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mardi 18 septembre 2012

MARCEL OU T-SHIRT?

UNE BATAILLE DE GENERATIONS ?
Marcel ou T shirt, deux articles, deux styles. Tous pour un et un pour tous parce que, entre nous, c'est du pareil au même à la différence près qu'aujourd'hui, on joint l'utile à l'agréable en mettant au dessus ce qu'auparavant, on cachait en dessous. Les sous vêtements ne se cachent plus proclame une publicité, et c'est une aubaine pour une industrie qui n'était plus un secteur porteur économiquement parlant. La vogue du T shirt lui à redonné une vigueur inespérée.

ÊTES VOUS TRAM OU CAMION?
Marlon Brando en T- shirt moulant blanc, à petites manches, dans "un tramway nommé désir" ou  Yves Montand en Marcel sans manches, épaules découvertes et largement échancré sur la poitrine dans" le salaire de la peur".  Deux  styles, une même idée mise en image…
Le tricot de peau, le maillot de corps, c'est en ces termes peu avenants mais très éloquents que l'on désignait ce sous vêtement plutôt masculin, jusqu'au succès mondial dans les années 50 du fameux Tee shirt qu'il était de bon ton de ne plus cacher sous la chemise.
Au 19e siècle, les sous- vêtements étaient   en laine, en chanvre pour le peuple et en lin ou en soie pour les nantis puis, vint le coton qui unifia tout ce monde. Encore que le coton offre de nombreuses variantes : longues soies, courtes soie, coton d'Egypte, coton indien, coton mercerisé,  coton bio…

Une star parmi les stars osa, avant Brando se montrer dans un vêtement en jersey ajusté, blanc et ras du cou, jusque là considéré comme un sous- vêtement , ce fut Clark Gable dans New York Miami, en 1934. Il ne laissa pas un souvenir aussi marquant que ces deux autres stars hollywoodiennes mais, ce jour là, le Tee shirt  perdit sa fonction de sous- vêtement pour devenir un vêtement à part entière, avec une connotation sportive, sexy, moderne. Porté avec un jean ou un chino, le look révolutionnaire des débuts est devenu un costume quasi traditionnel pour les jeunes et les moins jeunes au XXIe siècle.

UTILE OU FUTILE ?
L'utilité du sous vêtement est-elle aujourd'hui devenu une futilité ? Jusqu'à la fin du XIXe siècle et même au début du XXe, le tricot de peau était considéré comme un élément vestimentaire de confort et  hygiènique. Et il y avait des raisons valables pour cela. Les vêtements de protection comme les vestes, les manteaux, les pulls, étaient en laine, rugueux, lourds, et  par conséquent rarement lavés. On mettait donc une couche de tissu entre la peau et le vêtement,  un "sous vêtement" lavé plus aisément et plus fréquemment.
Le maillot de corps ou tricot de peau, fut ainsi nommé parce qu'il fut tricoté par les femmes pour leur mari, en laine ou en coton . Puis vint l'industrialisation. Les métiers à de mailles tubulaires. Au XIXe siècle, le coton était la matière première la plus employée, suivie du lin, du chanvre et de la soie.
Les premiers débardeurs étaient donc taillés dans des "tubes"de jersey, ce qui évitait les coutures latérales. Aujourd'hui, les Marcel ou les T shirt ont des coutures sur les côtés, parfois une seule sur un côté. Dans ce cas de figure, au bout d'un certain nombre de lavages, la couture a une fâcheuse tendance à "tournicoter" et à perdre sa place initiale.

POURQUOI DEBARDEUR ?
A la fin du 19 siècle,  les halles de Paris emploient des milliers de manutentionnaires qui chargent et déchargent des tonnes de nourritures, surtout la nuit. Or,  il fallait se protéger du froid et des courants d'air tout en ne contraignant pas les mouvements et en tenant les reins bien au chaud. L'un d'entre eux eu l'ingénieuse idée de couper les manches d'un pull en laine, largement échancrés à l'emmanchure et à l'encolure. Ainsi, ce vêtement remplissait à merveille les fonctions nécessaires. Voilà comment le traditionnel tricot de mot devint un  maillot de corps adopté par les  débardeurs ; le nom de baptême coulant de source pour ce modèle fut dès lors un débardeur.

