mardi 31 mai 2016

LE TWEED IRLANDAIS : UNE HISTOIRE TEXTILE AUTOUR D'UN BON WHISKEY

 Le terme tweed est relativement récent, il apparait au XIXe siècle,  et son origine est controversée. Pour certains il s'agit de la rivière la Tweed qui sépare l'Ecosse de l'Angleterre, pour d'autres il s'agit manifestement d'une "coquille" dans la retranscription du mot twill (sergé) qui  se dit tweel en gaèlique et désignait l'armure de ces lainages. 


Si l'on ne tient pas compte du mot, historiquement il existait un lainage  sergé  dont l'existence est  attestée en Irlande depuis plus de 600 ans  et qui techniquement était semblable au Tweed On peut donc convenir  que l'histoire du tweed commence en Irlande il y a bien longtemps


Jadis en Irlande comme dans beaucoup de pays, on  filait et tissait dans les maisons l'étoffe nécessaire à vêtir la famille, avec les moyens du bord, en locurence ici la laine des moutons plus nombreux sur cette île que les habitants



Pour  la teinture il suffisait de sortir dans le jardin ou d'aller récolter quelques lichens dans les bois, des baies sur les chemins, des racines  ou de la bruyère sauvage  dans la lande embrumée...

Tout était "exclusivement" fournit par la nature environnante et à portée de main.   Ce principe simple mais délaissé un temps, semble revenir sur le devant de la scène  : utiliser au mieux ce que la nature nous offre localement. C'est le principe même du mouvement "locavore"  mais appliqué aux textiles.






Ce lainage si particulier à l'Irlande  était solide, colorée, imperméable et quasi inusable mais  essentiellement destiné à la consommation locale. 
La production étant limitée,  la question du commerce avec l'extérieur de l'île n'était pas envisageable.

Mais dès lors que la quantité de tissu fut suffisante pour vêtir  chaudement, protéger de la pluie, du vent et des ronces la population irlandaise, exporter l'excédent de la production  devenait possible et les grandes foires du Moyen - Age, notamment celles de Champagne  facilitaient les échanges de marchandises. 


Les  irlandais firent donc de leur  étoffe de laine qui ne s'appelait pas encore tweed, un emblème de leur pays au même titre que la Uisce beatha (eau de vie en gaèlique irlandais) qui n'était pas encore le  whiskey , mais une boisson alcoolisée distillée dans des alambics venus d'Orient. Ce breuvage légèrement sucrée  à base d'herbes et de miel  possédait des vertus thérapeutiques comme se plaisaient  à dire les moines évangélistes venus en Irlande avec Saint Patrick.


Si j'écris whiskey (en non whisky) c'est parce qu'il  est originaire d'Irlande, contrairement à une idée reçue qui le ferait naître en Ecosse.


A SUIVRE TWEED ET WHISKEY : UNE ORIGINE CONSTEE

jeudi 26 mai 2016

UN NOUVEAU CHALLENGE : UNE EXPOSITION SACHE, TEXTILE DESIGNER (1900-1981)



Après avoir dirigé la société De Gilles Tissus, je suis désormais plus libre de mon temps et c'est avec joie,confiance et une certaine sérénité que je m'engage sur une voie quelque peu différente mais toujours en relation avec les étoffes, celle qui mêle l'écriture, les voyages, et la recherche.
L'aboutissement d'une carrière ou le début d'une autre aventure? L'avenir me le dira. Et bien entendu je compte sur vos encouragements et votre assiduité à lire mes posts.
Je commence donc par un énorme challenge : organiser une exposition ( juin 2017) dédiée au travail d'impression sur tissus de mon grand oncle Alexandre Sache. (1900-1981) C'est en partie grâce à lui que je suis entrée professionnellement dans l'univers de l'art et du textile.
Textile designer à la tête de la maison Beauclère il travailla dans l'ombre des grands couturiers pendant plus de quarante ans.
Ses créations font partie de notre patrimoine culturel et à ce titre il me semble naturel qu'elles soient présentées à un large public. Les passionnés d'histoire de la mode, les collectionneurs de tissus vintages trouveront dans cette retrospective matière à combler leur curiosité.
En attendant je livrerai aux membres de ce groupe quelques petits secrets de fabrication, quelques unes de mes découvertes, les détails de l'avancement du projet. Cette exposition aura lieu au centre culturel de Bures sur Yvette. 
Ci- dessous le "homard" mis en dessin et imprimé par Sache pour Schiaparelli d'après une idée de Dali

vendredi 13 mai 2016

UNE BALLADE TEXTILE IRLANDAISE

 Donegal et Connemara  des régions  du bout du monde pourtant à une 1h30 d'avion de Paris.  Les traditions font partie de la vie quotidienne des habitants. On vit à l'heure du soleil, lorsqu'il y en a, mais dès novembre, la nuit est bien plus présente que le jour. On s'y croit seul,  sur les routes étroites on croise   plus souvent des moutons que des voitures

 les villages aux maisons colorées se succèdent mais bien peu de monde dans les rues. Sur les plages dont les limites se perdent dans la brume, dans la campagne battue par les vents l'homme est quasiment invisible, seuls  les moutons à tête noire occupent les lieux, silencieusement mais surement.

l'horizon est noyé dans la brume
Avec une palette des couleurs  qui varie en fonction de la luminosité la nature sauvage nous  plonge dans l'univers des impressionnistes

  les vagues qui se fracassent contre les falaises  vous envoient les embruns en pleine figure comme une gifle

  tout au nord la mer se confond avec le ciel


Le tweed irlandais est à l'image de cette nature : simple, sauvage, forte, humaine.

Pourquoi ces tissus possèdent t ils cette gamme de couleurs si particulière? Parce que les tisserands utilisaient les moyens du bord pour la teinture : lichens, baies, racines... Voila le secret de cette osmose textile/nature qui aujourd'hui persiste malgré l'utilisation de plus en plus fréquente des métiers  mécaniques et des teintures artificielles.

Existe t il dans le monde un tissu  qui traduit si bien  la nature environnante?  En observant l'un on découvre l'autre ? Regarder un tweed c'est découvrir l'Irlande. On y retrouve le sol aride, parsemé de pierres blanches ou noires et c'est le fameux salt and pepper



La chaussée des géants, un nature rude et  un tweed à chevrons qui se métamorphose en pierre!
la pierre  brute qui ressemble à un tissu , et le tweed gris  à chevrons qui se  métamorphose en pierre



                                              l'herbe est verte et le tissu aussi
ce tissu aurait pu   être tissé avec l'herbe de ce champ

Ce patchwork résume en quelques couleurs l'âme de l'Irlande

 le parme c'est la couleur des merveilleux hortensias qui décorent les jardins et l'orange c'est l'or des cheveux des irlandaises
le rose c'est pour les filles en souvenir des baies et les fleurs sauvages  qui en été envahissent le bord des chemins

                                        



                                                                                                                                        
l'eau semble avoir déteint sur le gilet






 un ciel capricieux qui est en mouvement perpétuel passant du bleu au gris et toutes les autres nuances  et le tissu aussi




La couleur du ciel, la violence des vents, la présence de l'eau, l'odeur si particulière de la tourbe qui brûle dans toutes les cheminées

Dans les grandes tourbières du Connemara les briques de tourbes sèchent sur le lieu de la récolte. 

.Comment ne  pas être séduit  par ces paysages ,  ces animaux valeureux qui vivent tranquillement au bord des falaises sans se soucier des rafales de vent,  ces habitants qui perpétuent les traditions culturelles et culinaires 
 et surtout par ce tissu qui représente la somme de toutes ces spécificités?