mercredi 21 juin 2017

LES JOIES DU TISSU

Ce blog est un moyen de communiquer ma passion pour les tissus qui mettent en éveil tous mes sens. Je pense que vous aussi pourrez vous adonner à cet exercice sans trop forcer vos souvenirs, mais en prêtant une certaine attention à votre environnement textile. Je commence, à vous ensuite de jouer.

La vue d'un taffetas gorge de pigeon, me transporte dans le monde irréel de la couleur qui n'est qu'imaginaire, qui n'existe que par la présence de la lumière, ce n'est qu'une sensation, une vibration mais qui parvient à exacerber ma sensibilité.

Le toucher
ruisselant d'un satin de soie provoque chez moi une réaction épidermique qui me donne la chair de poule. Tout aussi curieux, j'ai connu parmi mes clients des personnes qui, pour la même raison, ne supportaient pas de toucher un velours de coton ou de soie, côtelé ou lisse. Pour moi, ce hérissement des poils n'implique pas un rejet, c'est simplement un phénomène qui prouve que l'étoffe me m'est pas indifférente, c'est une forme de dialogue qui s'installe entre ce sensuel satin et ma main.

L'odeur de la laine mouillée me renvoie à mon enfance, lorsque l'on osait laver ma "coue", ce minuscule morceau de la couverture de naissance dont je ne pouvais me passer pour m'endormir. Eh oui le tissu était un réconfort et il allait devenir un ami pour la vie.

Le goût ne doit pas être exclu de cet exercice, même si l'exercice est plus subtil et très très subjectif.
 Un fil de lin me suggère un monde de sucreries, une montagne de bonbons. Pourquoi ? Peut être parce que le morceau de lin que j'ai porté à ma bouche était rose et sans doute parce qu'il m'a vraiment laissé un goût délicieux. Le lin est savoureux. C'est ce que l'on nomme umami au japon (de umai = délicieux et mi = goût). Ainsi, le goût savoureux est considéré comme l'une des cinq saveurs de base avec le sucré, l'amer, le salé, l'acide.

L'ouïe est un moyen quasi infaillible de reconnaître un tissu. L'oreille perçoit aisément la différence entre un pongé de soie et une toile de laine que l'on déchire. Le bruit devient un cri lorsqu'il s'agit de la soie que l'on coupe. Le bruit d'un morceau de coton que l'on déchire m'est insoutenable tant il me rappelle celui du chiffon que l'on déchire nerveusement pour faire un pansement de fortune. Ce n'est pas le même son que provoque le froissement d'un taffetas. Celui-ci m'est familier, il résonne à mes oreilles et me renvoie à l'instant magique de l'apparition d'une héroïne de Molière qui, en silence, fait un tour de scène avant de prononcer les premiers mots de sa tirade. C'est une jubilation que ce bruissement de tissu de soie qui annonce l'arrivée du personnage.
Songez combien le bruit est étouffé lorsque l'on manipule un article en laine. Le langage des étoffes passe aussi par le son ; maintenant c'est une évidence.

Ces exemples sont évidement subjectifs, ils appartiennent à mon histoire. J'espère que vous   trouverez plaisant cet exercice. A la rentrée, j'organiserai des dégustations textiles, une manière ludique de découvrir l'univers textile.

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