POURQUOI MARCEL ?
Parce qu'à Roanne, capitale de la maille, l'entreprise Marcel, dirigée par Marcel Eisenberg, se lance dans  la fabrication industrielle d'un modèle de sous vêtements en maille, d'où  le mot maillot. Le succès est immédiat, utilisés par les forts des halles, par les agriculteurs et par de nombreux travailleurs manuels, qui soudain retrouvent une liberté de mouvements. D'abord en laine pour ces hommes qui effectuent des travaux de force la nuit ou en hiver, il se porte sous la chemise ou sous le pull, puis en coton pour protéger la peau des rayons du soleil.
Sachez que pendant la guerre de 14-18 le Marcel fit partie du paquetage de chaque soldat partant au front.
Dans les années 30, la gamme s'enrichit d'un tricot de corps en maille plus aéré, le point de départ étant le filet de pêche.
En 1936, premiers congés payés, et encore une fois le Marcel remporte tous les succès.
Puis dans les années 60 le maillot à tendance à se montrer, et le marcel "prolo" va, petit-à-petit, devenir sexy.
Dans les années 80, le Marcel trouve sa place dans le dictionnaire.

POURQUOI T-SHIRT ?
Au 19e siècle, apparaît aux USA un vêtement en jersey à encolure ronde et petites manches, coupé dans une maille de coton tubulaire dont la forme n'est pas sans rappeler celle d'un T.
Ce fut un élément classique de la gamme de vêtements masculins populaires, avant de devenir un incontournable article de l'uniforme des marins US, puis des sportifs.

L'ARMEE À L'AVANT GARDE DE LA MODE ?
Si le marcel fit partie du paquetage des soldats durant la première guerre mondiale, le sous vêtement en forme de T devint réglementaire dans la marine américaine à partir de 1899 puis, de sous vêtement, il se fit voir dans les années 20.
L'armée est souvent à la pointe de la mode avant gardiste. Lorsque les soldats américains débarquèrent en Europe durant la seconde guerre mondiale, ils contribuèrent au succès de ce petit article sans prétention. Il était nouveau, facile à entretenir, confortable et bon marché.
L'histoire se répète, ce sont les soldats américains qui, de retour dans leur pays et démobilisés, continuèrent à porter ces pantalons si confortables, les Chinos.

IMPRIMÉS COLLECTOR
Aujourd'hui, le T shirt est un article incontournable que l'on trouve dans le monde entier, unisexe et inter-générationnel. Uni ou imprimé son succès est considérable. Certaines pièces imprimées sont devenus des collectors recherchés. Le premier T shirt utilisé pour promouvoir l'élection d'un candidat à la présidence des USA est conservé au Smithsonian institution à Washington

QUAND LE T SHIRT FAIT SON CINÉMA ET ENTRE EN POLITIQUE
Si le marcel est resté vierge de toute inscription, c'est sans doute parce que les fines côtes qui rythmaient sa surface ne permettaient pas d'obtenir un contour net. La surface lisse et immaculée du T shirt fut une aubaine pour les publicitaires. Le cinéma fut encore une fois l'élément déclencheur de ce qui va devenir une évidence. Afin de promouvoir "le magicien d'Oz"  premier film en couleur, les producteurs imaginèrent des T shirt promotionnels à l'effigie du film. Une première pour une première.
Puis, les hommes politiques furent séduits par ce mode de communication et, durant les élections présidentielles de 1948, Thomas E. Dewey utilisa la surface du T shirt comme support de campagne, inscrivant : "Dew it with Dewey". En 1952,  ce sont les supporters du candidat Eisenhower qui vont porter les tee shirt "I like Ike". Tout un programme, qui va rendre populaire ce produit de prime abord insignifiant.

ANNEE 80, LOOK NOUVEAU
Le hip hop s'est pris d'amour pour cet accoutrement particulier composé de pantalons "baggy" et d'un tee-shirt XXXXL. Dans un autre post, je parlerai de l'origine du baggy mais, pour l'instant, restons dans l'univers des maillots ?
Les rappeurs et les skatteurs se sont approprié cette sillhouette si particulière. C'est une mode qui a séduit les jeunes et désormais le T shirt extra large est un article courant dans les collections  sportswear.
Si le  but rechercher est le confort, pas de soucis, ceux qui le portent sont à l'aise.

LE TEE SHIRT, UN OUTIL DE COMMUNICATION INCONTOURNABLE, UN SUCCES MARKETING REMARQUABLE, UNE REUSSITE.
L'homme et la femme se prêtent volontiers à  une mascarade, véhiculant sur leur poitrine ou leur dos, des messages publicitaires, humoristiques, politiques.
Parfois, pour arborer les initiales d'une grande maison de couture, en lettres dorés ou en strass il faut payer très cher. Mais après tout, personne ne force personne et, si devenir un panneau publicitaire ambulant ou un homme "sandwich" est un plaisir, pourquoi s'en priver?

