LE GHALAMKAR UN ARTISANAT PERSE
Dès la fin du XVII eme siècle ces étoffes importées d'Iran et d'Inde appelées persiennes et indiennes eurent un succès incontestable en Europe. Les tisserands français jugeant la concurrence trop forte, firent interdire leur importation. En conséquences pour répondre à la demande des clients frustrés par cet interdit les étoffes imprimées furent copiées par les européens, et comme leur commerce était interdits de nombreux "indienneurs" tisserands et teinturiers installèrent leur manufactures dans des zones franches comme l'Alsace, et dans des pays accueillants comme la Suisse. En 1760, Oberkampf allemand naturalisé français lui installera sa manufacture de toile imprimées à Jouy en Josas.
UN ART A SON SOMMET
Au XVIe l'Iran sous la domination des safavides le ghalamkar atteint son apogée, sa réputation dépassa largement les frontières de l'Iran. Mais rapidement la demande dépassa les limites de production. Trop long, trop cher, sous cette forme cet artisanat fut victime de son succès et mourut pour renaître avec plus de vitalité. Cette renaissance lui fut bénéfique puisqu'aujourd'hui les tissus imprimés sont encore spécificité du commerce d'Isfahan
Une solution fut adoptée pour remédier à cet embarras : l'impression sur tissu au bloc de bois gravé. Plus rapide, plus économique, cette technique perdure jusqu'à aujourd'hui.
DECRYPTAGE
La traduction du mot dévoile le secret que se cache cette technique: dessin peint à la plume. C'est sous la domination des Safavides, au XVIeme siècle que le ghalamkar atteint son plus haut niveau de qualité. Artistes et artisans développèrent cet artisanat dans la ville d' Isfahan ( parfois Esfahan, parfois Ispahan). Aujourd'hui encore les cotonnades imprimées s'exposent dans les boutiques qui bordent la place Naghsh -e-Jahan et dans les échoppes du grand bazar.
A L'ORIGINE
Le ghalamkar était une toile peinte à la main Si les traductions du mot ghalamkar sont multiples : peint à la plume, plume et encre, dessin à la plume le sens est toujours le même. Qu'il s'agisse de pinceaux, d'un kalam( roseau taillé en pointe) ou d'un bloc de bois sculptés utilisé aujourd'hui, c'est la main de l'homme qui guide l'outil. Avant l'utilisation des blocs de bois sculptés ou gravés, il était fait mention de toiles peintes et non de tissus imprimés.
Le ghalamkar était une toile peinte à la main Si les traductions du mot ghalamkar sont multiples : peint à la plume, plume et encre, dessin à la plume le sens est toujours le même. Qu'il s'agisse de pinceaux, d'un kalam( roseau taillé en pointe) ou d'un bloc de bois sculptés utilisé aujourd'hui, c'est la main de l'homme qui guide l'outil. Avant l'utilisation des blocs de bois sculptés ou gravés, il était fait mention de toiles peintes et non de tissus imprimés.
kalam : roseau effilé |
INDIEN OU IRANIEN?
Cet artisanat a t il vu le jour en Inde ou en Iran, qui influença l'autre, bien difficile de répondre à la question, la circulation des artisans partageant leur savoir -faire et les relations commerciales entre les deux pays furent propices aux échanges culturels. Les frontières sont fort arbitraires, invasions après invasions, conquêtes après conquêtes, coup d'état après coup d'état, l'histoire fait bouger les lignes frontalières, mais les populations elles demeurent fidèles à leur culture sinon à leur religion, et si à un moment de l'histoire le territoire Perse arriva jusqu'en Inde sous Darius 1er au VIe me siècle avant JC pourquoi ne pas imaginer que l'art de peindre sur tissu naquit sur le territoire Perse ?
DU GHALAMKAR A LA TOILE DE JOUY
LES DIFFERENTES ETAPES DE LA FABRICATION D'UN TISSU PEINT EN PERSE
Le peintre disposait d'un matériel restreint : des roseaux ou kalam mot d'origine perse, qui signifie travail à la plume qui donna en grec kalamos=roseau. C'est un outil t utilisé en Iran pour le ghalamkar et en Inde pour fabriquer des kalamkari. Les formes sont variées : certains sont taillés en biseaux, d'autres avec une pointe écrasée s'utilisaient comme un pinceau. Le kalam suivant la manière dont il était taillé permettait de tracer des traits avec des nuances et des dégradés
Premieèe étape
Le tissu : une percale mot dérivé du persan percala = toile fine serrée. Deux qualités étaient utilisées la percale pour les plus belles réalisations et le calicot, toile de coton moins serrée et moins blanche pour les articles plus ordinaires. Il semble que les toiles servant de support pour les ghalamkar étaient probablement des produits d'importation en provenance des Indes. La valeur ajoutée étant le décor peint et non le support.
