jeudi 29 juin 2017

POURQUOI CHOSIR UNE COUETTE EN SOIE


La ronde des saisons
Les saisons se  succèdent  inexorablement  le printemps puis l'été et voilà l'automne et puis viendra le l'hiver et reviendra le printemps. Les nuits se succèdent  plus ou moins longues  saison après saison, c'est pourquoi il est important  trouver le bon équilibre pour son confort et son bien être nocturne.

Couverture, édredon ou couette? 
Quelque soit la solution adoptée il ne s'agit en aucun cas d'une source de chaleur, exception faite des couvertures chauffantes. Ce sont des éléments isolants qui jouent le rôle de barrière thermique entre le corps qui génère de la chaleur et l'air ambiant. L'article textile  emmagasine notre chaleur avec plus ou moins de réussite et la conserve plus ou moins longtemps. Lorsque l'on  parle chaleur il faut prendre en compte l'humidité générée par notre propre transpiration.

En Occident le mode de couchage  s'est transformé  en quelques décennies, fortement influencé par le mode de vie anglo-saxon. Couvertures et draps sont remisés au grenier  lorsqu'il y en a un, ou à la cave, ou tout simplement mis au rebut  dans les bon containers, recyclage oblige!

MAIS D'OU VIENT LE MOT EDREDON?
Les édredons,  autrefois si lourds, si encombrants, si difficiles à entretenir ont été abandonnés depuis l'amélioration des systèmes de  chauffage dans nos habitations.
Saviez vous que le mot édredon vient du danois ederdun  'un gros canard l'Eider dont les habitants de utilisaient le duvet pour rembourrer leurs vêtements et leurs édredons Ce palmipède que l'on trouve sur les côtes islandaises peut grâce aux capacités extraordinaire d'isolation de son duvet, plonger dans les eaux glacées de la mer du Groenland et résister aux vents violents qui balaient l'Islande

Si vous êtes adepte du rembourrage en duvet ou en plumes, sachez que le duvet est plus léger, plus malléable que la plume, l'air circule mieux à l'intérieur de l'enveloppe,  inconvénient majeur le prix est beaucoup plus élevé.

L'EDREON UN DOUX NID

De mon séjour en Islande j'ai  vécu ce  mode de couchage comme une expérience. J'avais le souvenir des édredons de mes grands parents, j'étais enfant et le volume de cette " énorme couverture" m'impressionnait presque autant que son poids, mais en Islande j'ai pu constater  que les édredons sont minces, et régulent la température à la perfection.  C'est un océan de douceur qui se gonfle et se dégonfle au moindre souffle ; pour les qualités haut de gamme la housse dans laquelle on enferme le duvet est  fabriquée dans une fine et souple batiste délicieusement fraîche qui  garantie une parfaite étanchéité, empêchant le duvet de s'échapper ; quel plaisir de se glisser sous ce mince nuage blanc qui fait barrage à l'air froid environnant.
Si vous avez le choix préférez une enveloppe en batiste ou en plutôt qu'une enveloppe en percale. La batiste est un tissu très doux et lisse, le tissage est naturellement très serré ce qui empêche le passage du duvet.   Le tissage de la percale est moins serré, il y a moins de fils au cm carré  et si elle est traitée anti - duvet, elle  est enduite d'une résine qui bouche les interstices existants entre les fils, afin d'éviter que le duvet ne passe à travers l'enveloppe. Ce traitement à tendance à rigidifier le tissu qui devient bruyant lorsqu'il est déplacé.
Un édreron  islandais c'est un cocon, un nuage de douceur, une barbe à papa blanche, un monde d'air pur ...c'est magique.!
Evidement le climat islandais est propice à ce type de couchage, en France il serait peut être excessif. Mais c'est aussi un article très particulier, je veux parler des véritables édredons c'est à dire les enveloppes de coton bio rembourrées du duvet des Eiders. C'est un luxe certes, mais il est durable. Dans les familles islandaises c'est un article que l'on se transmet de générations en générations
Les heureux possesseurs d'un édredon prennent grand soin à l'entretien Il est possible de temps à autres d'ouvrir l'enveloppe, de régénérer le duvet en le  renouvelant en partie, on peut aussi changer la housse.

