VOYAGES DANS MES SOUVENIRS TEXTILES
Et
c'est l’image d'une petite fille qui marche vers l’école primaire du 16 rue de Sévigné. Un ancien hôtel particulier du XVIIe siècle n'est plus une école et c'est une bonne chose car il n'était absolument pas adapté à cet usage mais il est toujours là bien que les murs de guingoiS aient été blanchis, la cour arborée est désormais habitée par quelques oiseaux qui nichent dans les arbres centenaires . A l’heure de la récréation la cloche ne sonne plus l'heure de la récréation ou de la sortie
Mais ce jour de juin 1956 il faisait chaud et pour aller à l'école j’avais eu l’autorisation de sortir « en taille » comme disait maman. Une jupe plissée à carreaux verts et bleus, des sandalettes en cuir blanc et semelles en crêpe et des socquettes blanches et une chemise blanche. C’était une tenue tout à fait conforme à l’idée que l’on se faisait alors d’un vêtement confortable et fonctionnel, absolument pas un uniforme. Je volais plus que je ne marchais, parce que manteau, veste, chaussettes montantes et bottines reliquats d’un hiver rude étaient remisés enfin dans le placard jusqu'à l'année suivante. Cette nouvelle tenue était le signe d'une nouvelle saison, avec elle c’est la liberté qui m’était accordée. L’air était frais, à l'époque encore presque pur à Paris. Les saisons bien définies, l’été c'était enfin les bras et les jambes à l’air, imperceptiblement caressés par les rayons du soleil.
Mais ce jour de juin 1956 il faisait chaud et pour aller à l'école j’avais eu l’autorisation de sortir « en taille » comme disait maman. Une jupe plissée à carreaux verts et bleus, des sandalettes en cuir blanc et semelles en crêpe et des socquettes blanches et une chemise blanche. C’était une tenue tout à fait conforme à l’idée que l’on se faisait alors d’un vêtement confortable et fonctionnel, absolument pas un uniforme. Je volais plus que je ne marchais, parce que manteau, veste, chaussettes montantes et bottines reliquats d’un hiver rude étaient remisés enfin dans le placard jusqu'à l'année suivante. Cette nouvelle tenue était le signe d'une nouvelle saison, avec elle c’est la liberté qui m’était accordée. L’air était frais, à l'époque encore presque pur à Paris. Les saisons bien définies, l’été c'était enfin les bras et les jambes à l’air, imperceptiblement caressés par les rayons du soleil.
Comment
une tenue aussi quelconque peu s’imprimer dans le disque dur de ma mémoire? Je
n’ai pas d’explications, mais ce que je ressens à cet instant c’est quasiment la
même chose à soixante ans d’écart. Même si l’air est un peu plus pollué dans la capitale, il est frais, les rayons du soleil filtrent à travers
une brume aussi aérienne qu’un organza, et moi j’aperçois ces tenues estivales
qui colorent les rues.
UN
VELOURS VENUS D’OUTRE ATLANTIQUE
C’était dans les années 50 bien peu de temps après la fin de la seconde guerre
mondiale. En France, tout était calme, et rue de Sévigné la vie s’écoulait tranquillement entre le magasin de tissus de mes grands parents et l'école communale située à quelques enjambées l'une de l'autre ; le marais n'était pas encore quartier pour bobos d'ailleurs cet adjectif n'avait pas encore été inventé. Les rues étroites étaient bordées d'immeubles aux façades décrépies et sombres pour ne pas dire délabrées qui semblaient n'attendre que la loi Malraux pour faire peau neuve Le festival du Marais dans les années 70 donnera un nouveau souffle à ce coin de Paris lieu magique de mon enfance entre la place des Vosges et le musée Carnavalet
Un jour de 1955 le facteur apporta à mes parents un paquet en provenance des
USA. Les timbres étaient nombreux et une étiquette portant la mention air mail barrait une partie de
l’emballage. Le nom de l’expéditeur ne surpris pas mes parents, il s’agissait
de l'oncle d’Amérique. Eh oui nous en avions un, un vrai, le mari de la sœur de
ma grand mère. Ouvrir le paquet voilà ce qui m'importait. Quel ne fut pas l'étonnement de mon père lorsqu'apparut un métrage de velours côtelé corail ! J’avais cinq ans et
voilà peut être l’origine de ma passion
pour la couleur et les tissus. Une lettre accompagnait ce cadeau inattendu. Nos
cousins d’Amérique nous pensaient dans l’embarras, je dis nous, mais je ils imaginais les français privés de nourriture et de matières premières. Pouvions nous trouver des marchandises en quantité suffisante, pouvions nous acheter du tissu pour fabriquer
des vêtements chauds pour l’hiver ? Il semble que l’information n’était
pas arrivée jusqu'à Trenton petite ville américaine située à mi chemin entre NY et Washington
Bien sûr que nous avions de quoi manger et pour nous vêtir il n’y avait pas de problème, mon grand père étant lui même marchand de tissus ! Mais après les remerciements d’usage, il fallut faire quelque chose avec cette coupe. Et le cadeau me tomba sur le dos, je veux dire sur les jambes, car la couturière transforma ce velours côtelé corail en un pantalon pour le moins voyant. Il faut un début à tout et malgré ma timidité j’assumais cet accoutrement. Imaginez les réactions des élèves lorsque vêtue de ce spectaculaire élement vestimentaire je traversais la cour de récréation. Le velours passe encore, mais corail, alors là je renversais les codes. Malgré ma petite taille, j’étais à la hauteur de ma réputation d’une fille insensible à la mode.
