samedi 12 août 2017

LA FIBRE OUBLIEE : l'AMORGIS D'AMORGOS

Je n'imaginais pas enrichir mes connaissances sur le textiles en visitant les Cyclades, et pourtant c'est ce qui s'est passé. En arrivant sur l'ile d'Amorgos tout est fait pour que l'on se souvienne.
                                               "ici fut tourné "Le Grand Bleu de Besson"

Mais Amorgos c'est beaucoup plus que cela, c'est un extraordinaire monastère
... Hozoviotissas construit à flan de montagne à plus de cent mètres au-dessus de la mer, accessible par un escalier de 269 marches taillées dans la roche.... L'architecture si particulière influença Le Corbusier pour sa chapelle de Ronchamp.
En ce qui me concerne, côté physique, la montée fut éprouvante, quoique beaucoup plus aisée que celle  du Tiger Nest au Bouthan.
Ces quelques lignes ne sont que l'amorce du cadeau qui me fut offert par notre guide. Elle évoqua très brièvement, trop à mon goût, une toile fine teinte en rouge qui jadis fit la gloire des habitants de l'île. Et voilà que la boite de Pandore était ouverte, il me fut impossible de me contenter d'aussi peu d'informations. Ainsi se terminent mes voyages par un farouche besoin d'en savoir plus. Je vous livre donc ici le résultat de ma collecte. Il s'agissait d'une étoffe de lin très fine, quasi transparente, appelée amargis. La finesse du fil était particulièrement admirable et la teinture rouge était une merveille. Je n'ai malheureusement pas pu le constater de visu car les manufactures, si nombreuses sur l'île jusqu'au XVIIe siècle, ont disparu depuis. Il ne reste aucune trace tangible de l'amargis. Par contre, j'ai trouvé des passages qui en parlent dans  Lysistra d'Aristophane, une comédie écrite en 411 avant J.C. Lysistrata, femme d'un des principaux citoyens d'Athènes, convoque et invite toutes les femmes à forcer leurs maris à cesser la guerre. Aristophane fait allusion au tissu d'Amorgos.
 ..Lysistrata :
"…Si nous nous tenions chez nous, bien fardées, sans autre vêtement qu'une tunique fine et transparente, quelle impression feraient nos attraits...

.... nous fardées, et si dans nos petites tuniques d'Amorgos nous entrions nues, le delta épilé..."
La pudeur et la bienséance étant mises à mal dans cette comédie, je me contente de vous parler ici de textile.

Au XVIIeme siècle, Joseph PItton de Tournefort écrit quelques mots concernant cette étoffe dans "un voyage au Levant".

"Les meilleurs des toiles que l'on croyoit être faites de lin étoient appelées Amorgines.
Les tissus d'amorgos étaient chers,  plus fins que le byssus et le carpasus ; ils étaient presque transparents, il y en avait de colorés ; leur nom a dû venir de l'ile d'amorgos où ils étaient fabriqués, quoiqu'on prétende qu'ils venaient de leur couleur ou de la plante dont ils étaient faits, cette plante avait sans doute donnée son nom à l'île. Il y avait à Amorgos des manufactures d'une étoffe d'un rouge écarlate. On les appelait amorgides. Encore aujourd'hui, on recueille cette plante ou lichen sur les rochers d'Amorgos pour la teinture rouge on en l'envoie à Alexandrie et en Angleterre".


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