UN PACTE  LIE  L'HOMME ET L'ANIMAL
èces qui vit le long des côtes islandaises. A la saison de la nidification les animaux sont protégés par "les fermiers' qui veillent à leur sécurité, éloignent les prédateurs. C'est une  tradition qui perdure, ces fermiers établissent une relation presque amicale avec les eiders. Au printemps les fermiers se préparent à accueillir les eiders, nettoyant les lieux généralement choisis pour la nidification, car les animaux reviennent chaque année au même endroit pour pondre. Au moment de faire son nid la femelle arrache le duvet de sa poitrine afin de pouvoir offrir toute la chaleur de son corps à l'œuf lors de la "couvade"
Lorsque l'animal est en sécurité, le fermier va "récolter" le duvet abandonné près du nid
La récolte du duvet se fait manuellement,. C'est la nature qui envahie votre chambre, et lit se fait nid..
Les plus de l'édredron islandais proviennent de la grande quantité d'air emprisonnée dans la masse du duvet, et c'est cet air qui fait office de barrière isolante. Le duvet possède de minuscules crochets qui  en s'accrochant les uns aux autres forment des poches où l'air engouffre.
Le moins parce qu'il y en a un c'est le prix. Il s'explique car la récolte  annuelle du duvet ne dépasse pas 3 000 kg et il faut environ  70 nids pour obtenir 1 kilo de duvet. Le poids moyen d'un édredon est d'environ 4 kg Comme tout article artisanal, la récolte dépend beaucoup des conditions météorologiques, il y a des années bonus et d'autres plus pauvres. Le nettoyage du duvet est méthodique : le duvet récolté est séché puis chauffé à 120° pour le désinfecté, il est nettoyé   mécaniquement grâce à des machines spécialement conçues à cet effet, aucun produit chimique n'est utilisé, certains fermiers  lavent le duvet avec un détergent  spécifique. Enfin le duvet subit une dernière opération afin de d'éliminer manuellement les dernières impuretés laissées par les machines. Le nettoyage mécanique est similaire à celui utilisé depuis des générations, ce qui nécessite un savoir faire, de la patience  et de la précision.Depuis le 9e siècle les eiders viennent sur les cotes islandaises pour la nidification, les islandais et les eiders cohabitent depuis e. Au XIXe siècle lorsque le pays fut colonisé l'eider devint une espèce protégée
 La préparation de ce rembourrage est un travail d'orfèvre. C'est ainsi que le produit final est d'une grande qualité, et durable.Chaque article est vendu avec un certificat  attestant de la qualité, du poids du duvet.
 La répercussion de toutes ces opération se retrouve dans le prix d'un édredon islandais. Bien que  fonction de la taille,   petit ou grand c'est une dépense importante. Je peux vous donner un ordre d'idée, mais c'est pour le fun  7 000 euros oui c'est le luxe suprême.
Edredon et couette simplement cousins.  Les dimensions de l'édredon sont plus réduite que la surface du lit, il est volumineux, et plus lourd c'est souvent ce que recherchent les inconditionnels. La couette est plate,  plus grande que le lit mais plus petite qu'une couverture.
COUETTE

EDREDON


Faire le lit est devenu un jeu d'enfant.
Les couettes, les housses de couettes, les draps housses ont simplifié notre quotidien
supprimant la corvée du lit au carré!
Différentes  solutions vous sont proposée par les fabricants :
-l'option multiples :  une couette pour chaque saison!  Cela pourrait être une belle idée, mais elle n'est pas  fonctionnelle. Le rangement devient un problème, le prix n'est pas avantageux, au final ce n'est pas la meilleure solution

-Dormir à l'ancienne : un drap plat, une couverture en laine, et un édredon sur les pieds. Retour à la case départ avec un entretien rigoureux surtout pour les allergiques aux acariens , et  en plus un casse tête si vous remuez trop la nuit, l'édredon va se retrouver sur le sol!

