Capitaine d'un vaisseau textile, j'ai la chance de pouvoir sélectionner les tissus, de rencontrer les personnes qui les fabriquent et celles qui les achètent.
C'est avant tout parce que j'aime mon métier, que j'aime ces produits qu'ils deviennent au cours des ans des amis.
Bien que je ne sois pas à l'origine de la création de ces étoffes, un lien se crée entre elles et moi et il m'arrive de regretter de me séparer de certaines d'entres elles. Mais c'est le jeu, j'achète et je vends, je ne suis pas propriétaire de ces articles j'assure simplement une transition, pour ne pas dire une transmission.
Je sais qu'après De Gilles ces tissus ont une vie, et quelle vie! Ils habillent des cantatrices, ils griment des comédiens, ils protègent des acrobates, ils se transforment en vêtements extravagants ou classiques.
Ils décorent des fenêtres ou redonnent une nouvelle jeunesse à de vieux fauteuils...
Des coussins réalisés avec des tissus trouvés à Madras, aujourd'hui Chenai |
Avec mon nez je hume les matières
Les odeurs réservent parfois quelques surprises, pas toujours agréables! |
Avec mes yeux, je me délecte des couleurs
Avec mes mains, je jauge la qualité d'un tissu, j'apprécie la finesse des fibres, leur texture douces, rêches, lisses, peignées ou hirsutes.
Il m'arrive de me mettre à la place des autres ici en Ouzbekistan |
Quelquefois, devant un article je m'oblige à modérer mon enthousiasme ou bien je fonce sans retenue, au risque de me tromper. Je ne suis certaine d'avoir fait le bon choix qu'une fois que la marchandise a trouvé preneur! C'est le client qui qui, au final, me décerne un bon point ou un avertissement.
il y a eu preneurs pour ces chapeaux boliviens |
Au fil des années, De Gilles s'est transformé, façonné à l'image de la clientèle éclectique, métissée, mêlant professionnels, étudiants, particuliers et curieux. C'est devenu un lieu atypique qui invite au voyage, au rêve, qui laisse place à l'imagination, qui développe la créativité.
Si ma curiosité me pousse vers l'avant, vers l'inconnu, vers l'aventure si je vais plus loin, recherchant sans cesse les exceptions, les étoffes réputées invendables, importables, introuvables, insolites, rares, uniques, c'est pour l'amour du métier. J'aime les défis, je les relève.
Si les voyages forment la jeunesse, ils forment aussi les acheteurs.
Depuis de nombreuses années je chine dans le monde, je me rends dans les lieux improbables. Mon plus grand plaisir, ce qui couronne un bon voyage c'est de revenir avec un tissu exceptionnel et de pouvoir vous le proposer. Parmi mes plus belles découvertes : la black mud silk en Chine et le tissu en fibres de lotus royal en Birmanie. Ma plus belle rencontre : une tisserande Toraja au Sulawesi.
En Irlande avec l'un des derniers tisserands de Tweed |
En Irlande à la rencontre d'un producteur de laine |
A Madagascar même en vacances je ne m'éloigne jamais de mes passions |
Dans une plantation d'hévéa au milieu de la foret Amazonienne coté Brésil, des plaques de caoutchouc en train de sécher |
sur le lac Inlé en Birmanie on file et on tisse les fibres de lotus |
Tressage par des mains très habiles d'un panama à Quito |
Heureusement, il me reste encore beaucoup d'endroits à découvrir et d'artisans à rencontrer. Ma curiosité ne s'est pas encore émoussée malgré plus de 30 années passées à traquer les trésors textiles à travers le monde.
Je souhaite ainsi pouvoir vous étonner et vous proposer des articles hors du commun longtemps encore.
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