En cette fin d'automne les soirées sont fraîches , et c'est le moment de sortir les gros pulls, les gilets, à moins d'être adepte des doudounes ultra-minces. Le confort d'un article en laine est inégalable, j'ai essayé la version "Uniqlo", mais c'est chaud certes, mais tellement froid au toucher et si impersonnel que lorsque je suis à la campagne je porte toujours mon gros chandail qui me réchauffe depuis des décennies, même un peu défraichi, raccommodé à certains endroits puisque, même les mites l'adorent! A chaque attaque de ces animaux, je le sauve, difficile de m'en séparer, nous partageons tant de souvenirs. Je fais mienne cette citation de Diderot à propos de sa vieille robe de chambre de Diderot, "elle est à moi et je suis à elle"
LE CHANDAIL
Gros pull, que l'on enfile par la tête sans bouton, à manches longues ou sans manches , col montant, qui s'arrête aux hanches, tricoté en grosses mailles
Gilet, pull -over, veste ou chandail bien que tous ces articles aient des formes différentes, ils ont un point commun : le tricot. Seul le mot chandail possède une étymologie pour le moins originale.
Le mot est un aphérèse, c'est à dire une figure de style qui ampute un mot d'une syllabe en général la première. Ainsi le marchand d'ail réduit sa voilure pour devenir le chandail.
Mais quel rapport entre un colporteur d'ail et ce vêtement ? Eh bien voilà. L'histoire commence dans le ventre de Paris au XIXeme siècle, c'est-à-dire dans les Halles de Baltard.
Cette fois encore plusieurs hypothèses circulent à propos de l'origine du mot.
Je vous en livre deux, ensuite libre à vous de choisir celle qui vous semblera la plus plausible.
Mais quel rapport entre un colporteur d'ail et ce vêtement ? Eh bien voilà. L'histoire commence dans le ventre de Paris au XIXeme siècle, c'est-à-dire dans les Halles de Baltard.
Je vous en livre deux, ensuite libre à vous de choisir celle qui vous semblera la plus plausible.
N°1
La vente des produits de bouche débute dès l'aube et l'hiver le froid oblige les marchands à se couvrir. Les maraîchers adoptent de gros pulls en laine, confortables et amples qui n'entravent pas leurs mouvements, le plus souvent tricotés par leurs épouses. Ces vendeurs de légumes sont appelés marchands d'ail, et pour cette raison, par métonymie, on nommera leurs tricots des "marchandail" qui dans le langage populaire deviendra chandail.
N°2
Dès l'aube la foule est là, le bruit résonne sous ces vastes halles, le vacarme est assourdissant et pourtant il faut s'annoncer, se faire entendre pour vendre sa marchandise. Pas encore de sono, pas de micro, alors il faut hurler. C'est ce que font les vendeurs d'ail. Leur rengaine n'est pas marchand d'ail mais simplement chandail ! La première syllabe se perdant sans doute dans le brouhaha ambiant. Peut être que certains lecteurs de ce post se souviennent des cris des marchands ambulants qui résonnaient encore dans les rues de Paris dans les années 50 : ainsi le vitrier avec son fardeau de vitres sur le dos criait-il viiiitrier pour annoncer sa présence.
LE CHANDAIL ARTISANAL, TRICOTE MAIN
C'est donc par analogie, que l'on nomma chandail le tricot épais porté par les maraichers et spécialement les marchands d'ail.
LE GAMSOU DE GAMARD : UN CHADAIL INDUSTRIEL
Mais qu'est-il donc arrivé entre le gros pull sans bouton, à manches longues, à col montant, qu'on enfile par dessus la tête, tricoté en grosses mailles de fabrication artisanale et le chandail fabriqué industriellement ?
Le chandail à suivi à peu près le même chemin que le marcel, maillot de corps des forts des halles qui devint le marcel commercialisé par les établissements Marcel.
Le chandail va, lui aussi, devenir un article incontournable, porté à la campagne ou dans les villes. Vers 1880, monsieur Gamard, industriel amiénois, décida de produire industriellement un modèle de tricot copié sur celui que portaient les maraichers : un tricot sans bouton, assez ample, que l'on enfile par dessus la tête.