-Céder à la facilité :  les offres sur le marché du linge de lit sont de plus en plus diversifiées  mais en apparence seulement car  le rembourrage des  articles proposées sont en majorité  des fibres de polyester  et très rarement avec des plumes ou du  duvet (parfois des plumes et du duvet)
Aujourd'hui concurrence oblige les produits sont  de très bonne voir de très bonne qualité.  Techniquement parlant les couettes nouvelle génération  sont performantes : quatre saisons, ventilée, fibres creuses silliconées ou trilobées, lourdes gonflantes ou plates selon la demande mais aussi traitées chimiquement : anti allergiques,  anti-acariens, antifongiques et anti-bactériens
Cependant attention au miroir aux alouettes : certains  fabricants surfent sur la vague "tout naturel" et  tentent des sorties extra-ordinaires : couettes rembourrée en fibres de maïs comme l'indique cette publicité :
"

Couette Pure Maïs de Hefel, le savoir faire d'un fabricant depuis plus de 100 ans

La Couette Pure Maïs vous procure un sommeil climatisé et sec grâce aux vertus de la fibre de maïs qui régule l'humidité.
Légère, aérée, elle est indiquée aux personnes exigeantes envers leur literie en raison d'allergies ou d'une peau sensible.
La fibre de l'enveloppe est en 100% fin satin de coton blanc affiné à l'aloé vera
Garnissage 100 % Naturel et Biodégradable :
 Fibres de Maïs
Forme morphologique
Fabrication dans cadres en bois. Coutures indéchirables : chaque point du piquage est indépendant !"

Il y a encore et toujours cette miraculeuse fibre de bambou...  La nature dans le lit mais quelle nature? les étiquettes omettent souvent de mentionner les  différentes étapes de transformations de la plante à la fibre. Le bambou n'est qu'une viscose fabriquée à partir de déchets de bambou, mais le principe reste identique à la viscose fabriquée à partir de hêtre ou de déchets de coton : pollution de l'eau, et utilisation de produits chimiques pour transformer  la fibre en une matière filable.


Une bonne journée commence par une bonne nuit

 Je vous invite à découvrir  un artisanat  traditionnel  né en Asie et que les occidentaux découvrent à leur tour :  la couette en soie. La garniture est incroyable il s'agit de soie naturelle, c'est l'enveloppe du cocon qui est utilisée, il ne s'agit pas de fil mais de fibre.



 La matière première  est naturellement blanche et légère, aucun produit chimique n'intervient au cours de la fabrication. La nappe de soie qui est la matière utilisée pour rembourrer la couette est obtenue par l'étirage manuel d'environ 2500 cocons pour une couette de 2,20m /2,40 m.
les cocons sont ensuite supperposés

les cocons sont étirés  petit à petit jusqu'à obtenir la bonne dimension

                                                                                                                             

L'excellence existe, il suffit de respecter quelques règles.
Choisissez un article fabriqué dans des petites unités d' élevage ce qui autorise une sélection manuelle.
Les surpiqures ne sont pas nécessaires lorsque le garnissage  est fait d'un seul morceau et maintenu à grands points sur le pourtour de l'enveloppe (en coton bio ou en soie)


Le garnissage intérieur des couettes provient exclusivement de cocons de vers à soie nourris de feuilles de mûrier fraîches.  Ces bombyx du mûrier (bomby mori) sont domestiqués par l'homme depuis des siècles.

Après avoir servi de cobaye je puis vous assurer que je ne renoncerai plus à ma couette en soie! Laissez moi vous expliquer pourquoi et vous convaincre d'essayer ce "bienfait de la nature".
C'est un plaisir chaque soir renouvelé que l'on se glisse sous ce nuage de soie.

Les qualités inhérentes à la couette sont celles de la soie
Isotherme : le niveau de confort est régulier été comme hiver. La soie suit les variations de température de notre corps qui se produisent au cours de la nuit. Il est inutile de se découvrir , la couette s'occupe de tout, elle prend soin de vous, elle est dotée d'un thermostat naturel

