vendredi 28 décembre 2012

FLORILEGE DES EXPRESSIONS POPULAIRES LIEES AUX VETEMENTS

Terminons cette fin d'années avec légèreté. Je vous propose de découvrir l'origine de quelques expressions de la langue françaises, liées  à l'univers textile.


ETRE DANS DE BEAUX DRAPS : antiphrase qui signifie le contraire de ce qu'elle suggère c'est à dire être dans de mauvais draps. L'expression  à l'origine était plus détaillée : dans de beaux draps blancs, c'est à dire propres mais il faut replacer cette expression dans le contexte d'une époque où le mot drap désignait une étoffe de laine, donc être dans de beaux draps ou dans de beaux vêtements coupés dans un drap de laine blanc ou bien porter de vieux vêtements défraichis et salis, plus encore se fourrer dans de drôles d'affaires. Ici affaires est à prendre avec le sens d'habits.

FAIRE LA NAVETTE : c'est imiter le mouvement de va et vient de la navette emportant le fil de trame à travers les fils de chaîne. Le mot navette vient de have ou nef, cet outil ayant une forme proche d'une barque , nef, ou navire. En fait de va et vient,  l'idée d'une suite d'aller et retour  serait plus cohérente.

DE FIL EN AIGUILLE: c'est un enchaînement de propos. Le fil passe dans le chas de l'aiguille, puis l'aiguille traverse le tissu , et ainsi de suite jusqu'à la fin de l'ouvrage, un point en amenant un autre, petit à petit l'ouvrage avance.

DONNER DU FIL A RETORDRE : c'est une image technique qui consiste à donner une torsion à plusieurs brins dans le but de les solidariser pour obtenir un fil  solide. Obtenir un fil retors régulier manuellement était une opération délicate, c'est pourquoi donner du fil à retordre à quelqu'un c'est lui proposer un travail difficile ou lui causer bien des soucis. Aujourd'hui les machines remplacent l'homme pour cette tâche délicate. Mais il est des articles qui ont totalement disparus comme la dentelle de Valenciennes, car la machine aussi perfectionnée soit elle, ne parvient pas à fabriquer un fil aussi fin que les mains expertes des dentellières d'autrefois.
Parfois  ce sont les machines qui donnent du fil à retordre aux techniciens lorsqu'un incident vient stopper la chaîne de fabrication.

BATTRE A PLATE COUTURE : locution empruntée au vocabulaire des tailleurs d'autrefois. En effet les tissus étaient très épais et pour aplatir coutures et  ourlets  les ouvriers devaient batailler ferme en  utilisant une latte  pour battre le tissu  et rabattre les coutures. Vint ensuite le fer à repasser qui chauffé et lourd pouvaient aider à aplanir les épaisseurs de tissus. Puis vinrent les tissus fins qui ne nécessite pas vraiment d'effort de la part du tailleur pour aplatir les épaisseurs quasi inexistantes.
 Aujourd'hui cette expression signifie être largement battu, sans que le doute soit permis. C'est une défaite incontestable

EN DECOUDRE : c'est se battre, en venir aux mains. En terme de chasse à courre découdre est employé au sens de déchirer  par exemple le ventre d'un chien éventré par un cerf. Celui ci provoque  une blessure en long,  et découd le ventre de l'animal.  En découdre avec quelqu'un c'est l'empoigner au point de lui déchirer ses habits, donc de défaire les coutures.

FILER DOUX : action de dérouler lentement un fil afin de ne pas le rompre. Au sens figurer, ne pas faire de vague, obéir.
De l'image du déroulement sans accroc, vient le mot filature dans le sens de suivre quelqu'un sans être vu.

COUSU DE FIL BLANC : une couture bien visible peut être involontaire. Une piqure blanche sur une étoffe sombre se remarque. L'expression est utilisée pour démontrer combien l'évidence d'un récit. 

AVOIR QUELQU'UN  A SES TROUSSES :  c'est aussi avoir quelqu'un à ses basques ou dans ses jupes l'image est évidente , on s'attache, on s'agrippe, on se colle à vous... Mais la trousse c'est une autre histoire. Il s'agit d'une sorte de paquet de forme oblongue attaché sur la croupe du cheval, un peu comme les sacoches sur les vélos, c'est un bagage posé sur la selle. On disait en trousse ou en croupe et lorsqu'un cavalier en poursuivait un autre il se rapprochait de ses trousses... Evident maintenant non?

FILER UN MAUVAIS COTON : il est bien plus difficile de fabriquer un fil à partir d'un mauvais coton. Un coton ramassé trop tôt, ou trop tard, un coton mal conservé, un coton  trop humide, un coton aux fibres trop courtes.

COLLET MONTE : c'est encore une expression qui fait référence à une mode ancienne  et que l'on utilise encore tant elle est imagée
Au XVIIe siècle la silhouette des femmes étaient artificiellement guindée, car les cols étaient montants mais mainteneurs par une architecture intérieure, comme le seront les perruques au XVIIIe siècles. Ces cols empesés  sont la continuation des "fraises" mises à la mode au XVIe siècle et ils contribuent à un maintien de reine et à ce port royal que l'on retrouve sur les portraits de l'époque. L'expression ne prendra tout son sens qu'au XVIIe siècle pour désigner les femmes qui portaient encore cet accessoire d'un autre siècle, passé de mode. On imagine ces "duègnes" plutôt âgées, prudes,  ridages dans la tête comme dans la silhouette, dignes, et à cheval sur les principes. En  fait des personnes sur qui la mode du jour n'a que peu d'influence.

OPINER DU BONNET : au XVIIe siècle les docteurs, personnes érudites enseignants à la Sorbonne, donnaient leurs avis en levant leur bonnet, le vote à main levée viendra plus tard,  remplacer le  vote à bonnet levé.
Le mot opiner signifie donner son opinion, exprimer son avis. 

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