LA RECETTE : UN PEU DE GAMARD, UN SOUPCON DE SWEATER
Si la commercialisation rencontre un vif succès, ce n'est pas le cas du nom donné au produit : Gamsou. L'industriel voulant rester dans la course, utilisa les trois premières lettres de son nom et la première syllabe du mot anglais sweater (souiter en français suer). L'idée était bonne, le sweat-shirt est un vêtement très populaire. Généralement en coton gratté sur l'envers, la transpiration est ainsi absorbée, procurant un certain confort à celui qui le porte sportif ou non. Ce fut un produit "première génération" le vêtement pouvait gratter, il séchait lentement. Ces inconvénients sont aujourd'hui oubliés, le marché propose quantités d'articles de plus en plus techniques, respirants, légers, anti u.v, imperméables et chauds...etc sans compter les innovations à venir.
L'idée de Monsieur Gamard de mêler son nom à un mot venu d'Amérique, était du point de vue de l'image du produit très en avance. En effet l'association du tricot paysan avec le sweat utilisé par la jeunesse sportive d'outre Atlantique donne au chandail plus de modernité et surtout, dynamise les ventes en diversifiant la clientèle.
Mais le gamsou ne restera pas dans l'histoire. Monsieur Gamard reviendra à une conception moins avant gardiste et plus commerciale en reprenant le nom de chandail. Aujourd'hui le mot est désuet, au point qu'on en oublierait son origine paysanne. Il a fait son entrée officielle dans la langue française en 1894.
LE SPORTWEAR ADOPTE LE CHANDAIL
Au début du XXeme siècle, les activités de plein air, le vélo et les jeux de ballons, réclament un vêtement adapté à ces loisirs. Ce sont les prémices de ce que l'on nomme aujourd'hui le sportswear. La maille était et demeure un atout, la laine, le coton étaient les principaux matériaux utilisés, hygiéniques, confortables et fonctionnels.
Jusque dans les années 50, les articles en maille envahissent les rayons des magasins, et les armoires (normandes) le tricot est pour un grand nombre de femmes, une nécessité. L'hiver les gros pulls sont utiles voir indispensables, le chauffage des maisons n'est pas parfait loin s'en faut. Bien sûr, parfois le tricot est une manière plus économique sinon ludique d'habiller toute une famille. Qui ne se souvient pas d'un maillot de bain tricoté avec amour par une tante ou une grand mère? L'élasthanne, caoutchouc de synthèse, nous a sauvé de bien des situations périlleuses. Le tricot en tant que loisir viendra plus tard .
IL N'Y A QUE LA MAILLE QUI M'AILLE
La nouveauté dans ce domaine c'est l'introduction dans une société aisée d'un article issu du milieu populaire. La sophistication du chandail passe par la Haute Couture qui mise sur ces produits nouveaux et confortables.
Avant la première guerre mondiale, Coco Chanel propose une collection osée tout en tricot. Le tout Deauville joue le jeu et c'est le succès. Plus tard les pulls imaginés par Schiaparelli et tricotés par de" petites mains" vont connaître eux aussi un grand succès.
LE GAMSOU DE GAMARD : UN CHADAIL INDUSTRIEL
Mais qu'est-il donc arrivé entre le gros pull sans bouton, à manches longues, à col montant, qu'on enfile par dessus la tête, tricoté en grosses mailles de fabrication artisanale et le chandail fabriqué industriellement ?
Le chandail à suivi à peu près le même chemin que le marcel, maillot de corps des forts des halles qui devint le marcel commercialisé par les établissements Marcel.
Le chandail va, lui aussi, devenir un article incontournable, porté à la campagne ou dans les villes. Vers 1880, monsieur Gamard, industriel amiénois, décida de produire industriellement un modèle de tricot copié sur celui que portaient les maraichers : un tricot sans bouton, assez ample, que l'on enfile par dessus la tête.
