mercredi 20 décembre 2017

Aujourd'hui j'accueille avec plaisir de nouveaux pensionnaires qui vont rejoindre le groupe des soieries, des lainages et des cotonnades. Je ne résiste pas au plaisir de vous les décrire.
Au rayon des cotonnades, c'est un satin de coton d'un noir intense, magnifique, la fibre est robuste mais le tissu réagit tout en souplesse.
Dans le rayon des soieries, c'est un crêpe satin de soie blanc immaculé fluide et lourd comme je les adore. C'est un classique incontournable dans une boutique de tissus, mais il y a classique et classique, celui-ci est tout simplement magnifique. 
Du côté des laines, c'est un ovni, une étoffe surprenante, un lainage écru travaillé à la façon d'une tapisserie contemporaine en 3 D.   



Idéal pour passer un hiver enveloppée dans un cocon.

La part réservée aux étoffes techniques est largement représentée dans le stock.




 Mais avec l'arrivée d'un incroyable jacquard bleu Klein en viscose et coton, il se surpasse. Cet article est juste éblouissant ; dans sa version blanche il est   grandiose.

 Dans les années 70 les associations de couleurs sont explosives, les motifs abstraits nous entrainent dans le monde de l'art, mais le plus étonnant sont les supports textiles utilisés  souvent des  mélanges savants de laine et de soie,

les étamines de laine aussi légères que des mousselines. Sublimes et rares, voilà des merveilles à ne pas louper.

La boutique De Gilles n'est pas un musée : c'est un lieu vivant, bien vivant qui abrite des tissus qui méritent une attention particulière, parce qu'ils sont en voie de disparition. Pour votre plaisir et pour les curieux vous verrez  sur les murs encadrés comme des tableaux, des failles imprimées, des bengalines artistiquement colorées, des étamines aussi fines et délicates  que la mousselines, batiste calandrée, organdi fort, moire musique… Ce sont mes trésors que je partage volontiers avec tous les amoureux des tissus.
Ces noms représentent une partie de la mémoire d'une civilisation, ils sont l'héritage d'un société et mon héritage. 

Les tissus sont les compagnons de notre quotidien et les témoins d'évènements marquants de notre vie. Des langes au linceul, nous vivons en osmose avec les étoffes alors, ne laissons pas le nombre des tissus se réduire d'année en année, de collection en collection. N'acceptons pas la paupérisation d'une branche industrielle qui est majeure, revendiquons le droit au choix le plus large. Mesdames et messieurs les fabricants de tissus, faites nous encore des merveilles avec votre savoir faire inimitable, continuez à nous faire rêver, donnez-nous envie d'acheter de beaux produits.

Envie de voir ou d'acheter des beaux tissus ? Alors venez faire un petit tour chez De Gilles tissus. C'est le lieu idéal pour réveiller des souvenirs tactiles, visuels, olfactifs liés au textile.
Alors à bientôt?

A SUIVRE : DES NOUVEAUTES DANS LES RAYONS

LE BOLIVAR : UN TISSU HAUTE COUTURE ET UN COUVRE CHEF POLITIQUEMENT INCORRECT...

C'est une drôle d'histoire qui préside à la naissance de ce tissu. D'abord et avant tout,  Simon Bolivar homme politique du  XIXeme siècle incita les peuples sud américains à se libérer du joug espagnol. Il est devenu le héros d'une lutte sanglante entre les républiques sud américaines et le pouvoir royal espagnol.

QUAND LA MODE RENCONTRE LA POLITIQUE
 L'affrontement  entre les royalistes et les libéraux se poursuivit jusque dans les tenues. Si Bolivar portait un chapeau à large bord qui sera baptisé Bolivar,  et adopté par tous les libéraux  le représentant du roi d'Espagne un certain Morillo arborait lui un chapeau à bord étroit nommé Morillo qui fut adopté par tous les royalistes.


LE BOLIVAR DEVIENT UNE ETOFFE
Ensuite c'est une étoffe qui au XIXeme siècle fut baptisée Bolivar. Elle s'ajouta à  la grande famille des flanelles :  anglaise, de Galles, flanelle blanche, flanelle croisée... Contrairement à ce que son nom laisserait imaginer, elle fut fabriquée en France, dans la région de Reims. Sa particularité était son aspect lisse, sa souplesse et sa légèreté. En chaîne et en trame les fils sont en laine cardée, alors que la flanelle anglaise est en laine peignée en chaîne et cardée en trame. Le succès commercial fut rapide, souvenons nous qu'à cette époque la flanelle servait aussi de doublure pour les vestes et les manteaux mais également de ceinture de santé. Parfois dans ce cas précis des vêtements dits de peau (portés à même la peau ce qui nous nommons sous vêtements étaient taillés dans une flanelle de laine mélangée à de la tourbe. Cette étoffe préservait des rhumatismes et absorbait  les odeurs...Magique? Non pas, mais un tissu technique naturel.

QUAND LA HAUTE COUTURE FAIT RENAITRE DES ETOFFES OUBLIEES
Dans la première moitié du XXeme siècle dans une Espagne encore dominée par la royauté, Simon Bolivar restait le symbole de la révolte et pourtant Cristobal Balenciaga n'hésita pas à utiliser le bolivar dans ses collections. Il l'utilisa largement pour confectionner des robes, des capes, des manteaux légers. Je pense que le bolivar connu un regain de célébrité grace à ce couturier génial qui aimait les tissus et allait jusqu'à en faire fabriquer pour lui afin qu'ils puissent coller au plus pr§s de ses idées. Ce fut le cas pour le Gazar qui était une commande spéciale réalisée par la maison Abraham.