Confort : terminé le poids insupportable d'un édredon en plumes, la nature même de cette nappe de soie donne l'impression d'être couvert par un nuage.
La soie est absorbante : elle absorbe aussi bien l'humidité ambiante de l'air que l'excès de transpiration c'est pourquoi même lors de fortes chaleurs, le confort est présent. La chaleur est équitablement répartie sur toute la surface de la couette car aucune couture, ni surpiqure ne viennent troubler la surface plane
La souplesse de cet article est remarquable, elle se drape,   suit les mouvements du corps, elle se fait oublier.
Naturelle : choisissez un garnissage certifié bio ou avec le label oeko-tex standard qui garantie l'absence de produits chimique dans la fabrication
La couleur blanche n'a nécessité aucune teinture, aucun blanchiment. Les opérations sont réalisées manuellement, à l'exception des coutures principales sur le pourtour.
Anallergique : la soie n'attire ni les acariens, ni la poussière. Si l'enveloppe est aussi en pur coton il n'y a aucun risque d'électricité statique
L'entretien est simple et naturel :
La couette devient un cocon pour celui qui l'utilise, se l'approprie. Elle se traite avec délicatesse. Les fabricants en France préconisent un nettoyage à sec. Je vous conseille de ne pas le faire systématiquement, les produits utilisés dessèchent les fibres et  les solvants qui sont des produits chimiques  ne sont pas tous éliminés durant le programme de nettoyage. Il faut alors laisser la couette à l'air quelques heures afin de dissiper au maximum les produits restants
Un conseil : glissez la couette dans une housse en coton léger afin de la protéger, de prolonger sa vie, et de ne pas contrarier les vertus de la soie.
Les chinois utilisent une méthode naturelle  et  gratuite qui a fait ses preuves  : les couettes sont exposées aux rayons du soleil. Pour les citadins il est inutile de sortir sa couette et de l'étaler sur la pelouse du square le plus proche, il suffit d'ouvrir sa fenêtre un jour de beau temps et de laisser le soleil caresser la couette quelques heures. Toute l'humidité absorbée sera évacuée, et la nappe de soie retrouvera sa légèreté et son  gonflant  tout naturellement Le soleil est la santé de la couette.
Si vous êtes septiques sur ce mode d'entretien il est toujours possible de pratiquer un nettoyage à sec de temps à autre, mais jamais systématiquement, cela pourrait endommager la soie. Il existe dans les grandes villes, une nouvelle génération de pressing, des pressings "verts" ou bios, qui utilisent des produits bios, moins agressifs. Mais souvenez vous qu'en sortant du pressing, il ne faut pas laisser les articles dans la housse, il faut absolument les sortir, les aérer afin que les résidus de produits même bios se dissipent.
Vous pouvez toujours tenter cette expérience, moi, je n'ai pas encore franchi le pas, et ma couette est toujours au top.
Alors cherchez le produit sur internet il y en a beaucoup, dans les magasins ils sont encore peu nombreux. Moi j'ai rapportée la mienne d'Afrique du Sud. J'ai trouvé dans un petit village un atelier de fabrication de couettes en soie, crée par des chinois qui ont transmis leur savoir faire aux femmes du village. La soie provient d'un élevage situé dans la région. Je trouve cette démarche
intéressante et enrichissante pour toute la communauté.
J'espère que ces lignes auront suscité l'envie de posséder un tel trésor.



mercredi 21 juin 2017

LES JOIES DU TISSU

Ce blog est un moyen de communiquer ma passion pour les tissus qui mettent en éveil tous mes sens. Je pense que vous aussi pourrez vous adonner à cet exercice sans trop forcer vos souvenirs, mais en prêtant une certaine attention à votre environnement textile. Je commence, à vous ensuite de jouer.

La vue d'un taffetas gorge de pigeon, me transporte dans le monde irréel de la couleur qui n'est qu'imaginaire, qui n'existe que par la présence de la lumière, ce n'est qu'une sensation, une vibration mais qui parvient à exacerber ma sensibilité.

Le toucher
ruisselant d'un satin de soie provoque chez moi une réaction épidermique qui me donne la chair de poule. Tout aussi curieux, j'ai connu parmi mes clients des personnes qui, pour la même raison, ne supportaient pas de toucher un velours de coton ou de soie, côtelé ou lisse. Pour moi, ce hérissement des poils n'implique pas un rejet, c'est simplement un phénomène qui prouve que l'étoffe me m'est pas indifférente, c'est une forme de dialogue qui s'installe entre ce sensuel satin et ma main.

L'odeur de la laine mouillée me renvoie à mon enfance, lorsque l'on osait laver ma "coue", ce minuscule morceau de la couverture de naissance dont je ne pouvais me passer pour m'endormir. Eh oui le tissu était un réconfort et il allait devenir un ami pour la vie.

