lundi 28 mai 2012

DE POURPRE, D'ECARLATE OU D'ANDRINOPLE : DE QUOI VOIR ROUGES!


Cette « Porte » était de lin blanc, entremêlé de bleu, de pourpre et d'écarlate. 

UNE INDUSTRIE BASÉE SUR DES RECETTES SECRETES
Description biblique du tabernacle. C'est dire que les" racines" des ces couleurs plongent dans l'histoire.
En ce qui concerne la teinture pourpre on sait aujourd'hui qu'elle existait  déjà au Moyen Orient vers 1500 ans avant JC.

Dans l'Occident médiéval, toutes les nuances du rouge, vif, sombre, clair, lumineux, doux, violent, virant au rose ou au violet sont  recherchées, car rares sont les teintures rouges solides. Celles qui existent sont onéreuses et par conséquent deviennent un symbole de force, de pouvoir,  et un  signe de richesse évident.

L'ESPIONNAGE INDUSTRIEL
A partir du XIIe siècle, les occidentaux  traversant les océans avec leurs navires ou les terres avec des caravanes, importeront des nouvelles matières premières colorantes des Indes, de l'Amérique du sud   avec le bois Brésil, de l'Amérique centrale avec la cochenille du  Mexique de l'Indonésie... C'est alors que la diversité des nuances ouges permettra de satisfaire la demande de plus en plus importante.
Des industries très lucratives en découleront . Ces recettes seront gardées secrêtes, autant que possible. Considérées comme un trésor, le savoir   faire des teinturiers sera soumis à bien des convoitises.
Après le secret de la couleur pourpre et plus tard celui du rouge d'Andrinople  force est de constater que l espionnage industriel n'est pas l'apanage des temps modernes.
permettant

N° 1

UNE LEGENDE POUR UNE COULEUR LEGENDAIRE

Il est une jolie légende qui nous mène en Phénicie, aujourd'hui le Liban, à la découverte de la couleur pourpre, couleur réservée un temps aux empereurs byzantins:
Le dieu Melqart, Heracles pour les grecs, et la nymphe Tyros se promenaient sur la plage près de Tyr en Phenicie. Leur chien, qui gambadait devant eux, trouva un murex et le croqua. Aussitôt sa gueule devint rouge violacée. La nymphe apprécia tant cette couleur qu'elle décida de ne céder aux avances de Melqart que lorsque celui-ci lui apportera une robe de cette couleur très pécisément. Celui-ci fit  pêcher un grand nombre de murex et il pu ainsi teindre le tissu dont il fit faire une robe qu'il offrit à sa belle.
Ainsi naquit une industrie prospère. Le colorant issu de ce coquillage marin, le murex grandaris, rouge violet très profond, fut bien découvert par les phéniciens. Ils exploitèrent ce filon gardant secret le mode de fabrication de ce colorant "magique" comme les chinois gardèrent le secret de la fabrication de la soie. Mais avec une pêche excessive des murex, la source se tarira quelques siècles plus tard et la couleur pourpre disparaîtra.

UNE RACINE GREQUE POUR LA PHENICIE
Le mot grec désignant le murex était phonix, c'est-à-dire rouge. De là à imaginer que la Phénicie vient de phonix ou phœnix… Pourquoi pas, cette hypothèse ne semble pas dénuée de bon sens puisque  l'activité majeure de Tyr était l'extraction du principe colorant à partir de murex qui étaient très nombreux dans la région.

Phonix et Phénicie, ce n'est pas le seul exemple d'une matière colorante qui donna son nom au territoire où elle était exploitée : le bois rouge braise que l'on trouve au brésil, est à l'origine du nom du pays. Un autre exemple en rapport avec le tissu ou le vêtement et un nom de pays ? Le Gabon. Lorsque les navigateurs portugais au XVe siècle arrivèrent près de côtes de cette région, ils se trouvèrent face à l'estuaire d'un fleuve dont la forme était semblable à leur veste, le caban, qui en portugais donne gabâo soit gabon.
Si le mot "rouge" est la traduction de phœnix en grec, le mot pourpre vient de porphura en grec et purpura en latin.