L'AVENIR DU T SHIRT SUPPORT DE MESSAGE  MIS EN DANGER PAR LE TWITT?
A quoi bon désormais porter haut et fort sur un morceau de tissu  des formules toutes faites, des photos de stars, des idées qui ne nous appartiennent pas puisque 140 caractères permettent de s'adresser à une multitude de lecteurs ? En même temps, tout dépend du but recherché : communiquer ou s'habiller? Le Tee shirt permet les deux, c'est peut être pourquoi  les nouveaux moyens de communication ne mettent pas son utilisation n'est pas en péril.




jeudi 13 septembre 2012

BILLET D'HUMEUR :CHOUETTE, C'EST LA RENTRÉE


Vive la rentrée ! 

J'aime ces moments  indécis, imprécis, ces entre deux, ces fins de saison ;  ce n'est déjà plus la liberté et pas encore la routine. 

Les jours sans fin qui s'étirent jusqu'à pas d'heure, les emplois du temps vierges, la montre dans un tiroir, les habitudes oubliées, les photos, les copains, la récompense d'une année de labeur, tout cela est encore trop présent pour être rangé dans la boite aux souvenirs et si loin déjà !

Le bonheur de la pause s'étiole, les idées commencent à  jaillir de leur cachette, le  besoin de revenir à la vraie vie se fait sentir, le désir d'activité m'est nécessaire.

J'aime cette période propice à la réflexion, à la remise en cause de pas mal de choses, aux promesses que l'on se fait d'appliquer de nouvelles bonnes résolutions.

La rentrée est une période de transition, une préparation, un tapis rouge pour accueillir en douceur le quotidien qui reprend ses droits vite, trop vite, laissant peu de place à la fantaisie dans un emploi du temps surchargé.

J'aime ces instants trépidants, inquiétants, stressants, émoustillants. Comme un enfant qui s'applique le jour de la rentrée à écrire son nom sur la première page de son cahier,  j 'exulte, je mets toutes mes espérances dans ces premiers jours d'après. Il faut de la conviction, de l'énergie, de la force et de l'optimisme pour affronter tout cela. L'activité me convient, me sied, me rassasie, vacances ou pas. Le rythme change, l'organisation est modifiée, le programme n'est pas figé mais le contenu des journées est toujours intense.

C'est pleine d'espoir que je me jette dans l'inconnu connu à chaque retour des grandes vacances.  Je suis sur les starting blocks, prête à déplacer les montagnes, impatiente à mettre en œuvre des actions imaginées pendant cette période, décidée à dépenser ces forces accumulées durant ces journées de loisirs.

Qui peut dire que les vacances sont des moments de vide, d'absence? En effet, au sens premier ce  mot vient  du latin vacare, c'est-à-dire sans activité, vide, désert. Peut-on vraiment dire que les vacances sont des moments  d'absence ? Je ne le pense pas, bien au contraire. Et si nous trouvions un autre mot plus à même de désigner cette période ?

Et pendant que nous y sommes, j'aimerais remettre les pendules à l'heure, les choses à leur place.   Pour moi, le travail n'est pas un problème, c'est de ne pas en avoir qui pourrait le devenir, c'est pourquoi je suis toujours étonnée d'entendre des personnes me souhaiter bon courage. C'est terriblement déprimant. Bonne journée me suffit. 

Puisque  vacances = vide, il faut faire le plein en rentrant. Le plein de tout : de provisions, d'articles scolaires, de la garde robe, de factures, de contraintes, de belles résolutions, et du compte en banque pour les prochaines vacances…

La rentrée est une période charnière positive ; une pause avant l'ouragan, une respiration avant la plongée en apnée dans le brouillard de la jungle citadine.

Je doit canaliser cette énergie qui me pousse à chaque rentrée de saison à vouloir bousculer les habitudes, à céder à ce désir de changement dans la  décoration de la maison, revoir le régime alimentaire, les horaires, le style vestimentaire… Ce sont ces envies qui sauvent la banalité du quotidien de l'ennui, c'est la vie en somme. C'est le jour où nous n'aurons plus ce besoin de chambardement qu'il faudra se poser des questions. Les recettes pour réussir sa rentrée sont subjectives.  Nous avons tous et toutes des petits secrets, des astuces alors pourquoi ne pas les partager? 