Le goût ne doit pas être exclu de cet exercice, même si l'exercice est plus subtil et très très subjectif.
 Un fil de lin me suggère un monde de sucreries, une montagne de bonbons. Pourquoi ? Peut être parce que le morceau de lin que j'ai porté à ma bouche était rose et sans doute parce qu'il m'a vraiment laissé un goût délicieux. Le lin est savoureux. C'est ce que l'on nomme umami au japon (de umai = délicieux et mi = goût). Ainsi, le goût savoureux est considéré comme l'une des cinq saveurs de base avec le sucré, l'amer, le salé, l'acide.

L'ouïe est un moyen quasi infaillible de reconnaître un tissu. L'oreille perçoit aisément la différence entre un pongé de soie et une toile de laine que l'on déchire. Le bruit devient un cri lorsqu'il s'agit de la soie que l'on coupe. Le bruit d'un morceau de coton que l'on déchire m'est insoutenable tant il me rappelle celui du chiffon que l'on déchire nerveusement pour faire un pansement de fortune. Ce n'est pas le même son que provoque le froissement d'un taffetas. Celui-ci m'est familier, il résonne à mes oreilles et me renvoie à l'instant magique de l'apparition d'une héroïne de Molière qui, en silence, fait un tour de scène avant de prononcer les premiers mots de sa tirade. C'est une jubilation que ce bruissement de tissu de soie qui annonce l'arrivée du personnage.
Songez combien le bruit est étouffé lorsque l'on manipule un article en laine. Le langage des étoffes passe aussi par le son ; maintenant c'est une évidence.

Ces exemples sont évidement subjectifs, ils appartiennent à mon histoire. J'espère que vous   trouverez plaisant cet exercice. A la rentrée, j'organiserai des dégustations textiles, une manière ludique de découvrir l'univers textile.

lundi 12 juin 2017

SACHE TEXTILE DESIGNER

article paru lundi 12 juin 2017 dans le Parisien éditio Essonne.

ALEXANDRE SACHE (1902-1981) : TEXTILE DESIGNER

Ce siècle avait deux ans lorsque naquit Alexandre Sache qui sera un acteur muet de la grande époque de la Haute Couture. Entre 1930 et 1973, ses foulards et ses étoffes imprimés ont été présents dans la plupart des collections Haute Couture de Schiaparelli à Dior, de Givenchy à Balenciaga.

Un créatif inspiré, son milieu familial fut sans doute propice à ce mode d’expression. Artiste entouré d’artistes : un frère peintre : Gabriel Spat, un autre sculpteur : Numa Patlagean, et aujourd’hui un petit fils, Jean-Jérôme, pianiste.
L’art fait décidément partie de cette famille.

Monsieur Sache, comme l’appelaient ses employés et ses clients, fait ses études de chimie à l’école polytechnique de Lausanne, puis il intègre l’université de Genève et poursuit des études de dessin. Ceci explique non seulement la diversité de ses activités mais aussi le haut niveau de qualité de son œuvre.


Alexandre Sache eut de multiples occasions d’exercer ses talents. Il fut tour à tour :
- caricaturiste : pour des journaux des années 20 : Bonsoir, le Canard Enchaîné, le Herald Tribune, le Courrier Cinématographique. Il fut notamment l’ami de Louis Delluc.


- illustrateur de nouvelles dans des revues telles que Harper’s Bazar ou Vanity Fair.
- sculpteur : il exécute en 1927 le buste de Charles Lindbergh en 33 heures, course contre la montre, soit le même temps exactement que la durée de la traversée de l’Atlantique par l’aviateur : un exploit partagé.


SES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS DE LA MODE
Il s’intéresse à la mode dès les années 30. Il est considéré comme l’un des pionniers de ce qui allait devenir la création artistique d’imprimés pour la Haute Couture.

 Ses imprimés font partie des collections des Maisons Callot, Lucien Lelong, Augusta Bernard, Worth, Redfern, Mainbocher, Patou.


Il rencontre Cristobal Balenciaga avec qui il engagera une longue collaboration, travaille aussi pour Molyneux et Schiaparelli.

