LE BLANCHIMENT
Toutes les fibres contiennent plus ou moins d’impuretés qu’il convient d’éliminer avant la teinture ou la mise en vente des tissus : graisses, sucs, matières colorantes, pailles, colle.
Le blanchiment industriel a pour but de rendre la matière textile uniformément blanche et de faciliter la teinture. Cet apprêt peut être réalisé sur le fils, le tissu ou la maille.
Ce traitement concerne les fibres naturelles d’origine animale et végétale. Les procédés varient en fonction de la nature de la fibre et des matières à éliminer.
Pour que la laine devienne blanche ou qu’elle puisse se teindre dans des couleurs claires, le blanchiment doit éliminer le suint qui donne une teinte jaunâtre à la laine. On utilise soit l’ozone, le peroxyde de sodium, le permanganate de potasse ou encore le soufre ; le tétrachlorure de carbone et le trichloréthylène font aussi partie de la panoplie des industriels.
Pour la soie qui n’est pas naturellement très blanche, on utilise l’ozone, l’eau oxygénée, le peroxyde de sodium, le permanganate de potassium et un gaz sulfureux.
Pour les fibres cellulosiques comme le coton, on obtient un vrai blanc avec le chlore ou l’ozone, le peroxyde d’hydrogène, le chlorite de sodium qui sont des substances polluantes et dangereuses, et endommagent la fibre.
L’eau oxygénée est largement utilisée dans le blanchiment industriel, le blanc est stabilisé et plus persistant.
Pour le lin : eau oxygénée ou permanganate de potassium.
Pour le chanvre, le blanchiment est généralement partiel, un chanvre « blanc optique » n’existe pas.
Pour la ramie, la couleur naturelle est claire, un simple lessivage suffit.
Pour le jute, le blanchiment est difficile, on emploie du bisulfite ou encore de l’hypochlorite de sodium mais, comme le chanvre, jamais de jute blanc optique, ni même blanc.
L’azurage : on obtient un tissu très blanc dit blanc optique. Mais pour ce faire, le traitement chimique est à base de dérivés de benzazol et de pyrazoline. Des produits qui ne sont pas amis de notre peau. Vous voulez blanchir un vêtement, mettez du bleu dans l’eau !
Les lessives « intelligentes » qui ont des agents blanchissants peuvent provoquer des démangeaisons ou des rougeurs sur les peaux fragiles, notamment celle des enfants
Conseils : pour détacher un article en laine ou en soie vous pouvez utiliser de l’eau oxygénée ; de préférence sur un vêtement de couleur claire autrement, gare à la décoloration. Jamais d’eau de Javel.
Donc, si vous avez un terrain allergique, une peau fragile… Ne recherchez pas des articles textiles blancs optique (draps, serviettes, vêtements de nuit, sous-vêtements, chaussettes). Il est vrai également que, dans un autre chapitre, je vous conseille d’éviter certaines couleurs ce qui réduit drastiquement le choix, mais c’est pour une bonne cause.
IGNIFUGATION TRAITEMENT -ANTI FEU- RETARDATEURS DE FLAMME
L’incombustibilité des étoffes est une préoccupation ancienne de l’homme.
Au XIXe siècle, Louis XVIII chargea Gay Lussac d’étudier la manière dont on pouvait rendre incombustibles les décors de théâtre. La seule matière naturellement ignifugée est l’amiante.
Les premières tentatives industrielles sérieuses ont été pratiquées au début du XXe siècle.
Les savants avaient alors conscience des dangers pour le consommateur.
« Les meilleurs ignifuges sont donc le chlore d’ammonium, le phosphate et le sulfate d’ammoniaque. Parmi les autres produits, les suivants ne sont souvent pas pratiquement utilisables : l’acide borique, en raison de son prix élevé, l’alun à cause de sa réaction acide, le chlorure d’étain trop instable, les chlorures de calcium et de zinc sont hygroscopiques et le sulfate de zinc est vénéneux » (Les apprêts textiles encyclopédie industrielles 1914).
En réalité, aucune formule magique n’a vraiment été mise au point depuis, qui s’opposerait réellement à la combustion des étoffes. La seule chose tangible, lorsqu’un tissu est traité, est le retardement de la propagation des flammes. Les fibres sont alors moins inflammables mais pas incombustibles. L’idéal est d’obtenir des tissus qui s’éteignent d’eux-mêmes sans propager de flammes. La laine possède naturellement cette qualité.
