mardi 14 juin 2011

La mémoire des tissus dans tous les sens N°1


Toucher un tissu,  voir un tissu jusque là rien de bien étonnant ,  mais   goûter, écouter ou sentir un tissu? Là, je vous sent dubitatif. Alors lachez prise un instant et laissez votre imaginaire vous conduire et  découvrez le textile autrement.  C'est vous qui menez la danse, ce sont vos sens qui sont les héros de cette expérience essentiellement subjective.   C'est aussi un voyage  aux sources de vos souvenirs olfactifs, gustatifs,  tactiles, visuels,  auditifs, car notre mémoire est aussi constituée d'archives sensorielles. C'est drôle, passionnant, étonnant, curieux, mais profondément émouvant, parce que ces souvenirs fugaces ,  liés au bruit, au toucher, à la vue ou à l'ôdeur d'un vêtement,  ou d'un tissu  et  parfois il suffit de peu de chose, les voilà qui remontent à la surface.
C'est vrai, l'émotion, les sensations,  les souvenirs ce sont mots des  reviennent souvent dans mes reflexions  . Si mon approche  du tissu  est très particulière  cela est dû évidement  à mon enfance passée dans  un contexte familial terriblement "textile".  Essayez vous aussi de vous servir de vos cinq sens pour découvrir les textiles d'une manière moins conventionnelle, sur un mode ludique.

L'EXEPERIENCE AUDITIVE
L'ouïe.
Tendez bien l'oreille et écoutez la musique des tissus :  le cri  aigu de la soie, le bruit  vif d'un coton qui se déchire, le silence pesant de la laine que l'on froisse... Le jour où j'ai entendu ce bruit sec, ce bruit provoqué par un incident bien inofensif, ce bruit qui me fit venir le rouge aux joues... Le tissu de mon pantalon venait de céder lamentablement, et forcément à l'endroit où s'exercent des tractions importantes. Je m'étais penchée un peu brusquement pour ramasser un objet tombé à terre, et mon pantalon ne résista pas à ce coup de force. Ce bruit je l'entend encore. Maintenant c'est à vous. Prenez un morceau de coton, entaillez le légerement et maintenez le tissu entre vos deux mains puis tirez d'un coup sec. Le bruit, est sonore, vif, maintenant refaites la même expérience avec un morceau de laine, écoutez, analysez.: le bruit est étouffé, presque insignifiant,  comme un épais brouillard qui se fend, mais le plus incroyable c'est la parole d'un taffetas de soie que l'on déchire c'est un cri, un cri de rage,  aigu, joyeux, clair comme l'eau qui coule d'une cascade.
Encore un bruit? Je vous propose de froisser entre vos mains un bout de taffetas de soie. Constatez vous même ce crissement, près de votre oreille, cette soie n'est pas docile, elle résiste, elle discute, elle marchande, et puis elle s'avoue vaincue, elle reste froissée et puis  muette.
La laine sera insensible à vos manipulations, aucun bruit ne sortira de vos mains, même si vous mettez le morceau de laine en boule, sa colère est rentrée, froissée elle se défroisse, elle desserre l'étau, sans marques. Ainsi chaque fibre se distingue aussi avec  l'ouïe.
 Un jour peut être un musicien composera une symphonie internationale, une ode aux tissu  Un  tweed irlandais pour le do, un super 100 italien pour le ré, un  velours palatine allemand  pour le mi, une cotonnade légère suisse pour le fa, un lourd  satin duchesse  lyonnais pour le sol, une mousseline de soie italienne pour la et le plus aigu de tous le taffetas de soie si. ainsi nous n'aurons plus do ré mi fa sol la si mais tweed, super 100, velours palatine, cotonnade, satin duchesse, mousseline, taffetas !  A cet hypothétique concert,  tenue sensorielle de rigueur.
A demain pour l'expérience olfactive

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