UN SAVOIR FAIRE EXCEPTIONNEL
Près de 1500 ans avant JC, les phéniciens maîtrisaient la fabrication d'une substance colorante aux qualités exceptionnelles. Ils avaient à portée de main la matière première : le murex phyllonotus brandaris était très abondant le long de côtes phéniciennes, et la pêche aisée. C'est  au début du printemps, durant la période de reproduction mais avant la ponte, que l'on allait chercher les mollusques en mer. Ensuite, ils étaient entreposés dans de grandes cuves pour être  écrasés afin de libérer ce pigment coloré. En fait, on cassait la coquille au niveau de la glande hypobranchiale et l'exposition du liquide à la lumière déclanchait le développement du pigment pourpre, composé de dibromoindigotine. On mélangeait le liquide obtenu avec du sel et on laissait reposer cette mouture durant trois ou quatre jours. Ensuite, le liquide était transvasé dans d'autres cuves durant une semaine. C'est alors que la teinture était prête. En diluant cette solution dans de l'eau ou en la laissant au soleil, on obtenait une gamme de rouge, en passant du rose, au violet. 

Lors de fouilles près de la côte, on a retrouvé des "collines" constituées de débris de coquilles de murex dont l'exploitation à durée plusieurs siècles.


Cette teinture fut considérée comme un produit de luxe dans le monde antique. Toutes les personnes influentes rêvaient de posséder un vêtement pourpre  mais seuls quelques privilégiés eurent cet honneur : les empereurs, les rois et, plus tard, les princes de l'église. Porter un vêtement pourpre  c'était un privilège réservé aux hauts dignitaires. Ce prestige social résulte non seulement du prix élevé du produit mais également de lois réservant cette couleur à certaines personnes, dont le rang social s'accordait avec ce luxe..

10 000 POUR 1

Pour obtenir  un gramme de cette substance colorante pourpre  plus de 10 000 mollusques étaient nécessaires. la production était saisonnière, les artisans devaient avoir une parfaite connaissance du mode de fabrication et l'exportation vers l'Orient et l'Occident réclamait une grande vigilance et de la patience, les chemins étant parfois dangereux. La renommée de la pourpre fit accroître la demande mais aussi monter les prix. C'est pourquoi, au même titre que la soie ou les épices, la pourpre fut longtemps un produit de luxe.
Mais quel secret se cachait dans la profondeur de ce violet ? Sa solidité. Enfin une couleur qui ne passait pas à l'eau et que les rayons du soleil ne fanaient pas.


DE LA COULEUR A L'ETOFFE

Mais la réputation de Tyr ne s'arrêta pas au colorant. On importa de la laine d'Espagne que les teinturiers teignaient en pourpre. Ainsi naquit une industrie annexe presque aussi florissante : le commerce d'étoffes précieuses. Sachant que les phéniciens étaient de grands navigateurs et d'excellents commerçants, ils surent mettre à profit leur savoir faire.

SYMBOLIQUE

Longtemps, le rouge demeura une couleur précieuse bien après que le secret de la fabrication de la pourpre ne soit découvert, bien après que la recette   de fabrication de la teinture pourpre  ait été oubliée. L'idée du luxe restera accolée à cette couleur, très difficile à obtenir, à conserver et, par conséquent, plus onéreuse que les autres. Tapis rouge et robe de Cardinal, rideau de théâtre cramoisi, mais le rouge est  symbole de la force, la puissance, l'amour passion..



















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mercredi 23 mai 2012

Duffelcoat, ou ou Duffle -coat deux propositions pour un vêtement

LES BALLADES DU DUFFLE

Du nom de la ville flamande Duffel dont l'orthographe fut modifié et qui devint Duffle.
On y fabriquait une étoffe  grossière, en laine cardée, grattée  sur les deux faces  dès le XVIIe siècle

Mais si le duffel trouve son origine dans les flandres, il fut fabriqué en Angleterre dès le XVIIIe siècle. Il devint le duffel- coat, vêtement chaud et fonctionnel  coupé dans cette laine épaisse et déperlante.