Après les années sombres de la guerre, la Haute Couture parisienne reprend des couleurs. Les grands couturiers mènent le jeu et Sache travaille avec eux et pour eux : Balenciaga toujours, mais aussi Dior, Saint Laurent, Givenchy, Chanel…

Sa réussite est due, sans aucun doute, à son savoir faire tout autant qu’à la façon qu’il eut de s’adapter à chacun de ses clients, qu’il s’agisse de Jean Patou ou de Hubert de Givenchy.


Il crée l’atelier Beauclère à Montrouge, au service de couleur sur mesures, il ouvre place Vendôme une boutique, point de vente pour ses carrés de soie imprimés siglés Brumaire puis, toujours passionné de peinture, il ouvrit la galerie Degueux une fois encore autour de cette magnifique place, non loin de la première boutique de Schiaparelli.

Il ne cessa jamais de créer, même lorsque l'âge venant, il se résolu à quitter l'atelier Beauclère.  Il contiuna à dessiner, à imaginer des imprimés, à peindre et à sculpter dans son atelier aménagé dans les combles de sa maison de Champlan.

mercredi 7 juin 2017

QUAND UN TISSU DEVIENT UN NOM OU UN SURNOM

La probable origine de cette toile de coton  grossière est la ville indienne de Calicut. C'est dans ce port de la côte de Malabar, aujourd'hui baptisé Kozhikode, que Vasco de Gama débarqua en 1498. Le commerce y était alors florissant et les échanges entre la Chine et les pays arabes très importants. La soie, les épices et l'or étaient des marchandises rares et recherchées par les occidentaux.
Au XVII ème siècle, le terme calicot désignait plusieurs types d'étoffes importées en Europe par les compagnies ayant des relations commerciales avec les Indes : calicot blanc, grosses toiles ou fines mousselines, étoffes rayées, imprimées ou peintes. C'était un synonyme d'indiennes, son aspect était celui d'une percale mais plus raide et plus grossière. Les européens étaient demandeurs de ces étoffes pour alléger les rideaux et autres éléments de la décoration d'intérieur et leurs vêtements d'été.


Sous ce vocable calicot on désignait cretonne et  shirting, des toiles de coton parfois suivies de l'adjectif renforcé pour les qualités plus épaisses.
Pour les variétés plus fines le mot calicot englobait la percale, le nansouk et même la baptise. Selon la qualité la charge d'apprêt augmente, la meilleure étant celle qui est plus serrée et moins d'apprêt, c'est une étoffe commercialisée généralement en écru, mais il est possible de la teindre.

Ce n'est qu'au XIX ème siècle que ce tissu fut déconsidéré, son armure unie, la faiblesse de sa construction, son manque de tenue, la médiocrité des fils de coton utilisés,  ne convenaient plus à la mode en vogue à cette époque qui réclamait une étoffe de qualité souple et légère.


Longtemps le calicot fut réservé à l'ameublement  ou des vêtements à usages courant, mais la profusion des tissus à relégué au second plan l'usage du calicot : toile à patron, jupons, banderoles pour manifestations...Le calicot est largement utilisé pour les enseignes, collé sur un support rigide ce tissu devient un bon support pour les inscriptions.

UN TISSU A VISAGE HUMAIN
En France, le mot calicot désignait dans la langue populaire un commis de magasin de nouveautés.
C'est ainsi que se nommait le héros d'une pièce de théâtre écrite par Scribe et Dupin,  habillé pour le rôle en costume de vendeur  d'étoffes, version masculine de la midinette.
Un  magasin de nouveautés au XIXème siècle combine à la fois le rôle d'un marchand de modes comme le furent Hyppolite Leroy et Rose Bertin pour les plus célèbres, et celui de marchand de confection. En 1855 à Paris il y a plus de 400 magasins de nouveautés répertoriés dans le guide Cicérone, et pour n'en citer qu'un Gagelin Pigez installé rue de Richelieu, où Worth le premier grand couturier parisien, fit ses débuts.

Le célèbre pirate Jack Rackham  avait pour surnom Calico Jack, car il portait des vêtements hauts en couleurs taillés dans du calicot. Ce personnage inspira Hergé pour son album "le trésor de Rackham le Rouge", il apparaît encore dans le jeu vidéo Assassin's Creed IV : Black Flag.
Curieusement le nom de cette étoffe basique est fait partie de notre vocabulaire mais ce n'est pas pour ses qualités techniques.