Exercice : prenez un morceau de tissu en pure laine ou un brin de fil à tricoter. Approchez une allumette et essayez de l’enflammer ? Vous n’y parvenez pas, la flamme s’éteint immédiatement, le brin de laine se recroqueville et il reste un résidu noir, friable, dégageant une odeur de poil brulé. Faites la même expérience avec un cheveu... La laine est un matériau naturellement quasi ininflammable.
Bien que ces techniques qui retardent l’action de la flamme tombent en désuétude du fait de la concurrence de fibres ininflammables comme le Kevlar, le Nomex ou les modacryliques, on trouve encore dans le commerce des articles traités non-feu.
Les substances les plus couramment utilisées pour conférer aux textiles la capacité de résister au feu sont le sulfate de magnésium, le phosphate d’ammoniaque, le borax, le titane et le sulfate d’ammoniaque. Comment ce dernier réagit il sous l’action de la chaleur ? Il se volatilise et se dissocie en formant avec les gaz combustibles des mélanges ne pouvant plus brûler.
Pour le traitement non feu des fibres polyester, on utilise le TRIS BP.
Lorsqu’il s’agit d’un rideau de scène ou des tissus recouvrant les fauteuils d’une salle de spectacle, c’est une sécurité nécessaire et obligatoire, mais lorsqu’il s’agit de vêtements de nuit pour enfants, il faut protester et boycotter le produit. Des pyjamas et des vêtements pour adultes traités avec ce produit ont été retirés de la vente, mais des tenues professionnelles sont encore traités non feu de cette manière, hélas pour les pompiers, les personnels médical, les ouvriers qui travaillent sur de nombreux sites industriels. L’amiante étant interdite, il ne reste pas d’autres alternatives pour l’instant.
Le pire est à venir parce que ce traitement, censé ralentir les flammes, s’avère beaucoup plus dangereux dans le cas d’un contact avec la chaleur. Malheureusement, les articles incriminés par le TRIS étaient des pyjamas pour enfants. Aujourd’hui, ces articles sont en principe interdits à la vente, mais il y a toujours une incertitude. Pour se rendre à l’évidence et renoncer à cette technique, des accidents ont été nécessaires.
Vous n’êtes pas convaincus du danger ? Alors encore un peu de courage et je pense que cette fois votre opinion sera faite.
Ne lavez pas un vêtement destiné à être en contact direct avec la peau s’il est en polyester ignifugé : le lavage élimine une partie du produit, mais le cœur de la fibre continue à diffuser vers l’extérieur le reste du TRIS, que la peau va s’empresser d’absorber.
Les études ont démontré qu’un contact quotidien peau/tissus contenant du TRIS peut entraîner la stérilité des hommes. Le TRIS n’est pas stable et une infime quantité peut se libérer des fibres. Il se crée une réaction chimique au niveau des molécules avec les enzymes de la peau et voilà le poison absorbé.
Le traitement non feu des cotons.
Le THPC, utilisé pour rendre ininflammable le coton est un vrai poison car les fibres ainsi traitées dégagent, lorsqu’elles sont mouillées, du formol et du chlore. L’association de ces deux substances forme l’éther chlorométhyl, substance cancérigène. Cette mutation se produit au cours des lavages. Autre danger : en cas d’incendie, il y a risque de formation de dioxine. Les industriels cherchent des produits moins toxiques.
Le traitement non feu des fibres de chimiques artificielles comme le tri acétate commercialisé sous la marque Arnel® : elles sont imprégnées d’une solution organique du bromure de phénol et subissent le même traitement pour la teinture.
Le phénol est un autre poison largement utilisé dans l’ignifugation des tissus, dans la fabrication des solvants, des teintures et la fabrication des fibres polyamides.
Un contact de la peau avec le phénol entraîne des dermatites.
Si le produit pur peut être accidentellement en contact avec la peau, ce qui peut se produire dans les usines ou les laboratoires au cours de manipulations, la douleur n’est pas immédiate mais la peau se ride, devient plus douce, une sensation de brûlure se fait sentir suivie d’une anesthésie locale puis d’une gangrène.
La vigilance est de mise : évitez de porter un vêtement ignifugé à même la peau. Par contre, les vêtements professionnels de protection sont encore la meilleure solution tant que rien ne les remplace.
A SUIVRE