Vous le constaterez, le tissu est moins célèbre que le vêtement adopté par toutes les générations de l'après guerre. Aujourd'hui il ne demeure plus grand chose du tissu originel, par contre le mot  duffel -coat, formé de l'association du mot duffel tissu et du mot coat terme emprunté à l'ancien français cotte qui désigne un manteau en anglais. On retrouve le mot dans ridingcoat , redingote en français


LES MULTIPLES DESTINATIONS DU DUFFLE

D'abord destiné aux marins flamands : taillé dans  le duffle,  une serge grossière en laine cardée,  beige, chaud et imperméable(à peine dégraissé) foulé sur les deux faces, ce qui lui conférait un aspect laineux prononcé et un poids conséquent 
Il fut ensuite adopté après quelques transformations  par la marine britannique. 
Enfin il est devenu un vêtement civil unisexe international depuis les années 50


LES SPECIFICITES DU DUFFLE
 Les spécificités de ce vêtement étaient particulièrement adaptées à son utilisation
-Trois-quarts, car il fallait protéger le corps au maximum. Plus long le vêtement aurait pu gêner les mouvement
-avec un empiècement carré afin de protéger les marins au cas où ils devaient porter une charge lourde sur les épaules
-ample pour donner plus de liberté pour les mouvements
-muni d' une large capuche afin de permettre aux marins  par gros grain, de conserver leur couvre chef (casquettes, képi, béret...) sans être gêné
- navy blue : lorsque la marine anglaise fit couper ce manteau d'uniforme dans le grossier lainage,   il fut teint pour l'occasion en "Navy Blue"  
-un système de fermeture astucieux : des brandebourgs en corde et des boutons de bois,(d'olivier pour les plus beaux) de forme oblongue. Ainsi on évite les boutonnières et les marins n'ont pas besoin d'oter leurs gants pour ouvrir et fermer leur veste.
(dans les années 1960, quelquefois, lorsque les mamans le permettaient, les boutons pouvaient se transformer en sifflet.
-pendant la seconde guerre mondiale, la laine venant à manquer  certains de ces manteaux furent coupés dans un feutre de laine recyclée...(on y trouvait parfois encore des échardes de bois) ; le maréchal Montgomery, fut à l'origine du succès qui s'avérera mondial de ce vêtement militaire sobrement coupé,  en l'adoptant comme tenue favorite durant la guerre 39/45. 



LA QUILLE 
La Royal Navy avait vu grand, et après la guerre il restait un stock important de ces manteaux. Qu'a cela ne tienne, le rationnement tant alimentaire que vestimentaire qui sévit en Europe, eut tôt fait de liquider ce stock encombrant pour certains et bienvenu pour d'autres. Les distributions d'habits chauds furent un réconfort pour les populations civiles. On raconte que lors du mariage de la princesse Elisabeth avec le prince Philippe en 1947, les membres du gouvernement lui firent don de leurs bons textiles comme cadeau de mariage...Cadeau des plus "pratique" car la pénurie textile se faisait encore cruellement sentir quelques années après la fin des hostilités... Et la futur reine pu ainsi  arborer le jour dit une magnifique robe dont le modèle fit oublié aux sujets britanniques les difficultés de l'instant.

L'usage du "duffle coat" se " civilisa" après la guerre. Cocteau, prince des poètes se rendit à une représentation à l'Opéra, en smoking sous un duffel coat de laine blanche Il n'avait emprunté que la forme pas le fond. Le véritable tissu pour authentiques duffle coat est toujours uni sur l'endroit,  le fond est généralement caché par le "lainage" de la surface. On utilise quelque fois des double face pour les duffle coat  uni à l'endroit et à carreaux sur l'envers. La couleur traditionnelle est le bleu "marine", mais on le trouve aujourd'hui dans une gamme variée de couleur.
 De nombreux fabricants ont tenté de remettre le duffle coat à la mode ces dernières décennies, et tout en conservant la forme traditionnelle (des boutons de bois, poches plaquées, capuche) ils utilisent des tissus fantaisies certes, de toutes les couleurs mais aussi de toutes les qualités, et pas toujours imperméables

Manteaux de marins flamand, de marins britanniques, de militaires américains, puis de célébrités intellectuels, avant de devenir un élément incontournable de la mode "jeune" dans les années 1960. 
 Manteaux d'hommes (duffle-coats)   il fut adopté par les femmes et les enfants.  Il est plutôt masculin  bon chic bon genre dans son modèle de base, classique bleu marine,  mais il se féminisa  dans les versions fantaisies, verte rose ou jaune. Son parcours est similaire à celui du Barbour ou du Caban