La toile étalée à même le sol le maître ou ces élèves délimitent le contour des motifs avec un charbon de bois ou au fusain puis à l'aide d'un kalam muni d'un tampon de laine imbibé d'encre noire, (qui sert de réservoir) le peintre cerne les contours des dessins avec un trait noir, en repassant sur les traits provisoires réalisés avec du charbon de bois
La couleur noire était obtenue autrefois en laissant macérer plusieurs semaines des pièces de fer rouillée dans un bain d'eau sucrée, ou additionnée de lait.
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Les motifs
La peinture sur tissu contrairement à la teinture reste en surface, ne pénètre pas à l'intérieur des fibres c'est pourquoi elle est fragile et très peu de Ghalamkar anciens sont encore en circulation. Seuls les ghalamkar utilisés pour 'illustrer des récits, ou destinés à la décoration d'intérieur sont encore visibles dans les musées éparpillés à travers le monde.
Avec l'invasion arabe au VII eme siècle les thématiques changent. Les motifs les plus communément représentés sont inspirés par la flore et la faune, des palmettes ou bothe ce que nous appelons motif cachemire, des arabesques
La seconde étape consistait à remplir l'intérieur des dessins à l'aide d'un kalam dont la pointe a été écrasée pour la ramollir lui donnant l'aspect d'un pinceau. Les pigments utilisées étaient d'origine végétale, animale ou minérale fabriqués à base de graines, de racines, de feuilles, d'écorces(safran, peau de grenade, brou de noix, (cochenille) Les pigments ne sont qu'un des éléments des matières colorantes, il faut ajouter d'autres substances (graisses ou des huiles) pour obtenir des couleurs solides et facilement applicables. Le fond clair était toujours visible.
La réalisation des Ghalamkar nécessitait un grand nombre d'heures, et un savoir faire acquis au cours d'un long apprentissage transmis dans les ateliers. Chaque Ghalamkar était différent à quelques détails près, et bien que chaque artiste ait eu son style, le choix des motifs et des couleurs était restreint et les innovations n'étaient pas chose courante. Le but de l'artiste/ artisan était de montrer à quel point il maitrisait la technique et non de faire preuve d'originalité.
On peut observer que l'éventail des sujets et leur traitement changeaient en même temps que de nouveaux artistes arrivaient dans les ateliers, c'est ainsi que l'art s'enrichit, par le partage des connaissances et des techniques
Les conteurs très nombreux en Perse, utilisaient les tissus peint pour illustrer leurs histoires ; notamment le grand livre des rois, Shahnama, un poème épique écrit par Firdousi vraisemblablement entre le X et le XI eme siècle. En Inde les kalamkari illustrent souvent des épisodes du Ramayana ou le Mahabharata.
Dans la région d'Andhra Pradesh en Inde, la surface des tissus peints étaient lustrée, conférant une brillance et surtout accentuant la solidité de l'ensemble. C'est ce que les européens appellent chintz, un mot hindi qui signifie "peint"
épisode de Livre des Rois sur un tissu peint |
ARTISTE OU ARTISAN?
Selon la définition d'Aristote au sens grec de téckné, l'art est une habileté acquise par apprentissage qui repose sur des connaissances empiriques. Jusqu'au XVIIeme siècle, l'artiste n'était pas différencié de l'artisan.
Aujourd'hui l'artisan est un producteur manuel d'artefacts utilitaires qui fabrique lui-même intégralement la chose, cependant que l'artiste met à profit ses connaissances intellectuelles et esthétiques pour créer une œuvre dont la finalité n'est pas d'être utile
L'artiste crée l'artisan reproduit. L'artiste est dans l'abstraction, l'imagination, l'artisan lui est dans le concret, le quotidien, il fabrique des choses utiles sinon fonctionnelles avec un minimum d'outils et en petites quantités
UN ART A SON SOMMET
Une solution fut adoptée pour remédier à cet embarras : l'impression sur tissu au bloc de bois gravé. Plus rapide, plus économique, cette technique perdure jusqu'à aujourd'hui.
A SUIVRE
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