mercredi 10 mars 2021

1 LA GABARDINE :TOUTE UNE HISTOIRE (publié sur le blog étoffe.com)

TROP BANALE LA GABARDINE ?

On imagine tout connaître de la gabardine, on pense avoir fait le tour de ce tissu/vêtement mi classique, mi iconique, sa lecture trop évidente en lasse certains ! Mais la réalité est toute autre. La gabardine mérite une relecture. Alors équipez vous d’un soupçon de curiosité et suivez le textile-guide.
À LA LOUPE
Si vous avez un compte fils, c’est le moment de vous en servir. L’œil se perd dans un dédale de pris et de laissés. La construction dynamique de l’armure croisé rythme la surface de l’étoffe avec ses côtes parallèles, fines, nettes, saillantes, séparées les unes des autres par des sillons profonds. Ensemble, ces lignes obliquent de la gauche vers la droite. Le relief est fonction de la grosseur des fils ; sur l’envers, il est peu marqué. C’est un bon moyen pour reconnaître une gabardine.
JANUS
Au sens moderne du terme, la gabardine fait généralement référence au vêtement imperméable beige, pièce emblématique du vestiaire masculin britannique, plus rarement à l’étoffe. Je souhaite redorer le blason de la gabardine qu’elle soit de laine, de coton ou en fibres mélangées, mais toujours depuis sa création, tissée avec l’armure croisé.
UNE ORIGINE FUSIONNELLE
Etymologiquement, le mot gabardine est une construction complexe : de l’arabe qaba qui donne caban et de l’espagnol gabardina, longs manteaux de protection en laine commun au XIIe siècle. Les points communs ? L’armure et la laine.
À LA CROISÉE DES CHEMINS
Méconnue, l’armure croisé souvent confondue avec l’armure sergé fut, à toutes les époques, celle choisie pour le tissage de la gabardine, le terme armure complexe lui sied bien.
UNE ARMURE AU SENS PROPRE
Les côtes et ses sillons barrent énergiquement la surface de l’étoffe tels des soldats prêts à empêcher la moindre incursion d’eau et d’air. Ces côtes obliques et ces sillons profonds constituent la colonne vertébrale d’un vêtement et un atout majeur pour sa tenue.
UN DÉSÉQUILIBRE BIEN ORDONNÉ
Entre chaîne et trame, les différences sont bien marquées : les fils de chaîne plus nombreux que les fils de trame subissent une torsion plus importante afin d’accentuer la résistance de l’étoffe à l’usure. Dans les plus belles qualités, les plus longues fibres sont sélectionnées pour le filage afin d’obtenir des fils lisses et souples. Ceci explique la raison pour laquelle les pantalons en gabardine de laine n’entrainent aucune allergie, même sur les peaux délicates.
UNE CONSTRUCTION “GENRÉE“
Une différence dans le tissage préside à la destinée des gabardines : l’inclinaison des côtes différencie leur utilisation : 63% pour la gabardine masculine et 45% pour la gabardine féminine par rapport aux lisières. Ceci se justifie pour une question de poids et de souplesse mieux adaptés à la morphologie de chacun. La polyvalence de la gabardine n’est donc plus à démontrer.
RETOUR À LA CASE DÉPART
Contrairement à ce qui circule “dans les milieux plus ou moins bien informés“ Thomas Burberry n’est pas l’inventeur de la gabardine qui existait déjà au Moyen Age ; il a seulement, et c’est déjà beaucoup, contribué à renforcer sa fonction imperméable.
UN CONFORT TRES RELATIF
Jadis, pour que les vêtements de protection soient réellement imperméables à l’eau et à l’air, peu de solution s’offraient aux tisserands. Soit la laine était feutrée, soit foulée, soit filée sans avoir été désuintée. En contre partie, le vêtement était lourd et, dans le dernier cas, le vêtement se raidissait par temps froid, son toucher était poisseux, et dégageait une odeur désagréable.
UNE FORMULE TOUT COMPRIS
Grâce au procédé fort ingénieux de Mr Burberry, la gabardine tissu devint la gabardine vêtement, le duo gagnant en imperméabilité et en légèreté. Depuis, les deux vivent en bonne intelligence suivant leur propre destinée.
AU FIL DES SIÈCLES NÉCESSITE FAIT LOI
La forme de la gabardina va s’adapter aux besoins des populations, aux diktats de la mode, aux injonctions de la politique.
Court et large, c’est le tabard, porté par les soldats par dessus leur armure.
Ample et longue avec manches, c’est le manteau. Au Maroc, au XIIe siècle, sous la dynastie des Almohades, les juifs avaient l’obligation de porter comme signe distinctif une gabardine, ample et long manteau de couleur bleue.
Large et longue et sans manches, c’est la pèlerine, pièce maitresse de l’habillement des pèlerins mendiants, nombreux au XIXe siècle. Comme les plaids écossais, la pèlerine en gabardine de laine ou de coton avait de multiples usages : manteau, couverture, nappe, objets indispensables aux voyageurs sans bagage ou si peu. De 1901 à 1984 les agents cyclistes parisiens baptisés « hirondelles » étaient vêtus d’une courte pèlerine.
Mi long, imperméable boutonné et ceinturé : fin XIXe siècle,un prototype de ce que sera le trench-coat Burberry est commercialisé, coupé dans une gabardine de laine rendue imperméable.
LA GABARDINE ET L’EAU ?
Le tissage serré et les côtes obliques sont les éléments clés qui empêchent les petites pluies ou les crachins anglo-normands de traverser l’étoffe, mais cette spécificité est éphémère et peu efficace en cas de pluies violentes et persistantes. Pour rentrer dans le cercle des tissus techniques, la gabardine devra subir une opération esthétique.
IMPERMÉABLE OU DÉPERLANTE ? THAT IS THE QUESTION
Le traitement déperlant, appliqué sur une gabardine, permet de renforcer la barrière contre l’eau et l’air tout en laissant un passage pour les vapeurs corporelles. Ce procédé, s’il n’est pas permanent, a le mérite d’offrir un confort que n’aurait pas un tissu totalement imperméable qui fait barrage à l’eau et de la transpiration, à l’entrée comme à la sortie.
RESPIRER À TOUT PRIX
La gabardine est un tissu déperlant « respirant », le terme gabardine imperméable n’est correct que s’il désigne un vêtement.
A SUIVRE

1 commentaire:

  1. Madame, merci infiniment pour cet article si intéressant et complet sur la gabardine. J'apprends beaucoup grâce à vous et vous en suis reconnaissante. Amicalement.

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