LA MATIÈRE PREMIERE DU DUFFLE COAT

Cependant il ne faut pas oublier que le duffel (sans coat), est avant tout un tissu,qui peut-être utilisé pour tout type de vêtement chaud, confortable, solide et pratique alors en route pour un blouson en duffel, si vous trouvez du duffel.
Dans certaines boutiques spécialisées dans les vêtements vintages, vous trouverez si vous avez de la chance des duffle-coat des années 50/60, et ce qui est remarquable c'est leur bon état de conservation. La preuve qu'une bonne étoffe  c'est encore  et toujours essentiel dans ce domaine.

mardi 22 mai 2012

Une histoire de tissu


LE DROGUET


Du néerlandais "droog" = sec, qui donna le mot drogue pour ingrédients séchés. Mais où se trouve la filiation entre drogue et droguet me direz vous? Longtemps le mot drogue fut le nom générique de certaines substance employée en pharmacologie et dans l'industrie de la teinture, or le droguet était une étoffe historiée par tissage, c'est à dire façonnée, ses fils étaient par conséquent teints avant le tissage avec des matières tinctoriales ou drogues, alors commercialisées sous forme de poudre ou de bloc, déshydratée donc séchées pour une meilleur conservation. Et voilà le sens retrouvé  de sec, et bien entendu ces produits étaient vendus chez les droguistes...
Autre hypothèse : on peut imaginer que le mot drogue soit  une forme méridionale du mot latin derogarer = ôter c'est à dire diminuer la valeur de..."dictionnaire historique de la langue française. Robert. Cette solution est envisageable lorsqu'à certaines époques, le droguet ne fut qu'une modeste étoffe, sans grande valeur marchande "En1554 apparaît le mot droguet qui désigne un tissu de laine, sec et de bas prix." Bloch et Von Wartburg. Dictionnaire étymologique de la langue française. PUF
Une troisième proposition développée par F. Michel : droguet serait l'altération du nom de Drogheda, ville d'Irlande, mais je dois avouer ne pas m'enthousiasmer pour cette dernière hypothèse.


Il serait  vain de tenter de donner une définition de cette étoffe  tant il existe de variantes  suivant les époques et les modes: tout soie,  tout laine,  mi laine mi soie,  tissu d'exception porté par les reines, ou tissu commun utilisé par les paysannes normandes,  mais rarement uni, les motifs, de petite taille étaient obtenus par un fil de chaîne supplémentaire...

"Tissu de soie à petit rapport de dessin, comportant un décor par divers trames, se détachant sur un fond produit par une dominante de chaîne poil" M.M Tuchscherer, G. Vial In les musée historique des tissus de Lyon 1977.
 "C'est un genre spécial de façonné  dans lequel le dessin est  produit par un effet poil s'enlevant sur un fond  taffetas ou sergé"