LA RECETTE : UN PEU DE GAMARD, UN SOUPCON DE SWEATER
Si la commercialisation rencontre un vif succès, ce n'est pas le cas du nom donné au produit : Gamsou. L'industriel voulant rester dans la course, utilisa les trois premières lettres de son nom et la première syllabe du mot anglais sweater (souiter en français suer). L'idée était bonne, le sweat-shirt est un vêtement très populaire. Généralement en coton gratté sur l'envers, la transpiration est ainsi absorbée, procurant un certain confort à celui qui le porte sportif ou non. Ce fut un produit "première génération" le vêtement pouvait gratter, il séchait lentement. Ces inconvénients sont aujourd'hui oubliés, le marché propose quantités d'articles de plus en plus techniques, respirants, légers, anti u.v, imperméables et chauds...etc sans compter les innovations à venir.
L'idée de Monsieur Gamard de mêler son nom à un mot venu d'Amérique, était du point de vue de l'image du produit très en avance. En effet l'association du tricot paysan avec le sweat utilisé par la jeunesse sportive d'outre Atlantique donne au chandail plus de modernité et surtout, dynamise les ventes en diversifiant la clientèle.
Mais le gamsou ne restera pas dans l'histoire. Monsieur Gamard reviendra à une conception moins avant gardiste et plus commerciale en reprenant le nom de chandail. Aujourd'hui le mot est désuet, au point qu'on en oublierait son origine paysanne. Il a fait son entrée officielle dans la langue française en 1894.
LE SPORTWEAR ADOPTE LE CHANDAIL
Au début du XXeme siècle, les activités de plein air, le vélo et les jeux de ballons, réclament un vêtement adapté à ces loisirs. Ce sont les prémices de ce que l'on nomme aujourd'hui le sportswear. La maille était et demeure un atout, la laine, le coton étaient les principaux matériaux utilisés, hygiéniques, confortables et fonctionnels.
Jusque dans les années 50, les articles en maille envahissent les rayons des magasins, et les armoires (normandes) le tricot est pour un grand nombre de femmes, une nécessité. L'hiver les gros pulls sont utiles voir indispensables, le chauffage des maisons n'est pas parfait loin s'en faut. Bien sûr, parfois le tricot est une manière plus économique sinon ludique d'habiller toute une famille. Qui ne se souvient pas d'un maillot de bain tricoté avec amour par une tante ou une grand mère? L'élasthanne, caoutchouc de synthèse, nous a sauvé de bien des situations périlleuses. Le tricot en tant que loisir viendra plus tard .
IL N'Y A QUE LA MAILLE QUI M'AILLE
La nouveauté dans ce domaine c'est l'introduction dans une société aisée d'un article issu du milieu populaire. La sophistication du chandail passe par la Haute Couture qui mise sur ces produits nouveaux et confortables.
Avant la première guerre mondiale, Coco Chanel propose une collection osée tout en tricot. Le tout Deauville joue le jeu et c'est le succès. Plus tard les pulls imaginés par Schiaparelli et tricotés par de" petites mains" vont connaître eux aussi un grand succès.
Le chandail va ainsi passer d'un monde à l'autre, de la campagne à la ville sportifs, du monde paysan au monde bourgeois. Mais le mot aussi suit la mode et ses pérégrinations, le chandail s'embourgeoise et devient tour à tour pull, gilet, cardigan, maillot. Les vêtements en maille apparaissent dans les tribunes des champs de courses ou sur les courts de tennis .
Dans la seconde moitié du XXeme siècle, la reine de la maille fut sans conteste Sonia Rykiel.
Moi je l'aime toujours et encore mon chandail, désuet ou pas, il me réchauffe lorsque je sors les matins d'hiver pour jardiner alors que le brouillard est encore présent, et que le vent souffle à travers les branches dénudées des arbres , il me réconforte lorsque je rentre me blottir dans un fauteuil près du radiateur; il me cajole je le dorlote, je n'ai pas peur de le salir, de le malmener parce que je sais que je le sauverai coute que coute. C'est un peu un doudou dont on ne se sépare jamais vraiment.
Dans la seconde moitié du XXeme siècle, la reine de la maille fut sans conteste Sonia Rykiel.
Au XXIeme siècle, le changement est radical., Certains diront que c'est gràce au "progrès" que les fibres chimiques de plus ou moins haute technicité ont remplacé les fibres naturelles dans le domaine du sportwear.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire