samedi 17 décembre 2011

Les joies du tissu




Pour vous remercier de l' intérêt que vous portez à ce blog, et puisque nous sommes à quelques jours de Noel, permettez moi de vous offrir un bouquet de joie à ma façon.

C'est avec vos sensibilités olfactive, sensitive, tactile, auditive que vous pourrez découvrir ce qui se cache dans les fibres des étoffes. Chacun pourra y trouver ses propres souvenirs. Faisons ce voyage de concert dans notre imaginaire. C'est un exercice amusant et très instructif, laissez parler les tissus qui vous entourent, ils ont tant de choses à vous raconter.

La vue d'un taffetas de soie couleur gorge de pigeon me transporte dans le monde irréel de la couleur qui n'est qu'imaginaire, qui n'existe que par la présence de la lumière. Tout cela est sensation, une émotion exacerbée par la sensibilité de chacun. Cet aplat coloré se transforme en fonction de l'intensité de la lumière. Savez-vous pourquoi ces tissus, soieries changeantes, eurent tant de succès au XVIIIe siècle et au XIXe siècle ? Parce que les intérieurs éclairés par des bougies, dont les flammes vascillaient au gré des courants d'air, créaient une clarté étrangement instable. Les tissus changeants offraient alors un espace privilégié pour des jeux de lumière.

Le toucher ruisselant d'un velours de soie provoque chez moi une réaction épidermique qui me donne la chair de poule. Manipuler un satin de soie c'est un plaisir tactile incroyable, cette impression de liquide qui vous glisse entre les doigts, cette sensation étonnante d'un monde lisse et brillant, ce tissu est une caresse pour la peau ; un vêtement taillé dans un satin de soie est une promesse de douceur.
Poser la main sur un tweed irlandais c'est sentir une surface rugueuse, aux poils hirsutes, dont la surface est irritante pour les peaux fragiles, mais c'est aussi toute la rudesse d'un climat que l'on touche du doigt.

L'odeur d'une laine mouillée me renvoie à mes souvenirs d'enfance, lorsque ma mère, malgré mes protestations, lavait mon doudou, ma coue, un petit morceau de couverture dont je ne pouvais me passer pour m'endormir, eh oui déjà accro au tissu.
L'odeur de la soie brûlée c'est aussi le souvenir d'un coup de fer malencontreux sur un chemisier auquel je tenais.

Le goût sucré d'un fil de lin me suggère un monde de sucreries et de bonbons, délices des délices. Et ce qui me vient immédiatement à l'esprit c'est le seersucker, ce tissu originaire des Indes et dont le nom signifie lait et sucre. 

Le bruit fait ressurgir bien des sentiments. Il peut être insoutenable lorsqu'il s'agit de déchirer un morceau de chiffon pour faire un pansement de fortune, mais il peut être doux à l'oreille lorsqu'il s'agit d'un taffetas que l'on froisse et là, le bruit devient bruissement sourd. Il résonne alors à mes oreilles comme l'instant magique de l'apparition de l'héroïne d'une pièce de Molière qui, dans le silence le plus absolu, effectue un tour de scène faisant chanter sa robe avant de prononcer une parole.
Le froissement des draps de lin  une nuit d'été est un délice à peine audible, mais si frais.

Voilà! Maintenant vous êtes le héros qui allez refaire l'histoire à votre façon. Avec un peu d'imagination vous pourrez, à votre tour, faire un petit cadeau original à un passionné de tissus.
 Joyeux Noel 

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