mardi 24 octobre 2017

LE GHALAMKAR : COTON IMPRIME AU BLOC DE BOIS SCULPTE


LA FABRICATION DU GHALAMKAR AU XXIeme SIECLE (SUITE)

Dans la région d'Isfahan la  fabrication des tissus imprimés au bloc n'a jamais cessée depuis le XVIeme siècle. Manteaux, vestes,  nappes,  tapis de selle, couvertures de chevaux,  sacs,  rideaux, dessus de lit... Les cotons imprimés sont en 2017 des articles utilisés par les iraniens au quotidien. Nous sommes allés dans un restaurant installé  dans un ancien hammam, situé dans le quartier iranien d'Isfahan Jolfa et les tables étaient garnies de nappes de imprimées au bloc.






















QUAND LE BLOC DE BOIS SCULPTE REMPLACE LE KALAM

Au XVI eme siècle les toiles peintes ou persiennes  furent victimes de leur succès. Le temps ne comptait pas,  la lenteur  d'exécution était un présage de qualité, jusqu'au moment où il devint un obstacle à la commercialisation des articles. Trop de commandes et   un travail qui nécessitait  beaucoup trop de temps Il fallut trouver un moyen de  produire plus rapidement  et plus économiquement. Graver les dessins en reliefs sur  des blocs de bois  qui une fois enduits d'une matière colorante seraient appliqués sur la toile de coton, fut la solution

ma collection est plus réduite.  
magnifique collection de blocs dans l'atelier d'impression que j'ai visité dans le bazar d'Isfahan

DE LA PIECE UNIQUE A LA SERIE, DE L'ART A L'ARTISANAT
Le travail était plus rapide et économiquement  plus rentable..C'est une équipe composée d'au moins trois intervenants essentiels  (graveur, teinturier, imprimeur)  qui  œuvrait dans les ateliers, chacun ayant un role bien déterminé dans cette chaîne.
Ce travail répétifif répond cependant aux critères de l'artisanat. La main de l'homme grave le bois et  une autre main  va  préparer les colorants cependant que le dernier manipule  le "bloc de bois sur la surface textile", la différence entre tissu peint et tissu imprimé est cependant perceptible. Le ghalamkar  moderne est  un  multiple et non un original, j'ose la comparaison entre une peinture et une lithographie.
Le commerce suit des règles immuables hier comme aujourd'hui les imprimeurs proposent des qualités  et des tarifs différents. 
Une nappe, selon ses dimensions  peut être tamponnée entre 600 et 4 000 fois,  le support peut être une percale ou un simple calicot.  La  finesse de la gravure sur bois, la complexité du dessin sont des indices de qualité.  Chaque article sortant des ateliers est "tamponné" sur l'envers  c'est la marque de fabrique de l'entreprise qui est imprimée, sa carte de visite indélébile, avec un bloc de bois  bien sûr.


tampon réalisé sur l'envers d'une nappe en Octobre 2017

tampon réalisé sur une nappe achetée en 1970 dans une brocante en Floride!

















LES COULEURS
Aujourd'hui même si sur une étagère de l'atelier  trônent des bocaux  qui contiennent des matières
colorantes naturelles, les artisans utilisent des produits chimiques, autrement comment pourraient ils vendre leur production à des prix si bas? Le safran pour le jaune?

Personne n'est dupe, le prix du gramme dépasse celui du caviar, voir de l'or.....le lapis lazuli pour le bleu? pas plus crédible...


Dans un coin de l'atelier des bocaux contiennent des pigments  naturels   jadis   utilisés pour imprimer les Ghalamkar mais ils n'ont pas été ouverts depuis longtemps, c'est le coin musée qui donne un air de d'authenticité à l'ensemble des articles exposés dans l'atelier /boutique  Le commis connait par cœur le nom des plantes qui entrent dans leur composition et il les présente avec une sorte de fierté en français et en anglais à chaque fois qu'un touriste visite l'atelier. Mais l'impression est aujourd'hui réalisé avec des colorants chimiques la plupart du temps,   quelques exceptions demeurent bien sûr, le prix est alors à la hauteur de la rareté des produits. Ceci n'enlève rien à la qualité du travail des artisans qui suivent à la lettre les différentes étapes de fabrication d'un ghalamkar.


A SUIVRE


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