Le droguet est un tissu ancien dont on parle depuis le XVe Il poursuivra sa carrière avec force jusqu'au  XVIII e siècle  puis il se contentera de survivre  dans quelques provinces dont la Normandie au XIXe siècle, plus par tradition que par conviction. .D'après monsieur Paulet, dessinateur et fabricant de soie à Nîmes, on doit l'invention du droguet à un certain monsieur Galentier, spécialiste avignonnais de la soie, qui perfectionna le métier à la petite tire.
-au XVe siècle il est considéré comme un  modeste tissu de laine 
-au XVIIe siècle, le droguet est une étoffe brochée ornée d'un dessin   produit par un effet de " chaîne -poil "(fil supplémentaire de chaîne) de la même couleur que la chaîne normale, s'enlevant sur un fond en taffetas, satin ou sergé. Généralement la chaîne est en lin ou en coton et la trame en laine.  Sa solidité et sa fantaisie lui ouvrent les portent de la décoration  : le droguet fut utilisé entre autre pour les garnitures de lit
Savary mentionne le droguet "façonné" de Lyon dans sa sixième édition du Dictionnaire du Commerce  1650. Le droguet de soie était une spécialité lyonnaise tissu de soie à petit rapport de dessin
-au XVIIIIe siècle, sous le règne de Louis XVI, on retrouve des tissus à décor "droguet" (petits dessins ton sur ton obtenus par tissage).
 "Les exigences du marché firent qu'on fabriqua à Lyon, sous Louis XVI, un nouveau genre de tissus à bas prix : le droguet, dans lequel la chaîne concourt, au même titre que la trame, à l'ensemble du dessin. Le motif décoratif y est toujours de petite dimension". (Migeon in "Les arts du tissu"). Le marché du luxe  se réduisant sans cesse, les  soyeux  continuèrent au XIXe siècle à  fabriquer des tissus plus populaires : le droguet faisait partie intégrante de cette politique
La dauphine, n'était qu'un type de droguet liseré avec un fond pékiné. la dauphine devenue reine, le droguet se voit  attribué un nouveau titre et devient droguet à la reine avec un poil flottant sur les deux faces, toujours de la couleur que le fond.
 -au XIX e siècle  en Normandie et dans la région du Pays de Caux, le droguet est un tissu ordinaire sec et brillant (apprêt obtenu par le travail des foulons), trame de laine et chaîne de lin.. Les femmes du peuple portent des jupes ou des robes de droguet notamment teint en violet comme on peut le voir au Musée de Normandie à Caen. Ce tissage utilisant le lin(production locale)  et le coton (arrivant par le port de Rouen) eut un grand succès dans la campagne normande. Le  droguet était encore confectionné sur des métiers à main par les tisserands de village.
Le droguet normand était uni ou rayé verticalement, avec des couleurs vives  Lorsque les lavages et l'usure parvenaient à ôter tout lustre aux jupes, les normandes apportaient leurs vêtements aux foulons afin de raviver l'étoffe. Le tissu est alors pilonné dans de l'eau mêlée à une terre glaise ou terre à foulon.
A Rouen on fabriquait un droguet nommé berluche ou espagnolette

 Les armures les plus courantes étaient le taffetas et le sergé.
Les modifications d'armure  et le choix des fibres  pourront transformer  un droguet  élitiste en un tissu populaire. La principale distinction résidait dans le choix des matières  opposant ainsi le droguet de soie et le droguet de laine
Le droguet est donc selon les époques et les régions une étoffe de soie, de laine,de fil ou de coton, unie ou façonnée, dont les motifs sont généralement inscrits dans des compartiments en forme de losange. La chaîne est le plus souvent de fil et la trame de laine ou de soie. Le rapport d'armure est très petit. Le dessin est réalisé avec une chaîne supplémentaire.


 Compte tenu de la diversité des droguets, selon que le Droguet sera une étoffe de soie ou un modeste lainage, qui pourrait s'étonner ses multiples utilisations  ?
Vêtements masculins : le droguet de soie  est utilisé essentiellement  pour la fabrication de gilets aux XVIII e et XIX e siècles, vestes ou même costumes folkloriques.
Vêtements féminins : le droguet de soie  ou de laine est employé pour les robes, les jupes, les vestes ou caraco...
Décoration : Le droguet fut employé pour garnir des intérieurs de coffres ou tapisser de petits meubles assez communs En ameublement, il fut couvre lits ou double-rideaux, tentures murales ou tapis de table.
 L'inventaire du château de Turenne en 1615 signale "quatre lits faits à housse de droguet noir et blanc".
Ce que nous nommons aujourd'hui droguet, c'est à dire une  étoffe modeste agrémentée de motifs tons sur tons et de petite taille permet de recouvrir de grandes surfaces sans risque de surcharge. La  discrétion du motif ne nuit alors en aucune façon à pas à l'installation de tableaux sur les murs.
Un petit façonné sans prétention aucune? Peut être, mais avec une histoire bien ancrée dans notre tradition.