Je commence, vous pourrez continuer.
 La curiosité est mon secret et je puise depuis des années dans le fabuleux héritage textile que le monde nous offre, sans avoir encore réussi à en faire le tour. Mais ai-je vraiment envie d'y parvenir?  Non ! J'aime me dire que j'ai encore plein de choses à découvrir, je n'aime pas le mot fin…
Ce sont des bribes de mes recherches et de mes trouvailles que je vous distille tout au long de l'année sur ce blog que vous êtes de plus en plus nombreux à visiter. Merci et à bientôt pour de nouvelles nouvelles.

mercredi 12 septembre 2012

BUENOS AIRES - DESERT D'ATACAMA- VALPARAISO EN IMAGES

Ceci est un message adressé à toutes celles et ceux qui suivent mes voyages sur le site degilles.com
et à tous les visiteurs de ce blog bien entendu.

BUENOS AIRES - DESERT D'ATACAMA-VALPARAISO
                               Paris? Non Bueno-Aires, un quartier presque Haussmanien, des embouteillages très parisiens, mais ici, même aux heures de pointe, il est aisé de trouver un taxi...!

Oublié la vieille Europe, nous voici dans le quartier populaire de la Boca, proche du port, le berceau, dit-on, du Tango


Au centre d'une vallée désertique, au nord de l'Argentine, seuls se dressent les cactus, semblables à une armée prête à défendre son territoire.
Certains jouent même les utilitaires.


Plusieurs volcans chiliens culminent à plus de 6000 m, mais toujours élégants avec cette délicate collerette de neige blanche et éternelle


Une seule route traverse cette étendue désertique, hantée par les fantomatiques silhouettes des cactus candélabres, et bien sûr, pas besoin d'un sergent PEPPER pour faire traverser les imprudents touristes. car leur destination n'est pas  Abbey Road.

Reveil à  4 heures du matin, deux heures de route, mais à l'arrivée le spectable le plus incroyable
La terre fume, exhulte, crache, fulmine, et par endroit ses soupapes craquent et des gouttelettes d'eau bouillante éclaboussent tout alentour. Image cauchemardesque d'une nature en colère alors que le soleil se lève à peine.
Le soleil se lève sur le désert d'Atacama, et les silhouettes  humaines remplacent petit-à-petit ces formes faites de vapeur d'eau non pas tombée du ciel, mais venue des entrailles de la terre.

Un lac à 4600 m d'altitude. L'intensité des couleurs est sidérante, mais ce qui est encore plus incroyable c'est le silence : personne, pas d'animaux, les geysers sont loins, rien, pas même une fourmie, et quand je vous dis rien, pas même un Mac Do à l'horizon c'est dire ; le bout du monde pour une citadine. Je crois que je me suis habituée très facilement à ce silence et c'est avec apprehénsion que je guette les bruits de ma ville.

On retourne doucement à la civilisation. Tiens une voiture à l'horizon étonnant sur une route!

Sur cette route, nous avons croisée une voiture, mais beaucoup plus de lamas
Animaux domestiqués certes, mais qui vivent sur des terres sans limites. Les petites taches de couleurs servent de repèrent aux  propriétaires. Habitué à l'homme ils ne se sauvent pas, parfois prennent la pose

Une pose oui mais pas celle que je souhaitais pour la photo





Mais oui, les lamas sont des animaux domestiques!



Vigognes sur les hauts plateaux andins.  Ce sont certainement les camélidés les plus élégants ; sauvages ils  ne se laissent pas approcher facilement, mais c'est déjà sympathique de leur part de me laisser  le temps de les photographier avant de s'enfuir

Les vigognes sont des électrons libres, elles sont à leur aise sur ces hautes terres avoisinant très souvent les 5000 mètres. Arides, les maigres herbes suffisent à leur nourriture, le froid intense renforce leur duvet. Ces animaux sauvages se sont acclimatés à ces terres inhospitalières. Les vigognes ne s'apprivoisent pas, et c'est pour cette raison qu'elles furent quasiment décimées.  Pour obtenir leur précieux duvet, les braconniers tuaient les animaux.
Aujourd'hui, les vigognes sont des animaux protégés dans les régions du nord Chili, du sud Pérou en en Bolivie  .










