vendredi 5 septembre 2014

LA ZIBERLINE, N'OUBLIEZ PAS LE R

Non il n'y a pas de faute d'orthographe, vous avez bien lu Ziberline avec un r. Derrière cette appellation commerciale quelque peu incongrue se cache un tissu magnifique créé par le fabricant lyonnais Staron.
C'est une soie comme on n'en fait plus. Cette création unique, dans les années 60, habilla le tout Paris et même plus car les affinités furent nombreuses. Les modèles  coupés dans des métrages de zibeline, tailleurs, robes ou vestes défilèrent sur les podiums du monde entier.

Tailleur vers 1960 en ziberline
J'établirai un parallèle entre la ziberline de Staron et le Gazar crée par Zumsteg pour Balenciaga. Staron fut à l'origine de la venue dans le monde du textile d'un trésor.
Un tissu  riche en matière. Tout soie avec une  trame en cordonnet de soie réalisé sur place dans les ateliers de la maison Staron 


La chaîne grenadine (soie grège dont les fils sont formés par deux brins de soie d'abord tordus isolément puis réunis par une seconde torsion)



La spécificité de cette étoffe, outre la profusion de matière, est le tissage. Le mélange entre des fils de grosseur, de quantité, de brillance différentes en chaine et en trame.
Le cordonnet est lisse et brillant ce qui confère à l'étoffe sa rigidité lumineuse, une surface limpide aux reflets métalliques. La ziberline se sculpte, se construit, s'impose.
On parle souvent d'armure en tissage, c'est le moment de profiter de cette image pour décrire un vêtement en zibeline. La surface lisse reflète la lumière comme le ferait une armure. Il faut l'avoir vu pour comprendre cette étoffe à nulle autre pareille. Je conserve précieusement un échantillon dans mes tiroirs à trésors. Je serai heureuse de partager avec vous cette précieuse découverte.
Je n'ai jamais eu de grand métrage de ziberline, mais un  bel échantillon, un morceau que je conserve tel un trésor. Rarement j'ai eu entre les mains une étoffe aussi pétillante et ce jaune d'or rehausse, si cela était possible, la richesse de cette soie. La somptuosité est ici à son comble.


Le mot luxe est ici à sa place. La zibeline fut une étoffe riche, épaisse, rigide mais ronde. Une matière qui convenait admirablement à la mode de l'époque, des modèles très structurés, une mode féminine, élégante, qui faisait honneur à  la tradition du tissage français. En feuilletant les magazines de mode des années 60 vous trouverez au détours d'une page la fabuleuse robe verte en ziberline crée par Jean Patou, ou encore des créations de Balenciaga qui était amateur d'étoffes d'exception.
Ci-dessous une cape en ziberline noire création Montana années 90



Si vous voulez vous rapprochez de l'idée de la ziberline, imaginez une étoffe entre le satin cuir  et la satin duchesse. Moins brillant que le satin duchesse, plus léger que le satin cuir ce qui autorise de magnifiques plis ronds.
La ziberline n'est pas complètement tombée dans l'oubli. Parfois des souvenirs resurgissent et par magie des étoffes réapparaissent. C'est ainsi qu'Olivier Lapidus à ressorti des malles de son enfance un tissu que son père aimait. En charge de la décoration de l'hotel Félicien à Paris, il a utilisé la zibeline en double rideaux.

La maison Staron ayant fermé ses portes définitivement en 1995 ; avec cette cessation d'activité la Ziberline se trouva fort dépourvue. Il semble cependant que la relève soit arrivée à temps, puisque aujourd'hui la ziberline s'affiche dans les défilés et habille les fenêtres.
Je souhaite longue vie à cette somptueuse étoffe née de l'imagination d'un homme et du savoir faire des ouvriers de la maison Staron.

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