Bien sûr que nous avions de quoi manger et pour nous vêtir il n’y avait pas de problème, mon grand père étant lui même marchand de tissus ! Mais après les remerciements d’usage, il fallut faire quelque chose avec cette coupe. Et le cadeau me tomba sur le dos, je veux dire sur les jambes, car la couturière transforma ce velours côtelé corail en un pantalon pour le moins voyant. Il faut un début à tout et malgré ma timidité j’assumais cet accoutrement. Imaginez les réactions des élèves lorsque vêtue de ce spectaculaire élement vestimentaire je traversais la cour de récréation. Le velours passe encore, mais corail, alors là je renversais les codes. Malgré ma petite taille, j’étais à la hauteur de ma réputation d’une fille insensible à la mode.
UNE
ROBE DE PETITE FILLE D’HONNEUR
Il
faut souffrir pour être belle, que n’ai je entendu ce ridicule diction dans mon
enfance. Le passage chez le coiffeur, disons plutot le friseur m’a laissé un
souvenir si terrible que pendant des années j’ai refusé que l’on s’attaque à ma
chevelure, j’avais bannie toute permanente et coloration de mon vocabulaire.
Le coiffeur était un ami de mes grands parents, et pour le mariage de mon oncle il fallait boucler mes cheveux baguette de tambour. Cinq ans, j’avais cinq ans et une peur panique de cette machine à bigoudis chauffants. On me mis sur la tête ces trucs chauds qui étaient sensés friser mes cheveux. Pourquoi fallut il m’infliger ce supplice ? Mes cris et mes pleurs n’empéchèrent rien, et l’assistance c’est à dire la clientele du salon de coiffure de monsieur Simon de la rue de Sévigné souriaient en voyant cette charmante enfant tenter de se soustraire à la permanente.
Le coiffeur était un ami de mes grands parents, et pour le mariage de mon oncle il fallait boucler mes cheveux baguette de tambour. Cinq ans, j’avais cinq ans et une peur panique de cette machine à bigoudis chauffants. On me mis sur la tête ces trucs chauds qui étaient sensés friser mes cheveux. Pourquoi fallut il m’infliger ce supplice ? Mes cris et mes pleurs n’empéchèrent rien, et l’assistance c’est à dire la clientele du salon de coiffure de monsieur Simon de la rue de Sévigné souriaient en voyant cette charmante enfant tenter de se soustraire à la permanente.
Mais
c’était là le dernier acte avant la cérémonie, avant cela il y avait eu les
essayages chez la couturière. Je me souviens de cette femme, aimable, patiente
et habile de ces mains, qui m’avait confectionné une robe bleue clair en organdi doublée d’une soie bleue
plus foncée. Mais pour en arriver là plusieurs visites avaient été nécessaires,
accompagnées d’essayages interminables
pour une enfant. Ce qui me consola c’est ce petit sac, une petite bourse en
fait que je portais au poignet fabriquée
dans le même tissu que la robe. Il faut croire que cela en valait la peine,car
sur les photos non seulement je frise, mais ma robe est magnifique et en prime
je souris, visiblement ravie d’être en vedette entre les mariés.
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