Après les lamas, les vigognes. Voici encore un habitant de l'Altiplano, encore un camélidé sauvage le guanaco.
Moins gracile que la vigogne, son pelage n'intéresse pas l'industrie textile et il n'est pas consommé pour sa viande. Il vit donc en totale liberté sur des terres désertiques ou presque. Reconnaissable à sa silhouette plus massive que celle de la vigogne, avec de grandes oreilles, un long cou, une petite tête, le museau et les oreilles sont gris, la fourrure est d'un brun roux sur le dos et blanche sur le ventre et l'intérieur des pattes




Pour terminer ce parcours animalier voici le dernier et peut être le plus connu : l'alpaca ou alpaga qui se cache derrière une toison fine, longue et ondulée.
L'alpaga comme le lama est un animal domestiqué.
Il est très apprécié pour la qualité de sa laine.



Et maintenant c'est la fin du voyage, avec en prime à Valparaiso, dans le quartier du port, des graffitis étonnants, qui décorent des façades de maisons abandonnées ou squatées en attendant leur démolition

C'est Amélie Poulain, oui notre Amélie enfin celle de Jean Pierre Jeunet,  habillée par Madeline Fontaine
qui nous accueille




Le voyage fut magnifique et si vous passez  à la boutique rue de la roquette vous trouverez de la laine à tricoter en direct du Chili et quelques exemples de l'artisanat sud américain comme un poncho en laine datant du début du XXe siècle, un plaid ou couverture en laine de mouton à larges rayures et un costume péruvien de la région de Cuzco



Les moutons sont aussi nombreux au Chili et leur laine largement utilisée par les artisans.

La laine est vendue au poids dans de grands paniers, on y trouve pêle-mêle la laine de mouton, d'alpaga ou encore de lamas, jamais de vigogne, dommage !  Les couleurs ici  sont naturelles, ce qui  montre la variété des tons, diversités que l'on retrouve dans les bonnets et les gants péruviens.

Les vacances peut-être mais le travail tout le temps avec plaisir.














L'artisanat textile est encore très présent dans le nord du Chili




















Les plaids colorés servent de couvertures, de manteaux ; ils sont aussi utilisés en décoration pour recouvrir les sièges ou suspendus aux murs


Décor contemporain composé de trois étoffes différentes
photographié dans une galerie de Valparaiso.




Costume traditionnel de la région de Cuzco

et ce que vous ne voyez pas sur la photo, les chaussures sont fabriquées à partir de vieux pneus, en caoutchouc, matière robuste et adaptée aux chemins caillouteux et boueux.

samedi 8 septembre 2012

ZENANA UNE ETOFFE, UNE ÉPOQUE, DES SOUVENIRS

UNE ENTREE EN MATIÈRE (TEXTILE) POUR LA RENTREE  
Oui, les vacances se terminent, oui  les bonnes résolutions sont innombrables : nous ferons du sport, nous préparerons des repas équilibrés, nous cesserons de courir après le temps, et nous irons voir toutes les expositions de la saison et oui, nous embellirons notre quotidien, et puis, et puis....
En attendant, je vous offre une entrée en matière douce, un bout d'histoire, un encas, une gourmandise sans calorie, un plaisir abstrait, un voyage sans bouger, un petit tour ailleurs. Rien qu'au doux nom de cette étoffe, zénana, l'imagination prend le pouvoir, c'est un appel au songe par une belle nuit de fin d'été.
"En 1926 nous faisions du tissu pour l'ameublement, des dessus de fauteuils en velours ciselé... Nous avons tissé pour Rodier, Lesur, Derch. Pour ces fabricants, nous avons tissé toutes sortes de tissus: articles simples, articles façonnés, velours coupés, tissu à perles, à plis,  gazes, zénana…" Marcel Gibot in "Les tisserands de légende" Abbaye de Royallieu Compiègne 1993.
La maison Rodier avait l'habitude de baptiser ses tissus avec des noms à consonances inhabituelles   Kasha ou Zénana en sont des exemples caractéristiques. J'aurais aimé que cette tradition se perpetue,  cette excentricité de bon ton aurait égayé les pages de nos magazines. Un peu d'audace ! Avis aux fabricants !

DROLE DE NOM POUR UNE ETOFFE
Qu'est-ce donc que ce drôle de nom de tissu, jamais vu, jamais entendu ! Et pourtant c'est une réalité.
C'est de l'hindi et du persan "zen" que nous vient ce mot qui signifie femme. En Inde musulmane le zénana est l'équivalent du harem, mais c'est aussi une étoffe dont les femmes raffolaient jusque dans les années 1930.

