître presque naïf  
La perception du décor vue par les initiés, est toute différente. Les dessins ne sont plus une banale transposition de la nature, ils sont les symboles de la cosmogonie maya, ce récit mythologique qui explique la formation du monde. La tradition orale se dévoilent ici aussi sur un support textile. Le serpent à plumes est probablement un des plus  connus  des ces symboles

LE HUILPIL COMME UNE CARTE D’IDENTITE  
La gamme de couleurs choisie pour les broderies, le type de motifs sélectionné et la forme de l’encolure sont autant d’indices qui permettent de connaître la région d’origine du huilpil et le rang social de celle qui le porte ; tout est dans le détail : plus les motifs sont nombreux , plus les points sont petits, plus le fil à brodé est fin, plus le travail est sophistiqué plus la valeur du huilpil est importante plus  le rang social est élevé.  Autres particularités, selon les régions les broderies des jeunes filles sont blanches et en couleurs pour les femmes mariées, en coton pour les femmes célibataires, en soie pour les femmes mariées. Cette lecture à tout le moins curieuse est plutôt poétique l'poque o le jean semble un produit universel.

LES HEUREUSES RENCONTRES DES CHASSEURS D' ETOFFES
Ce marché est à l'origine de ma rencontre avec l'histoire du  huilpil. Depuis je me suis liée d'amitié avec ce vêtement et j'espère que je vous aurai donné l'envie de les découvrir à votre tour. 


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