mercredi 9 mai 2012

La ramie vous dévoile son jeu


La ramie ce curieux mot  à ne confondre avec un jeu de cartes le rami, est d'origine malaise. En effet Rameh qualifie différentes fibres textiles dont l'espèce malaise de Boehmeria ramie verte et  Boehmeria nivea ou la ramie blanche originaire de Chine. Si aujourd'hui on semble la redécouvrir, sachez que depuis plus de 5000 ans elle est utilisée par de nombreuses civilisations. En Chine elle était utilisée pour la confection des vêtements impériaux au temps où  la Chine possédait trois trésors : la soie, la laine et la rami. Cette tradition millénaire se perpétue et la ramie est encore employée pour la confection des plus beaux kimonos. Certains historiens pensent que la ramie était utilisée en Egypte à l'époque pharaonique pour envelopper les momies, d'autres pensent que c'est uniquement le lin qui était employé. Un doute subsiste cependant.                                                                                                                                              
Si cette fibre de la famille des urticacées  originaire d'Asie est aujourd'hui largement cultivée en Amérique du sud notamment au Brésil c'est certainement grâce aux japonais qui avant la seconde guerre mondiale se sont établis dans ce pays. La ramie y a trouvé un climat   chaud et humide  très favorable  à son épanouissement. Les industriels italiens ont été les pionniers en Europe à s'engouffrer dans ce domaine. Ils importèrent  la fibre  du Brésil et transformaient dans leurs usines en Italie.

Comment différencier la ramie du lin? Ceci est la Question! A l'œil, non les tissus généralement des toiles sont très  similaires, sauf pour un regard expert.  On remarque la finesse du grain et une légère brillance que le lin n'offre pas sauf s'il est calandré. Alors? Vous voulez un truc pour les curieux non expérimentés? Je vous le donne bien volontiers. Ce sont vos mains, vos doigts qui vont vous guider. Il suffit de passer la main sur la surface du tissu, il est presque urticant, des petits poils picotent vos doigts, un peu comme un tissu en laine cardée. Cette rugosité disparait je vous rassure dès le premier lavage
 Encore un aspect secret de la ramie :  si le lin est frais au toucher, la ramie est froide. Vraiment et les chemises en ramie sont fabuleuses en été, dans les pays chauds. Il faut avoir essayé avant de dire" nons", non je n'aime pas ce toucher, non je n'aime pas l'aspect froissé du tissu, non je ne veux être obligée de repasser. Dites oui à la ramie, si vous en trouvez. N'hésitez pas vous serez séduite par cette fibre qui à prouvée  sa capacité à vêtir homme et femmes depuis des siècles.

Il est malaisé de trouver de la ramie pure, très souvent les articles confectionnés sont des mélanges coton/ramie ou plus étrange viscose /ramie, ou polyester /ramie , j'ai même trouvé des pulls en laine et ramie. Parfois il me semble que les industriels n'ont pas idée du problème que pose l'entretien de tels articles. Les mélanges sont souvent prétextes à des économies, mais au final c'est le consommateur non averti qui se trouve dans une position instable. Mieux vaut un pull en pure laine et une chemise en pure ramie, ceci est ma conception des choses. Imaginez que la ramie mélangée à de la viscose sera moins froissable est une hérésie. Au lavage vous serez confrontez à deux  un problèmes : si vous faites une taches sur votre chemise pas possible de faire bouillir ni de laver à 90° alors que cela serait tout à fait possible avec la ramie pure, et encore plus  désagréable car la viscose mouillée se rétracte, il faut l'étirer pour qu'elle retrouve sa forme initiale, et  repasser avec un fer tiède,   alors que repasser un article en ramie, encore humide  avec un fer chaud c'est presque un plaisir. Pour moi c'est ou du sucre ou rien mais les ersatz, les édulcorants c'est un semblant, un leurre, une bêtise si ce n'est pas justifié médicalement. Il faut assumer, ou vous faites un régime et l'éclair au chocolat c'est niet ou bien vous dégustez cette pâtisserie sans penser aux calories, juste au plaisir que cela vous procure, et peut être ne prendrez vous pas un gramme...Alors soyez en accord avec vous même, optez pour le lin ou la ramie et assumez le coté parfois froissé de votre vêtement, stop  aux mélanges intempestifs qui n'ont aucun sens.
La ramie sera certainement la fibre qui vous procurera le plus de fraîcheur en période de grande chaleur

J'aime cette fibre à la fois sophistiquée et rustique, elle offre une palette de couleur intéressante et surtout permet de construire des vêtements fonctionnels, confortables, solides et élégants. Chemises, mais aussi pantalon, veste, et pourquoi pas employer la ramie en ameublement : rideaux, housse de couette, nappes.... Invitez le naturel dans votre maison et votre dressing, et  profitez de ce délicieux tissu. C'est sans doute une récompense car il vous faudra bien des efforts pour en trouver. Sachez que chez De Gilles tissus, nous en avons en ce moment.