VAGUE RESSEMBLANCE
Cotonnade cloquée, le zénana fit les délices des femmes coquettes. Dans la version légère, le zénana était utilisé pour confectionner des robes mais dans une version plus lourde,  il était parfaitement adapté aux tenues d'intérieur.
Bien que le zénana ne soit plus fabriqué depuis longtemps, on peut se faire une idée de ce qu'il fut en le comparant  au seersucker, tissu lui aussi historique, lui aussi venu des Indes mais toujours présent dans les collections.
Il  y eut plusieurs types de zénana, mais un seul et même nom : tantôt trame en soie, tantôt en coton  et chaîne en laine. Et puis une autre version plus tardive fut proposée :  toujours cloqué ou piqué avec un envers molletonné, rejoignant ainsi la famille des tissus d'aspect velouté, doux et laineux.
 Il ne fut cependant pas uniquement l'apanage des femmes, puisqu'il servit un temps de doublure pour les gilets brodés que portaient les mamelouks.

SOUVENIRS : PROPRIETE PRIVEE
Il m'est arrivé deux ou trois fois depuis que je tiens cette boutique que des clientes d'un âge certain me demandent comme pour me mettre à l'épreuve si je connais le zénana. En leur répondant par l'affirmative, j'ai pu chaque fois déceler une sorte de regret, une frustration comme si je venais de les déposséder d'un secret dont elles s'imaginaient être les seules détentrices. Cette réaction montre à quel point les tissus sont des biens exclusifs, des articles rangés au rayon des souvenirs, propriété d'une génération. Ils ne se partagent pas, ils sont la preuve de l'existence d'un moment de l'histoire d'un pays, d'une personne, d'une vie. On n'entre pas facilement dans l'album des souvenirs d'autrui.
Une étoffe comme le zénana est une prise sentimentale, un acquis subjectif et ceux qui l'on connu, porté, aimé ne veulent pas partager avec ceux qui l'on découvert en tant que curiosité historique,  c'est à dire inanimé, sans cette flamme qui fait vivre une étoffe, sans cette vie que lui confère la MODE. Le simple touriste qui trouve par hasard un nom, un échantillon, une photo, n'est pas autorisé à s'approprier cet article, il ne peut usurper une identité, il n'est qu'un relais de transmission, un promeneur, mais pas un utilisateur. Il doit faire ses preuves et se transformer en détective. Le travail est à la hauteur de la tâche. Il faut aller à la rencontre des histoires, chercher des anecdotes, retrouver les sources et, lorsque c'est possible, débusquer des témoins... 
Alors, si les tissus disparaissent de notre mémoire en quelques décennies, la faute n'en revient-elle pas aux dépositaires qui ne partagent pas la richesse de leur souvenirs?

IMAGES FUGACES D'UN PATRIMOINE FRAGILE
Pour le zénana, nos mères et nos grands mères n'ont comme repères que de fugaces images de leur petite enfance, des robes légères d'été à la campagne.
Images, souvenirs, rêves, voilà de quoi enrichir un patrimoine pas si futile, et surtout pas inutile. Notre industrie textile bien mal en point pourrait peut être rebondir sur des acquis ignorés trop longtemps, et relancer la machine en créant, en devançant, en imaginant, en puisant dans le grand livre du patrimoine.

LES ETOFFES : UN TRESOR EN HERITAGE
Si j'insiste sur la conservation de ces souvenirs, c'est parce que  la mémoire des tissus c'est parfois tout ce qu'il reste lorsque celui-ci a cessé d'exister. L'appréhension d'une étoffe s'apprécie de manière subjective et c'est l'essentiel pour moi. Nos sens nous permettent de personnaliser un produit courant selon sa sensibilité.
Le devenir de ces tissus sera alors teinté d'un zeste d'histoire, étoffé d'un soupçon de réalité, et revisité parfois avec une bonne dose d'imagination.  La mode des imprimés 1970 est présente dans les magazines de mode pour cette rentrée 2012/2013.
La mémoire des tissus est riche d'enseignement. Les archives textiles ou tissuthèques sont de précieux document pour les créateurs, et c'est un plaisir de pouvoir y puiser, y picorer et y découvrir encore et encore des trésors insoupçonnés qui seront peut être les fondements des nouveautés de demain.
La charge d'émotion véhiculée par les tissus est impressionnante. Si le doudou de notre enfance était un moyen de nous rassurer, c'est encore rassurant, de découvrir des repères textiles tactiles enfouis dans notre mémoire. Les odeurs, les textures, les couleurs  font remonter des flots de sentiments que l'on aurait pu croire oubliés.